C’est déjà hier 24 août 2019
La zone euro en proie à une faible inflation
Entre les prix et les taux, l’époque est à la baisse. Logiquement, une réduction des taux est censée provoquer de l’inflation. Or, c’est l’inverse qui est constaté en raison des phénomènes d’anticipation. Quand les taux des emprunts publics sont négatifs à 30 ans, cela semble signifier que les investisseurs ne croient pas au retour à l’inflation durant plus d’une génération. Certes, l’erreur est humaine mais cet état d’esprit prouve que la sortie de la nasse des taux bas et de la faible inflation ne sera pas aisée.
Au mois de juillet, selon Eurostat, le taux d’inflation annuel de la zone euro s’est établi à 1,0 %, contre 1,3% en juin. Un an auparavant, il était de 2,2%. De son côté, le taux d’inflation annuel de l’Union européenne s’est élevé à 1,4 % en juillet 2019, contre 1,6 % en juin. Un an auparavant, il était de 2,2 %.
Les taux annuels les plus faibles ont été observés au Portugal (-0,7 %), à Chypre (0,1 %) et en Italie (0,3 %). Les taux annuels les plus élevés ont quant à eux été enregistrés en Roumanie (4,1 %) et en Hongrie (3,3%). Avec un taux de 1,3 %, la France se situe un peu au-dessus de la moyenne de la zone euro. Par rapport à juin, l’inflation annuelle a baissé dans quinze États membres, est restée stable dans deux et a augmenté dans onze autres. En juillet les plus fortes contributions au taux d’inflation annuel de la zone euro proviennent des service, suivis de l’alimentation, alcool & tabac, des biens industriels hors énergie et de l’énergie.
Chronique d’une récession un peu trop annoncée
Depuis de nombreux mois, des experts prédisent l’arrivée d’une récession. Les probabilités jouent en leur faveur. Les Etats-Unis ont, en effet, battu, le record de longévité pour un cycle de croissance avec celui qui a débuté après la crise de 2008. En répétant la survenue d’une récession, ils contribuent à sa réalisation en générant un climat anxiogène. Certes, plusieurs facteurs pèsent sur l’activité : la guerre commerciale, le plein emploi dans de nombreux pays qui réduit les possibilités d’accroissement de la population active occupée et, de manière structurelle, la faiblesse des gains de productivité.
Si le pessimisme est de mise chez les experts, les indices économiques du mois d’août sont moins unanimes sur le sujet. Selon les indices des directeurs d’achat (PMI), la croissance du secteur privé s’est légèrement améliorée dans la zone euro en août grâce au dynamisme des services et à une contraction à un rythme plus lent du secteur manufacturier. L’indice IHS Markit composite, considéré comme un baromètre fiable de la croissance en zone euro, s’est établi à 51,8, contre 51,5 en juillet, ce qui est supérieur aux attentes des analystes qui prévoyaient 51,2. Il se maintient ainsi au-dessus de la barre de 50 qui sépare croissance et contraction de l’activité. A 53,4, l’indice des services est légèrement supérieur aux attentes des analystes (53,0), et également en hausse par rapport au mois précédent (53,2). L’activité manufacturière a subi son septième mois de contraction d’affilée, bien qu’à un rythme moins rapide que le mois précédent. L’indice manufacturier est ainsi passé de 46,5 en juillet à 47,0, ce qui est là encore supérieur aux prévisions (46,2). Le sous-indice composite de la production future, qui mesure l’optimisme des chefs d’entreprises sur leur activité, a reculé à 55,5 contre 58,8 en juillet. Il est au plus bas depuis mai 2013. Les économistes de IHS Markit estime que la croissance de la zone euro devrait se situer entre 0,1 et 0,3 point pour le troisième trimestre. Pour l’Allemagne, l’indice PMI composite, qui intègre les secteurs manufacturier et des services comptant pour plus des deux tiers de l’activité économique allemande, est en hausse à 51,4 en version « flash » contre 50,9 en juillet, soit un chiffre supérieur aux attentes des économistes. Malgré cette légère amélioration, les économistes de IHS Markit considèrent que les risques de récession ne sont pas écartés. En France, l’activité dans le secteur privé a accéléré après avoir marqué le pas en juillet. L’indice PMI du secteur manufacturier s’est établi à 51,0 en première estimation « flash » pour le mois en cours, franchissant le seuil de 50 qui distingue croissance et contraction de l’activité. L’indice du secteur des services à 53,3 est lui aussi supérieur aux attentes (52,5), avec une progression de 0,7 point par rapport à sa valeur de 52,6 en juillet. Il se maintient ainsi pour le cinquième mois consécutif au-dessus du seuil de 50. L’indice PMI composite, qui combine des éléments des indices des deux secteurs, affiche une progression de près d’un point, à 52,7 après 51,9 un mois plus tôt, alors que le consensus s’établissait à 51,8.
45 ans de G7
Le G 7 qui regroupe les chefs d’Etat et de Gouvernement des principales puissances économiques mondiales a été institué à l’initiative du Président Valéry Giscard d’Estaing juste après son élection en 1974. Après le premier choc pétrolier de 1973, il juge nécessaire de réunir les dirigeants occidentaux afin d’harmoniser les positions. Attaché à la notion de dialogue décontracté, Valéry Giscard d’Estaing promeut l’idée de réunions informelles permettant des échanges directs entre dirigeants. C’est ainsi que des réunions entre les Etats-Unis, le Japon, la France, l’Allemagne de l’Ouest et le Royaume-Uni sont organisées en 1974. Du fait de la fin de la convertibilité du dollar en or et de l’inflation provoquée par la multiplication par plus de trois du prix du pétrole, les questions monétaires sont au cœur des ordres du jour de ces réunions. L’institutionnalisation de ce type de réunion intervient en novembre 1975 avec la convocation d’un G6 (composé des cinq pays précités auquel s’ajoute l’Italie) qui se tient au château de Rambouillet. Les six chefs d’États fondateurs du groupe s’engagent alors à se réunir annuellement, avec une présidence tournante, afin de traiter les questions économiques et financières de façon informelle. A la demande de l’Allemagne et des Etats-Unis, le Canada intègre le groupe en 1976 même s’il ne figure pas parmi les sept premières puissances économiques (10e rang). Dès 1977, l’Union européenne participe aussi au G7 en tant qu’invitée et est représentée par le Président de la Commission européenne. Participera ultérieurement le représentant de la présidence tournante de l’Union européenne ou le président du Conseil européen. À partir de 1994, la Russie est régulièrement présente en marge du G7. Elle intègre formellement le groupe en 1997 qui devient ainsi le G 8. L’annexion de la Crimée en 2014 entraîne sa sortie.
Au fil des années, les G7 ont perdu leur caractère informel pour devenir des symboles de puissance pour les Etats qui les organisent. Par ailleurs, la tenue des réunions cristallise les oppositions radicales à l’ordre économique actuel. Ainsi, le sommet du G8 de 2001 à Gênes (Italie) est marqué par des émeutes opposant les forces de l’ordre et de nombreux manifestants, ainsi que par la mort d’un manifestant. Ces incidents changent la nature des sommets qui désormais se tiennent sous haute surveillance.
Les G7 sont de plus en plus contestés par les Etats qui n’y participent pas et par de nombreuses ONG. Le G7 apparaît pour certains comme un directoire tentant de diriger le monde. Dans les faits, les réunions donnent rarement lieu à des prises décisions tangibles. L’intérêt de ces sommets n’est pas le communiqué final qui est un exercice de haute voltige diplomatique mais les échanges informels bilatéraux qu’ils permettent. Depuis 1975, les rapports de force ont profondément évolué au niveau de l’économie mondiale. Le G7 ne rassemble plus les principales puissances économiques. En effet, ni la Chine (2e puissance économique mondiale), ni l’Inde (5e) n’y participent. Si la non-intégration de la Chine peut se justifier par le fait que ce pays n’est pas doté d’un régime démocratique, cet argument ne tient pas pour l’Inde. Le Brésil qui se situe au 9e rang mondial devance le Canada et pourrait rapidement dépasser au niveau du PIB l’Italie et la France. Les membres du G7 ne représentent plus que 50 % du PIB mondial contre 69 % en 1989.
Au niveau de la gouvernance de l’économie mondiale, le G20 tend à supplanter le G7. Le premier G20 a été créé en marge du G7 du 25 septembre 1999 de Washington, à l’initiative du ministre des Finances du Canada. Il réunissait au départ les Ministres de l’Economie et des Finances des vingt premières puissances économiques. Du fait de la crise financière, le 15 novembre 2008, pour la première fois et à l’initiative de Nicolas Sarkozy et de Gordon Brown, le G20 réunit les chefs d’États et de Gouvernements. Le G20 représente 85 % du PIB mondial pour 63 % de la population mondiale.