C’est déjà hier (21 octobre 2017)
La Chine maintient malgré tout le cap
En plein Congrès du Parti communiste, la publication de mauvais résultats économiques aurait été du plus mauvais effet pour le Président Xi Jinping. Tel n’a pas été le cas. Le PIB chinois a progressé, en rythme annuel, de 6,8 % au cours du 3e trimestre. Certes, un léger recul par rapport au trimestre précédent est intervenu mais il reste modeste. En effet, en rythme trimestriel, la croissance a été de 1,7 %, contre 1,8 % au deuxième trimestre. La croissance a légèrement pâti des mesures prises par le Gouvernement pour contenir la spéculation immobilière et freiner l’endettement. En revanche, la consommation est restée soutenue durant tout le 3e trimestre. Pour l’ensemble de l’année, les autorités chinoises maintiennent leur objectif de 6,5 % en retrait par rapport au résultat de 2016, qui était de 6,7 %, le plus faible en 26 ans.
Précarité, les stigmates de la crise s’estompent
En 2016, selon Eurostat, l’institut statistique européen, près d’un quart de la population au sein de l’Union européenne (23,5 %), soit 117,5 millions de personnes, serait menacé de pauvreté ou d’exclusion sociale. Pour être comptabilisées en tant que telles, les personnes concernées doivent remplir au moins une des trois conditions suivantes :
• être en situation de pauvreté monétaire après transferts sociaux ;
• être confrontées à une privation matérielle sévère ;
• être confrontées à une faible intensité de travail.
Repli de la pauvreté avec le retour de la croissance
La pauvreté avait progressé en raison de la crise et de la montée du chômage entre 2009 et 2012 au sein de l’Union européenne pour atteindre près de 25 % de la population. Depuis 2012, ce taux est en baisse constante. Certes, en 2016, la contraction a été très faible, 0,1 point. Depuis la crise, le taux de risque de pauvreté ou d’exclusion sociale a augmenté dans dix États membres, les plus fortes hausses ayant été enregistrées en Grèce (de 28,1 % en 2008 à 35,6 % en 2016, soit +7,5 points de pourcentage), à Chypre (+4,4 points), en Espagne (+4,1 points) et en Suède (+3,4 points). À l’inverse, la baisse la plus marquée a été observée en Pologne (de 30,5 % à 21,9 %, soit -8,6 points), suivie de la Lettonie (-5,7 points) et de la Roumanie (-5,4 points). Au niveau de l’UE, la part de la population totale menacée de pauvreté ou d’exclusion sociale en 2016 (23,4 %) a baissé de 0,3 point de pourcentage depuis 2008. Pour la France, la diminution est modeste (-0,3 point).
L’Europe de l’Est et la Grèce, les États européens les plus concernés
Le risque de pauvreté est le plus élevé en Bulgarie (40,4 %), en Roumanie (38,8 %) ainsi qu’en Grèce (35,6 %). À l’autre extrémité de l’échelle, les taux les plus faibles de personnes en risque de pauvreté ou d’exclusion sociale ont été enregistrés en République tchèque (13,3 %), en Finlande (16,6 %) et au Danemark (16,7 %). La France figure parmi les pays à faible niveau de pauvreté et exclusion sociale avec un taux de 18,2 %.
17 % de la population européenne sous le seuil de pauvreté monétaire
Pour le seul critère de pauvreté monétaire, 17,2 % de la population européenne était concernée en 2016. En 2008, ce taux était de 16,5 %. Une personne sur quatre était menacée de pauvreté monétaire en Roumanie (25,3%) et environ 1 sur 5 en Bulgarie (22,9 %) et en Espagne (22,3 %). À l’inverse, les taux les plus faibles ont été observés en République tchèque (9,7 %), en Finlande (11,6 %) et au Danemark (11,9 %). En France, le taux est de 13,9 %.
7 % de la population victime de privations matérielles
En ce qui concerne les privations matérielles, au sein de l’Union, toujours en 2016, 7,5 % de la population était concernée. Cela signifie que les conditions de vie de ces personnes étaient limitées par un manque de ressources, comme le fait de ne pas être en mesure de régler leurs factures, de chauffer correctement leur logement ou de prendre une semaine de vacances en dehors de leur domicile. Ce ratio a diminué par rapport à 2015 (8,1 %) et à 2008 (8,5 %). En Bulgarie, près de 32 % de la population est touchée, en Grèce, ce taux est de 22,4 %. En revanche, seulement 0,8 % des Suédois est en situation de privation matérielle. Ce taux est de 1,6 % au Luxembourg, de 3,7 % en Allemagne et de 4,4 % en France.
10 % des ménages confronté à l’absence totale ou partielle de travail
Concernant l’indicateur de faible intensité de travail, 10,4 % de la population âgée entre 0 à 59 ans dans l’UE vivaient dans des ménages où les adultes avaient utilisé moins de 20 % de leur potentiel total de travail au cours de l’année précédente. C’est la deuxième année consécutive depuis 2008 que cette proportion a baissé au sein de l’Union. L’Irlande (19,2 % en 2015), la Grèce (17,2 %) et l’Espagne (14,9 %) connaissent les plus fortes proportions de personnes vivant dans des ménages à très faible intensité de travail. À l’opposé, les taux les plus faibles sont enregistrés en Estonie (5,8 %), en Pologne (6,4 %) et en Slovaquie (6,5 %). En France, ce ratio est de 8,4 % de la population.
Dix ans après la Grande Récession, ces stigmates sociaux sont loin d’être totalement effacés au sein de l’Union européenne. La pauvreté est avant tout le reflet de la croissance et du chômage. Des pays comme la République tchèque qui sont en situation de plein emploi et qui enregistrent de forts taux de croissance ont des bons résultats en termes d’exclusion sociale. En revanche, les États d’Europe du Sud sont confrontés à des niveaux de pauvreté élevés.
Les différents visages de la précarité et de la pauvreté en France
Selon une première estimation réalisée par l’INSEE, le taux de pauvreté monétaire en France, en 2016, aurait baissé de 0,3 point. Il serait de 13,9 % de la population. Le recul du taux de pauvreté intervient après deux années de légère hausse (+ 0,2 point en 2014 et en 2015). Le taux de pauvreté en 2016 resterait néanmoins supérieur de 0,7 point à son niveau d’avant la crise de 2008. Les inégalités de niveau de vie auraient également diminué. L’indicateur de Gini qui les mesure a baissé de 0,002 point, pour atteindre 0,290 en 2016, après deux années consécutives de hausse (+ 0,001 en 2014 et + 0,003 en 2015). En 2016, l’indice de Gini serait ainsi inférieur de 0,015 à son point haut de 2011 et proche de son niveau d’avant la crise de 2008. Pour leur part, le rapport entre la masse des niveaux de vie détenue par les 20 % les plus riches et celle détenue par les 20 % les plus modestes des niveaux de vie et le rapport interdécile D9/D1 diminuerait très légèrement (– 0,1). Ainsi, en 2016, le rapport interdécile serait de 3,4.
Le rôle des amortisseurs sociaux
L’augmentation des prestations sociales (minima sociaux, prestations familiales, allocations logement et prime d’activité) aurait contribué à cette légère diminution. En raison de la mise en place de la prime d’activité, ainsi que de la nouvelle revalorisation exceptionnelle de 10 % du RSA sur 5 ans, le niveau de vie des 20 % des individus les moins aisés en France augmenterait davantage en euros constants que celui des individus situés au-dessus du deuxième décile de niveau de vie. Le taux de pauvreté s’est aggravé au sein de la région parisienne quand il est resté stable ou a légèrement diminué dans les autres zones géographiques lors de ces cinq dernières années. Le difficile accès au logement et la fermeture de nombreux établissements industriels situés en périphérie des grandes villes ont contribué à cette évolution
14 % des Français ont déclaré à l’INSEE manquer de ressources financières pour faire face à au moins trois situations de la vie courante sur les six proposées : remboursement d’emprunts, difficulté à ne pas faire de dettes, fréquence élevée de découverts bancaires, utilisation des économies pour équilibrer le budget, absence d’épargne. Entre 2004 et 2016, le nombre de ménages confrontés à des problèmes financiers demeure identique. La gêne générée par les emprunts tend à s’accroître. Par ailleurs, de plus en plus de Français avouent puiser dans leurs économies pour équilibrer leur budget. La crise de 2008/2009 et la montée du chômage expliquent cette évolution.
Restriction de consommation, une amélioration sensible pour les jeunes
L’INSEE apprécie le niveau de précarité en étudiant les problèmes de consommation. L’organisme statistique retient 9 critères dans le cadre de ses enquêtes auprès des ménages. Ces critères sont : la capacité à maintenir le logement à bonne température, le paiement d’une semaine de vacances dans l’année, la capacité à remplacer des meubles abimés, l’achat de vêtements neufs, la possibilité de manger de la viande ou du poisson tous les deux jours, la réception des parents ou d’amis, l’offre de cadeaux au moins une fois par an, la possession de deux paires de chaussures, l’absence de repas complet lors d’une journée entière au cours des deux dernières semaines.
Depuis 2004 et même depuis la Grande Récession, la situation des jeunes s’est améliorée. La mise en place de contrats aidés, les aides personnelles au logement et le RSA (pour les 25 ans et plus) ont contribué à cette évolution. Les plus de 75 ans se restreignent moins en termes de consommation. L’effet noria joue un rôle majeur. Les générations plus récentes de retraités bénéficient de pensions supérieures à leurs aînés. La diminution du nombre d’allocataires du minimum vieillesse en est une des preuves.
10 % des Français confrontés à des problèmes de logement
L’INSEE suit également les problèmes de logement auxquels sont confrontés les Français. Pour cela, il retient neuf critères : la taille insuffisante du logement par rapport au nombre de personnes au sein du ménage, logement de petite taille, l’absence de salle de bain, l’absence de toilettes, l’absence d’eau courante et d’eau chaude, l’absence de système de chauffage, la difficulté à chauffer le logement, l’humidité du logement et le bruit. En 2016, 6,1 % des Français sont confrontés à au moins trois difficultés parmi ces neuf critères. Plus d’un cinquième (22,1 %) sont confrontés à un problème de taille et 17,8 % à des nuisances sonores. Sur 12 ans, la situation s’est néanmoins améliorée en particulier pour la taille et le bruit.
Les moins de 30 ans, sans surprise, sont ceux qui sont les plus confrontés à des problèmes de logement. Cela concerne près de 11 % d’entre eux, mais ce ratio a diminué de 3,3 points depuis 2016. Cette baisse est encore plus nette pour les plus de 75 ans (-4,4 points). Les aides personnelles au logement, l’augmentation des pensions ainsi que la modernisation des logements expliquent cette évolution.