C’est déjà hier (25 février 2017)
La confiance au plus haut
Le milieu des affaires optimistes
Les résultats des enquêtes Markit auprès des directeurs d’achats, au sein de la zone euro, pour le mois de février, reflètent une amélioration sensible de la confiance. Les différents indices atteignent leur plus haut niveau depuis 6 ans. Cette augmentation a déjoué le sentiment dominant marqué par les incertitudes politiques et économiques. Cette amélioration, si elle se confirmait, pourrait se traduire par une croissance de 0,6 % du produit intérieur brut (PIB) de la zone euro au premier trimestre selon le cabinet Markit.
Cette embellie vaut pour la France. En effet, l’activité dans le secteur privé a enregistré, en février, sa plus forte croissance depuis mai 2011, portée par une nette accélération dans le secteur des services.
Selon l’INSEE, au mois de février, le climat des affaires est stable mais se maintient à un niveau très correct. L’indicateur qui le synthétise, calculé à partir des réponses des chefs d’entreprise des principaux secteurs d’activité, se situe quatre points au-dessus de sa moyenne de long terme (100). Le climat gagne un point dans l’industrie. Il est stable dans le bâtiment et les services. Il perd trois points dans le commerce de détail. L’indicateur de retournement reste en zone positive ce qui signifie que l’activité devrait rester bien orientée dans les prochaines semaines.
Les ménages français confiants
Les ménages partagent a priori ce même sentiment de confiance. En effet, l’indice qui le mesure est, au mois de février, resté, selon l’INSEE, stable et se maintient ainsi dans sa moyenne de longue période. Ce n’est pas l’euphorie mais cela témoigne que les Français sont plutôt optimistes.
Par ailleurs, les ménages jugent que leur situation financière personnelle se maintient proche de la normale. La proportion de ménages estimant qu’il est opportun de faire des achats importants augmente de 3 points et est supérieure à sa moyenne de longue période depuis maintenant deux ans. Elle atteint son plus haut depuis juillet 2007.
En février, les ménages considèrent que leurs capacités d’épargne actuelle et future s’améliorent, les deux soldes se situant au-dessus de leur moyenne de long terme. Enfin, les ménages estimant qu’il est opportun d’épargner sont également plus nombreux : le solde correspondant gagne 3 points. Il demeure cependant nettement inférieur à sa moyenne de longue période.
Le chômage fait-il de la résistance ?
Malgré les bons indicateurs publiés par l’INSEE sur le climat des affaires et la confiance des ménages, le chômage fait de la résistance.
Le nombre de chômeurs en France métropolitaine inscrits à Pôle emploi en catégorie A s’élevait, fin janvier, à 3,47 millions en hausse de 800 sur un mois. Pour l’ensemble de la France (y compris DOM-COM), ce nombre est de 3,72 millions de personnes. En ajoutant les demandeurs d’emploi exerçant une petite activité (catégories B et C), l’indicateur a augmenté en janvier, de 0,4%, pour atteindre 5,49 millions de personnes en métropole.
Si le nombre de demandeurs d’emplois (catégorie A) diminue chez les moins de 25 ans et les 25/49 ans (respectivement -0,3 et -0,2 %), il continue d’augmenter chez les seniors de plus de 50 ans (+0,6 %). Il faut également remarquer que le nombre de demandeurs d’emploi diminue chez les femmes quand il augmente chez les hommes.
L’ancienneté au chômage reste stable. Elle est de 581 jours. 43,9 % des demandeurs sont au chômage depuis plus d’un an.
Les fins de CDD expliquent sur 3 mois près d’un cinquième des entrées au chômage. Les radiations expliquent 9,5 % des sorties du chômage et les cessations d’inscription par défaut d’actualisation 38,5 %. Les entrées en stage expliquent 16,0 % des sorties et sont en hausse de 9,4 % en trois mois. C’est l’effet plan « formation » qui se fait ressentir.
En janvier, il y a fréquemment une arrivée sur le marché du travail. Des personnes qui avaient cessé de chercher en fin d’année s’inscrivent, à nouveau à Pôle Emploi, à compter des premiers jours de janvier ce qui fait que ce mois est fréquemment mauvais en matière de chômage. Il est fort probable que les chiffres de l’INSEE sur la création de l’emploi restent bien orientés.
Le Royaume-Uni, le début des problèmes
Le Royaume-Uni n’a enregistré qu’une croissance de 1,7 % en 2016 contre 2 % prévue lors de la première estimation. La révision à la baisse porte essentiellement sur le début d’année, ce qui pourrait laisser supposer que le Brexit n’est pas responsable de ce repli d’autant plus que l’activité s’est accélérée au cours des derniers mois. La consommation et les exportations favorisées par la dépréciation de la livre sterling ont soutenu l’activité. Au cours du dernier trimestre, l’investissement était en recul, preuve que face aux incertitudes liées au Brexit, les entreprises commencent à différer la réalisation de certains de leurs projets. La hausse des prix devrait commencer à peser sur le pouvoir d’achat des ménages en 2017. De ce fait, les instituts de conjoncture tablent, pour cette année, sur une croissance avoisinant les 1,5 %.
Le Brexit commence à avoir des effets au niveau de l’immigration. Ainsi, selon l’Office national des statistiques (ONS), l’immigration nette (immigration moins émigration) a atteint, au Royaume-Uni, 273 000 personnes entre octobre 2015 et septembre 2016, pour moitié venant de l’Union européenne et pour moitié du reste du monde. Ce résultat témoigne d’une baisse de 49 000 personnes par rapport à l’année précédente. Il s’agit, par ailleurs, du niveau le plus bas depuis deux ans.
39 000 migrants venant des pays devenus membres de l’Union en 2004 (Pologne, République tchèque, Slovaquie, pays baltes, Slovénie et Hongrie) ont quitté le Royaume-Uni sur cette période. Dans le même temps, le nombre d’arrivées venant de ces pays a baissé de 10 000 personnes.
L’attractivité du Royaume-Uni s’est dégradée également du fait de la dépréciation de la livre sterling de 18 % depuis le référendum, les salaires britanniques sont désormais moins intéressants, particulièrement pour ceux qui envoient de l’argent dans leur pays d’origine.
Dans le système de santé britannique, 42 % du personnel européen envisagent de quitter le Royaume-Uni, selon un récent sondage de la British Medical Association (BMA). Or, les ressortissants européens représentent 7 % des employés de ce secteur.
Les travailleurs non britanniques craignent de perdre leur couverture sociale voire leur droit à résidence compte tenu des dernières déclarations de Theresa May. Celle-ci a déclaré qu’elle refusera de garantir le droit de résidence des Européens déjà installés au Royaume-Uni sauf pour ceux provenant de pays de l’Union accordant la réciprocité aux citoyens britanniques. C’est une manière de contraindre les Européens à signer un accord avec le Royaume-Uni.
Dans les prochains mois tant au sein du Royaume-Uni qu’au sein de l’Union européenne, les discussions sur le Brexit risquent d’être vives. La meilleure preuve vient d’être fournie par le résultat de la législative partielle qui s’est tenue le 23 février dernier dans le bastion pro-Brexit de Stoke-on-Trent. Le chef du parti europhobe d’extrême droite United Kingdom Independence Party (UKIP – « Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni »), a été battu par le candidat du Labour, Gareth Snell. Cette circonscription située au cœur du Royaume-Uni et touchée par la désindustrialisation avait voté pour le Brexit à près de 70 %.