4 juin 2016

C’est déjà hier (4 juin 2016)

Douche écossaise aux États-Unis

La semaine dernière, la tendance était à la hausse des taux d’intérêt par la FED dès le mois de juin mois de juin. La publication des résultats de l’emploi du mois de mai a rebattu les cartes. Les créations d’emplois ne se sont élevées qu’à 38 000 contre 123 000 en avril ce qui constituait déjà un mauvais résultat.

Les grèves dans le secteur des télécommunications ont  contribué à une moindre création d’emplois chiffrée à 35 000 postes36 000 emplois ont été, par ailleurs, supprimé au sein du secteur manufacturier et au sein de la construction soit un record au cours de six dernières années.

Le taux d’activité est également en baisse à 62,6 %. La baisse du taux de chômage à 4,7 % (contre 4,9 % au mois d’avril) ne doit donc rien à l’activité. Elle est la conséquence de la diminution de la population active. En outre, la proportion d’employés travaillant à temps partiel de façon involontaire augmente ; preuve de la progression du sous-emploi. En prenant en compte les personnes ayant cessé de chercher un emploi et ceux subissant un emploi à temps partiel contraint, le taux de chômage serait proche de 9,7 %.

Dans ce contexte, la progression des salaires stagne. Elle a été de 0,2 % au mois dernier et de 2,4 % en glissement annuel en mai.

L’accélération des fermetures de puits pétroliers se refait sentir sur l’ensemble de l’activité. Les moins bons résultats des géants de l’informatique et de l’électronique américains peuvent également expliquer ce tassement des créations d’emploi. Les amples fluctuations des statistiques américaines qui font l’objet, par ailleurs, de révisions importantes, imposent la prudence sur l’interprétation des résultats du mois de mai. Il conviendra d’attendre celles de juin pour apprécier si un retournement de tendance est en cours. L’économie américaine est toujours confrontée aux contrecoups de la baisse des cours du pétrole et de l’appréciation de la monnaie. La croissance américaine des années 2012/2015 reposait, en grande partie, sur le développement du pétrole et du gaz de schiste. La mise en sommeil d’un nombre croissant de gisements et surtout l’arrêt de l’investissement dans le secteur pétrolier ne pouvaient ne pas avoir des effets sur l’ensemble de l’économie. La faiblesse des gains de productivité pèse sur la croissance, la montée en puissance du digital, du big data et des objets connectés n’est pas pour le moment un réel gisement de croissance.

 

Le pétrole pas cher, une vraie aubaine pour les Français

L’année 2015 a été marquée par une progression du pouvoir d’achat par unité de consommation des Français, ce qui constitue une première depuis 2010. Cette hausse est la conséquence de l’augmentation des revenus des ménages (baisse des prélèvements pour certaines catégories, augmentation des prestations sociales) et de la baisse des prix. Les ménages ont profité de ces gains de pouvoir d’achat pour consommer davantage et également, à la marge, pour accroître leur effort d’épargne.

En 2015, le revenu disponible brut des ménages a augmenté de 1,4 % en valeur (après + 0,8 % l’année précédente).

L’effet prix à la rescousse du pouvoir d’achat

C’est donc l’effet prix qui a procuré du pouvoir d’achat et non les hausses de salaire. La diminution des prix de la dépense de consommation finale a été de 0,2 % contre une hausse de 0,1 % en 2014, ce qui est une première depuis 2009. La baisse du prix du carburant et du fioul pour le chauffage a, en deux ans, procuré près de 1000 euros de gain pour chaque ménage.

Le pouvoir d’achat du revenu disponible augmente donc plus vite que le revenu disponible (+ 1,6 %, après + 0,7 % en 2014).

Compte tenu de la croissance de la population, le pouvoir d’achat au niveau individuel (pouvoir d’achat par unité de consommation) progresse de 1,1 % en 2015, après avoir stagné en 2014 et surtout diminué les trois années précédentes.

 

Les ménages ont dépensé une partie des gains tirés de la baisse des prix

Les dépenses de consommation des ménages  ont, en effet, augmenté  en 2015 (+ 1,5 % en euros constants, après + 0,7 % en 2014). Cette progression est imputable à l’augmentation des achats de biens manufacturés (+ 2,1 % après + 0,5 %) avec une forte augmentation des ventes d’automobiles (+ 4,4 % après – 0,1 % en 2014) et de produits agroalimentaires (+ 1,5 % après – 0,4 % en 2014).

Les dépenses de services ont de leur côté progressé au même rythme qu’en 2014 (+ 1,0 %). Les dépenses en hébergement-restauration ont augmenté de 1,8 % après une hausse de  0,6 % en 2014 quand les dépenses de transport ont connu une hausse de 1,6 % après + 0,5 %. En revanche, les services financiers sont en baisse  (– 0,8 % après + 2,1 %).

L’autre partie des gains a été affectée à l’épargne qui a augmenté sur l’année 2015. Le taux a progressé de 0,1 point à 14,5 % du revenu disponible brut sur l’ensemble de l’année mais la hausse a été sensible en fin d’année avec un taux d’épargne atteignant 14,9 % au 4ème trimestre.

 

La consommation en mode pause au mois d’avril en France

La consommation des ménages après une forte progression au cours du premier trimestre,+1,7 %, a baissé de 0,1 % au mois d’avril 2016.Cette stabilisation était attendue d’autant plus qu’au mois de mars la progression avait été de 1,1 % Les dépenses d’énergie continuent en fonction des volumes d’achat et des prix pratiqués de fortement peser sur le niveau de la consommation.

En avril, la consommation d’énergie augmente pour le quatrième mois consécutif mais elle ralentit (+0,9 % après +4,4 %). Les dépenses d’électricité et de gaz décélèrent tout en restant dynamiques (+3,3 % après +6,2 %), en raison de températures de nouveau au-dessous des normales saisonnières. En revanche, la consommation en produits raffinés se replie (-2,2 % après +2,1 %), tant en fioul qu’en gasoil. En avril, les achats de biens fabriqués augmentent moins fortement qu’en mars (+0,3 % après +0,9 %), freinés par la contraction des achats d’automobiles.

Cette stagnation de la consommation ne remet pas en cause la prévision de croissance pour le deuxième trimestre. Elle devrait se situer entre 0,3 et 0,4 % faisant suite à une hausse de 0,6 % au premier trimestre. Le mois de mai pourrait être impacter par les grèves qui entravent la mobilité des Français et par le mauvais temps. L’impact sur la croissance du 2ème trimestre pourrait être de 0,1 point.

 

L’industrie française toujours en mal de positionnement

Sur le premier trimestre de l’année 2016 tout comme sur un an, l’industrie française enregistre une diminution de son chiffre d’affaires. L’effet prix joue du fait d’une concurrence vive. La persistance d’un important  déficit commercial industriel témoigne que  malgré la baisse du prix du pétrole et la dépréciation de l’euro, un problème de compétitivité demeure.

Ainsi, selon l’INSEE, au mois de mars, le chiffre d’affaires diminue de 0,2 % dans l’industrie manufacturière après une quasi-stabilité en février (+0,1 %). La baisse est plus marquée à l’exportation (-0,6 %).  Dans l’ensemble de l’industrie, le chiffre d’affaires recule légèrement (-0,2 %) après une hausse en février (+0,7 %)

Sur le premier trimestre 2016, le chiffre d’affaires diminue de 1,1 % dans l’industrie manufacturière tout comme dans l’ensemble de l’industrie par rapport au dernier trimestre de 2015.

Sans surprise, le secteur énergétique souffre du fait de l’effet prix. Le chiffre d’affaires baisse fortement dans la cokéfaction et raffinage (-10,3 %) et, plus modérément, dans les matériels de transport (-2,7 %). Il décroît aussi dans les autres industries (-0,5 %), en particulier dans la chimie (-0,9 %) et dans le caoutchouc, plastiques et minéraux non métalliques (-1,0 %). À l’inverse, le chiffre d’affaires progresse sur le trimestre dans les industries agro-alimentaires (+0,5 %). Il est quasi stable dans les biens d’équipement (+0,1 %).

Sur un an, dans l’industrie manufacturière, le chiffre d’affaires recule de 0,6 %. Sur cette période, le chiffre d’affaires chute dans la cokéfaction et le raffinage (-23,3 %) du fait de la baisse des prix. En revanche, il croît dans les matériels de transport (+1,7 %), les industries agricoles et alimentaires (+1,1 %) et les biens d’équipement (+1,2 %). Il est quasi stable dans les autres industries (+0,1 %). Pour l’ensemble de l’industrie, la baisse du chiffre d’affaires sur un an est un peu plus marquée (-0,7 %), du fait du recul dans les industries extractives, énergie, eau, déchets, dépollution (-1,6 %).