C’est déjà hier 14 avril 2018
L’Europe des coûts du travail
En 2017, les coûts horaires de la main-d’œuvre dans l’ensemble de l’économie (hors agriculture et administration publique) ont été estimés en moyenne à 26,8 euros au sein de l’Union européenne et à 30,3 euros dans la zone euro. Ces coûts comprennent les salaires et traitements auxquels s’ajoutent les coûts non salariaux tels que les cotisations sociales à la charge des employeurs.
Les écarts entre États membres de l’Union européenne sont importants. Les coûts horaires de la main-d’œuvre les plus faibles ayant été enregistrés en Bulgarie (4,9 euros), en Roumanie (6,3 euros) et en Lituanie (8,0 euros) Les plus élevés ont été constatés au Danemark (42,5 euros), en Belgique (39,6 euros), au Luxembourg (37,6 euros), en Suède (36,6 euros) et en France (36,0 euros).
Les coûts salariaux sont légèrement plus élevés dans l’industrie et se sont établis en moyenne à 27,4 euros au sein de l’Union et à 33,4 euros dans la zone euro. Ils étaient respectivement de 26,6 euros et 29,3 euros dans les services. Dans le secteur de la construction, les coûts horaires de la main-d’œuvre étaient de 23,7 euros dans l’Union européenne et de 26,7 euros dans la zone euro. Dans l’économie principalement non-marchande (hors administration publique), ils se sont établis respectivement à 27,2 euros et à 30,1 euros.
La France, championne d’Europe pour les coûts non salariaux
La part des coûts non-salariaux dans l’ensemble de l’économie était de 24,0 % dans l’Union européenne et de 25,9 % dans la zone euro, variant de 6,7 % à Malte à 32,8 % en France.
Les coûts français mieux maîtrisés que prévu
De 2016 à 2017, exprimés en euros, les coûts horaires de la main-d’œuvre dans l’ensemble de l’économie ont augmenté de 2,3 % dans l’Union et de 1,9 % dans la zone euro. Sur un an, les coûts français ont progressé de 1,1 % soit moins que la moyenne de la zone euro. Lors de ces dix dernières années, leur progression en France a été de 16 % contre 20 % pour l’ensemble de la zone euro. En Allemagne, la hausse a été de 21 % depuis 2006.
En 2017, les hausses les plus marquées au sein de la zone euro ont été enregistrées dans les pays baltes : Lituanie (+9,0 %), Estonie (+7,4 %) et Lettonie (+7,0 %). La seule baisse a été observée en Finlande (-1,5 %).
S’agissant des États membres situés en dehors de la zone euro, les augmentations les plus marquées des coûts horaires de la main-d’œuvre (exprimés en monnaie nationale) dans l’ensemble de l’économie en 2017 ont été observées en Roumanie (+17,1 %) ainsi qu’en Bulgarie (+12,0 %).
La comparaison des coûts n’a d’intérêt que si elle est complétée par la prise en compte de la productivité. Ainsi, les pays d’Europe du Nord, la France, l’Allemagne, les Pays-Bas ou la Belgique compensent une partie de leurs coûts élevés du travail par un niveau important de productivité. Par ailleurs, et cela explique en partie l’efficacité actuelle du système allemand, l’éclatement des chaines de production permet d’exploiter au mieux les différences de coûts. Dans le cadre de la division internationale du travail, les entreprises allemandes sont celles qui importent le plus de biens intermédiaires fabriqués en Europe de l’Est ou en Asie afin de diminuer les coûts de production. Elles importent deux fois plus que les entreprises françaises, ce qui leur offre la possibilité de réduire leurs coûts de trois à quatre euros.
Le taux d’épargne des ménages européens en légère hausse
Le taux d’épargne des ménages de la zone euro a été de 12,2 % dans la zone euro au quatrième trimestre 2017, contre 12,0% au troisième trimestre 2017. Sur un an, la hausse est de 0,3 point. Depuis la fin de la crise de 2008, le taux d’épargne est relativement stable. Le taux d’investissement des ménages a quant à lui été de 8,8% au quatrième trimestre 2017 dans la zone euro, stable par rapport au trimestre précédent. Sur un an, le taux d’investissement est en hausse de 0,3 point. Il reste néanmoins très en-deçà de son niveau d’avant crise.
Les entreprises européennes n’ont pas encore effacé la crise de 2008
Au quatrième trimestre 2017, le taux d’investissement des entreprises s’est établi à 22,8 % dans la zone euro, contre 22,5 % au trimestre précédent. Sur un an, il est stable. L’investissement est ainsi loin d’avoir retrouvé son niveau d’avant crise. Fin 2007, il était de 24 %.
La part des profits des entreprises s’est quant à elle située à 41,1 % au quatrième trimestre 2017 dans la zone euro, contre 41,3 % au troisième trimestre 2017. Les profits retrouvent presque leur niveau d’avant crise. En 2007, le ratio était de 42 %.
Le taux d’investissement brut des entreprises non financières est défini comme la formation brute de capital fixe divisée par la valeur ajoutée brute. Ce ratio met en rapport les investissements des entreprises non financières en actifs fixes (bâtiments, machines, etc.) et la valeur ajoutée créée au cours du processus de production.
La part des profits des sociétés non financières est définie comme l’excédent brut d’exploitation divisé par la valeur ajoutée brute. Cet indicateur de profitabilité détermine la part de la valeur ajoutée créée au cours du processus de production qui sert à la rémunération du capital. C’est le complément de la part des coûts salariaux (plus impôts moins subventions sur la production) dans la valeur ajoutée.
Petit rebond de l’inflation
Selon l’INSEE, l’indice des prix à la consommation a progressé de 1,0 % sur un mois après une stabilité en février. Cette hausse provient d’un rebond des prix des produits manufacturés après la fin des soldes d’hiver (+2,1 % après -0,3 %) et de ceux des produits alimentaires (+0,4% après -0,1 %). De plus, les prix du tabac augmentent vivement (+13,2 %) et ceux des services accélèrent sur le mois (+0,4 % après +0,1 % en février). En revanche, les prix de l’énergie se replient nettement (-0,7 %) dans le sillage des prix des produits pétroliers. Corrigés des variations saisonnières, la progression est plus mesurée, soit +0,5 %, après un repli de 0,3 % en février.
Sur un an, les prix à la consommation accélèrent nettement en mars 2018 avec une hausse de +1,6 % après +1,2 %. Cette hausse de l’inflation résulte d’une croissance plus vive des prix des services, de l’alimentation et du tabac. En revanche, ceux de l’énergie ralentissent légèrement et les prix des produits manufacturés se replient. Sur un mois, l’indice d’inflation sous-jacente, calculée en retirant les produits enregistrant de fortes variations de prix passe de -0,4 à +0,3 % de février à mars. Sur un an, l’inflation sous-jacente est en faible hausse : +0,9 % après +0,8 % le mois précédent. L’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) augmente de 1,1 % après une stabilité en février ; sur un an, il croît de 1,7 % après +1,3 % le mois précédent.
En ce début d’année, l’économie française est confrontée à des goulots d’étranglement en ce qui concerne notamment la production, en raison notamment d’une longue atonie de l’investissement et de l’absence de main-d’œuvre qualifiée. Par ailleurs, les revendications salariales qui étaient rares depuis la crise refont surface avec notamment le conflit à Air France. Néanmoins, les tensions salariales restent pour le moment très contenues.