10 février 2018

C’est déjà hier (10 février 2018)

Déficit budgétaire, réduction a minima

 Selon le Ministère de l’Économie, le solde général d’exécution du budget, à fin décembre 2017, est de -67,8 milliards d’euros contre -69,1 milliards d’euros fin décembre 2016, soit une amélioration de 1,3 milliard d’euros. Ce déficit est inférieur de 6 milliards d’euros à celui prévu par la loi de finances rectificative présentée en

novembre 2017 (-74,1 milliards d’euros). Au regard des résultats obtenus par les partenaires de la France, la réduction apparaît faible d’autant plus que la croissance a atteint près de 2 % l’année dernière.

 Les dépenses (budget général et prélèvements sur recettes) atteignent 386,9 milliards d’euros contre 379,8 milliards d’euros au 31 décembre 2016. Les recettes du budget général (nettes des remboursements et dégrèvements) se sont établies à 313,6 milliards d’euros contre 304,0 fin décembre 2016. Les recettes fiscales nettes sont supérieures de +11,5 milliards d’euros par rapport au 31 décembre 2016. Les recettes de TVA sont notamment en hausse de 8,0 milliards d’euros par rapport à fin décembre 2016 et les recettes d’impôt sur les sociétés enregistrent une hausse de 5,7 milliards d’euros (dont 4,9 milliards d’euros au titre de la contribution exceptionnelle). L’accélération de la croissance a permis une augmentation des recettes fiscales. Ce phénomène devrait se poursuivre en 2018.

Commerce extérieur de la France, le compte n’y est pas !

 En 2017, le retour de la croissance s’est accompagné d’un accroissement du déficit commercial qui est passé de 48,3 à 62,3 milliards de 2016 à 2017, soit la plus forte dégradation observée depuis 2011. La progression de la consommation s’est traduite par une hausse assez forte des importations, +6,8 % après +0,1 % en 2016, qui a accru le déficit. Cette hausse a été soutenue par l’augmentation des prix du pétrole. Le solde énergétique passe de -31,5 milliards en 2016 à -39,0 milliards en 2017 (données CAF/FAB). De son côté, le déficit manufacturier a atteint un nouveau record à 40,6 milliards en 2017, après 35,3 milliards en 2016 (données CAF/FAB). Malgré tout, les exportations françaises retrouvent le chemin de la croissance avec un gain de +4,5 % faisant suite à un léger recul l’année précédente (-0,6 %). À l’exception des livraisons aéronautiques qui fléchissent du fait de difficultés dans le domaine de la fabrication d’avions, les exportations ont été portées par les ventes de biens intermédiaires, de véhicules et de produits agroalimentaires.

Les soldes des différents pays européens se dégradent en raison de l’augmentation de la facture pétrolière. Contrairement à ce qui est constaté en Allemagne, la détérioration est plus importante en France en raison du déficit croissant de la balance des produits industriels. L’Italie et l’Espagne résistent mieux que la France en matière d’échanges de biens manufacturiers.

 En 2017, les ventes à destination des pays de l’Union européenne ont augmenté de +3,4 %, après +0,3 %. Ce rebond concerne tous les pays de l’Union sauf l’Allemagne. En ce qui concerne les exportations vers les pays hors Union européenne, le rebond est assez marqué avec un gain de 6,7 % faisant suite à une contraction de 2,2 %. L’amélioration est sensible avec les pays d’Asie.

 Les importations en provenance de l’Union européenne ont enregistré l’année dernière une forte hausse, +8,1 %, après +0,5 %. La hausse des importations depuis les pays tiers est également vive, +5,1 %, après -0,9 % en 2016. L’augmentation est franche avec les pays d’Asie et avec les pays fournisseurs de pétrole.

 Les exportations de produits métallurgiques et métalliques sont en forte hausse avec un gain de 12,7 % effaçant la contraction de 2016 de 6,3 %. Cette augmentation est imputable au rebond des cours mondiaux des métaux après cinq années de baisse presque ininterrompue. De même, les ventes de produits chimiques ont connu une hausse de +8,3 %, après -4,5 % sous l’effet de la hausse des prix. La situation a continué à s’améliorer pour les ventes de véhicules. Les ventes ont atteint 32,9 milliards en 2017, soit le niveau le plus élevé des dix dernières années. Les exportations de véhicules sont principalement destinées aux marchés allemand, belge et espagnol. L’évolution des exportations d’équipements automobiles suit quasiment le même profil que celui des véhicules, avec des ventes de 15,5 milliards en 2017, niveau presque équivalent à celui d’avant crise (15,8 milliards en 2007).

 Les exportations de produits agroalimentaires ont enregistré une hausse de 6,2 % en 2017 après le trou d’air de l’année précédente (+0,2 %) qui était imputable aux mauvaises récoltes. Les ventes de boissons sont particulièrement vives aux États-Unis et en Chine, notamment celles de vins et cognac. D’autres produits agroalimentaires se placent bien sur le marché chinois, comme les produits laitiers et les préparations pour l’alimentation des nourrissons et des enfants en bas âge. Les ventes de produits agricoles diminuent moins qu’en 2016 (-2,7 % en 2017, après -8,8 %). Les exportations du second semestre 2017 se redressent grâce à la bonne récolte céréalière de l’été.

 Les exportations de parfums et de cosmétiques ont renoué, en 2017, avec une vive progression, +11,0 %. Ce rythme de progression est sans précédent depuis 2011. L’excédent sur ces produits s’accroît et s’élève ainsi à 10,6 milliards en 2017, après 9,3 milliards en 2016.

 Les exportations de produits pétroliers raffinés se redressent de plus de 23,0 %, après quatre années de baisse persistante. Cette augmentation s’explique par la hausse du prix du pétrole, car le volume exporté en 2017 diminue légèrement (-2,7 %).

 En revanche, les livraisons aéronautiques et spatiales ont baissé de près de 4 % en valeur. Cette contraction fait suite aux bons résultats de ces deux dernières années. Le rebond des exportations vers l’Asie ne compense pas la nette contraction des livraisons à l’Allemagne, notamment dans le cadre de la fabrication coordonnée d’avions. Toutefois, les exportations de turboréacteurs augmentent, passant de 9,3 milliards en 2016 à 9,8 milliards en 2017. De même, les ventes de satellites atteignent 1,4 milliard, après 0,5 milliard l’année précédente. L’excédent aéronautique et spatial se réduit pour la deuxième année consécutive et tombe à 17,4 milliards d’euros en 2017. Du fait d’une diminution des achats, la dégradation du solde est cependant moins importante que celle de l’année précédente (-1,0 milliard en 2017, contre -3,8 milliards en 2016).

 La facture énergétique s’établit à 39,0 milliards d’euros en 2017, après 31,5 milliards en 2016. Elle s’alourdit de 7,5 milliards après quatre années successives de baisse, tout en restant nettement en deçà du record de 2012, à 69,2 milliards d’euros. L’évolution de la facture énergétique est très liée à celle des cours du pétrole. Le cours du Brent qui était de 111,8 dollars le baril en 2012 est tombé à 43,5 dollars en 2016, avant de remonter à 54,3 dollars en 2017, soit une hausse de 25 % par rapport à l’année précédente, avec un taux de change de l’euro par rapport au dollar qui s’apprécie de 2 %. La remontée des cours en 2017 rompt ainsi avec la tendance baissière observée depuis 2013. Alors que les prix des hydrocarbures sont volatiles, les quantités de pétrole brut importées sont relativement stables. De même, la progression des échanges de pétrole raffiné s’explique uniquement par les évolutions de prix, les quantités importées et exportées étant légèrement baissières. Les achats français d’hydrocarbures naturels progressent vivement depuis la Russie et le Kazakhstan. Les approvisionnements en provenance de l’Iran reprennent depuis la fin de l’embargo. La dégradation du solde énergétique provient en premier lieu des hydrocarbures naturels (-5,8 milliards), suivis du pétrole raffiné (-1,3 milliard).

 Dans ces conditions, les parts de marché de la France à l’exportation se sont encore dégradées. La part des exportations françaises de biens et services dans les exportations totales de biens et services de la zone euro a légèrement reculé en 2017. Elle s’établit en valeur à 12,9 % après 13,2 % en 2016. Elle était de 17,0 % en 2000. Si la part de marché de la France dans la zone euro était, selon COE-Rexecode, restée à son niveau de 2000, le montant de ses exportations de biens et services serait de 210 milliards d’euros au-dessus du niveau actuel. Le manque à gagner cumulé depuis 2000 est de 1 700 milliards d’euros.

Depuis 2013, la progression du taux de pénétration en volume du marché intérieur par les importations est importante passant de 22,6 % début 2013 à 25,6 % au troisième trimestre 2017. Sur un an, le taux de pénétration en volume est passé de 24,9 % en moyenne en 2016 à 25,4 % en moyenne en 2017.

Le solde des échanges de services s’est amélioré en 2017, passant de l’équilibre à un léger excédent (0,2 % du PIB), en raison notamment de la reprise du secteur du tourisme, après une année 2016 marquée par le contexte des attentats. En 2017, l’excédent s’établit à 5,0 milliards d’euros, soit un niveau très inférieur à la moyenne enregistrée sur la période 2010-2014 (près de 20 milliards d’euros). Un tiers de cette baisse est imputable aux « autres services aux entreprises » qui désignent des services de prestations intellectuelles (R&D, conseil, etc.) et un autre tiers est imputable au secteur du tourisme.

 La dégradation du solde commercial français est imputable à la réduction du secteur industriel et d’un traditionnel mauvais positionnement. Le haut de gamme représente moins du quart de la valeur ajoutée en France quand il dépasse 50 % en Allemagne. Les entreprises, compte tenu de leur positionnement, sont en concurrence avec celles d’Espagne, d’Italie et des pays émergents avec des coûts voisins de ceux enregistrés en Europe du Nord ou en Allemagne.