C’est déjà hier (3 septembre 2016)
France : petite panne de la consommation
Après un excellent premier trimestre, la consommation, est, en France, en berne depuis quatre mois. Ce retournement de tendance s’explique par une perte de confiance par les craintes liées aux attentats et par la disparition des gains de pouvoir d’achat générés par la baisse du prix du pétrole.
Au mois de juillet, les dépenses de consommation des ménages en biens ont, en effet, diminué de 0,2 % en volume après un recul encore plus marqué en juin. Il s’agit du quatrième mois consécutif de baisse. Ce sont les achats les plus coûteux qui ont été le plus touchés. Les achats en automobiles et en biens d’équipement du logement ont ainsi fortement reculé. Le repli est particulièrement prononcé pour les biens d’équipement du logement (-3,1 %), notamment les téléviseurs. Les achats d’automobiles ont également baissé pour le quatrième mois consécutif de 1,9 % en juillet.
A défaut de consommer, les ménages épargnent. Cette baisse de la consommation doit être mise en parallèle avec le retour depuis 5 mois d’une collecte positive pour le Livret A. Par ailleurs, au mois de juillet, l’assurance-vie a également enregistré une forte collecte.
Mais quand la voiture va, tout roule…
Tout espoir n’est pas perdu au niveau de la consommation car, après un mauvais mois de juillet, les immatriculations de véhicules ont repris des couleurs en août. Elles ont progressé de 6,7 % (véhicules neufs hors utilitaires), selon les données du comité des constructeurs français d’automobile (CCFA). Cette croissance doit certes être nuancée car le mois d’août 2016 comportait un jour ouvrable de plus que celui de 2015. À nombre de jours ouvrables comparables, la croissance se limite à 1,9 %.
Au niveau des constructeurs, le groupe Renault poursuit sur sa lancée avec une progression de 13,9 % grâce à la marque Dacia qui a enregistré une progression de ses ventes de 38 %. La marque Renault a néanmoins a connu une hausse de 6,6 % de ses immatriculations. En revanche, le Groupe PSA n’a connu qu’une hausse de 0,4 % de ses immatriculations en raison de la contreperformance de Citroën et de DS. Les groupes étrangers ont accru leurs ventes à l’exception de Volkswagen qui est toujours confronté aux suites du scandale des tests truqués des moteurs.
Le traité transatlantique prend l’eau de toute part
Avant la fin de son mandat, le Président des États-Unis, Barack Obama, a peu de chances de gagner son pari de conclure, les négociations engagées entre son pays et l’Union européenne sur le Partenariat transatlantique sur le commerce et l’investissement (PTCI) également connu sous les sigles TTIP (Transatlantic Trade and Investment Partnership) ou TAFTA (Trans-Atlantic Free Trade Agreement).
Barack Obama aurait aimé achever son deuxième mandat en ayant doté les États-Unis de deux grands traités commerciaux : côté pacifique avec le TPP (Trans-Pacific Partnership) qui a été conclu, au mois de février dernier, par douze pays (États-Unis, Brunei, Chili, Nouvelle-Zélande, Singapour, Australie, Pérou, Vietnam, Malaisie, Mexique, Canada, Japon) ; côté atlantique avec la signature du fameux TAFTA.
Après des mois de négociation, le Président François Hollande a, à travers une annonce devant les ambassadeurs français réunis à Paris à la fin du mois d’août, officiellement demandé l’arrêt des négociations. Cela pourrait être le coup de grâce pour une négociation qui a dû faire face à de nombreux vents contraires depuis ses débuts (opposition de nombreux lobbys, révélation des écoutes des dirigeants européens par les services américains, etc.). La position de la France semble très ferme. Le Président français a, en effet, déclaré que « ce que demande la France, c’est l’arrêt pur, simple et définitif des négociations. Elles ont créé partout des peurs. Elles doivent maintenant se terminer (…) Il faut un coup d’arrêt clair, net, pour reprendre les discussions sur de bonnes bases. Nous verrons si d’autres nous emboîtent le pas ».
La position française ne signifie pas la fin des discussions car c’est la Commission européenne qui est compétente pour négocier les accords commerciaux. Cette dernière peut poursuivre les discussions mais évidemment sur un point de vue politique, l’absence de soutien de la France change la donne. François Hollande, au-delà de sa position ferme, entend surtout donner du temps au temps. Les élections américaines (Présidentielle et Congrès) ainsi que les élections en France et en Allemagne pourraient bien changer la donne.
Pour le moment, la Commission de Bruxelles entend poursuivre la négociation sur la base du mandat qu’elle a reçu de la part des 28 États membres comme l’a rappelé le porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas: « nous avons un mandat de négociation qui a été accepté unanimement ». Les Allemands semblent assez résignés et ont pris acte de la position française. Le Ministre de l’Économie allemand, Sigmar Gabriel, a admis l’échec des négociations après le 14ème round de discussions avec les Américains.
Les objectifs et le contenu du projet de traité
L’objectif des négociateurs est d’instituer un partenariat entre deux acteurs majeurs du commerce international, l’Amérique du Nord et l’Union européenne qui assurent plus du quart des exportations mondiales et plus du tiers des importations mondiales.
Les deux zones sont économiquement très imbriquées et ont tout à gagner d’un abaissement des droits et d’une diminution des contraintes réglementaires. 18,1 % des exportations américaines sont réalisées au sein de l’Union européenne ; cette dernière représentant 19% des importations américaines juste après la Chine (21,5 %).
La relation commerciale avec les États-Unis est l’une des plus importantes de l’UE après l’Asie et les pays européens hors Union.
Sur le plan des investissements directs étrangers, les Etats-Unis investissent massivement au sein l’UE (les investissements américains représentent 39,5 % des flux entrants en 2012 de l’UE). Les Européens font de même aux Etats-Unis, 31,7 % des flux sortants de l’UE étant destinés aux États-Unis.
L’intensité des échanges entre les deux blocs s’explique notamment par le haut niveau d’échanges intra-firme des filiales américaines et européennes. En 2010, plus de la moitié des filiales américaines sont localisés au sein des Etats membres de l’UE, tandis que 60 % des actifs tenus par les filiales américaines à l’étranger étaient en Europe. Les filiales européennes, quant à elles, étaient à 75 % implantées aux Etats-Unis. Le commerce intra-firme représenterait le tiers du commerce transatlantique.
Selon les tenants d’un accord, le surcroît de croissance qu’il pourrait générer a été évalué à 1,1 % du PIB (160 milliards d’euros) à l’horizon 2027 pour l’Union Européenne. Les secteurs européens qui ont le plus à gagner sont l’automobile (de 13 à 95 milliards euros de gains pour les exportations), la chimie (9 à 35 milliards d’euros) et la métallurgie (3 à 17 milliards d’euros). Ce sont les Etats ayant des volumes d’importations les importants en provenance des États-Unis qui tireront le plus grand profit de ce traité : le Royaume-Uni, l’Irlande, le Portugal, la Grèce et l’Espagne. Le PIB par habitant augmenterait de 9,7 % moyenne au Royaume-Uni, de 7,3 % en Suède, de 6,55 % en Espagne. La France serait un des pays qui profiterait le moins de cet accord (+2,64 % de PIB par habitant en moyenne). Ce faible impact est lié à ses échanges moins développés que ses partenaires avec les Etats-Unis, ce qui peut expliquer la réticence du Président français.
Le traité aborde tout à la fois les droits de douane, les normes et la résolution des conflits. Il prévoit notamment une simplification dans le processus de validation des normes qui fait craindre, pour certains, la possibilité pour les Américains d’inonder le marché européen en OGM. En revanche, la mise en place de normes communes aboutirait à les imposer aux autres acteurs du commerce international.
En l’état actuel des négociations, les droits de douane seraient supprimés sur 97 % des lignes tarifaires. La question des lignes tarifaires agricoles et les dispositifs de coopération réglementaire n’étaient pas réglés. L’accès des entreprises européennes aux marchés publics américains est également un sujet sensible. Les États-Unis sont, sur ce sujet, plus protectionnistes que les Européens. Le mécanisme de règlement des conflits posait également problème.
Si les négociations avec les États-Unis sont au point mort, celles, avec le Canada sont bien avancées. L’accord de libre-échange entre l’Union Européenne et le Canada devrait être soumis à ratification. Le secrétaire d’État au commerce extérieur français, Matthias Fekl, a déclaré que « ce traité est un bon traité, c’est l’anti-Tafta, sur ce qu’il donne aux PME, à l’ouverture des marchés publics, sur l’arbitrage privé, sur la reconnaissance des appellations… La France soutient cet accord. Nous discuterons de ce sujet à Bratislava (Sommet européen) fin septembre ».