C’est déjà hier
Il ne faut pas toujours croire au père Noël même quand il s’appelle Mario Draghi
Jeudi 3 décembre, les investisseurs sur les places européennes ont mal réagi aux annonces de Mario Draghi, le Président de la Banque Centrale. Transformé en messie, il ne pouvait un jour ou l’autre que décevoir… Face à la très faible inflation et aux résultats ambigus du programme d’achats d’actifs, certains experts espéraient des mesures de grande ampleur. Or, le Président de la Banque centrale a opté pour des ajustements à la marge.
La BCE a ainsi maintenu son taux de refinancement à son plus bas historique de 0,5 % mais elle a réduit celui des dépôts à -0,3 %, contre -0,2 % précédemment. Le prolongement du programme d’achat d’actifs qui devait s’achever au mois de septembre 2016 est prolongé jusqu’en mars 2017 voire au-delà. La BCE acceptera, par ailleurs, d’acheter de la dette des collectivités locales. Enfin, les recettes, les intérêts perçus par la BCE au titre des obligations rachetés seraient réinvesties dans le programme.
La Banque centrale a, par ailleurs, très légèrement revu ses prévisions à la hausse pour la zone euro, 1,5 % du PIB cette année, contre 1,4 % initialement. Pour 2016, la Banque centrale reste sur un taux de croissance de 1,7 %. Pour 2017, elle a rehaussé sa prévision de 0,1 point à 1,9 %. Pour l’inflation, elle ne voit pas de retour autour de la zone cible des 2 % avant 2018.
France, chômage, une question de lunettes
Les derniers résultats sur l’emploi, en France, soulignent que la reprise ne permet pas pour le moment d’endiguer la progression du chômage. L’INSEE vient, en effet, de rendre public le taux de chômage du troisième trimestre au sens du Bureau International du Travail. Ce taux est de 10,6 % de la population active dans l’ensemble de la France et de 10,2 % en France métropolitaine.
Le nombre de chômeurs a, ainsi, en France métropolitaine, augmenté de 75 000, à 2,9 millions de personnes. Le taux de chômage progresse de 0,2 point par rapport au trimestre précédent. La hausse concerne l’ensemble des tranches d’âge.
Au troisième trimestre, le taux d’emploi (le rapport entre le nombre de personnes ayant un emploi et la population totale) des 15-64 ans s’établit à 64,2 % et reste stable sur un an. Le taux d’emploi en CDI des 15-64 ans est stable au troisième trimestre, à 48,6 %. Sur un an, il baisse de 0,3 point. Le taux d’emploi en CDD ou intérim atteint 7,4 %. Il augmente de 0,1 point sur un trimestre et de 0,6 point sur un an. Le fait que 80 % des emplois proposés soit des CDD ou des emplois en intérim réduit progressivement le poids des CDI.
Le taux d’activité (rapport entre le nombre de personnes en activité, emploi ou chômage et la population totale) des 15–64 ans s’établit à 71,6 %. Il augmente de 0,1 point par rapport au trimestre précédent et de 0,2 point sur un an.
Au troisième trimestre, 6,7 % des personnes en emploi sont en situation de sous-emploi, soit une hausse de 0,1 point sur le trimestre, et de 0,3 point sur un an. Le sous-emploi concerne principalement les personnes à temps partiel qui souhaiteraient travailler davantage. Le chômage partiel représente quant à lui 0,3 % des personnes en emploi
Néanmoins, il y a quelques lueurs d’espoirs dans ces chiffres. La progression du chômage se ralentit. Depuis juin, la progression n’est plus que +0,1 % en moyenne par mois contre +0,5 % de mi-2013 à mi-2015 et +0,7 % les deux années précédentes (de mi-2011 à mi-2013). Par ailleurs, parmi les personnes inactives au sens du BIT, 1,4 million souhaitent un emploi sans être comptées comme chômeurs au sens du BIT : elles constituent le halo autour du chômage ; or au troisième trimestre, leur nombre baisse de 64 000 par rapport au trimestre précédent. Depuis le milieu de l’année 2013, la situation des moins de 25 ans s’est améliorée mais au prix d’un important effort budgétaire. En revanche, les mesures de soutien pour l’emploi des seniors n’ont que eu d’effets.
Compte tenu de la longue période de stagnation de laquelle la France commence à s’extraire, le recul du chômage ne peut que prendre du temps. La précédente phase de retournement à la baisse de la courbe du chômage s’était opérée quatre ans après le creux d’activité de 2001 avec, en outre, une croissance supérieure à 2 % en rythme annuel entre 2004 et 2007. Pour le moment, la croissance est prévue à moins de 2 % jusqu’en 2017. Enfin, la France doit faire face à une augmentation naturelle de sa population active. Il faut une création nette de plus de 100 000 emplois pour endiguer cet accroissement.
Au niveau européen, la France décroche. Ainsi, selon les statistiques d’Eurostat, le taux de chômage atteint 10,8 % et est à un plus haut depuis 1997 et à un niveau supérieur à celui de la zone euro (10,7%) pour la première fois depuis la fin 2007.