2 juillet 2016

C’est déjà hier (2 juillet 2016) – Espagne – Etats-Unis

Etats-Unis, pourvu que cela « doure »

Le froid et le chaud continuent de souffler sur l’économie américaine. Les différentes révisions de la croissance pour le 1er trimestre prouvent que le ralentissement de celle-ci était moins prononcé qu’initialement annoncé. Par ailleurs, les Etats-Unis souffrent également moins que prévu du dollar fort en ce qui concerne leurs exportations. Pour le deuxième trimestre, la remontée du cours du pétrole pourrait avoir un effet positif sur l’investissement. Par ailleurs, contrairement à quelques craintes avancées ici ou là, les dépenses de consommation des ménages américains restent dynamiques. Elles ont progressé, en mai, pour le deuxième mois consécutif avec la hausse de la demande pour plusieurs catégories de biens, dont l’automobile. La consommation des ménages, qui représente plus de deux tiers de l’activité aux Etats-Unis, a ainsi augmenté de 0,4 % le mois dernier, ce qui peut être interprété comme le signe d’une accélération de la croissance au deuxième trimestre. La progression du mois d’avril a été revue en hausse à 1,1 % contre 1,0 % dans la précédente estimation.

Au niveau de la production, les dépenses de construction ont été en recul en mai de 0,8 % quand elles étaient attendues en hausse de 0,6 % mais à contrario l’indice ISM manufacturier pour le mois de juin est en progression et cela vaut tant pour l’emploi que pour les nouvelles commandes.

 

L’Espagne, repartie pour un tour !

L’Espagne aura-t-elle un nouveau gouvernement pour la rentrée ? Peut-être mais les résultats des élections législatives du 26 juin dernier ne le garantissent pas à 100 %.

Le pays reste politiquement très fragmenté même si les Espagnols après une longue crise politique de plus de 6 mois, ont plutôt opté pour les partis de gouvernement. Le Brexit et la crainte d’une implosion de l’Europe ont contribué à cette réorientation des voix en faveur des partis pro-européens.

Le Parti Populaire Espagnol, du Premier Ministre  sortant conforte sa première place mais n’obtient toujours pas la majorité absolue. Il a obtenu 33 % des voix et 137 sièges, soit quatorze de plus qu’en décembre dernier. Le PPE a bénéficié du fait qu’il s’était tenu éloigné des pourparlers pour la constitution d’une majorité après les élections du mois de décembre.

Le PSOE a obtenu 22,7 % des suffrages exprimés et a conservé 85 sièges au Congrès (contre 90 en décembre). Une partie des électeurs a désavoué sa tentative d’ouverture sur le centre pour constituer une majorité. Néanmoins, il conserve sa deuxième place au sein de l’échiquier espagnol ce qui n’était pas une garantie avant les élections.

En revanche, la coalition de gauche radicale « Unidos Podemos », formée en mai dernier par le parti d’extrême de gauche, Podemos, et les communistes d’Izquierda Unida, a perdu plus d’un million de voix par rapport à décembre dernier. Avec 21,1 % des voix, elle dispose de 71 sièges au Congrès.

Le parti centriste, Ciudadanos, fait également les frais de l’opération. Il passe de 13,9 à 13,1 % des voix et ne détient plus que 32 sièges au Congrès des députés, contre 40 précédemment.

Du fait de cet éclatement, aucun parti politique n’a obtenu la majorité de sièges au Congrès des députés (fixée à 176 sur un total 350 sièges). Une nouvelle phase de négociation s’ouvre. Trois options sont possibles mais aucune ne s’impose d’elle-même.

La première passe par la formation d’une coalition de gauche avec une alliance entre le PSOE et Unidos Podemos. Le responsable d’Unidos Podemos pourrait cesser d’exiger la tenue d’un référendum sur l’indépendance de la Catalogne dont ne veut pas entendre parler le PSOE. Néanmoins, pour obtenir la majorité absolue au Cortes, il faudrait une alliance avec le parti Ciudadanos ce qui n’est pas évident compte tenu du caractère peu conciliable du programme de ce dernier avec l’extrême gauche.

Le parti centriste pourrait alors faire le choix d’une union avec le PPE. Jusqu’à maintenant, les responsables de Ciudadanos exigeaient le départ du Premier Ministre PPE, Mariano Rajoy, afin de tourner la page des scandales de corruption impliquant des membres de son parti. Afin que cette option soit viable, il faudrait de plus, il faudrait le soutien au Cortes du PSOE pour atteindre la majorité absolue.

L’autre option serait la constitution d’une grande coalition PSOE et PPE permettant de s’affranchir des petits partis. Le PSOE risquerait alors de provoquer la colère des électeurs de gauche hostiles aux mesures d’austérité et renforcer Podemos.

Du fait de la lassitude de l’opinion publique, la solution d’une coalition de droite soutenue par le PSOE mais sans participation au Gouvernement semble être, aujourd’hui, la plus probable.

Les partenaires européens attendent la nomination d’un Gouvernement stable en Espagne afin de pouvoir être en position de force pour négocier l’éventuelle sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Le Gouvernement allemand est favorable à une coalition de droite quand celui de la France se montre très discret.