Hier et Aujourd’hui – inflation – chômage – croissance britannique – tourisme
L’inflation au-dessus de 6 % en France
La France est un des pays occidentaux où le taux d’inflation est le plus faible en raison, en grande partie, des mesures prises par le Gouvernement pour compenser les conséquences de la guerre en Ukraine. L’inflation continue néanmoins d’augmenter. Selon le résultat de l’INSEE, l’indice des prix a progressé de +0,3 % en juillet, après +0,7 % en juin, amenant la hausse sur un an à +6,1 %. Avec la diminution des prix du pétrole, une décélération est constatée.
Les prix des services sont en augmentation de +1,3 % en juillet, après +0,3 %. Les prix des services d’hébergement enregistrent une forte progression avec la saison estivale (+16,4 % après +4,6 %). Il en est de même avec ceux des services de transport (+11,7 % après +3,4 %). Les prix de l’alimentation accélèrent également, dans une moindre mesure (+1,0 % après +0,8 %). Ceux des produits manufacturés se replient (–1,6 % après +0,0 %), principalement en raison des soldes d’été, ainsi que ceux de l’énergie (–1,3 % après +5,2 %). Corrigés des variations saisonnières, les prix à la consommation sont en hausse de 0,4 %, après +0,8 % en juin. L’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) croît de 0,3 % sur un mois, après +0,9 % le mois précédent ; sur un an, il augmente de 6,8 %, après +6,5 % en juin.
Sur un an, les prix à la consommation augmentent de 6,1 %, après +5,8 % en juin. Cette hausse de l’inflation résulte de l’accélération des prix des services (+3,9 % après +3,3 %), de l’alimentation (+6,8 % après +5,8 %), et dans une moindre mesure des produits manufacturés (+2,7 % après +2,5 %). Les prix de l’énergie ralentissent légèrement (+28,5 % après +33,1 %).
L’inflation sous-jacente (hors prix des biens et services à forte fluctuation ou administrés) augmente sur un an, à +4,3 % en juillet, après +3,7 % en juin, en raison d’une hausse mensuelle de 0,8 %.
Stabilisation du chômage en France au deuxième trimestre Au deuxième trimestre, le nombre de chômeurs au sens du Bureau International du Travail (BIT) augmente de 29 000 par rapport au trimestre précédent, à 2,3 millions de personnes. Le taux de chômage au sens du BIT est ainsi quasi stable (+0,1 point) à 7,4 % de la population active en France (hors Mayotte), retrouvant le même niveau qu’au quatrième trimestre 2021. Il est inférieur de 0,5 point à son niveau du deuxième trimestre 2021 et de 0,8 point à celui d’avant la crise sanitaire (fin 2019). La stabilisation du taux de chômage s’explique tant par les incertitudes économiques que le retour sur le marché du travail de personnes qui l’avaient délaissé ces derniers mois.
Augmentation du chômage des jeunes
Depuis 2020, le chômage des jeunes était en forte baisse. Le deuxième trimestre 2022 marque en la matière une inflexion. Sur le trimestre, le taux de chômage des jeunes augmente, selon l’INSEE, de 1,3 point, à 17,8 %, mais demeure nettement inférieur à son niveau d’avant-crise (de 3,7 points). En revanche le taux de chômage est quasi stable pour les 25-49 ans (+0,1 point) à 6,7 % et diminue pour les 50 ans ou plus à 5,2 % (–0,3 point).
Sur le trimestre, le taux de chômage des hommes augmente à peine à 7,5 % (+0,1 point) et celui des femmes est stable à 7,3 %. Le taux de chômage se situe sous son niveau du deuxième trimestre 2021, pour les femmes (–0,6 point) comme pour les hommes (–0,4 point).
Halo autour du chômage
Parmi les personnes inactives au sens du BIT, 1,9 million souhaitent un emploi sans être considérées au chômage parce qu’elles ne recherchent pas d’emploi ou ne sont pas disponibles : elles constituent le halo autour du chômage. La part du halo dans la population augmente très légèrement sur le trimestre (+0,1 point à 4,5 % des 15-64 ans) mais est inférieure de 0,3 point à son niveau d’il y a un an. Sur le trimestre, la part du halo dans la population des 15-24 ans augmente de 0,4 point à 6,5 %, après une baisse de même ampleur au trimestre précédent, tandis qu’elle est quasi stable (+0,1 point) à 4,7 % pour les 25-49 ans et stable à 3,0 % pour les 50-64 ans.
Parmi les chômeurs, 638 000 personnes déclarent être sans emploi et en rechercher un depuis au moins un an au deuxième trimestre 2022. Le taux de chômage de longue durée s’établit ainsi à 2,1 % de la population active. Ce taux baisse très légèrement sur le trimestre (–0,1 point) et est inférieur de 0,3 point à son niveau d’il y a un an.
Un taux d’emploi toujours au plus haut
En moyenne au deuxième trimestre 2022, le taux d’emploi des 15-64 ans est stable à 68,0 %. Il se situe 1,0 point au-dessus de son niveau du deuxième trimestre 2021 et à son plus haut niveau depuis que l’Insee le mesure (1975). Sur le trimestre, le taux d’emploi augmente de 0,3 point pour les jeunes et atteint 34,9 %, son plus haut niveau depuis 1990. Pour les 25-49 ans, il se replie de 0,2 point à 82,3 % tandis que pour les 50-64 ans il progresse de 0,5 point à 66,0 %, et excède son plus haut niveau historique du trimestre précédent.
Diminution du sous-emploi
Au deuxième trimestre 2022, 4,6 % des personnes en emploi sont en situation de sous-emploi. Cette part diminue de 0,1 point sur le trimestre. Elle se situe 1,3 point au-dessous de son niveau d’avant-crise et à son plus bas niveau depuis 1992. Cette baisse par rapport à l’avant-crise traduit celle du nombre de personnes à temps partiel souhaitant travailler plus d’heures et disponibles pour le faire, qui représentent l’essentiel du sous-emploi. La part des personnes ayant involontairement travaillé moins que d’habitude (ce qui inclut le chômage partiel) est en revanche stable à 0,2 %, nettement inférieure à son niveau un an auparavant mais au même niveau que fin 2019.
Au deuxième trimestre 2022, le nombre moyen d’heures travaillées par emploi est stable à 31,5 heures par semaine, soit un niveau identique à celui de fin 2019.
Réduction du travail à temps partiel
Le taux d’emploi à temps complet s’établit à 56,7 % au deuxième trimestre 2022. Il augmente de 0,1 point sur le trimestre et excède de 1,4 point son niveau d’il y a un an. Le taux d’emploi à temps partiel diminue quant à lui de 0,1 point par rapport au trimestre précédent et de 0,4 point sur un an. La part du temps partiel dans l’emploi est de 17,3 %, portant à 0,8 point la baisse sur un an. Cette proportion est à son plus bas niveau depuis 2002.
Stabilité pour les emplois en CDI
Le taux d’emploi en contrat à durée indéterminée (CDI) des 15-64 ans est stable sur le trimestre, à 49,6 %. Le taux d’emploi en contrat à durée déterminée (CDD) ou en intérim est également stable, à 7,2 %. Le taux d’emploi des indépendants (–0,1 point à 8,5 %) et celui en alternance (+0,1 point, à 2,3 %) évoluent peu sur le trimestre mais se situent nettement au-dessus de leur niveau d’avant-crise (respectivement de 0,5 point et 0,7 point).
Augmentation du nombre de personnes sur le marché du travail
Le taux d’activité des 15-64 ans augmente légèrement sur le trimestre (+0,1 point), à 73,5 %. Il dépasse ainsi son plus haut niveau historique. Cette progression concerne surtout les jeunes, +1,1 point pour les 15-24 ans à 42,5 %. À son plus haut depuis 1990, ce taux excède de 3,1 points son niveau de mi 2021. Sur le trimestre le taux d’activité des 25-49 ans diminue de 0,2 point à 88,1 %, tandis que celui des 50-64 ans augmente de 0,2 point à 69,6 %. Sur un an, le taux d’activité des 25-49 ans (+0,2 point) et celui des 50-64 ans (+0,3 point) progressent modérément.
La part des jeunes ni en emploi ni en formation en hausse
Au deuxième trimestre, la part des jeunes de 15 à 29 ans qui ne sont ni en emploi ni en formation (NEET) augmente de 0,3 point à 12,1 %. Cette part se situe 0,5 point au-dessous de son niveau d’il y a un an et 0,2 point au-dessous de son niveau d’avant-crise.
Retour progressif à la normale pour le tourisme
Au deuxième trimestre 2022, en France, la fréquentation dans les hébergements collectifs touristiques hors campings, exprimée en nombre de nuitées, se rapproche du niveau du deuxième trimestre 2019, selon l’INSEE, mais reste inférieure de 3,0 %. Ce léger retrait concerne aussi bien les hôtels que les autres hébergements collectifs de tourisme (AHCT).
Des clients étrangers manquent toujours à l’appel
Au deuxième trimestre, la fréquentation hôtelière est inférieure de 3,3 % à son niveau d’avant la crise sanitaire. Depuis près d’un an, la clientèle résidente soutient la fréquentation hôtelière. La fréquentation hôtelière des résidents dépasse ainsi son niveau d’avant-crise (+2,5 %, soit plus de 900 000 nuitées supplémentaires). La clientèle non-résidente reste encore en retrait, –13,3 % de nuitées, soit un manque à gagner de 2,9 millions de nuitées par rapport à 2019. Si les touristes américains commencent à revenir, en revanche, les Asiatiques et surtout les Chinois sont toujours absents. En raison de la guerre en Ukraine, les Russes sont également absents.
La baisse de la fréquentation concerne les hôtels d’entrée de gamme. Les hôtels classés 1 et 2 étoiles et non classés cumulent un recul des nuitées résidentes et une baisse importante des nuitées de la clientèle non-résidente (–24,2 % dans les hôtels 1 et 2 étoiles) par rapport à l’avant-crise. Les hôtels haut de gamme classés 4 et 5 étoiles bénéficient d’une forte hausse de la fréquentation résidente (+18,0 %) qui fait plus que compenser le déficit de la clientèle non-résidente. Dans les hôtels 3 étoiles, le retour de la clientèle résidant en France limite la baisse de la fréquentation non-résidente.
L’Île de France, toujours en souffrance en raison de la faiblesse du tourisme d’affaires
Au deuxième trimestre 2022, la baisse de fréquentation hôtelière est toujours concentrée dans les espaces urbains, notamment en Île-de-France. Sur ce trimestre, les nuitées hôtelières sont en recul en France de près de 2 millions par rapport au même trimestre de 2019, dont 900 000 pour cette seule région. Le repli de la clientèle non-résidente y est moins marqué (–7,8 %), mais il est aggravé par une légère baisse de nuitées domestiques. Dans l’espace urbain de province, la faible hausse du nombre de nuitées résidentes n’est pas suffisante pour contrebalancer la forte diminution du nombre de nuitées des non-résidents (–22,9 %).
Sur le littoral, dans les massifs de ski et dans les départements d’outre-mer la fréquentation hôtelière progresse. La hausse des nuitées résidentes dans ces territoires compense la baisse de la fréquentation de la clientèle non-résidente.
Le tourisme d’affaires est en recul par rapport au deuxième trimestre 2019 avec un nombre de nuitées en baisse de 5,4 %. Il représente néanmoins encore près de la moitié des nuitées hôtelières. La baisse des nuitées d’affaires est particulièrement sensible en Île-de-France (–13,2 %). Avec 1,2 millions de nuitées de moins qu’en 2019, elle explique à elle seule le fort recul de la fréquentation hôtelière de la région. À un degré moindre, les nuitées d’affaires dans les espaces urbains hors Île-de-France sont elles aussi en baisse (–1,1 %). Les entreprises recourent de plus en plus au télétravail, ce qui réduit les déplacements professionnels. Les salons ont certes repris mais leur activité demeure en retrait par rapport à la période d’avant crise sanitaire.
Au deuxième trimestre 2022, en France Métropolitaine, les touristes non-résidents sont moins nombreux à fréquenter les hôtels français qu’à la même période avant la crise. La fréquentation des touristes provenant d’Europe a pourtant presque retrouvé son niveau d’avant-crise, notamment celle provenant d’Allemagne (–4,3 %) ou de Belgique (–3,4 %). Le nombre de nuitées néerlandaises est même supérieur d’un quart à son niveau de 2019. Mais la fréquentation de la clientèle en provenance du Royaume-Uni reste sensiblement plus faible qu’au deuxième trimestre 2019 (–9,6 %). Le nombre de nuitées des touristes non européens reste très inférieur à son niveau d’avant la crise (–30,3 % par rapport au deuxième trimestre 2019). Les nuitées passées par les touristes américains sont notamment 12 % moins nombreuses qu’au deuxième trimestre 2019, quand les nuitées en provenance des autres pays non européens diminuent de près de moitié sur la période.
Dans les autres hébergements collectifs de tourisme, le recul de la fréquentation par rapport au deuxième trimestre 2019 est léger (–2,1 %). Le retour de la clientèle domestique, notamment dans les résidences de tourisme (+3,1 %) n’est pas suffisant pour retrouver les fréquentations d’avant-crise qui pâtissent d’une désaffection toujours marquée de la clientèle non-résidente (–16,1 %). Les résidences de tourisme perdent ainsi un cinquième des nuitées des non-résidents par rapport à la même période en 2019. Sur le littoral, la fréquentation retrouve quasiment son niveau d’avant la crise (–0,6 %) grâce à la clientèle résidente. Dans les massifs de montagne (+0,4 %), la clientèle non-résidente permet même de le dépasser. À l’inverse, cette clientèle fait toujours défaut dans les espaces urbains, notamment en Île-de-France (–23,1 % par rapport au deuxième trimestre 2019). En conséquence, les nuitées dans les AHCT de cette région reculent de 3,8 %.
Les professionnels sont prudents pour la saison estivale. Si le niveau des réservations est correct avec néanmoins importante selon les régions, la propension des touristes à dépenser est plus faible que l’année précédente. Le mois de juillet a été décevant en particulier en Corse en ce qui concerne le taux de remplissage et les dépenses touristiques. L’augmentation du prix des locations de voiture et de l’hébergement a certainement dissuadé certains touristes de se rendre dans l’Île de beauté. Par rapport à 2021, année durant laquelle, après les confinements, les vacanciers avaient décidé de se faire plaisir, 2022 est marqué par un retour de la frugalité. Le contexte économique et géopolitique plus délicat conduit les ménages à la prudence.
Royaume-Uni, de la crise politique à la crise économique
Le Royaume-Uni attend toujours le successeur de Boris Johnson qui devra sans nul doute composer son gouvernement sur fond de récession. Au deuxième trimestre, le PIB s’est contracté de 0,1 %, après avoir connu une hausse de 0,8 % au cours des trois premiers mois de l’année,
Le recul du PIB a été provoqué par la baisse d’activité du secteur des services, et notamment celui de la santé. Avec le reflux de l’épidémie de Covid, moins de vaccins et de tests ont été réalisés. Les ventes de détail ont également ralenti, pénalisés par une inflation qui ampute le pouvoir d’achat des ménages. Au Royaume-Uni, la hausse des prix a atteint 9,4 % en juin. La Banque d’Angleterre a relevé ses taux d’intérêt d’un demi-point la semaine dernière pour endiguer la hausse des prix. L’effet des relèvements des taux directeurs est important Outre-Manche car la majorité des emprunts immobiliers y sont à taux variables. Par ailleurs, les pouvoirs publics ont pris moins de mesures que sur le continent pour protéger les consommateurs. Le repli de l’activité n’a été que partiellement compensé par la reprise dans le tourisme, l’hôtellerie et la restauration, des secteurs portés par la levée des restrictions sanitaires. Sur le seul mois de juin, le PIB a reculé de 0,6 %.
Le PIB pourrait baisser au second semestre d’autant plus qu’une très forte hausse des tarifs de l’électricité et du gaz doit intervenir en octobre, au début de la saison de chauffage. Le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Andrew Bailey, a annoncé qu’une récession brutale était prévisible et qu’elle pourrait durer jusqu’à la fin de l’année 2023.