Hier et Aujourd’hui – industrie – carbone – émission de gaz à effet de serre – niveau des élèves – temps de travail
L’industrie française peine à retrouver son niveau d’avant crise sanitaire
En octobre, la production est, selon l’INSEE, quasi stable sur un mois dans l’industrie manufacturière (+0,1 % après ‑0,6 %) et baisse de nouveau dans l’ensemble de l’industrie (‑0,3 % après ‑0,6 %).
Cercle de l’Épargne – données INSEE
En octobre, la production baisse de nouveau dans les industries extractives, énergie, eau (‑2,6 % après ‑0,5 %). Elle diminue de nouveau dans les biens d’équipement (‑0,5 % après ‑0,6 %) et se replie dans la cokéfaction et le raffinage (‑4,2 % après +6,9 %). La production est en hausse dans les matériels de transport (+2,5 % après ‑4,4 %). Elle est en croissance importante dans l’industrie automobile (+9,0 % après ‑6,4 %) mais diminue de nouveau dans les autres matériels de transport (‑1,8 % après ‑3,0 %). La production progresse également dans les industries agro-alimentaires (+0,6 % après ‑1,7 %).
La production des trois derniers mois (août à octobre 2023) est inférieure à celle des trois mêmes mois de l’année précédente dans l’industrie manufacturière (‑0,4 %), mais elle est supérieure dans l’ensemble de l’industrie (+0,4 %). Sur cette période, la production est en nette hausse dans les industries extractives, énergie, eau (+4,9 %), les matériels de transport (+6,0%) et les biens d’équipement (+2,5 %). Elle augmente fortement dans la cokéfaction-raffinage (+31,6 %), en raison du mouvement de grève qui avait touché les raffineries en octobre 2022. Elle est en revanche en baisse dans les industries agro-alimentaires (‑3,2 %).
La production industrielle française n’a pas retrouvé son niveau d’avant la crise sanitaire. Elle demeure 2 % en-dessous de son niveau de décembre 2019 et 15 % en-dessous de son niveau d’avant 2008.
La neutralité carbone, un combat de longue haleine
Le Global Carbon Project, un réseau international de recherche sur le carbone a lors de la COP28 à Dubaï indiqué que les émissions de gaz à effet de serre devraient augmenter de 1,1 % cette année, à 36,8 gigatonnes, une hausse supérieure à celle observée l’an dernier (+0,9 %). Ces émissions dépassent de 1,4 % leur niveau de 2019.
Les émissions devraient baisser de 42 % d’ici à 2030 pour que le réchauffement climatique puisse être contenu à +1,5°C. Or pour le moment, aucune diminution n’est attendue pour les prochaines années. Plusieurs grands pays connaissent une forte augmentation de leurs émissions en lien avec l’utilisation du charbon comme énergie notamment pour produire de l’électricité. Les émissions de la Chine sont en hausse de 4 % en 2023. Avec 31 % des émissions mondiales annuelles, le pays est le premier émetteur mondial depuis le milieu des années 2000. Il est devenu le deuxième pour les émissions historiques cumulées derrière les États-Unis. L’Inde qui a, à la COP28, indiqué son refus de toute limitation des investissements dans le charbon enregistre une hausse de ses émissions de gaz à effet de serre de 8 %. Ce pays dépasse désormais l’Union européenne pour les émissions de CO2. L’Union européenne et les États-Unis ont, selon le Global Carbon Project, réussi à baisser leurs émissions de respectivement 7 % et de 3 %. En Europe, le recul est essentiellement lié à la crise énergétique. Aux États-Unis, ce recul tient à la fermeture de plusieurs centrales électriques au charbon, pour les remplacer par des centrales à gaz.
Les puits naturels de carbone comme la plantation d’arbres ne sont pas à la hauteur des espérances car la déforestation est plus importante. Toujours selon les chercheurs, du Global Carbon Project, le solde est négatif de 4,1 gigatonnes de CO2 estimés pour 2023). Le captage et le stockage industriel du CO2 (CCS) n’ont permis d’absorber que 0,01 million de tonnes de CO2 l’an dernier.
De nombreux experts estiment que le combat de la limitation à 1,5 degré du réchauffement climatique est perdu et que l’objectif des 2 degrés n’est pas atteignable en l’état, sans une accélération par tous les pays de la décarbonation de leurs activités. À cette fin, les gouvernements devraient mettre un terme à toutes les aides dont bénéficient les énergies fossiles. Le coût de ces aides dans 82 économies a doublé en un an du fait de la hausse des cours de l’énergie. Il est passé de 770 milliards de dollars en 2021 à 1 481 milliards de dollars en 2022 selon l’OCDE. En France, le « bouclier tarifaire » et autres aides à la consommation d’énergie auraient coûté 85 milliards d’euros en trois ans.
Selon un rapport de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) publié le mercredi 6 décembre dernier, le coût annuel des dommages du réchauffement climatique pour la France, en prenant pour hypothèse une élévation des températures mondiales de près de +3,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle, serait de 10 points de PIB d’ici à la fin du siècle. La facture annuelle est ainsi évaluée à 260 milliards d’euros. Selon cette étude, la baisse des rendements agricoles réduirait de 3 points le PIB de la France. Les catastrophes naturelles et la montée du niveau de la mer ponctionnerait le PIB d’un point chaque année. Selon les rapporteurs, plus de la moitié des dommages attendus – soit 6 points de PIB sur 10 – serait liée aux catastrophes naturelles se produisant dans le reste du monde. La France serait ainsi touchée par des évènements extérieurs qui modifieraient ses flux commerciaux et provoqueraient notamment des ruptures dans ses chaînes d’approvisionnement. En différant les mesures à prendre pour freiner la montée des températures, l’État se priverait de près de 1,5 point au PIB en 2030 et de 5 points en 2050 par rapport au scénario d’une « transition ordonnée » visant à atteindre a neutralité carbone en 2050.
Niveau des élèves, la chute
L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a présenté, mardi 5 octobre, son étude Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) sur le niveau des élèves de quinze ans. Cette huitième enquête est la première à mesurer le niveau scolaire après la pandémie. Près de 700 000 élèves de 15 ans dans 81 pays membres et partenaires de l’OCDE ont participé à l’enquête PISA 2022 sur les mathématiques, la compréhension de l’écrit et les sciences. Cette enquête comporte pour la première fois des données sur le bien-être et l’équité avant et après la pandémie de COVID-19. Dans l’ensemble, l’enquête PISA 2022 a enregistré en moyenne une baisse sans précédent des résultats dans la zone OCDE. Par rapport à 2018, les résultats moyens ont reculé de 10 points en compréhension de l’écrit et de près de 15 points en mathématiques. La forte baisse des résultats en mathématiques est trois fois plus importante que les variations précédentes. Cette baisse est particulièrement marquée dans quelques pays, dont l’Allemagne, l’Islande, les Pays-Bas, la Norvège et la Pologne, qui ont tous enregistré une baisse de 25 points ou plus en mathématiques entre 2018 et 2022. Selon l’OCDE, ce recul ne s’explique qu’en partie par la pandémie. La France occupe, comme en 2018, la 23e, place dans le classement PISA juste devant l’Allemagne. Elle devance les États-Unis (31e). L’OCDE souligne que de nombreux pays, dont le Cambodge, la Colombie, le Costa Rica, l’Indonésie, le Maroc, le Paraguay et la Roumanie, ont progressé dans l’ouverture de l’accès à l’éducation notamment en avançant à grands pas vers l’enseignement secondaire universel.
L’Asie en pointe
En mathématiques, Singapour et cinq autres systèmes éducatifs d’Asie orientale, à savoir Macao (Chine), Taipei chinois, Hong Kong (Chine), Japon et Corée, ont obtenu de meilleurs résultats que tous les autres pays. Ces mêmes pays et économies se classent en deuxième position au regard des résultats en sciences, avec l’Estonie et le Canada. En compréhension de l’écrit, l’Irlande a obtenu des résultats aussi bons que ceux du Japon, de la Corée, du Taipei chinois et de l’Estonie. Dix autres pays affichent à la fois un fort pourcentage d’élèves de 15 ans atteignant au moins un niveau de base en mathématiques, en compréhension de l’écrit et en sciences, et un niveau élevé d’équité socioéconomique dans les résultats : le Canada, le Danemark, la Finlande, Hong Kong (Chine), l’Irlande, le Japon, la Corée, la Lettonie, Macao (Chine) et le Royaume-Uni.
Durant la pandémie de COVID19, la moitié environ des élèves des pays de l’OCDE ont été confrontés à la fermeture de leur établissement scolaire pendant plus de trois mois. Cependant, l’enquête ne montre pas de différence claire dans l’évolution des performances entre les systèmes éducatifs où les fermetures sont restées limitées, comme l’Islande, la Suède et le Taipei chinois, et ceux où elles ont duré plus longtemps, comme le Brésil, l’Irlande et la Jamaïque.
L’enquête révèle également que c’est la disponibilité des enseignants pour aider les élèves qui en avaient besoin qui a représenté le principal déterminant des résultats en mathématiques à l’échelle de l’OCDE. Les scores dans cette matière sont supérieurs de 15 points en moyenne chez les élèves qui indiquent avoir bénéficié de l’aide de leur professeur. Ces élèves apparaissent également plus à l’aise que leurs camarades avec l’apprentissage autonome et à distance. Malgré cela, un élève sur cinq seulement au total déclare avoir reçu, en 2022, une aide supplémentaire de la part de ses enseignants dans certains cours. Environ 8 % n’ont jamais ou presque jamais reçu de soutien supplémentaire.
L’enquête met également en lumière l’évolution rapide des effets de la technologie sur les résultats scolaires des enfants. Selon les résultats du PISA, une utilisation modérée d’appareils numériques à l’école est associée à de meilleurs résultats scolaires, mais cela dépend de la technologie utilisée pour favoriser, et non freiner, l’apprentissage. En moyenne dans les pays de l’OCDE, les élèves qui passent jusqu’à une heure par jour sur des appareils numériques pendant leurs loisirs obtiennent des scores en mathématiques supérieurs de 49 points à ceux des élèves qui y consacrent entre cinq et sept heures par jour, après prise en compte du profil socioéconomique des élèves et des établissements.
En moyenne dans l’OCDE, 45 % des élèves se disent nerveux ou anxieux si leur téléphone n’est pas à proximité, et 65 % indiquent être déconcentrés par l’utilisation d’appareils numériques dans au moins certains cours de mathématiques, pourcentage qui dépasse 80 % en Argentine, au Brésil, au Canada, au Chili, en Finlande, en Lettonie, en Mongolie, en Nouvelle-Zélande et en Uruguay. Les élèves déclarant être déconcentrés par d’autres élèves utilisant des appareils numériques dans certains, la plupart ou tous les cours de mathématiques ont obtenu 15 points de moins aux tests de mathématiques du PISA que ceux qui le sont rarement. Cela équivaut à un déficit de trois quarts d’année scolaire, même en tenant compte du profil socioéconomique des élèves et des établissements.
La dégradation du niveau des élèves français se poursuit
La France les résultats baissent plus fortement que la moyenne de l’OCDE. En mathématiques, le niveau des élèves recule de 21 points, et de 19 points en compréhension de l’écrit par rapport à 2018. Pour les sciences, l’OCDE ne relève en revanche, aucun changement significatif. La France demeure dans la moyenne des pays de l’OCDE dans les trois domaines étudiés (mathématiques, compréhension de l’écrit et sciences). La France n’est pas la seule à connaître une diminution de sa notation. L’Allemagne, la Finlande et la Norvège enregistrent des baisses plus importantes. Certains pays résistent mieux comme l’Estonie, l’Autriche ou l’Irlande. Le Japon réussit même à améliorer ses résultats.
En France, la baisse concerne tous les élèves, les plus en difficulté comme les meilleurs. Entre 2012 et 2022, la France a vu sa part d’élèves très performants baisser de 5,5 points et celle d’élèves peu performants augmenter de 6,5 points. Ces évolutions sont « plus accentuées » que dans la moyenne de l’OCDE. Seul un élève sur deux déclare que son professeur s’intéresse aux progrès de chaque élève dans la plupart des cours. 59 % des élèves indiquent que le professeur continue à expliquer jusqu’à ce que les élèves aient compris. La pénurie de professeurs est un véritable problème en France. Elle a augmenté de 50 % par rapport à 2018 et affecte le niveau des résultats. En 2018, 17 % des élèves étaient dans des établissements confrontés à des pénuries d’enseignants entravant l’instruction. En 2022, cette proportion est de 67 %. Cette hausse est la plus importante de l’OCDE (+50 points, contre une moyenne de +21 points).
Parmi les rares satisfactions figure la stabilisation des inégalités en France lors de ces dix dernières années mais elles demeurent parmi les plus importantes de l’OCDE. En mathématiques, l’écart entre les élèves les plus favorisés et les moins favorisés est plus important que dans le reste de l’OCDE.
Les élèves français se disent plutôt heureux – ils se situent entre 7 et 10 sur une échelle de satisfaction entre 0 et 10. Ils sont aussi moins anxieux en 2022 qu’en 2012 à l’idée d’avoir de mauvaises notes en mathématiques (64 % sont inquiets, contre 73 % en 2012). Seuls 34 % sont tendus avant de réaliser un devoir de mathématiques, contre 51 % il y a dix ans.
Dans les classes, notamment en cours de maths, le climat de discipline est toujours moins favorable aux apprentissages en France, comme en 2018. La moitié des élèves (30 % seulement en moyenne dans l’OCDE) déclare qu’il y a du bruit et de l’agitation dans la plupart des cours de maths. De fait, 42 % des élèves n’écoutent pas ce que dit leur professeur, et 41 % ne peuvent commencer à travailler que bien après le début du cours. 30 % des élèves français indiquent être distraits en cours par l’utilisation d’appareils numériques – les leurs ou ceux des autres. En France, plus d’un élève sur cinq déclare avoir subi une situation de violence scolaire plus d’une fois par mois durant l’année qui a précédé le test PISA. Les filles sont davantage touchées. Et les zones rurales (33 %) sont plus concernées que les grandes villes (19 %).
Les Français et le travail
Selon une étude publiée par l’institut Rexecode reprenant des données d’Eurostat, en prenant en compte temps complet et temps partiel, la durée effective de travail de l’ensemble des salariés est de 1 550 heures en France, contre 1 529 heures en Allemagne. Cette durée est de 1615 heures en Espagne et de 1685 heures en Italie. La durée effective du travail est la plus élevée en Europe en Grèce, en Pologne et en Roumanie.
Une faible durée du temps de travail pour les salariés à temps complet
la durée effective annuelle moyenne déclarée par les salariés à temps complet était, en France, en 2022, de 1 668 heures, contre une moyenne européenne de 1 792 heures. La durée annuelle a fortement baissé en France après 2003 ce qui correspond à la mise en place des 35 heures. En 1999, les actifs français travaillaient ainsi près de 1 950 heures, contre moins de 1 700 en 2005. Depuis le milieu des années 1970 jusqu’au milieu des années 2000, la durée annuelle effective du travail a diminué de 350 heures (-17 %) en moyenne en France métropolitaine. Un salarié à temps complet en France travaille 65 heures de moins qu’en Espagne, 122 heures de moins qu’en Allemagne et 162 de moins qu’en Italie. Ces écarts sont relativement stables depuis 2005, sauf pour l’Allemagne où la durée annuelle du travail effectif a diminué entre 2006 et 2019. Seule la durée de travail des salariés à temps complet finlandais est inférieure à celle des salariés français au sein de l’Union européenne. Le faible temps de travail en France est imputable à une faible durée légale de travail, à un nombre élevé de jours de congés et par un nombre plus élevé d’arrêts maladie. (2,1 semaines en France contre 1,2 en Allemagne). Un tiers de l’écart entre la France et l’Allemagne en matière de temps de travail est lié à ces arrêts/ l.
Les salariés à temps partiel français travaillent plus que la moyenne en Europe
Pour les travailleurs salariés à temps partiel, la durée effective annuelle moyenne de travail estimée à partir de l’enquête européenne sur les forces de travail était en France de 971 heures par an (58 % de la durée d’un temps complet) en 2022, contre 952 heures en moyenne dans l’Union Européenne, 923 heures pour un salarié moyen à temps partiel allemand (52 % de la durée d’un temps complet), 911 heures pour un salarié à temps partiel en Espagne (53 % d’un temps complet) et 1 076 heures pour un salarié à temps partiel en Italie (59 % d’un temps complet). une hausse tendancielle de la durée du travail à temps partiel après la crise financière de 2008-2009 dans tous les pays, particulièrement marquée en Italie, à peine perceptible en France.
Les indépendants français effectuent de longue journée
La durée effective annuelle moyenne de travail des travailleurs non-salariés à temps complet est en France parmi les plus élevées dans l’Union européenne. Dans l’ensemble des pays de l’Union européenne, les non-salariés travaillent plus longtemps que les salariés mais dans des proportions sensiblement différentes de ce qui est observé en France. L’écart de durée du travail entre non-salariés et salariés à temps complet est de 20 % pour l’Allemagne, 21 % pour l’Italie, 24 % pour l’Espagne, contre 34 % pour la France.