18 juin 2016

C’est déjà hier (18 juin 2016)

La FED en deviendrait presque ennuyeuse

Presque sans aucune surprise, la FED a décidé de maintenir ses taux inchangés. Le L’information importante émanant de la Banque centrale américaine est le recalage pour 2017 et 2018 de la projection médiane de hausse des taux aboutissant à un ralentissement du programme prévu.

La FED, tout en considérant que la croissance n’est pas en l’état menacée, a mis en avant la montée des incertitudes pour justifier le statuquo. Elle fait le pari qu’il vaut mieux un relèvement tardif à un relèvement précoce et à contretemps. La banque centrale américaine admet qu’il est difficile d’évaluer les signaux adressés par le marché du travail et préfère temporiser. Cette non-décision de la FED a l’avantage de rassurer les investisseurs au moment où l’aversion aux risques atteint un niveau élevé. Ces derniers jours, ils avaient largement anticipé le statuquo des derniers en privilégiant les produits de taux.

La question d’une remontée des taux sera à nouveau d’actualité avec les publications des résultats de la croissance du deuxième trimestre. Un rebond étant attendu aux Etats-Unis, le relèvement des taux pourrait intervenir durant la trêve estivale ou en septembre.

 

« Ça ira mieux » selon l’INSEE

De nombreuses incertitudes pèsent sur la croissance de l’Europe. La menace de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, le ralentissement économique des pays émergents, l’impact de la remontée du prix du pétrole, la stagnation du commerce international et les doutes sur l’activité aux Etats-Unis pourraient remettre en cause la fragile reprise qui se dessine depuis l’année dernière. Pour autant, l’INSEE croit en une auto-alimentation de la croissance grâce à la vigueur de la consommation et de la progression de l’investissement.

Un contexte économique en demi-teinte

Pour les pays avancés, l’INSEE prévoit une hausse modérée du PIB, 0,5 % au deuxième trimestre et 0,4 % par trimestre au cours du second semestre. Il s’attend à un rebond de l’activité aux Etats-Unis avec une croissance de 0,7 % au deuxième trimestre. Cette amélioration serait imputable à une reprise de l’investissement. En revanche, au Royaume-Uni, la menace de Brexit conduit à un attentisme qui pèsera sur les résultats de la croissance durant plusieurs trimestres même en cas de maintien dans l’Union européenne.

Pour les pays de la zone euro, la croissance devrait bien résister grâce à la consommation et à la progression de l’investissement. En raison de l’arrivée des migrants, l’investissement dans le secteur de la construction, en Allemagne, augmente. Par ailleurs, la baisse des taux se fait ressentir sur la demande de crédits depuis la fin de l’année 2015. Le taux de croissance de la zone euro devrait être de 0,3 % au deuxième trimestre puis de 0,4 % pour chacun des deux derniers trimestres. Une convergence des taux de croissance serait constatée entre les grands pays de la zone euro (France, Allemagne, Italie). Sur l’année, la croissance serait de 1,6 % après 1,7 % en 2015. La croissance espagnole resterait forte même si un petit tassement est attendu. Elle devrait être de 3 % cette année contre 3,2 % en 2015. En Allemagne, la croissance est attendue en hausse à 1,7 % contre 1,4 % l’année dernière quand elle devrait être de 0,9 % en Italie (0,6 % en 2015). Les effets de la dépréciation de l’euro commencent à se dissiper sur les exportations d’autant plus que le commerce international s’accroît à petite vitesse.

Au Japon, la croissance resterait très modeste en raison de la faiblesse de l’investissement et des débouchés extérieurs. Ainsi, l’INSEE pronostique une croissance de 1,7 % en 2016 pour les pays avancés contre 1,9 % en 2015.

Les pays émergents devraient avoir atteint un point bas cette année. La croissance si elle poursuit son ralentissement en Chine, resterait soutenue en Inde, en Turquie et dans plusieurs pays d’Europe centrale. Le Brésil et la Russie commenceraient à sortir de la crise.

L’institut statistique français souligne que les importations des pays émergents n’augmenteraient que de 0,1 % en 2016 contre une moyenne de 8,5 % entre 1991 et 2011. Néanmoins, cette petite hausse fait suite à une contraction de 1,4 % en  2015. Le commerce mondial enregistrerait, cette année, une petite hausse, 1,7 % contre 1,9 % en 2015, progression très éloignée des taux obtenus avant 2007.

Le taux de croissance de la France atteindrait 1,6 % en 2016

La croissance française résisterait assez bien non seulement grâce à la consommation mais aussi à l’investissement.

Les salaires devraient progresser de 1,5 % en 2016 après 1,6 % en 2015. Cette augmentation serait imputable, en partie, à la fonction publique du fait de l’impact de la revalorisation du point d’indice à compter du 1er juillet et des différentes mesures catégorielles qui ont été prises.

L’INSEE, en raison de la hausse des prix du pétrole, prévoit que le taux de l’inflation puisse atteindre 0,7 % d’ici la fin de l’année contre un taux de -0,1 % en mai. L’inflation sous-jacente (taux ne prenant pas en compte les biens et services à forte volatilité comme l’énergie) demeurerait faible à 0,5 %.

Dans ces conditions le pouvoir d’achat des ménages progresserait de 1,7 % (1,6 % en 2015 et 0,7 % en 2014. Les ménages bénéficieraient également de l’amélioration du marché de l’emploi. Le taux de chômage devrait revenir à 9,5 % d’ici la fin de l’année contre 9,9 % au cours du premier trimestre (France métropole). Le plan formation qui monte en puissance permettrait un gain de 0,1 point sur le taux de chômage.

La consommation devrait rester un moteur puissant de la croissance en France. L’INSEE note que cette dernière a enregistré au cours du premier trimestre sa plus forte croissance de ces 10 dernières années avec un taux de 1 %. Cette augmentation est liée à des reports de dépenses faisant suite aux attentats du mois de novembre dernier. Par ailleurs, la consommation a été dopée par les achats de postes de télévision du fait du changement de standard de réception et par l’’Euro de football. Par ailleurs, cette compétition génère des dépenses touristiques supplémentaires (achats de billets, réservation d’hôtels, de transports…). Par ailleurs, en fin d’hiver, les dépenses d’énergie ont progressé avec la baisse des températures.

Baisse du taux d’épargne des ménages  attendue

L’INSEE s’attend à une baisse du taux d’épargne des ménages au cours de l’année 2016 de 0,6 point. Il passerait de 14,9 % à 14,3 % du revenu disponible brut.

L’investissement des entreprises à la hausse

L’INSEE considère que le taux de marge des entreprises françaises qui était de 31,7 % en 2015 devrait encore s’améliorer en 2016 grâce à la baisse du prix du pétrole, au CICE et au pacte de responsabilité. Il devrait atteindre 32,4 % en fin d’année. Il s’approcherait de son niveau moyen d’avant crise.

Depuis le début de l’année 2015, une amélioration est perçue sur le front de l’investissement des entreprises qui s’est amplifié en fin d’année. La baisse des taux, le dispositif de suramortissement de 40 % et l’amélioration de l’activité en zone euro ont eu un impact positif. Si un repli de l’investissement est néanmoins attendu au deuxième trimestre, il serait passager et serait le contrecoup du dispositif d’incitation fiscale. Au cours du second semestre, l’investissement devrait progresser de 0,5 à 0,6 % par trimestre. Sur l’année, une hausse de 4,7 % est attendue soit le taux le plus élevé de ces dix dernières années.

L’investissement des ménages qui est en recul depuis plusieurs années devrait se stabiliser en 2016 (+0,2 % contre -0,8 % en 2015). Cette stabilisation est une bonne nouvelle pour le secteur du bâtiment qui a dû faire face tout à la fois à la réduction des achats de la part des particuliers et à la réduction des budgets d’investissement des collectivités locales.

L’Europe des consommateurs

Les niveaux de consommation individuelle varient du simple au triple selon les États membres de l’Union européenne selon une étude menée par Eurostat.

Dix États membres ont enregistré, en 2015, une consommation individuelle par habitant supérieure à la moyenne de l’Union européenne. Il s’agit des Etats d’Europe du Nord et de la France. Tous les pays d’Europe de l’Est et du Sud sont, en revanche, en dessous de la moyenne communautaire.

Les Luxembourgeois ont un niveau de consommation supérieur de 37 % à la moyenne européenne ce qui les placent en tête devant les Allemands ’25 % au-dessus de la moyenne). Suivent les Autrichiens, les Britanniques et les Danois. Les Français arrivent en huitième position avec un niveau de consommation supérieur de 11 % par rapport à la moyenne de l’Union et de 6 % au-dessus de la moyenne de la zone euro.

En Italie, en Irlande ainsi qu’à Chypre, les niveaux étaient inférieurs de 10 % ou moins à la moyenne de l’Union tandis qu’en Espagne, au Portugal, en Lituanie, en Grèce et à Malte, ils se situaient entre 10% et 20% en-dessous. La Slovaquie, la République tchèque, la Pologne et la Slovénie étaient comprises entre 20% et 30% en-dessous de la moyenne.

Trois pays de l’Union ont des niveaux de consommation de près de 50 % inférieur à moyenne européenne (la Bulgarie, la Roumanie, la Croatie).