C’est déjà hier (20 février 2016)
Chine, tout et son contraire
La Chine n’est pas en récession. Il n’y a pas d’effondrement de l’activité économique. Il y a simplement une moindre croissance que de nombreux responsables appelaient de leurs vœux, il y a encore quelques années. En effet, il était alors demandé à la Chine de réorienter son économie. Or, aujourd’hui, c’est ce qui se passe. La croissance chinoise repose de plus en plus sur la demande intérieure et sur les services. Le secteur tertiaire représente désormais plus de 50 % du PIB.
Le symbole du changement d’époque : des échanges commerciaux en recul
Au mois de janvier, les exportations chinoises ont reculé de 11 % en rythme annuel et les importations de 18 % (contre -7,6 % en décembre). Exprimées en yuans, elles ont baissé de 6,6 %. Les importations enregistrent leur 15ème mois de recul.
Les conséquences
La baisse sensible des importations pèse sur l’activité des pays fournisseurs, les pays occidentaux (Allemagne, États-Unis…). Cette baisse est assez sensible en ce qui concerne les importations de biens d’équipement. Elle pèse également sur les revenus des pays exportateurs de matières premières et d’énergie (pays du Golfe, Russie…)
La réduction des exportations entraine une chute des prix en raison des excès de capacité de production, chute d’autant plus ressentie que la monnaie chinoise s’est dépréciée. Cette chute contribue à la baisse des prix en Occident. Les prix de l’acier, de l’aluminium ont fortement diminué ce qui se ressent sur l’ensemble des chaines de production.
Selon Patrick Artus (Natixis), la baisse de la valeur des exportations vers la Chine par rapport à la tendance passée coûterait 0,1 point de croissance aux États-Unis et 0,2 point dans la zone euro. À cela s’ajoute la diminution des bénéfices des entreprises occidentales installées en Chine (réduction des volumes, des prix et effet devise). Les pertes de profit sont évaluées à 0,8 point de PIB, toujours par Patrick Artus.
En tout et pour tout, le ralentissement chinois occasionnerait un manque à gagner en termes de croissance d’un point de PIB ce qui peut expliquer pourquoi la croissance de l’économie mondiale soit repassée en-dessous de 3 %. Néanmoins, même si la croissance de la Chine, autour de 6 %, est surestimée, elle reste positive. Plusieurs grands secteurs d’activité enregistrent un fort taux de croissance. Ainsi, la construction est portée par la relance des crédits et par les programmes d’investissement en infrastructures. Les services connaissent une rapide expansion. L’équipement en automobiles se poursuit avec la hausse du niveau de vie et la baisse de la TVA. Les secteurs des Nouvelles Technologies, des énergies renouvelables sont en forte expansion.
Japon, rien ne va toujours pas
Rien ne va plus au Japon. En effet, le PIB nippon s’est contracté d’1,4 % au quatrième trimestre de 2015. Il faudra attendre les résultats du premier trimestre 2016 pour savoir si le pays échappe à la récession. Sur l’ensemble de l’année 2015, la croissance a été, de toute façon, très faible, 0,4 %. Ce taux est inférieur aux prévisions des pouvoirs publics qui espéraient un rebond.
La demande intérieure stagne et les exportations reculent malgré la dépréciation du yen. La consommation qui représente 60 % du PIB a baissé de 0,8 % au dernier trimestre, baisse imputable à la diminution du pouvoir d’achat des Japonais. La production industrielle a fortement reculé au mois de décembre dernier, 1,9 % en rythme annuel. Au mois de janvier, les exportations se sont contractées de 12,9 % quand les importations chutaient de 18 % en rythme annuel.
Le Premier Ministre, Shinzo Abe a de plus en plus de mal à faire admettre que l’Abenomics est la bonne potion pour le pays. Depuis sa nomination en 2012, le Premier Ministre aura connu 5 trimestres de contraction de PIB. Le doute a atteint les investisseurs. La Bourse a connu une chute brutale au début du mois de février. La politique du Gouvernement avec ses trois flèches ne convainc plus. En effet, Shinzo Abe a tenté de relancer l’économie par une politique monétaire accommodante, par une dépréciation du yen et en réduisant l’impôt sur les sociétés. Il escomptait une reprise de l’investissement et une augmentation des salaires. En outre, le Premier Ministre avait pris l’engagement de mener des réformes structurelles concernant la distribution, l’agriculture et le marché du travail. Or, ces réformes tardent à prendre corps. Par ailleurs, afin de réduire le déficit public et de limiter l’expansion de la dette publique qui dépasse déjà 250 % du PIB, des augmentations de TVA étaient prévues. Or, la première hausse, intervenue en 2014, ayant plongé le pays dans une profonde récession, a incité les pouvoirs publics à différer les suivantes. Le problème numéro « un » du Japon est la diminution de sa population. Le marché intérieur se contracte naturellement d’autant plus que le flux migratoire demeure faible. La dette publique même si elle est autofinancée par l’épargne des Japonais réduit les capacités d’investissement des pouvoirs publics et des entreprises.
Les grandes multinationales nippones doivent, en outre faire face au ralentissement des grands pays émergents, tels que le Brésil ou la Chine, où elles ont massivement investi. Elles sont également confrontées à une baisse aux États-Unis des commandes de biens d’équipements destinés au secteur minier et pétrolier. Sur le dernier trimestre de 2015, les exportations nippones ont ainsi reculé de 0,9 % en valeur. Les entreprises japonaises, réputées pour leur haut niveau d’investissement, éprouvent des difficultés à maintenir leurs positions en la matière. Néanmoins, en 2015, au cours du second semestre, l’investissement des entreprises était en hausse, petite bouffée d’oxygène…
Pour 2016, le Gouvernement croit à un rebond de la croissance avec une nette accélération de la consommation qui serait gonflée par la future hausse de la TVA programmée en 2017.
La dette privée dépasse celle des administrations
Si les administrations publiques françaises sont endettées à hauteur de 97 % du PIB, le secteur privé (non financier) l’est pour 123,8 % du PIB (chiffre Banque de France au 30 septembre 2015). L’endettement français des ménages et des entreprises non financières est dans la moyenne européenne (123,7 % du PIB). Il est en revanche supérieur à celui de l’Allemagne (90 % du PIB) et à celui de l’Italie (115,9 %). Il est inférieur à celui de l’Espagne (147,7 %), du Royaume-Uni (141,5 %), des États-Unis (144,2 %) et du Japon (123,7 %).
Les ménages français sont endettés à hauteur de 55,8 % du PIB pour une moyenne européenne à 60,9 %. Ce taux a progressé de 0,6 point depuis 2014 (3ème trimestre à 3ème trimestre). Le taux d’endettement des ménages allemands est de 53,8 % du PIB ; pour l’Italie, ce taux est de 42,7 % et pour le Royaume-Uni de 86,2 %. L’endettement des ménages américains représente 102,3 % du PIB.
Le taux d’endettement des entreprises françaises s’élève à 68 % du PIB contre 62,8 % pour la moyenne européenne. Les entreprises allemandes sont peu endettées (36,1 %) quand les entreprises espagnoles le sont plus (79,1 %). La dette des entreprises américaines représente 41,9 % du PIB, celle du Japon, 93,2 % du PIB.
Balance commerciale, sous la baisse du pétrole, les déséquilibres persistent
En 2015, les exportations de biens de la zone euro vers le reste du monde se sont élevées à 2 040,2 milliards d’euros en progression de 5 % par rapport à 2014. Les importations ont atteint 1 794,2 milliards d’euros en hausse de 2 %. La zone euro a dégagé un excédent commercial de 246 milliards d’euros contre un excédent de 184,3 milliards d’euros en 2014. Les échanges intra-européens se sont élevés à 1 689 milliards d’euros en progression de 2 % par rapport à 2014.
Au niveau extra-communautaire, les États-Unis demeurent le premier partenaire commercial (615,7 milliards d’euros de biens échangés). Les exportations de l’Union vers les États-Unis se sont élevées à 369,5 milliards de dollars. Elles ont augmenté de 19 % en un an. Cette vive progression s’explique tant par la reprise de l’économie américaine que par l’effet de la dépréciation de l’euro par rapport au dollar. Il est à noter que l’appréciation du dollar a entraîné une augmentation sensible, en valeur, des importations américaines qui ont représenté 246,2 milliards d’euros en hausse également de 19 %. La balance commerciale avec les États-Unis reste très positive en faveur de l’Union. L’excédent est passé, de 2014 à 2015, de 104 à 123,3 milliards d’euros.
La Chine est le deuxième partenaire de l’Union (520,7 milliards d’euros de biens échangés). À la différence des États-Unis, le commerce avec la Chine se caractérise par un fort déficit commercial de l’Union, -179,9 milliards d’euros, déficit qui s’est accru de 31 % de 2014 à 2015. Les exportations de l’Union vers la Chine se sont élevées à 170,4 milliards d’euros en progression de 4 % quand les importations ont atteint 350,3 milliards d’euros en hausse de 16 %.
Le troisième partenaire de l’Union européenne est la Suisse (253,1 milliards d’euros de biens échangés) suivi par la Russie (209,8). Les échanges avec la Russie sont fortement impactés par les embargos et par la chute du prix du pétrole. Ainsi les exportations vers ce pays ont reculé de 28 % et les importations se sont contractées de 25 %. Les échanges avec la Russie se soldent par un déficit de 62 milliards d’euros en 2015, en légère baisse par rapport à 2014 (-72 milliards d’euros).
Grâce à la chute des cours de l’énergie, le déficit de la balance des matières premières est passé au niveau de l’Union de 355,2 à 267,1 milliards d’euros soit une réduction d’un quart. Pour le seul pôle de l’énergie, le déficit a été de 243,5 milliards d’euros en 2015 contre 334,8 milliards d’euros en 2014 soit une réduction de plus de 27 %.
Le solde excédentaire des échanges de produits manufacturés s’est légèrement réduit passant de 344 à 301,1 milliards d’euros.
La France, un déficit parmi les plus élevés de l’Union
En 2015, la France a enregistré un déficit commercial de 60,2 milliards d’euros contre un déficit de 72,4 milliards d’euros en 2014. Cette amélioration est imputable à la baisse des produits énergétiques. Si la France a amélioré sa position vis-à-vis des pays non membres de l’Union européenne en dégageant un excédent de 24,3 milliards d’euros (contre un excédent de 9,6 milliards d’euros en 2014), la situation s’est dégradée en ce qui concerne le commerce intracommunautaire. Le déficit est passé de 82 à 84 milliards d’euros.
Les exportations françaises ont progressé de 4 % en 2015. Cette hausse n’est que de 2 % pour les échanges intracommunautaires. Elle atteint 8 % pour les échanges extracommunautaires. Cet écart démontre l’impact de la dépréciation de l’euro sur les exportations françaises.
Les importations françaises ont augmenté de 1 %. Les importations intracommunautaires ont augmenté de 2 % quand les importations extracommunautaires ont baissé de 1 %.
L’Allemagne, la course loin devant
L’Allemagne reste de loin le principal exportateur de l’Union. Les exportations ont atteint 1 198 milliards d’euros. Elle est suivie des Pays-Bas (511,2 milliards d’euros). La France arrive en troisième position devant le Royaume-Uni (415 milliards d’euros), l’Italie (413,8 milliards d’euros) et la Belgique (358,9 milliards d’euros).
L’excèdent commercial allemand a continué de progresser en 2015. Il a atteint 251,9 milliards d’euros contre 216,5 milliards d’euros en 2014. Il représente 8 % du PIB. La Commission européenne devrait donc considérer qu’il demeure évidemment excessif.
Les Pays-Bas, un peuple de commerçants
Au sein de l’Union, arrivent en deuxième position les Pays-Bas avec un excédent de 55,4 milliards d’euros en retraite par rapport à 2014 (62,7 milliards d’euros). Les Néerlandais réalisent la majorité de leur excédent dans le cadre des échanges intracommunautaires quand les Allemands dégagent un plus fort solde positif avec leurs échanges en dehors de l’Union. Ainsi, l’excédent extracommunautaire de l’Allemagne est de 179,5 milliards d’euros ce qui représente 71 % de l’excédent. Les Pays-Bas sont déficitaires de 122,7 milliards d’euros dans leurs échanges extracommunautaire et bénéficiaires de 178 milliards d’euros en intracommunautaire. Ce déficit s’explique par le rôle joué par le port de Rotterdam qui est la porte d’entrée d’un très grand nombre de produits extracommunautaires.
Le Royaume-Uni, pire que la France
Le pays qui a le déficit commercial le plus élevé au sein de l’Union est le Royaume-Uni, 149 milliards d’euros dont 117,8 milliards d’euros au titre des échanges intracommunautaires et 31,2 au titre des échanges extracommunautaires.
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