Avantage: patrimoine financier !
Malgré la baisse des taux d’intérêt, le patrimoine des ménages progresse grâce aux actifs financiers. Selon l’INSEE, en 2013, le patrimoine des ménages s’est élevé à 10 414 milliards d’euros, soit huit fois leur revenu disponible net. Il a progressé de 1,8 % en 2013 après 1,7 % en 2012.
Le patrimoine des ménages est composé à 69 % d’actifs non financiers dont la valeur a baissé de 0,1% en 2013. L’immobilier représente 64 % de leur patrimoine. La valeur du patrimoine en constructions et terrains n’a augmenté que de 0,1 %. Dans l’ancien, le recul des prix des logements s’est poursuivi.
En revanche, en raison de la bonne tenue de la bourse, les actifs financiers des ménages ont progressé de + 4,8 % après + 5,5 % en 2012. Cette hausse s’explique par la bonne tenue des flux de placements et par la revalorisation des titres détenus.
Les actions et parts de fonds d’investissement ont augmenté de 8,8 % en retrait par rapport à 2012, année durant laquelle la hausse avait été de 16,4 %. Les ménages se sont désengagés des obligations et des placements bancaires au profit des dépôts en comptes courants et de l’assurance-vie dont l’encours a augmenté de 3,8 % après une progression de 3,2 % en 2012.
En analysant les résultats de l’INSEE et en se projetant à quelques années, il est difficile de pouvoir anticiper les évolutions du patrimoine des ménages. Sommes-nous entrés dans un nouveau cycle financier ? Au regard de la politique des taux, nous pourrions y croire mais rien n’en est moins certain.
La précédente rupture était intervenue au début des années 80 avec l’engagement d’un processus d’augmentation des taux et de valorisation des actifs. Les politiques monétaires monétaristes avec une surveillance accrue des masses monétaires initiées aux Etats-Unis se sont diffusées à l’ensemble des pays. Au milieu des années 80, les administrations publiques que ce soit aux Etats-Unis, en Allemagne ou en France, accroissent leurs déficits et donc leurs besoins de financement. A cette fin, elles dérégulent les marchés financiers aidées en cela par l’évolution des techniques. Par ailleurs, en Europe, la réunification, de l’Allemagne a conduit les autorités de ce pays à élever les taux d’intérêt afin de lutter contre l’inflation favorisée par l’échange à parité des ostmark contre les deutschemark. Après des décennies de forte inflation et de faibles gains réels sur les marchés financiers, les cours des actifs financiers et immobiliers se mettent à fortement augmenter avec quelques accidents comme en 1987, 1997, 2000 ou 2008/2009. Depuis la grande récession, le mouvement d’augmentation des actions s’est poursuivi, en particulier dans les pays anglo-saxons, augmentation favorisée par les faibles taux et l’importance des liquidités en circulation. Avec la fin annoncée des politiques monétaires non conventionnelles aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, un rééquilibrage est attendu avec certainement à la clef une moindre progression des actions. La question qui reste en suspens est de savoir si nous entrons dans un long cycle de consolidation des actifs financiers. Il est fort probable que les taux d’intérêt resteront bas encore un certain temps compte tenu du niveau des dettes publiques. Néanmoins, la réduction des excédents commerciaux des pays émergents, au fur et à mesure où la consommation intérieure deviendra une priorité, devrait réduire les capacités d’épargne. De même, dans les pays les plus concernés par le vieillissement, les pouvoirs publics pourraient être tentés de ponctionner directement ou indirectement le patrimoine des seniors afin de financer les prestations sociales. Les entreprises pourraient avoir du mal à attirer les actionnaires et pourraient être contraints de mieux les rémunérer. Le durcissement des règles prudentielles applicables aux banques pourrait compliquer le financement de l’économie. Les entreprises devraient, en particulier en Europe, recourir plus aux marchés financiers pour se financer. En revanche, la vente massive de titres par les fonds de pension et les compagnies d’assurance-vie pour faire face à leurs engagements pourrait peser sur les cours financiers.
A court terme, le maintien des faibles taux en Europe est acquis avec à la fin de 2015 et en 2016 la nécessité pour la BCE de gérer en finesse l’éventuel écart de taux avec les Etats-Unis. Une pression à la hausse pour les taux longs pourrait s’exercer compte de leur élévation outre-Atlantique.