Le Coin de la Conjoncture – croissance – inflation – consommation – création d’entreprise
Croissance française, un effet Jeux ?
La France a enregistré une croissance au deuxième trimestre en ligne avec celle des trimestres précédents. Celle-ci a été portée par le commerce extérieur et l’investissement quand la consommation des ménages est restée atone. Le résultat du deuxième trimestre rend possible une croissance de 1 % en 2024 ce qui correspond aux prévisions du gouvernement. L’après Jeux Olympiques pourrait générer un effet dépressif qui pourrait être compensé, à l’automne, par la reprise de l’activité rendue possible par la baisse des taux d’intérêt. Logiquement, les ménages devraient renouer avec la consommation au cours du second semestre avec la désinflation. En l’état, les conséquences économiques de la crise politique actuelle en France sont difficiles à apprécier.
Un taux de croissance de 0,3 % au deuxième trimestre 2024
Le produit intérieur brut (PIB) en volume a augmenté, selon l’INSEE, au deuxième trimestre de +0,3 % après +0,3 % au trimestre précédent et de 0,4 % au dernier trimestre 2023. L’INSEE a procédé à une révision à la hausse de la croissance de ces deux derniers trimestres.
La demande intérieure finale (hors stocks) repart légèrement à la hausse et contribue positivement à la croissance du PIB ce trimestre (+0,1 point après 0,0 point au premier trimestre 2024), du fait du léger rebond de la formation brute de capital fixe (FBCF, +0,1 % après -0,4 %). La consommation des ménages est stable ce trimestre (0,0 % après -0,1 %). La contribution du commerce extérieur à la croissance est également positive au deuxième trimestre 2024 (+0,2 point après +0,3 point). En effet, les importations sont stables (0,0 % après -0,3 %), et les exportations sont toujours dynamiques (+0,6 % après +0,7 %). Enfin, la contribution des variations de stocks à l’évolution du PIB est de nouveau nulle ce trimestre (0,0 point après 0,0 point au premier trimestre 2024).
Cercle de l’Epargne – données
Une production en forte hausse grâce aux services marchands
La production totale a progressé au deuxième trimestre 2024 de +0,5 % après -0,1 %. Ce bon résultat est imputable aux services. En effet, la production de l’industrie manufacturière a diminué de 0,4 % au deuxième trimestre dans le prolongement de la baisse de 0,7 % du trimestre précédent. Elle a baissé dans le secteur du matériel des transports et dans l’agro-alimentaire. La production continue de se contracter dans la construction, -0,7 % après -1,1 %) et pour le quatrième trimestre consécutif. La production agricole diminue également. Celle de l’industrie manufacturière est de nouveau en baisse (-0,4 % après -0,7 %).
La production de services marchands a connu au deuxième trimestre une hausse de +0,8 % après +0,7 %. La hausse de la production dans les services aux entreprises demeure forte (+1,2 % après +0,8 %). Le secteur de l’hébergement et de la restauration a également enregistré une croissance élevée (+0,7 % après +0,1 %). Le secteur de l’information et communication grâce à la digitalisation et à l’intelligence artificielle a enregistré une croissance importante (+1,4 % après +1,6 %)
La consommation toujours en panne
Les ménages, malgré la baisse de l’inflation, n’ont pas repris le chemin des magasins réels ou virtuels. La préférence reste donnée à l’épargne. Ils demeurent méfiants sur l’évolution de la conjoncture. Le contexte politique pourrait influer sur leurs comportements au cours du second semestre. La consommation des ménages est ainsi restée stable au deuxième trimestre (0,0 % après -0,1 %).
La consommation alimentaire a une nouvelle fois diminué (-1,6 % après -0,1 %). La consommation en carburants est également en retrait (-1,0 % après +1,8 %). En revanche, la consommation en gaz et électricité accélère (+3,5 % après +0,3 %), dû à un printemps plus frais que les années précédentes, et la consommation en matériel de transports, notamment en automobiles, est en hausse (+1,6 % après -3,5 %).
Si la consommation des ménages en biens est en recul, celle en services continue de progresser. Elle a augmenté de 0,5 % au deuxième trimestre, contre +0,3 % au premier. Elle est portée par l’accélération de la consommation en services de transport (+1,8 % après +0,6 %). Le tourisme est également une source de dépenses pour les ménages, +0,8 % pour les services d’hébergement et restauration après +0,1 % au trimestre précédent.
Reprise de l’investissement au deuxième trimestre
La Formation Brute de Capital Fixe (FCBF) est en hausse au deuxième trimestre de +0,1 % contre un recule de 0,4 % au précédent. La FCBF en services marchands a été vive (+1,7 % après +0,5 %), quand la FBCF en produits manufacturés continue de baisser (-1,0 % après -0,6 %). L’accélération de l’investissement en services marchands est liée au dynamisme de l’investissement en information-communication (+2,3 %) et à celui de l’investissement en services juridiques, scientifiques, techniques, administratifs et de soutien (+1,2 %). L’investissement en construction continue de baisser (-0,6 % après -0,9 %).
Le commerce extérieur moteur de la croissance
La contribution du commerce extérieur à la croissance du PIB est positive au deuxième trimestre 2024 de 0,2 point, après +0,3 point au trimestre précédent. Ce bon résultat est lié à la progression des exportations de 0,6 % (+0,7 % au trimestre précédent). Elles ont été une nouvelles fois portées par les ventes de matériels de transports (+1,8 % après +1,5 %). La France a, en effet, livré durant cette période un nouveau navire et de nombreux avions. De leur côté, les importations sont restées stables (+0,0 % après -0,3 %).
Variations de stocks nulles au deuxième trimestre
Les variations de stocks ne contribuent pas à la croissance du PIB ce trimestre : 0,0 point, comme au premier trimestre 2024.
Un second semestre incertain
La croissance du premier semestre aura été plus élevée que prévu. Elle s’accompagne d’une stabilisation du chômage. Les deux points noirs sont l’atonie de la consommation et le recul de la construction. La baisse de l’inflation et la diminution des taux d’intérêt pourraient faciliter la reprise de l’’une et l’autre. Pour autant, l’économie française devra faire face, dans les prochains mois, à un petit effet dépressif post Jeux. La préparation et le tenue des compétitions sont des sources d’activités (réalisation d’infrastructures, équipements, services, dépenses des touristes étrangers, etc.). Ce surcroît de dépenses disparaîtra à partir de septembre. Le PIB du troisième trimestre pourrait, de ce fait, enregistrer une croissance plus faible. Le contexte politique en France pourrait peser sur l’activité en raison de l’attentisme possible des investisseurs et des consommateurs. L’élection, du mois de novembre aux Etats-Unis est susceptible d’avoir des effets négatifs sur la conjoncture mondiale. Enfin l’évolution, la croissance dépendra de la situation de l’économie chinoise en proie à un ralentissement depuis plusieurs mois.
Croissance de 0,3 % pour la zone euro au premier trimestre
La France, au deuxième trimestre, a été dans la moyenne de la zone euro pour la croissance. En effet, selon Eurostat, au cours de ce trimestre, le PIB corrigé des variations saisonnières a augmenté de 0,3 % dans la zone euro et dans l’Union Européenne (UE) par rapport au trimestre. Au cours du premier trimestre, le PIB avait aussi augmenté de 0,3% dans les deux zones.
L’Allemagne enregistre un nouveau recul de son PIB tout comme la Suède. A souligner que celui de Lettonie se contracte de 1,1 % au deuxième. L’Espagne continue à enregistrer une forte croissance. En base annuelle, la croissance espagnole atteint 2,9 % contre 1,1 % pour la France. Sur un an, le PIB allemand est en recul de 0,1 % sachant que celui de la zone euro a progressé de 0,6 %.
Augmentation du PIB du deuxième trimestre par rapport au premier trimestre 202’
Cercle de l’Epargne – données Eurostat
Inflation, petite augmentation en juillet
Sur un an, selon l’estimation provisoire réalisée en fin de mois par l’INSEE, les prix à la consommation augmenteraient, en France, de 2,3 % en juillet, après +2,2 % en juin. Cette légère hausse de l’inflation s’expliquerait par l’augmentation des prix de l’énergie, notamment ceux du gaz, qui serait en partie compensée par un ralentissement des prix des services et de l’alimentation. Les prix des produits manufacturés et du tabac évolueraient sur un an au même rythme que le mois précédent.
Sur un mois, les prix à la consommation augmenteraient légèrement en juillet 2024 (+0,1 % comme en juin), au même rythme qu’au mois précédent. Les prix des services augmenteraient, en lien avec la hausse saisonnière de ceux des transports et de l’hébergement. Les prix de l’énergie augmenteraient aussi du fait de la hausse de ceux du gaz. À l’inverse, les prix des produits manufacturés se replieraient sous l’effet des soldes d’été. Les prix de l’alimentation seraient en légère baisse sur un mois, et ceux du tabac seraient stables.
Sur un an, l’indice des prix à la consommation harmonisé augmenterait de 2,6 % en juillet 2024, après +2,5 % en juin. Sur un mois, il augmenterait de 0,2 % comme le mois précédent.
Cercle de l’Epargne – données INSEE
Pour la zone euro, le taux d’inflation annuel de la zone euro a été évalué à 2,6 % en juillet, contre 2,5 % en juin selon une estimation rapide publiée par Eurostat, l’office statistique de l’Union européenne.
S’agissant des principales composantes de l’inflation de la zone euro, les services devrait connaître le taux annuel le plus élevé en juillet (4,0 %, comparé à 4,1% en juin), suivis de l’alimentation, alcool & tabac (2,3 %, comparé à 2,4 % en juin), de l’énergie (1,3 %, comparé à 0,2 % en juin) et des biens industriels hors énergie (0,8%, comparé à 0,7% en juin).
Cercle de l’Epargne – données Eurostat
Recul de la consommation de biens en juin
La consommation des ménages en biens demeure, en France, étale. Ces derniers privilégient les dépenses en services et l’épargne.
En juin, les dépenses de consommation des ménages en biens baissent, selon l’INSEE, sur un mois (-0,5 % en volume* après +0,8 % en mai 2024 – données révisées).Cette baisse est due à une diminution de la consommation d’énergie (-1,9 %) et, dans une moindre mesure, de la consommation alimentaire (-0,7 %). À l’inverse, les achats de biens fabriqués augmentent modérément (+0,4 %). Sur l’ensemble du deuxième trimestre 2024, la consommation des ménages en biens est stable par rapport à celle du premier trimestre.
Cercle de l’Epargne – données INSEE
Qui a créé une entreprise en 2022 en France ?
En 2022, un peu plus d’un million d’entreprises ont été, selon l’INSEE créées en France. La grande majorité de ces créations l’a été sous le régime du micro-entrepreneur. Les secteurs le plus propices à la création sont les activités spécialisées, scientifiques et techniques (18 %) et le commerce (15 %).
Au premier semestre 2022, 52 % des entreprises créées l’ont été par des personnes qui étaient en emploi juste avant la création, en particulier des salariés du privé (29 %), mais aussi des indépendants (12 %). 25 % des créateurs d’entreprise étaient au chômage, dont 16 % depuis moins d’un an. Parmi les étudiants créateurs d’entreprise (12 % des créateurs), les deux tiers sont encore en études. Les indépendants et chefs d’entreprise sont plus nombreux parmi les créateurs de société (39 %, contre 10 % parmi les entreprises individuelles). Plus d’un tiers des créateurs (37 %) exercent une autre activité rémunérée en plus de leur nouvelle activité. Cette situation est plus fréquente chez les micro-entrepreneurs (41 %). Pour 47 % des micro-entrepreneurs « actifs », leur entreprise vise à fournir un complément de revenus.
Les femmes à l’origine de 40 % des créations d’entreprise
En 2022, les femmes représentent 40 % des créateurs d’entreprise. Ce taux est de 25 % parmi les créateurs de société. Les secteurs de création les plus féminisés sont les activités de services (75 % de créatrices) et la santé humaine et l’action sociale (73 %). Les femmes sont sous-représentées dans la construction (4 % de créatrices) et le transport-entreposage (11 %). En 2022 comme en 2018, six créateurs d’entreprise sur dix ont moins de 40 ans. Les micro-entrepreneurs sont sensiblement plus jeunes que les créateurs d’entreprise individuelle « classique » ou de société : 38 % des micro-entrepreneurs ont moins de 30 ans, contre respectivement 32 % et 14 % pour les autres types d’entreprise. Les secteurs où les créateurs sont les plus jeunes sont le transport-entreposage, où 79 % des créateurs ont moins de 40 ans, l’information-communication (74 %) et l’enseignement (71 %).
Près de quatre créateurs sur dix, diplômés de l’enseignement supérieur
En 2022, 39 % des créateurs d’entreprise possèdent un diplôme du supérieur de niveau bac+3 ou plus. Cette proportion est stable par rapport à 2018. Les créateurs les plus diplômés sont plus nombreux parmi les créateurs de société et, dans une moindre mesure, parmi les créateurs d’entreprise individuelle hors micro-entrepreneurs. Il sont également très présents dans les secteurs des activités spécialisées, scientifiques et techniques, de l’information-communication, ainsi que dans les activités financières et d’assurance. Les créateurs sans diplôme sont surreprésentés dans le transport-entreposage : 18 % n’ont aucun diplôme, contre 6 % de l’ensemble des créateurs.
Des créateurs d’entreprise moins expérimentés qu’en 2018
Les personnes ayant créé leur entreprise en 2022 ont lancé leur projet avec une moindre expérience que celles de 2018, que ce soit dans le secteur d’activité où elles exerçaient avant ou vis-à-vis du domaine de la création. En 2022, quatre créateurs sur dix n’ont pas d’expérience dans le secteur d’activité de l’entreprise créée (contre deux sur dix en 2018), et huit sur dix créent une entreprise pour la première fois (contre sept sur dix en 2018). Cette tendance est plus marquée chez les créateurs d’entreprise individuelle que chez les créateurs de société. Dans trois cas sur dix, la création est réalisée dans un contexte de reconversion professionnelle.
Plus de la moitié des projets démarrent avec un investissement nul ou inférieur à 1 000 euros.
37,5 % des créateurs d’entreprise de 2022 n’ont mobilisé aucun moyen financier pour créer leur entreprise, 20 % ont investi moins de 1 000 euros et 12 % plus de 16 000 euros. Les projets de sociétés ont mobilisé davantage de moyens financiers élevés : 39 % des sociétés ont été lancées avec un budget de plus de 16 000 euros.48 % des entreprises individuelles ont été créées sans aucun moyen financier.
Deux tiers des créateurs n’ont perçu aucune aide financière à la création.
L’aide à la création ou à la reprise d’une entreprise (Acre) est celle qui la plus fréquemment perçue. La part des créateurs ayant recours aux aides et le montant des moyens financiers investis diminuent légèrement par rapport à 2018.
Dans leur projet de création, 46 % des créateurs ont été épaulés par leur entourage personnel, 16 % par une structure d’aide à la création et 14 % par leur entourage professionnel. 35 % n’ont reçu aucun appui extérieur. Les principaux obstacles rencontrés concernent les formalités administratives (30 %) et le fait de devoir réaliser ces démarches seul (32 %). Les créateurs de 2022 se sont sentis moins en difficulté dans leurs démarches que ceux de 2018 : un peu plus d’un sur quatre déclarent ne pas avoir eu de difficultés pour créer leur entreprise en 2022, contre un sur cinq en 2018.
Légère augmentation du taux de chômage en zone euro
En juin, le taux de chômage corrigé des variations saisonnières de la zone euro était, selon Eurostat, de 6,5 %, en hausse par rapport au taux de 6,4 % enregistré en mai et stable par rapport au taux enregistré en juin 2023. Le taux de chômage de l’Union Européenne était de 6,0 % en juin 2024, stable par rapport aux taux enregistrés en mai 2024 ainsi qu’en juin 2023. La faible croissance depuis le début de l’année explique cette légère dégradation. Le taux de chômage les plus faibles au sein de l’Union sont constatés en Tchéquie, en Pologne, à Malte et en Slovénie ainsi qu’en Allemagne et aux Pays-Bas. Tous ces pays ont un taux de chômage inférieur à 4 % et sont en situation de plein emploi. La France se trouve toujours au-dessus de la moyenne européenne avec un taux de chômage de 7,4 % qui est néanmoins un des plus bas constaté depuis quarante ans. L’Espagne et la Grèce sont les deux pays de l’Union ayant les taux de chômage les plus élevés.
Cercle de l’Epargne – données Eurostat