C’est déjà hier (4 février 2017)
Une langueur toute monotone
La France n’a connu qu’une croissance de 1,1 % en 2016, soit moins qu’en 2015 (1,2 %). Le résultat est ainsi inférieur aux prévisions de l’INSEE (1,2 %) et à celles du Gouvernement (1,4 %). L’économie française malgré un petit rebond au dernier trimestre n’aura pas réussi à effacer le trou d’air du milieu de l’année.
Sur ces cinq dernières années, le taux moyen de croissance de la France est inférieur à 0,8 % par an. La France est entrée dans un tunnel de basse activité qui ne lui permet ni de réduire son chômage, ni d’équilibrer ses finances publiques. La France est, avec l’Italie, un des pays de l’Union européenne, enregistrant une des plus faibles croissances ces trois dernières années.
La consommation porte toujours la croissance
En 2016, les dépenses de consommation des ménages ont augmenté de 1,8 %, soit plus qu’en 2015, +1,5 %. Elles ont nettement accéléré au dernier trimestre (+0,6 %) malgré un mauvais mois de décembre (-0,9 %).
La reprise de l’investissement
Si l’investissement a été longtemps le point noir de la croissance française, en 2016, il s’est inscrit en hausse tant pour les entreprises que pour les ménages (2,8 %). La formation brute de capital fixe est en augmentation de 4,3 % pour les sociétés non financières (contre +2,7 % en 2015) avec une progression de 1,3 % sur le dernier trimestre. Les ménages ont, de leur côté, repris le chemin des investissements avec une augmentation de 1,5 % contre une contraction de 0,8 % en 2015. Les ménages ont accru leurs dépenses en faveur de l’immobilier comme en témoigne l’augmentation du nombre de transactions. En revanche, les administrations publiques ont réduit leurs investissements de 0,7 %.
Le commerce extérieur en pleine indélicatesse de croissance
En 2016, le commerce extérieur a contribué négativement à la croissance, -0,9 %, soit plus qu’en 2015, -0,3 %. Les importations ont progressé de 3,6 % quand les exportations n’ont augmenté que de 0,9 %. Ce résultat est décevant du fait qu’en 2016, les prix de l’énergie ont été au plus bas. Certes, la France a souffert du ralentissement des économies des pays émergents. Le déficit du commerce extérieur français serait contre toute attente plus élevé en 2016 qu’en 2015 avec à la clef de nouvelles pertes de parts de marché.
Une production en hausse mais pas dans tous les secteurs d’activité
La production des biens et services a augmenté de 1,4 % en 2016 après une hausse de 1,3 % en 2015. Si la construction renoue avec la croissance (+0,7 % après une baisse de 2,2 %), en revanche, la production agricole diminue de 5,7 % du fait de conditions climatiques défavorables. L’industrie manufacturière n’aura connu qu’une hausse de 0,6% en retrait par rapport à 2015 (1,5 %).
Une croissance toujours pas équilibrée
La croissance française repose encore trop sur la consommation et pas suffisamment sur la production et les exportations.
L’appareil productif en France ne répond pas à la demande qui ne trouve son salut que dans les importations. Une hausse de 1 euros de la demande entraine une augmentation de 72 centimes des importations et de 28 centimes du PIB.
La croissance française bute sur trois maux :
- le niveau élevé des coûts de production au regard du niveau de gamme. Compte tenu de ses coûts, la France devrait être positionnée comme les Allemands ou les Scandinaves sur le haut de gamme ; or, tel n’est pas le cas (absence de production d’électronique ou d’équipements de Telecom, faible modernisation du capital) ;
- les faibles compétences de la population active mesurées par les enquêtes PIAAC et PISA ;
- le recul de la capacité de production industrielle ; la France n’a pas retrouvé son niveau de production d’avant-crise.
Si la France pouvait s’enorgueillir d’un niveau de productivité élevé, les gains se font désormais rares. L’accumulation des retards en matière d’investissement, en particulier pour le digital, est une entrave au rebond de la croissance.
Les gagnants et les perdants en Europe
En 2016, le taux de croissance a été de 1,8 % au sein de zone euro et de 1,9 % au sein de l’Union européenne. Pour le dernier trimestre, les taux de croissance respectifs ont été de 0,5 et de 0,6 %.
L’année dernière, l’Espagne a surpris les observateurs avec une croissance de 3,2 % obtenue grâce au dynamisme du commerce extérieur et de la consommation. Le taux de chômage s’est abaissé à 18,6%, mais reste le 2e plus élevé d’Europe. Pour 2017, le taux de croissance devrait légèrement diminuer tout en restant au-dessus de 2 %. Dans ces conditions, le PIB devrait repasser au-dessus de son niveau d’avant-crise.
L’Allemagne figure parmi les autres gagnants de la croissance européenne. Le PIB a augmenté de 1,9 % l’an passé, soit plus que la moyenne de la zone euro. Il s’agit de la plus forte croissance enregistrée depuis 2011. L’économie allemande à la différence de celle de la France a accéléré l’année dernière. En 2015, la croissance avait été de 1,7 % et de 1,6 % en 2014. Avec le plein emploi et l’arrivée de centaines de milliers de réfugiés, la demande intérieure est en forte hausse. Les dépenses privées ont progressé de 2 % quand celles de l’État ont augmenté de 4,2 % ; un tel niveau d’augmentation n’avait pas été observé depuis 1992 quand l’Allemagne devait financer sa réunification. Si la progression de l’investissement des entreprises demeure modeste, en revanche celui dans la construction est en forte hausse (+3,1 %). Du fait de l’envolée de la consommation, les importations ont progressé plus vite que les exportations sans pour autant éroder réellement l’imposant excédent commercial. Les comptes publics sont, par ailleurs, restés excédentaires de 0,6 % du PIB.
Une inflation en trompe l’œil
Entre novembre 2016 et janvier 2017, l’inflation au sein de la zone euro est passée de 0,6 % à 1,8 % (estimation préliminaire). Cette hausse de 1,2 point s’explique avant tout par celle des prix de l’énergie. En janvier, ils ont augmenté de 8,1 % sur un an après 2,6 % en décembre. Après avoir pesé négativement sur l’inflation entre juillet 2014 et novembre 2016, l’évolution des prix de l’énergie est désormais à l’origine de 75 % du rebond (0,9 pt sur 1,2 pt). Les prix de l’alimentation (incluant alcool et tabac) expliquent pour 16 % de l’augmentation.
L’augmentation des prix de l’énergie joue sur trois niveaux. Il y a en premier lieu un important « effet de base ». Au premier trimestre 2016, les prix du pétrole évoluaient à des niveaux extrêmement bas après une chute amorcée à l’été 2015. En janvier 2016, le baril de Brent s’échangeait alors en moyenne autour de 36 dollars. La composante énergie pesait alors fortement sur l’inflation à la baisse. Une simple stabilisation des prix du pétrole à ce niveau pendant un an aurait déjà provoqué une hausse de l’inflation. La hausse des prix du pétrole liée aux décisions de l’OPEP explique évidemment celle des prix. Entre novembre 2016 et janvier 2017, le prix du baril de Brent a augmenté de 17,5%. Enfin, troisième raison, la dépréciation de l’euro face au dollar depuis début novembre augmente les prix du pétrole en euros.
Chômage, la lente décrue
Dans la zone euro (ZE19), le taux de chômage corrigé des variations saisonnières s’est établi à 9,6 % au mois de décembre dernier en baisse par rapport au taux de 9,7 % enregistré en novembre et à celui de 10,5 % de décembre 2015.
La zone euro a enregistré son plus faible taux de chômage depuis mai 2009. Pour l’Union européenne, le taux de chômage s’est établi à 8,2 % en décembre dernier, stable par rapport à novembre 2016 et en baisse par rapport au taux de 9,0 % de décembre 2015. Il s’agit toujours du taux le plus faible depuis février 2009. En un an, le chômage a baissé de 1,839 million de personnes au sein de l’Union et de 1,256 million dans la zone euro.
Les taux de chômage les plus faibles ont été enregistrés en République tchèque (3,5 %) ainsi qu’en Allemagne (3,9 %). Les taux de chômage les plus élevés ont quant à eux été relevés en Grèce (23,0 % en octobre 2016) et en Espagne (18,4 %).
Sur un an, le taux de chômage a baissé dans vingt-quatre États membres, tandis qu’il a augmenté à Chypre, en Italie, en Estonie et au Danemark. Les baisses les plus marquées ont été observées en Croatie (de 15,0 % à 11,4 %), en Espagne (de 20,7 % à 18,4 %) et au Portugal (de 12,2 % à 10,2 %). Le taux de chômage est en hausse en France à 9,6 % au mois de décembre contre 9,5 % en novembre. Il s’élevait à 10,2 % au mois de décembre 2015.
Pour comparaison, en décembre, le taux de chômage aux États-Unis s’est établi à 4,7 %, en hausse par rapport au taux de 4,6 % enregistré en novembre 2016 mais en baisse par rapport à celui de 5,0 % de décembre 2015