25 mars 2017

C’est déjà hier (25 mars 2017)

La lente réduction du déficit budgétaire en France

Pour 2016, le déficit public en France s’est élevé à –75,9 milliards d’euros, soit −3,4 % du produit intérieur brut (PIB) contre  −3,6 % en 2015. Ce déficit est supérieur aux 3,3 % initialement prévus par le Gouvernement qui avait même espéré un temps le ramener à 3,2 %. Le résultat annoncé est conforme à la feuille de route adressée à la Commission européenne. Le niveau atteint en 2016 rend plus difficile le franchissement de la marche de 2017. Cette année, le déficit prévu est de 2,7 % du PIB. Cet objectif apparaît très difficile à atteindre, surtout en année électorale,

Tous les candidats à l’exception d’Emmanuel Macron ont acté dans leur programme une dérive, cette année, des comptes publics. Certains intègrent le fait que les dépenses auraient été sous-évaluées et que la prévision de croissance est surévaluée  dans le projet de loi de finances initiale (François Fillon), d’autres prennent le parti d’une relance budgétaire (Benoît Hamon ou Jean-Luc Mélenchon).

En part de PIB, les recettes passent de 53,1 % à 52,8 %. Le poids des dépenses dans le PIB baisse de 0,5 point (de 56,7 % à 56,2 %). Le taux de prélèvements obligatoires diminue de 0,1 point et s’établit à 44,3 % du PIB.

La progression des  dépenses publiques s’est ralentie, +1,1 % en 2016 contre  +1,4 % en 2015. Le Gouvernement a pu compter sur une forte réduction de la charge « intérêt de la dette » (−5,1 % après −4,5 % en 2015) du fait de la baisse des taux. Les prestations sociales continuent d’augmenter plus vite que le PIB, +1,8 %, après +1,6 % en 2015.

Dépenses et recettes des administrations publiques

  2015 Md€ 2016 Md€ 16/15 (%)
Dépenses de fonctionnement** 399,2 401,9 0,7
dont conso. intermédiaires** 107,2 107,5 0,2
dont rémunérations 281,2 283,6 0,8
Intérêts** 48,6 46,1 –5,1
Prestations sociales 565,9 576,2 1,8
Autres transferts et subventions 151,6 154,7 2,0
Acquisition nette d’actifs non financiers 78,7 78,2 –0,6
dont investissement 76,2 76,1 –0,1
Total des dépenses 1244,0 1257,2 1,1
Ventes et autres recettes 88,3 88,6 0,4
Revenus de la propriété 15,5 15,0 –3,1
Impôts 628,7 638,9 1,6
dont impôts courants sur le revenu et le patrimoine 274,5 276,2 0,6
dont impôts sur les produits et la production 347,5 355,6 2,3
Cotisations sociales effectives 369,9 375,5 1,5
Autres recettes* 62,9 63,3 0,6
Total des recettes 1165,3 1181,3 1,4
Besoin de financement –78,7 –75,9  
  • Y compris cotisations sociales imputées
  • ** Hors correction au titre des services d’intermédiation financière indirectement mesurés (SIFIM)
  • Sources : Insee, DGFiP, DGTrésor, notification de mars 2017.

Les recettes augmentent de 1,4 % contre  +2,0 % en 2015.  Les impôts sur le revenu et le patrimoine ralentissent (+0,6 % après +1,3 %). Le déficit de l’État se dégrade de 2,5 milliards d’euros et celui des organismes divers d’administration centrale s’améliore de 0,3 milliard d’euros. Fin 2016, la dette des administrations publiques (dette brute consolidée en valeur nominale) s’élève à 2 147,2 milliards d’euros en hausse de 49,2 milliards. Elle représente 96,0 % du PIB fin 2016 contre 95,6 % fin 2015.

La dette publique (Maastricht) et la dette nette (en Md€)

 

  Dette publique Dette nette
  2015 2016 2015 2016
Ensemble 2098,0 2147,2 1906,6 1957,3
dont        
État 1661,3 1709,9 1556,0 1607,9
Organismes divers d’administration centrale 19,6 12,7 2,7 –1,4
Adm. publiques locales 196,7 199,6 184,7 187,4
Adm. de sécurité sociale 220,4 225,0 163,2 163,4
  • Sources : Insee, DGFiP, DGTrésor, notification de mars 2017.

 

Des délais de paiement stables mais toujours importants

La France se caractérise  depuis des années par de longs délais de paiement  faisant du crédit interentreprises un mode de financement important. Selon le dernier rapport de l’Observatoire des délais de délais de paiement, ces derniers sont restés stables en 2015 en s’établissent respectivement à 44 jours de chiffre d’affaires et à 50 jours d’achat. Le décalage de trésorerie entre les règlements des clients et les paiements aux fournisseurs – appelé solde commercial ou solde du crédit interentreprises – reste également au niveau de 2014 à 12 jours de chiffre d’affaires.

Après avoir fortement baissé de 2000 à 2008 et avoir augmenté durant la crise, les délais de paiement sont stables depuis. Durant la décennie 2000-2010, ils ont reculé de 9 jours de chiffre d’affaires. Les délais fournisseurs se sont contractés sur la même période de 12 jours. Après 2011, ces derniers ont continué à baisser avec un recul de 4 jours. La charge financière pesant sur les entreprises a, en revanche, eu tendance à augmenter puisque, sur la période  2000-2015, le solde commercial est en augmentation de 2 jours de chiffre d’affaires (12 jours de chiffre d’affaires en 2015 contre 10 jours en 2000).

Trois secteurs d’activité sont principalement touchés par des délais de paiement clients supérieurs à 60 jours. Le secteur de la construction encaisse le paiement de ses clients en moyenne à 64  jours. Les  entreprises du secteur répercutent ces délais sur leurs fournisseurs (56 jours), mais restent fortement contributrices au crédit interentreprises avec un solde commercial de 29 jours qui est au plus haut niveau depuis 2000. Le secteur du soutien aux entreprises subit des délais de paiement clients représentant 76  jours de chiffre d’affaires. Le secteur de l’information et communication se voient appliquer des délais de paiement de 78 jours de chiffre d’affaires en 2015. Les entreprises de ce secteur appliquent également des délais fournisseurs très longs correspondant à 73 jours d’achats. Leur solde commercial dépasse néanmoins 41 jours de chiffre d’affaires.

Parmi les bénéficiaires des délais de paiement figure le secteur de l’hébergement et restauration. Le crédit interentreprises constitue une ressource financière représentant 17 jours de chiffre d’affaires. Le secteur du commerce profite également de ce système de délais de paiement mais plus faiblement que la restauration.

De leur côté, les retards de paiement atteignent, selon le cabinet Altares, 12 jours en 2016. 6,6 % des paiements interviennent après 30 jours. Ce taux est en légère hausse. Le paiement avec un retard d’un mois constitue un indicateur de santé de l’économie. En effet, le paiement après un mois témoigne d’une difficulté du client à acquitter ses dettes, difficulté qui met en danger le fournisseur. Jusqu’à  20  jours de retard, la probabilité de défaillance de l’entreprise retardataire est environ trois fois plus forte par rapport à une entreprise qui paierait ses fournisseurs à l’heure. Ce coefficient s’accélère à l’approche des 30 jours. Au-delà de ce seuil, la probabilité de voir l’entreprise entrer en procédure collective est multipliée par 7.

Si sur longue période, les grands retards sont relativement stables, il apparaît nettement que les retards compris entre 1 et 15 jours augmentent. Plus d’une entreprise sur trois reportent leurs règlements fournisseurs de 1 à 15 jours. Les grandes entreprises et le secteur publicsont en tête pour les petits retards.

Parmi nos partenaires, l’Allemagne est un pays vertueux en matière de retards de paiement. Près de 72 % des entreprises règlent leurs factures à l’heure et à peine plus d’1 % les reportent de plus de 30 jours. Le retard moyen se maintient aux environs de 6 jours.

En Espagne, le retard moyen de paiement a atteint un plus bas depuis dix ans mais demeure proche de 14 jours. En Belgique, le retard moyen est de 12,5 jours et au Royaume-Uni de 15,7 jours. Seules 60 % des entreprises d’outre-manche règlent leurs factures avec des retards de moins de 15 jours, c’est 12 % de moins que la moyenne européenne. En matière de mauvais élèves figurent l’Italie et l’Espagne. Environ 15 % des entreprises italiennes et 18 % des portugaises reportent le règlement des factures de plus de 30 jours. À des délais de règlement encore très souvent supérieurs à 90 jours, le fournisseur devra prévoir en moyenne 19 jours de plus sur ses opérations commerciales en Italie et 26 jours de plus au Portugal. Le fournisseur subit alors une double peine. Ces pratiques ont pour conséquences des prix plus élevés et pèsent sur l’activité.

 

La décrue du chômage en mode poussif en France

Depuis le début de l’année et malgré les bons indicateurs économiques, le chômage en France fait, du surplace. Le nombre d’inscrits en catégorie A (sans aucune activité) a diminué, pour l’ensemble du pays, au mois de février, de 2 600 pour atteindre 3,7 millions de personnes. Sur trois mois, le nombre de demandeurs d’emploi a progressé de 0,2 % mais enregistre une baisse de 3,1 % sur un an. Pour la France métropolitaine, le chômage a diminué de 0,1 % (-3 500 personnes). Le nombre de demandeurs d’emploi s’établit à 3,464 millions. Il est en hausse de 0,2 % sur trois mois mais baisse de 3,2 % sur un an.

Comme les mois précédents, le chômage diminue chez les jeunes et ceux âgés de 25 à 49 ans maiscontinue d’augmenter chez les plus de 50 ans (+1,3 % sur trois mois).