Hier à demain – inflation – croissance – finances publiques – emploi
Décrue de l’inflation au mois de mai
Recul de la hausse des prix en France
Sur un an, selon l’estimation provisoire réalisée en fin de mois par l’INSEE, les prix à la consommation en France augmenteraient de 5,1 % en mai 2023, après +5,9 % le mois précédent. Cette baisse de l’inflation serait due au ralentissement sur un an des prix de l’énergie, de l’alimentation, des produits manufacturés et des services. Les prix du tabac augmenteraient, en revanche, pour le troisième mois consécutif. Cette décrue est la plus importante enregistrée depuis le début de la vague inflationniste. Elle est avant tout due à un effet de base, les prix ayant fortement augmenté durant le printemps 2022 après le déclanchement de la guerre en Ukraine.
Cercle de l’Épargne – données INSEE
Sur un mois, les prix à la consommation seraient quasi stables (‑0,1 %) en mai 2023, après +0,6 % en avril. La baisse des prix de l’énergie s’accentuerait dans le sillage des prix des produits pétroliers. Les prix de l’alimentation ralentiraient et ceux des services décéléreraient du fait du repli des prix des services de transport et de la moindre hausse de ceux des « autres services ». Les prix des produits manufacturés seraient quant à eux stables entre avril et mai.
Sur un an, l’indice des prix à la consommation harmonisé augmenterait de 6,0 % en mai 2023, après +6,9 % en avril. Sur un mois, il serait quasi stable (‑0,1 %), après +0,7 % le mois précédent.
Décrue confirmée également dans les autres pays européens
En Allemagne, l’heure est à la décrue. En hausse de 6,1 % sur un an, la progression de l’indice des prix à la consommation décélère en mai pour le troisième mois consécutif, selon les données publiées mercredi par l’Office fédéral de la Statistiques (Destatis). Il faut remonter au mois de mars 2022 pour retrouver un taux d’inflation plus faible. L’accalmie des prix de l’énergie, l’introduction du ticket à 49 euros par mois pour voyager dans toute l’Allemagne, et le ralentissement des prix des denrées alimentaires expliquent ce mouvement de baisse. L’inflation sous-jacente, hors prix de l’énergie et de l’alimentation, serait également en recul. Elle serait passée de 5,8 % à 5,3 % en un mois. Malgré tout, l’inflation ne reviendrait pas dans la fourchette des 3 à 4 % avant la fin de l’année. Les récents accords salariaux et le manque de main-d’œuvre dans les services devraient maintenir l’inflation de base à un niveau élevé. L’inflation globale allemande devrait s’élever à 6 % sur l’année.
En Italie, la hausse des prix est passée de 8,2 % en avril à 7,6 % en mai sur un an, selon les chiffres publiés mercredi par l’ISTAT. Ce ralentissement s’explique par la forte baisse des prix de l’énergie. L’inflation des produits alimentaires est passée de 14 % à 13,4 % en mai.
L’inflation en Espagne a ralenti en mai pour revenir à 3,2 % sur un an. Il permet au pays de s’éloigner un peu plus du pic de 10,8 % atteint en juillet 2022. Selon l’Institut statistique, le ralentissement s’explique par la baisse des prix des carburants et par un ralentissement de la hausse des prix des produits alimentaires. La hausse constatée en mai est inférieure à celle constatée sur la même période de l’an dernier. L’inflation sous-jacente a reculé de 0,5 point, pour atteindre 6,1 % sur un an. Une partie du reflux provient des mesures prises ces derniers mois par le gouvernement. Fin décembre, il avait annoncé la suppression de la TVA sur les denrées de première nécessité, dans le cadre d’un paquet d’aide de 10 milliards d’euros destiné à limiter la hausse des prix des produits alimentaires.
L’épargne avant la consommation en avril
En avril, les ménages ont à nouveau réduit leurs dépenses de consommation en biens. Selon l’INSEE, la baisse a été de 1,0 % sur un mois en volume après une baisse de 0,8 % en mars 2023. Cette contraction s’explique par le repli de la consommation en énergie (‑1,9 %) et la nouvelle diminution de la consommation alimentaire (‑1,8 %). La consommation de biens fabriqués est quant à elle quasi stable (+0,1 %). Face à l’érosion de leur pouvoir d’achat, les ménages préfèrent toujours limiter leurs dépenses. Ils ne puisent pas réellement dans leurs réserves, le taux d’épargne restant toujours supérieur à la moyenne d’avant la crise sanitaire. Le niveau de la consommation est désormais revenu à son niveau de 2012 bien qu’entre-temps la population ait continué à augmenter.
Cercle de l’Épargne – données INSEE
Petite croissance confirmée au premier trimestre
Pour le premier trimestre 2023, l’INSEE a confirmé le 31 mai que la croissance pour la France avait été de +0,2 %, après +0,0 % au quatrième trimestre 2022. Ce premier trimestre a été marqué par le recul du pouvoir d’achat du revenu disponible brut (RDB) des ménages par unité de consommation de 0,6 % au premier trimestre 2023 et par l’augmentation du taux de marge des sociétés non financières.
Une demande en baisse
La consommation des ménages est restée stable en euros constants (+0,1 % après -1,0 %). Les ménages ont réduit leurs dépenses de consommation alimentaire (-2,7 % après -2,9 %). Ils ont pu soit réduire leurs achats, soit arbitrer en faveur de produits moins coûteux. Le repli du poste alimentaire a été compensé par le rebond de la consommation d’énergie (+5,7 % après -8,0 %). En France, l’investissement est en recul, -0,8 % au premier trimestre après +0,2. Cette contraction s’explique par la baisse de l’investissement en construction (-1,1 % après +0,0 %). Au total, la demande intérieure finale hors stocks contribue négativement à l’évolution du PIB (-0,2 point après -0,3 point).
Les échanges extérieurs décélèrent avec le ralentissement de la croissance mondiale. Les importations diminuent de 2,8 % au premier trimestre après -0,8 %. Les exportations sont stables ou presque (-0,2 % après +0,2 %). La contribution du commerce extérieur à l’évolution du PIB est positive pour le deuxième trimestre consécutif (+1,0 point après +0,3 point). La contribution des variations de stocks à l’évolution du PIB est négative ce trimestre de 0,6 point après -0,1 point au quatrième trimestre 2022).
Le pouvoir d’achat des ménages en recul
Le revenu disponible brut (RDB) des ménages en euros courants n’augmente que de +1,6 % au premier trimestre 2023 après +3,3 % au quatrième trimestre. La masse salariale reçue par les ménages progresse de 1,3 % (après +2,0 %). Cette moindre progression s’explique par un versement plus faible de primes au premier trimestre par rapport au quatrième trimestre de 2022 marqué par les primes de partage de la valeur (PPV). Le salaire moyen par tête a augmenté de +1,2 % au premier trimestre après +1,7 %. L’emploi salarié a connu une faible progression sur les trois premiers mois de l’année (+0,1 % après +0,2 %), ce qui induit une moindre augmentation de la masse salariale. Les prélèvements fiscaux sont en hausse, l’effet de la suppression de la redevance audiovisuelle ayant disparu (+1,6 % après -4,4 %). À l’inverse, les prestations sociales en espèces demeurent dynamiques (+0,9 % après +0,8 %), sous l’effet du versement d’une indemnité carburant et de la revalorisation des pensions de retraite. En raison de la forte inflation au cours du premier trimestre, le pouvoir d’achat du RDB des ménages se replie de 0,4 % après un gain de 1,3 %. Mesuré par unité de consommation pour être ramené à un niveau individuel, ce pouvoir d’achat baisse de 0,6 % au premier trimestre (après +1,2 %).
Les dépenses de consommation des ménages en valeur augmentent de 2,1 % ce trimestre, soit 0,5 point de plus que leur revenu disponible brut (+1,6 %). Il en résulte une baisse du taux d’épargne. Il s’établit à 18,3 %, après 18,7 % au quatrième trimestre 2022 mais reste nettement supérieur à son niveau moyen d’avant la crise sanitaire (15,0 % en 2019).
Le taux de marge des sociétés non financières en augmentation
Au premier trimestre, le taux de marge des sociétés non financières (SNF) augmente de 0,4 point pour atteindre à 32,3 %, après 31,9 %. Cette hausse du taux de marge provient essentiellement de la baisse des impôts nets des subventions sur la production, sous l’effet de la forte diminution de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et d’une hausse des aides au paiement des factures d’énergie.
La productivité par tête est en baisse pour le troisième trimestre consécutif, mais son effet sur le taux de marge est compensé par un recul des salaires réels.
L’épargne des SNF se replie (-1,8 % après +2,7 %), en raison du rebond des montants d’impôt sur les sociétés. Dans le même temps, l’investissement des SNF ralentit mais continue d’augmenter en valeur (+0,4 % après +1,5 %). Le taux d’autofinancement des SNF est en recul sur le premier trimestre. Il s’élève à 84,1 % (après 86,0 % au trimestre dernier).
Le besoin de financement des administrations publiques en diminution
Au premier trimestre, le besoin de financement des administrations publiques (APU) diminue de 1,2 point de PIB, après deux trimestres consécutifs de hausse. Il s’élève à 5,1 % du PIB, après 6,3 % au quatrième trimestre 2022. Les dépenses publiques progressent de +0,3 % après +1,6 %. Cette moindre augmentation s’explique par le contrecoup du versement au trimestre dernier d’un chèque énergie exceptionnel et par une baisse de la charge d’intérêts après plusieurs trimestres de forte hausse. En revanche, les recettes publiques ont augmenté de +2,4 % après -1,2 %, en raison essentiellement du rebond des recettes d’impôts sur le revenu (+4,9 % après -6,3 %), en particulier de celles de l’impôt sur les sociétés.
Déficits administrations publiques : 4,7 % du PIB en 2022
En 2022, pour la deuxième année consécutive, la France a réussi à réduire son déficit public. Ce dernier reste malgré tout au-dessus de celui constaté en moyenne au sein de la zone euro, 4,7 % contre 3,6 %.
Cercle de l’Épargne – données INSEE
Des dépenses publiques toujours élevées
La part des dépenses dans le PIB diminue tout en restant élevée, 58,2 % du PIB, contre 55/56 % avant la crise sanitaire. La forte diminution des mesures de soutien d’urgence sanitaire est en partie compensée par les mesures visant à réduire les effets de l’inflation.
Cercle de l’Épargne – données INSEE
Le taux de prélèvements obligatoires 45,4 % du PIB en 2022
En 2022, les recettes publiques augmentent de 7,3 % par rapport à 2021. Le taux de prélèvements obligatoires (net des crédits d’impôt) augmente et atteint 45,4 % du PIB, après 44,3 % en 2021.
Les prélèvements obligatoires des administrations publiques locales augmentent de 6,3 %, soit une hausse un peu plus forte que celle de l’activité en valeur (+5,5 %). Les prélèvements obligatoires des administrations publiques locales bénéficient du dynamisme de la TVA, dont une fraction leur est affectée, et de l’évolution à la hausse de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE).
En 2022, l’évolution des prélèvements obligatoires des administrations de sécurité sociale (ASSO) augmente davantage que l’activité en valeur (+7,4 % contre +5,5 %), du fait principalement de la bonne tenue de la masse salariale privée hors prime exceptionnelle (+8,7 % après +8,4 %).
Les déficit des administrations centrales près de 135 milliards d’euros
En 2022, le déficit public au sens de Maastricht atteint 124,5 milliards d’euros, en baisse de 37,5 milliards par rapport à 2021. Cette réduction s’explique par une augmentation des prélèvements obligatoires. Le besoin de financement des administrations publiques centrales, constituées de l’État et des organismes divers d’administration centrale (ODAC), s’élève à 134,9 milliards d’euros en 2022, en réduction de 9,1 milliards par rapport à 2021. Cette baisse s’explique par une augmentation des recettes (+35,5 milliards d’euros, soit +7,6 %) plus forte que celle des dépenses (+26,4 milliards d’euros, soit +4,3 %).
Le déficit de l’État s’élève à 146,9 milliards d’euros, en hausse de 4,5 milliards par rapport à 2021. Le solde des administrations publiques locales (APUL) est en excédent de 0,8 milliard d’euros après un déficit de 0,8 milliard en 2021. Les collectivités locales dégagent un excédent de 4,8 milliards d’euros (après +4,5 milliards d’euros en 2021), porté par les communes (+3,8 milliards d’euros, après +4,6 milliards en 2021) et les départements (+2,1 milliards d’euros, après +1,5 milliard d’euros en 2021). Le solde des régions s’améliore à -1,2 milliard d’euros (après ‑1,8 milliard en 2021). Le déficit des organismes divers d’administration locale (unités à compétence spécialisée, comprenant notamment l’opérateur Île-de-France Mobilités) diminue également, passant de 5,3 milliards d’euros en 2021 à 4,0 milliards en 2022.
Le solde des ASSO est devenu en 2022 à +9,6 milliards d’euros, après ‑17,2 milliards d’euros en 2021 et -45,8 milliards d’euros en 2020. Cette hausse provient de recettes (+47,4 milliards d’euros, soit +7,1 %) qui augmentent davantage que les dépenses (+20,6 milliards, soit +3,0 %).
La dette au sens de Maastricht s’établit à 111,8 % du PIB fin 2022
La dette publique au sens de Maastricht augmente de 126,4 milliards d’euros en 2022 et s’établit à 2 950,0 milliards d’euros. Le ratio de dette publique en point de PIB se réduit à 111,8 %, après 112,9 % fin 2021, principalement en raison de la hausse du PIB en valeur (+5,5 %). En revanche, la dette publique nette s’accroît plus fortement (+164,1 milliards d’euros) et représente 101,3 % du PIB, après 100,3 % fin 2021.
La principale contribution à l’augmentation de la dette au sens de Maastricht est celle de l’État (+132,1 milliards). La contribution des ASSO à la dette publique diminue (-3,8 milliards après +3,8 milliards en 2021). La contribution des APUL à la dette publique diminue plus faiblement (-0,3 milliard d’euros).
Réduction du chômage en Europe sur fond de stagflation
En avril, le taux de chômage corrigé des variations saisonnières de la zone euro était, selon Eurostat, de 6,5 %, en baisse par rapport au taux de 6,6 % enregistré en mars et par rapport au taux de 6,7 % enregistré en avril 2022. Le taux de chômage de l’Union européenne était de 6,0 % en avril, stable par rapport au taux enregistré en mars et en baisse par rapport au taux de 6,1 % enregistré en avril 2022.
Les taux plus faibles sont enregistrés en République tchèque, en Pologne et à Malte (moins de 3 %). Les plus élevés sont constatés en Espagne, Grèce et Italie. Le taux de la France est de 7 %. Le chômage continue à se réduire malgré une croissance de plus en plus faible. Le vieillissement de la population qui se traduit par de nombreux départs à la retraite et des besoins de main-d’œuvre dans les services sur fond de la baisse de la productivité, explique cette évolution.
En avril, 2,664 millions de jeunes (de moins de 25 ans) étaient au chômage dans l’Union européenne, dont 2,206 millions dans la zone euro. En avril, le taux de chômage des jeunes s’est établi à 13,8 % dans l’Union et à 13,9 % dans la zone euro, en baisse par rapport au taux de 14,0 % enregistré au mois précédent dans les deux zones.