Le Coin de l’Economie – vieillissement démographique – Europe – euro – inflation
Le vieillissement démographique : Chine, Italie, Japon et Corée du Sud en première ligne
Le vieillissement de la population a des effets économiques souvent sous-estimés. La problématique du financement des retraites accapare l’attention quand elle n’est qu’une des facettes du vieillissement. Les pays les plus touchés par ce dernier que sont la Chine, le Japon, l’Italie ou la Corée du Sud, démontrent les difficultés économiques auxquelles pourraient être confrontées dans les prochaines années les pays occidentaux et émergents.
Les taux de fécondité sont orientés à la baisse dans la grande majorité des États. Après s’être stabilisés autour de 1,3/1,5 enfant par femme, ces taux sont de nouveau en baisse. Les pays qui étaient au-dessus de la moyenne occidentale en matière de fécondité comme la France ou l’Irlande, connaissent également une baisse depuis quelques années. Le pays qui en 2023 avait le taux le plus faible est la Corée du Sud (0,8). La Chine, malgré l’abandon de la politique de l’enfant unique, la suit de près (1,18). L’Italie et le Japon avec un taux de 1,2 figurent également parmi les États ayant les taux de fécondité les plus faibles.
Au sein de ces quatre pays, la population active (âgée de 15 à 64 ans) recule de manière assez importante. Entre 2002 et 2030, cette population devrait se contracter de 20 % au Japon et de 10 % en Italie. La population totale est en baisse au Japon depuis 2010, en Italie depuis 2014, en Corée du Sud depuis 2020 et depuis 2022 en Chine.
Cette contraction de la population en âge de travailler et de la population globale pèse sur la croissance.
Les gains de productivité ne permettent pas de compenser l’érosion de la population active. En Corée comme en Italie, la productivité par tête est même en baisse. Au Japon comme en Chine, les gains deviennent de plus en plus faibles. Cette attrition de la productivité trouve en partie son origine dans le fait que les travailleurs âgés sont moins productifs que les plus jeunes. Une société âgée a, par ailleurs, moins d’appétence au progrès technique et au changement.
Le vieillissement de la population est propice à l’accroissement des déficits publics. Les dépenses de santé, de retraite ou de dépendance augmentent quand les recettes se font plus rares en raison de la diminution de la population active. Une société âgée met l’accent sur la sécurité et tend à sacrifier les dépenses en faveur de la recherche, de l’innovation ou de l’éducation. L’Italie, la Chine, et le Japon – dans une moindre mesure – se caractérisent par des déficits publics importants et une dette publique en augmentation.
Une population en diminution s’accompagne naturellement d’une demande intérieure atone. La progression de cette dernière est nulle au Japon, en Corée du Sud ou en Italie. En Chine, sa croissance a été divisée par deux du début de 2010 à 2023. Ce ralentissement de la demande intérieure peut décourager l’investissement des entreprises et celui en provenance de l’étranger.
Que ce soit au Japon, en Chine, en Corée du Sud ou en Italie, la croissance est faible ou se réduit à grande vitesse. L’Italie ou le Japon avec une dette publique élevée et des perspectives démographiques dégradées sont les plus pénalisés. Ces quatre pays ont en commun de refuser l’immigration, ce qui limite les possibilités d’endiguer le déclin démographique et donc celui de l’économie.
Europe, 2024, une année clef !
Après l’épidémie de covid et après le déclenchement de la guerre en Ukraine, l’Union européenne a, une fois de plus, prouvé son utilité. La remise en cause de l’euro trouve de moins en moins d’adeptes. Néanmoins, des voix se font à nouveau entendre pour souligner les faiblesses de l’Union que ce soit en matière de mobilité de capitaux, de politique industrielle ou de lutte contre les flux migratoires illégaux. Pour autant, les institutions européennes sont loin d’être passives sur ces terrains.
Loin de présenter une stratégie unifiée, des politiques économiques communes ou coopératives, les pays de l’Union européenne présentent une fragmentation sur beaucoup de points : absence de mobilité des capitaux, absence de coopération industrielle, absence de stratégie commune pour la transition énergétique, absence d’Europe de la défense, des politiques migratoires divergentes, fragmentation des marchés financiers, en particulier des marchés de dette publique, absence d’harmonisation des systèmes de protection sociale et absence de stratégie budgétaire et vision à terme de l’Europe.
Des divergences budgétaires
Face aux différentes crises auxquelles ont été confrontés les États membres, ces derniers diffèrent dans les réponses à apporter. Certains ont privilégié le soutien financier aux ménages et à l’activité quand d’autres ont préféré maintenir des politiques rigueur budgétaire et de stabilité du taux d’endettement public.
Entre 2020 et 2023, le taux d’endettement a fortement augmenté en Italie, en Espagne, en France, en Espagne et en Belgique. La progression de ce taux a été plus faible en Pologne, aux Pays-Bas, en Allemagne ou en Autriche. Les premiers ont des taux d’endettement supérieurs à 100 % du PIB quand les seconds ont des taux inférieurs à 80 %.
Des systèmes de protection sociale différents d’un État à l’autre
Aux États-Unis, les règles fiscales et sociales peuvent varier d’un État à un autre mais un socle commun existe. Au sein de l’Union européenne, les écarts en matière de protection sociale sont élevés entre les pays d’Europe de l’Est et ceux de l’Ouest. La portabilité des droits demeure imparfaite même en matière de retraite. Cette absence de socle commun nuit à la mobilité professionnelle et s’ajoute à la barrière des langues. Les dépenses de protection sociale s’élèvent à 15 % du PIB en Roumanie comme en Irlande, à 18 % en Pologne et à 34 % en France.
La question du financement des déficits
Depuis la crise des dette souveraines entre 2010 et 2013, la mobilité des capitaux entre les États membres s’est affaiblie. Les excédents extérieurs de l’Allemagne ou des Pays-Bas ne financent plus les pays ayant des déficits de leur balance des paiements courants. Ces derniers ont été contraints à éliminer ces déficits. La disparition des flux de capitaux au sein de l’Union témoigne d’une défiance du Nord vis-à-vis du Sud.
Fragmentation des marchés financiers
À l’exception du plan « Next Generation » mis en œuvre après la pandémie de covid, l’Union européenne ou la zone euro n’émettent pas de titre de dettes réellement fédéral. L’encours de la dette émise par l’Union européenne est inférieur à 1 % du PIB de l’Union quand celui des États dépasse, en moyenne, 80 % du PIB. Cette situation nuit la création d’un véritable marché financier européens. Par ailleurs, les dettes publiques des différents États sont de qualité diverse avec des écarts importants. Cette absence de dette fédérale explique que l’euro n’arrive pas à gagner des parts de maché, ces dernières années, face au dollar.
Une concurrence de plus en plus forte en matière industrielle
Les institutions européennes ont placé au cœur de leur priorité la décarbonation et la réindustrialisation que ce soit dans le cadre du pacte vert pour l’Europe ou du plan « Next Generation ». Néanmoins, au lieu de mettre en place une réelle coopération, les États membres sont en concurrence pour les relocalisations industrielles. L’installation d’usines de microprocesseurs, de batteries électriques, de voitures électriques donne lieu à une surenchère qui pénalise les petits États et qui est coûteuse pour les finances publiques. Elle pourrait aboutir à terme à des surcapacités. L’absence de coordination est assez nette en ce qui concerne l’énergie. Certains États rejettent ainsi l’énergie nucléaire comme l’Allemagne quand d’autres comme la France la place au cœur de leurs stratégie énergétique.
L’absence d’Europe de la défense
Si l’invasion de l’Ukraine par la Russie a créé une réelle émotion au sein de l’Union européenne avec l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN, elle n’a pas permis de réelles avancées dans la construction d’une Europe de la défense. Les projets d’avions et de chars européennes demeurent toujours aussi difficiles à aboutir. L’uniformisation des équipements demeure à réaliser. 17 programmes de véhicules blindés et sept de frégates sont en cours en Europe. De nombreux États préfèrent acheter aux États-Unis pour bénéficier de l’appui de ces derniers, jugés plus faibles que les États d’Europe de l’Ouest.
La crise migratoire, l’Europe moins absente qu’il n’y paraît
L’Union européenne connaît depuis plusieurs années une hausse des arrivées irrégulières, ainsi que des demandes d’asile. Sur les onze premiers mois de l’année 2023, l’agence Frontex a enregistré plus de 355 000 traversées des frontières extérieures de l’UE, soit une hausse de 17 %. Les demandes d’asile pourraient quant à elles s’élever à plus d’un million d’ici la fin 2023, selon l’Agence de l’Union pour l’asile (EUAA). Les États d’Europe sont loin d’avoir les mêmes approches en matière d’immigration ce qui est source de tensions internes. Depuis une dizaine d’années, pour contrer le déclin démographique, l’Allemagne et l’Espagne font appel à l’immigration qui augmente de 1,5 % de la population totale chaque année quand en France ou en Italie, celle-ci progresse de moins de 0,5 %. Pour autant, le Parlement européen et les représentants des 27 États membres ont conclu, le mercredi 20 décembre dernier, un accord sur la réforme du système migratoire européen. Ce pacte sur la migration et l’asile vise à épauler les États qui sont en première ligne en matière d’immigration illégale. Il prévoit notamment un contrôle renforcé des arrivées de migrants dans l’Union, la création de centres fermés près des frontières pour renvoyer plus rapidement ceux qui n’ont pas droit à l’asile, et un mécanisme de solidarité obligatoire entre États membres. La réforme conserve la règle en vertu de laquelle le premier pays d’entrée dans l’UE d’un demandeur d’asile est responsable de son dossier, avec quelques aménagements cependant. Les autres États membres doivent contribuer en prenant en charge des demandeurs d’asile, en les relocalisant sur leur territoire national ou en apportant un soutien financier au pays d’entrée. L’accord devrait être entériné prochainement par le Conseil européen. Ce pacte a soulevé l’hostilité de nombreuses organisations de défense des droits humains. Une cinquantaine d’entre elles s’étaient inquiétées de la remise en cause du droit d’asile. Des voix se font également entendre contre un cadre européen qui empêcherait les gouvernements nationaux de prendre des mesures plus restrictives en matière de flux migratoires.
Des divisions politiques pernicieuses
La tentative d’Emmanuel Macron de relancer le projet européen en 2017 n’a pas débouché sur un projet concret, faute de consensus au sein de l’Union. Le référendum britannique sur l’appartenance à l’Union européenne le 23 juin 2016 a dans un premier temps solidarisé les 27 États membres, mais la refonte des institutions se fait attendre depuis le départ du Royaume-Uni le 31 janvier 2020. Les divergences entre certains d’Europe de l’Est comme la Hongrie ou la Bulgarie avec les membres fondateurs ont tendance à s’accroître. Le retour au pouvoir de Donald Tusk en Pologne se traduit par une orientation plus européenne de la Pologne qui avait opté, ces dernières années, pour une politique illébérale et eurosceptique.
À l’ouest, les divergences entre l’Allemagne, la France et l’Italie sont de plus en plus marquées. La coalition allemande au pouvoir qui comprend le SPD, les Verts et le FDP peine à définir une véritable politique européenne. Même si la situation des finances publiques en France ou en Italie ne provoque, en Allemagne, plus de réactions aussi véhémentes que dans le passé, des inquiétudes se font jour en la matière. L’Allemagne s’est battue afin de réinstituer un pacte budgétaire aussi strict que possible. Le Chancelier Olaf Scholz a considéré que face à la montée des politiques industrielles protectionnistes mises en œuvre par les États, il était en droit de faire de même. Les autorités allemandes ont condamné les pratiques françaises de bonus/malus qui aboutissent à pénaliser les voitures allemandes. Ces dernières supportent des malus pouvant atteindre plus de 50 000 euros.
L’Italie qui a longtemps été favorable à un projet fédéral s’y oppose désormais. Le gouvernement de Giorgia Meloni estime que des avancées fédérales pourraient l’obliger à mettre en œuvre des politiques budgétaires restrictives. Le Parlement italien a ainsi rejeté le 21 décembre la réforme du mécanisme européen de stabilité (MES). Cette réforme du MES devait aboutir à la création d’un Fonds de résolution unique face aux défaillances bancaires avec, à la clef, une surveillance accrue des États.
Si dans un premier temps, l’unité des 27 par rapport à l’invasion de l’Ukraine par la Russie a été réelle, des fissures apparaissent. Le Premier Ministre hongrois, Viktor Orbán, s’est récemment opposé à la poursuite de l’aide à l’Ukraine portant sur 50 milliards d’euros. La discussion de ce plan a été reportée au mois de janvier. Viktor Orbán demande des compensations pour approuver l’aide. Il souhaite en particulier la levée de plusieurs sanctions que la Commission de Bruxelles a prises à l’encontre de son pays pour non-respect de la réglementation européenne et des droits humains.
Les élections du Parlement européen au mois de juin 2024 seront-elles l’occasion d’une grande clarification ? Ce n’est pas certain au vu des sondages qui prévoient une montée en puissance des eurosceptiques. Un axe associant l’Espagne, la France, la Belgique, le Luxembourg, l’Allemagne, le Danemark et la Pologne pourrait néanmoins élaborer des solutions pour relancer la construction européenne.
Un quart de siècle d’euro, quel bilan pour les Européens ?
L’euro célèbre son quart de siècle. Il est, en effet, devenu, sous sa forme scripturale, la monnaie européenne le 1er janvier 1999. Le 1er janvier 2022, il a été institué comme monnaie d’échanges pour tous les agents économiques. Au moment de son émission, la monnaie commune fut accusée, à tort, d’avoir généré une inflation. Du fait du changement de l’unité de compte, les habitants de l’Europe ont prêté une plus grande attention, au début de l’euro, aux étiquettes en faisant la conversion. Si avant l’euro, les prix augmentaient, le ressenti était, en revanche, moindre. Depuis, l’euro a conquis ses galons et les nostalgiques des anciennes monnaies se font plus rares. Un temps, en France, les tenants du franc mettaient en avant le fait que la monnaie européenne avait privé les gouvernements de l’arme des dévaluations qui constituaient aux yeux des thuriféraires du franc un moyen d’améliorer la compétitivité de l’économie. Ces derniers oubliaient simplement qu’une dévaluation était la matérialisation d’un appauvrissement et qu’elle s’accompagnait en règle générale d’un plan de rigueur. Au-delà de cet aspect technique, l’euro a-t-il profité ou pas aux Européens ? Il n’est pas aisé de répondre à cette question car la monnaie ne fait pas tout. Certes, contrairement à ce que pouvait affirmer Jean-Baptiste Say, la monnaie n’est pas qu’un voile, mais il ne faut pas lui imputer la responsabilité de tous les évènements économiques et sociaux de ce dernier quart de siècle.
Quels sont les facteurs à analyser pour déterminer si depuis l’instauration de l’euro, le bien-être des Européens s’est-il amélioré ? Plusieurs facteurs déterminants peuvent être retenus comme la croissance du PIB par habitant et du salaire réel, l’évolution du taux d’emploi, du taux de chômage d’ensemble et du taux de chômage des jeunes, les inégalités de revenu et de patrimoine, le taux de pauvreté, le poids de la protection sociale, la progression de l’espérance de vie et les prix relatifs de l’immobilier résidentiel.
Croissance du PIB par habitant et salaire réel
Depuis 1999, le PIB en volume par habitant a, augmenté de 26 % au sein de la zone euro. Cette croissance est inférieure à celle des États-Unis. Le salaire réel par tête n’a progressé que de 2 % en vingt-cinq ans. Cette faible progression est imputable à la vague inflationniste qui a dégradé le salaire réel de quatre points.
Taux d’emploi, taux de chômage, taux de chômage des jeunes
Le taux d’emploi a fortement progressé au sein de la zone euro passant de 60 à 70 % de 1999 à 2023. Le taux de chômage de l’ensemble de la population active s’élevait en 2023 à 6 % contre 10 % en 1999. Celui des jeunes de moins de 25 ans est passé de 20 à 15 % sur la même période.
Inégalités de revenu et de patrimoine
Depuis 1999, les inégalités de revenu se sont légèrement accrues, l’indice Gini passant de 0,294 à 0,299. La proportion du patrimoine national détenu par les 10 % les mieux dotés est passée de 58 à 60 % de 1999 à 2023, la proportion détenue par les 1 % les mieux dotés passant de 22 à 25 %. Cette progression s’explique par la forte valorisation des actifs depuis une quinzaine d’années.
Taux de pauvreté et protection sociale
Le taux de pauvreté au sein de la zone euro (proportion de la population en-dessous du seuil des 60 % du revenu médian) était en 2022 de 17,8 % contre 15,4 % en 1999. Ce taux reste inférieur à celui des États-Unis. Les dépenses de protection sociales ont fortement augmenté en zone euro passant de 17,2 à 21,8 % du PIB de 1999 à 2023.
Espérance de vie
L’espérance de vie à la naissance dans la zone euro a atteint 81,8 ans en 2022, contre 78 ans en 1999. Le seul recul de l’espérance de vie datant de 2020 avec la Covid. Aux États-Unis, l’espérance de vie est passée sur cette même période de 76,6 à 76,3 ans. Dans ce pays, l’espérance de vie est en recul depuis 2018. Elle a diminué de deux années et demie.
Prix relatif des logements
Les prix de l’immobilier résidentiel ont augmenté plus vite que les prix à la consommation. Depuis 1999, l’écart est de 40 %. Il avait atteint plus de 50 % en 2021 avant de se rétracter légèrement avec la baisse des prix des logements et l’augmentation de l’inflation.
Les populations des États membres de la zone euro n’ont pas connu une dégradation de leur bien être depuis l’introduction de la monnaie commune. Au niveau des pays, des écarts existent. Les Italiens ont été moins gagnants que les Espagnols, les Irlandais, les Croates ou les Luxembourgeois. Les problèmes de l’Italie ne sont pas d’ordre monétaire. Ils sont liés à la dénatalité et à la difficulté rencontrée par les gouvernements successifs à réformer les structures économiques et sociales du pays.
La désinflation est-elle bien réelle en zone euro ?
Après avoir atteint plus de 10 % à l’automne 2022, l’inflation a reflué en 2023 pour se rapprocher à compter du mois de novembre de sa zone cible (2 %). La décélération de l’inflation est en grande partie imputable à celle des prix de l’énergie et des produits alimentaires. Elle pourrait marquer le pas dans les prochains mois en raison de la hausse des salaires et des marges des entreprises.
En un an, l’inflation a été divisée par quatre au sein de la zone euro passant de 10,1 % à 2,4 % de novembre 2022 à novembre 2023 mais cette désinflation est en partie apparente car le coût salarial unitaire de la zone euro continue à augmenter. En novembre, la hausse serait de 6 %, contre moins de 2 % avant la crise sanitaire. Le recul de l’inflation est imputable depuis un an à la réduction des prix des produits et des services importés. Après avoir connu une hausse de 20 % en rythme annuel durant le printemps et l’été 2022, en novembre 2023, ils étaient en baisse de plus de 5 % toujours en rythme annuel. Compte tenu du poids des importations de biens et services dans le PIB (28 %), la baisse du prix des importations sur un an au troisième trimestre 2023 conduit à une baisse du prix de la consommation de 2,2 points. Les entreprises ont, par ailleurs, face à la hausse de leurs coûts, dans un premier temps, réduit leurs marges permettant une baisse du prix de la consommation de 0,8 point.
Les facteurs qui ont joué en faveur de la désinflation en 2023 devraient progressivement disparaître. Le prix des importations devrait se stabiliser. Le cours du baril évolue autour de 80 dollars. En cas de tensions dans le Proche-Orient, une augmentation des cours n’est pas à exclure. Les prix des produits alimentaires devraient également se stabiliser dans les prochains mois tout comme ceux des métaux industriels non précieux dont la demande progresse en lien avec la transition énergétique. En mars, la baisse des produits importés sur un an ne sera plus que de 2 % contre 7,5 % en novembre 2023. Les entreprises devraient par ailleurs reconstituer légèrement leurs marges. L’espoir provient d’une augmentation de la productivité et d’une modération des salaires.
L’inflation pourrait légèrement repartir à la hausse au début de l’année 2024, ce qui pourrait inciter la Banque centrale européenne à ne pas baisser ses taux directeurs avant la fin du deuxième trimestre.