C’est déjà hier (10 décembre 2016)
Le trompe-l’œil des salariés français à faible rémunération
La proportion de bas salaires parmi les salariés s’élevait à 17,2% dans l’Union européenne (UE) en 2014. Cela signifie qu’ils gagnaient deux-tiers ou moins du salaire horaire national brut médian. De grandes différences subsistent entre hommes et femmes ainsi qu’en fonction des tranches d’âges. Au sein de l’Union, en 2014, 21,1 % des femmes salariées percevaient un bas salaire, contre 13,5 % des salariés hommes.
Près d’un tiers (30,1%) des salariés âgés de moins de 30 ans percevaient un bas salaire, contre 14 % ou moins pour les tranches d’âges situées entre 30 et 59 ans. Le niveau d’études joue également un rôle important. 28,2 % des salariés ayant un faible niveau d’études étaient des travailleurs à bas salaires quand ce taux est de 20,9 % pour les salariés ayant un niveau d’éducation moyen. Il n’était que de 6,4 % pour ceux ayant un niveau d’éducation supérieur. Par ailleurs, 31,9 % des salariés en contrat à durée déterminée percevaient un bas salaire, contre 15,3 % de ceux en contrat à durée indéterminée.
En France, 8,8 % des salariés gagnent moins que 66 % du salaire horaire médian soit 10 euros. En Allemagne, 22 % des salariés sont dans cette situation. Au Royaume, ce taux est de 21 %. Le résultat français peut être interprété de deux manières : Les inégalités de salaire y sont moindres que nos partenaires et la masse salariale y est fortement écrasé. En effet, le montant du SMIC étant élevé, 9,67 euros par heure, celui-ci pèse fortement sur le montant du salaire médian.
Emploi, quand l’Occitanie et les DROM mènent la danse
Depuis 2015, l’économie française a renoué avec les créations d’emploi. Au 3ème trimestre 2016, elle a ainsi enregistré son sixième trimestre d’affilée de créations nettes d’emplois marchands, avec 52 200 nouveaux postes (+ 0,3 %), performance inconnue depuis la crise de 2008. Sur un an, les créations nettes d’emploi du secteur privé atteignent 145 100.
Le retour des créations d’emploi n’est pas uniforme au niveau du territoire comme le montrent les résultats publiés par l’INSEE pour l’année 2015.
En 2015, 27,3 millions de personnes occupaient un emploi, salarié ou non. C’était 126 000 de plus qu’à la fin 2014, soit une augmentation de 0,5 %. L’année dernière, 135 000 emplois salariés avaient été créés. Fin 2015, l’emploi salarié ne rejoint toutefois pas son niveau d’avant-crise (24,5 millions, contre 24,6 fin 2007).
Moins de TNS en 2015
En 2015, l’emploi non salarié diminue pour la deuxième année consécutive (- 9 000 emplois en 2015, après – 1 000 en 2014). Cette baisse tient notamment à l’essoufflement de la montée en charge du dispositif des auto-entrepreneurs mis en place en 2009. Jusqu’en 2013, celui-ci avait particulièrement soutenu les créations d’emploi non salarié, qui avoisinaient 100 000 par an.
Les DROM et l’Occitanie portent l’emploi
En 2015, l’emploi salarié progresse davantage en Occitanie et dans les quatre départements et régions d’outre-mer (DROM) hors Mayotte, que sur le reste du territoire (de + 1,1 % en Occitanie à + 3,0 % à La Réunion.
Dans ces régions, il profite d’une hausse plus soutenue dans les secteurs tertiaires, tant non marchand (entre + 0,7 % et + 4,1 %, contre + 0,4 % en moyenne) que marchand (entre + 1,7 % et + 4,1 %, contre + 1,5 %). Si la structure de l’emploi de l’Occitanie est proche de la moyenne de la France, elle est en revanche davantage tournée vers le tertiaire non marchand dans les DROM. La région Occitanie bénéficie de la vitalité des pôles économiques de Toulouse et de Montpellier. L’emploi est également favorisé par l’augmentation de la population. Ce facteur joue également pour certains DROM dont La Réunion. Les Départements et Régions d’Outre-Mer semblent avoir surmonté les conséquences de la crise sociale de 2009. Après plusieurs années difficiles, l’activité touristique progresse aux Antilles. A La Réunion, les échanges avec l’Asie et l’Afrique ainsi que la Nouvelle Route Littorale génèrent de nombreux emplois. En Guyane, l’activité est toujours dynamisée par la base de lancement des satellites de Kourou et par la rapide augmentation de la population.
En Île-de-France, en Bretagne et en PACA, l’emploi salarié croît à un rythme proche de celui observé sur l’ensemble de la France (+ 0,6 %). Au sein des Pays de la Loire et en Auvergne-Rhône-Alpes, le tertiaire marchand a été fortement créateur d’emplois (respectivement + 2,0 % et + 2,2 %). La hausse dans ce secteur a été moins soutenue en Île-de-France (+ 1,3 %).
Inversement, l’emploi salarié stagne ou baisse légèrement dans les régions du quart nord-est (Hauts-de-France, Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté) ainsi qu’en Normandie et Centre-Val de Loire. La situation est d’ailleurs plus défavorable en Normandie et dans le Grand Est (- 0,1 %). Ces cinq régions sont marquées par un poids important de l’industrie, secteur dont le déclin se poursuit, et par une évolution plus modeste du secteur tertiaire marchand. Ces régions (surtout celles de l’Est) sont également confrontées à des mouvements migratoires défavorables avec le départ des jeunes et des retraités vers des cieux plus cléments.
La Corse qui avait été longtemps en tête de la création d’emplois a enregistré une contreperformance en 2015 avec une baisse du nombre de postes « salarié » de 0,4 % en raison du repli dans les secteurs du tertiaire non marchand et de la construction.
Plus de 100 milliards d’euros en faveur de l’emploi en France
Les dépenses publiques de soutien à l’emploi qui comprennent les dispositifs « ciblés » sur les demandeurs d’emploi et les personnes en difficulté sur le marché du travail, et les dispositifs « généraux » destinés pour l’essentiel à réduire le coût du travail pour certains secteurs, territoires et catégories de salariés, ont atteint en 2014 105 milliards d’euros soit 4,9 % du PIB.
Les « dépenses ciblées » se sont élevées à 53 milliards d’euros, soit 2,5 points de PIB. Dans cette catégorie, figurent l’indemnisation du chômage (63 % du total des dépenses), loin devant les aides à l’emploi – principalement les contrats aidés – (15 %), la formation professionnelle des demandeurs d’emploi (12 %) et les moyens consacrés au service public de l’emploi (11 %). La progression de ce type de dépenses est assez rapide, +3,6 % en 2014 (en euros constants) après +4,1 % en 2013 du fait de la montée en puissance des contrats d’avenir.
Les « dépenses générales » atteignent 51 milliards d’euros en 2014, soit 2,4 points de PIB, dont 20,8 milliards d’euros d’allégements généraux de cotisations sociales sur les bas salaires et 18,2 milliards d’euros de crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE). S’y ajoutent les incitations financières à l’emploi (prime pour l’emploi et RSA « activité ») et des mesures en faveur de l’emploi dans certains secteurs d’activité et zones géographiques. Les dépenses générales ont progressé de 12,1 % en euros constants par rapport à 2013. Cette forte hausse est largement imputable à la montée en charge du CICE.
La Cour des Comptes a, à plusieurs reprises, soulevé la question de l’efficacité des dépenses publiques en faveur de l’emploi en demandant une refonte de la politique en faveur de la formation.
Pétrole, incertitudes et croissance ne font pas bon ménage
Les prévisions de croissance pour la France ont été revues à la baisse par la Banque de France. Les taux prévus pour 2017 et 2018 sont désormais respectivement de 1,3% et de 1,4 %. Pour 2016, la Banque de France parie sur un taux de croissance de 1,4 %.
La correction de 0,2 point effectué par la Banque centrale est justifiée par l’effet de la hausse prévisible du pétrole et par la multiplication des incertitudes, Brexit, élection de Donald Trump et élections à venir dans différents Etats européens.
La Banque de France considère que la consommation devrait rester le principal moteur de la croissance durant les deux prochaines années. L’investissement des entreprises sera porteur en 2017 mais il devrait se stabiliser en 2018. Une reprise de l’investissement public est attendue. L’investissement des ménages devrait être légèrement en hausse avec, comme réserve, l’éventuelle augmentation des taux. Le commerce extérieur qui a pesé négativement sur la croissance en 2016 pourrait être neutre en 2017 et 2018.
Avec l’augmentation du prix du pétrole, l’inflation serait en hausse en 2017 passant de 0,2 % cette année à 1,1 %. Elle serait à 1,4 % en 2018.
Le chômage continuerait à baisser mais à un rythme toujours très lent. Les augmentations salariales seraient modestes tant en 2017 qu’en 2018.
De leur côté, la Commission européenne prévoit 1,3% de hausse du PIB en 2016 puis 1,4 % l’an prochain, quand l’OCDE parie respectivement sur 1,2 % et 1,3 %. Le Gouvernement maintient de son côté une croissance de 1,5 % pour 2017.