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La Chine, le laboratoire du monde !
La Chine est, au fil des années, devenue le laboratoire mondial de la recherche et développement (R&D). Entre 2012 et 2021, les entreprises étrangères ont augmenté d’un cinquième leurs effectifs de recherche en Chine. Elles emploient plus de 716 000 chercheurs. Leurs dépenses annuelles en R&D ont, ces dernières années, doublé, pour atteindre 52 milliards de dollars. En y ajoutant les investissements des entreprises chinoises, le montant des dépenses de R&D est équivalent à celui des États européens. Seule les États-Unis dépensent plus. Malgré les sanctions internationales, 25 nouveaux centres de recherche et développement étrangers ont ouvert depuis 2022 dans la seule agglomération de Shanghai. En 2023, alors que les investissements directs étrangers en Chine ont diminué de 80 %, ceux en R&D ont augmenté de 4 %. Les centres de R&D occidentaux en Chine ont une vocation de plus en plus internationale. Les produits conçus ne sont plus destinés au seul marché chinois mais à l’ensemble de la planète.
Les responsables des entreprises internationales estiment désormais que les compétences des Chinois et le cadre réglementaire sont favorables à l’essor de centres de recherche de pointe. Nulle part ailleurs dans le monde les technologies les plus récentes, depuis les nouveaux médicaments jusqu’aux taxis volants, ne peuvent être testées aussi rapidement. Le ralentissement de la croissance de la Chine, 4,7 % au deuxième trimestre sur un an, la volonté des États-Unis et de l’Union européenne de diminuer leur dépendance à la Chine, ne pèsent pas pour le moment sur les projets de recherche du pays. En 2023, Volkswagen a investi plus d’un milliard de dollars dans un centre d’innovation à Hefei, une ville de l’intérieur. Bosch construit un centre de R&D d’un milliard de dollars dans la ville voisine de Suzhou. HSBC a créé des milliers d’emplois dans un centre de recherche et développement dédié à l’intelligence artificielle et à la blockchain, situé dans le sud de la Chine. AstraZeneca a annoncé, au mois de février 2024, qu’elle installerait à Shanghai, un de ses principaux centres de R&D. En mars, Apple, a dévoilé de nouvelles initiatives de R&D autour de Shenzhen. Le mois suivant, Bayer, une entreprise allemande de produits pharmaceutiques et chimiques, a déclaré qu’elle augmentait sa présence à Shanghai. En juin, Tesla a obtenu l’autorisation des autorités de Shanghai de tester ses systèmes de conduite autonome les plus avancés dans les rues de la ville.
Un des atouts majeurs de la Chine est la capacité des universités à former un grand nombre de chercheurs de haut niveau. Par ailleurs, le pays s’est doté de nombreuses start-ups qui sont des viviers pour les grandes entreprises à la recherche d’ingénieurs et d’inventeurs. Le coût des chercheurs chinois demeure, en Chine, plus attractif qu’en Occident. Le salaire mensuel moyen d’un nouveau doctorant dans une entreprise étrangère en Chine est d’environ 13 000 yuans, soit un tiers de ce qu’il gagnerait aux États-Unis. La durée de travail est, en outre, en Chine, 30 % plus importante qu’en Europe.
Si les chercheurs chinois ont une moindre propension à la recherche fondamentale, ils sont réputés pour leurs capacités à mettre en œuvre des applications sophistiquées à destination des consommateurs. Les entreprises de cosmétiques ont tendance à lancer plus de produits en Chine que dans d’autres pays. Les sociétés pharmaceutiques peuvent s’appuyer dans l’Empire du Milieu sur un réseau en plein essor d’organismes de recherche de de classe mondiale qui réalisent des expérimentations à moindre coût qu’en Occident. Les Chinois sont, par ailleurs, plus enclins à participer aux essais cliniques que les Américains ou les Européens. Il est plus facile de recruter des patients pour des essais thérapeutiques ciblant les maladies rares. Les essais, qu’il s’agisse de cosmétiques, d’applications, de médicaments ou de véhicules autonomes, sont facilités sur le plan réglementaire par les autorités. Les gouvernements locaux rivalisent entre eux pour attirer les entreprises innovantes qui soutiendront selon Xi Jinping, le Président chinois, une « croissance de haute qualité ». Les développeurs de drones passagers pouvant faire voler leurs engins dans des zones désignées au sein même des grandes agglomérations. En Europe comme aux Etats-Unis, l’obtention d’autorisations se révèlent complexe. Volkswagen a commencé à tester un prototype de drone dans la province de Mongolie intérieure en 2022. À Los Angeles, cette entreprises n’aurait pas reçu les autorisations.
Dans les prochaines années, les entreprises occidentales pourraient avoir plus de difficultés pour investir en Chine dans le domaine de la recherche. En juin 2024, le Trésor américain a publié un projet de règles interdisant aux entreprises américaines d’investir dans l’IA, les semi-conducteurs, la microélectronique et l’informatique quantique en Chine. Celles-ci pourraient entrer en vigueur d’ici la fin de l’année. Une victoire de Donald Trump, au mois de novembre, devrait s’accompagner de mesures encore plus strictes. Dans le même temps, la politique Xi Ping tend à freiner les échanges en matière de recherche. Les exportations de certains outils, comme les logiciels de reconnaissance vocale et textuelle ou encore l’algorithme de recommandation de TikTok, nécessitent désormais l’autorisation du ministère du Commerce chinois. En prévision du durcissement des régimes de propriété intellectuelle aux États-Unis et en Chine, certaines entreprises étrangères ont commencé à déplacer leur personnel de recherche hors de Chine. Alors même qu’Apple double ses efforts de R&D en Chine, Microsoft étudie la possibilité de transférer son centre de recherche dans un autre pays émergent d’Asie.
Les influenceurs, l’intelligence artificielle : consommation et frustration
En France, plus d’un cinquième des consommateurs ont recours à l’intelligence artificielle ou aux avis des influenceurs pour leurs achats. Les Français prennent de plus en plus l’habitude de converser avec des robots. Selon une étude du Credoc, en 2023, 23 % d’entre eux ont eu recours à des robots conversationnels tels que ChatGPT, ou de générateurs d’image comme MidJourney quand en 2022, ils n’étaient que 14 %. Même si la plupart des utilisateurs de l’IA le fassent par curiosité ou par amusement, ces outils sont aussi utilisés à des fins professionnels ou pour la réalisation d’achats de consommation. Presque la moitié des utilisateurs des outils de l’IA (47 %) s’en sont servis pour rechercher des informations sur des produits ou des services. Un quart des individus interrogés par le Crédoc dans le cadre de l’enquête Tendances de consommation déclarent, en mars 2024, avoir, au cours des six derniers mois, acheter un produit ou un service en tenant compte de l’avis d’influenceurs. Plus de la moitié des consommateurs avouent de temps en temps consulter les avis des influenceurs.
Les jeunes, les ménages avec enfants, les employés ou les inactifs recourent plus pour leurs achats à l’intelligence artificielle ou aux influenceurs que les autres. L’enquête du CRÉDOC révèle que les personnes utilisant ces outils sont significativement plus nombreuses à déclarer se restreindre régulièrement en matière de consommation (70 % contre 66 % en moyenne dans la population). Ces personnes rencontrent plus fréquemment que la moyenne des problèmes financiers et sont celles qui achètent le plus par impulsion (66 % contre 40 % en moyenne de la population). Elles sont nettement plus nombreuses à souhaiter consommer d’avantage (55 %, contre 25 %). Elles déclarent plus souvent la moyenne consommer est un plaisir (29 %, contre 16 %). Les influenceurs sont avant tout suivis pour les achats liés à l’apparence physique, aux loisirs et à l’alimentation. Dans le secteur de l’habillement, le rôle des influenceurs consisterait à faire connaître les nouveautés dans un marché se caractérisant par un renouvellement continu des collections. Ce rôle est également important pour les produits cosmétiques et d’hygiène. Pour les loisirs, les personnes qui s’appuient sur des influenceurs pour leurs achats recherchent des propositions intéressantes en matière de prix.
En règle générale, les influenceurs stimulent la consommation et encouragent les ménages qui y recourent à acheter des produits plus chers car souvent plus récents. Ils augmentent la tension entre désir de consommer et capacité d’achat générant ainsi un important sentiment de frustration et de restriction. Le recours à l’intelligence artificielle est assez identique en étant plus désincarné. Ce sont les jeunes qui utilisent le plus les robots conversationnels pour affiner leurs choix d’achats.