C’est déjà hier (5 mars 2016)
La France, toujours en indélicatesse avec son industrie
La France est un pays de services qui a eu une industrie. Les services représentent désormais près de 80 % du PIB quand l’industrie pèse 12 %, le reste étant partagé par l’agriculture et la construction. La production manufacturière française reste en retrait par rapport à son niveau de 2008 (-15 %).
La France a perdu 2 millions d’emplois industriels en 30 ans. Ils sont passés de 28 à 12 % de l’emploi total. Tous les pays occidentaux ont connu des baisses comparables de leur emploi industriel. Ainsi, il a reculé de 15 points en Allemagne et aux États-Unis et de 16 points au Japon. L’emploi industriel ne représente que 10 % des emplois aux États-Unis et au Royaume-Uni, 17 % au Japon et 19 % en Italie. Ce poids demeure important en Allemagne (21 %).
Ce processus ne semble pas s’arrêter en France. 44 usines ont fermé en 2015. Ce nombre est néanmoins en baisse. Il était de 54 en 2014 et de 140 en 2013. Depuis 2009, 6 % des sites industriels de plus de 10 salariés ont fermé. En 2015, 8 900 emplois industriels ont été perdus contre 14 160 en 2014.
Évolution de l’indice de la production industrielle française
Malgré un contexte extrêmement favorable, l’industrie française n’a pas réussi à mettre un terme à son déclin. La chute des prix du pétrole, la dépréciation de l’euro et les faibles taux d’intérêt n’ont pas suffi. La baisse de l’investissement et la très forte dégradation des marges, enregistrées ces dernières années, ont pesé bien plus lourd. Si l’investissement dans le secteur industriel a augmenté en 2015, cette hausse est bien trop récente et trop faible, +2 %, pour mettre un terme au processus de désindustrialisation.
Chômage européen, la décrue se poursuit à une vitesse de sénateur
Dans la zone euro comme dans l’ensemble de l’Union européenne, le taux de chômage a baissé de 0,1 point. Le taux de chômage corrigé des variations saisonnières s’est établi à 10,3 % en janvier au sein de la zone euro contre 10,4 % en décembre 2015. Au mois de janvier 2015, il était de 11,3 %. Cela est néanmoins le meilleur résultat enregistré depuis le mois d’août 2011.
Pour l’ensemble de l’Union, le taux de chômage est passé de 9,0 à 8,9 % du mois de décembre à celui de janvier. Il était de 9,8 % au mois de janvier 2015. II s’agit du taux le plus faible depuis mai 2009.
Parmi les États membres l’Allemagne fait office de premier de la classe avec un taux de chômage de 4,3 %. Elle est suivie de la République tchèque (4,5 %) puis de Malte et du Royaume-Uni. L’Espagne et la Grèce ont toujours les taux les plus élevés, respectivement 20,5 % et 24,6 %. En Espagne, le taux de chômage a baissé de près de 6 points depuis le point haut de septembre 2013. Pour la Grèce, la baisse est de 3,3 points par rapport à ce même mois de septembre 2013.
Avec un taux qui s’établit, au mois de janvier, à 10,2 % la France fait légèrement mieux que la moyenne de la zone euro. Par rapport au mois de janvier 2015, le taux de chômage de la France est en décrue de 0,2 point ce qui est nettement moins que la moyenne de la zone euro (1 point de baisse).
Selon les chiffres de l’INSEE, en moyenne sur 2015, le taux de chômage a atteint 10,3 %, soit un niveau stable par rapport à 2014 et 2013. Compte tenu de la faible croissance, +0,7 % par an en moyenne, la situation de l’emploi aurait dû se dégrader davantage. La plus faible progression de la population active explique cette moindre aggravation du chômage. En effet, la progression de la population active est passée de 0,7 % entre 2003 et 2013 à 0,2 % depuis 2013. La stabilisation du chômage repose sur la hausse de l’emploi non salarié et celle constaté dans les secteurs non marchands, qui ont compensé le recul de l’emploi salarié marchand non agricole.
États-Unis, même pas peur
La baisse du cours du pétrole, l’arrêt des investissements dans le secteur des hydrocarbures, l’appréciation du dollar, le plein emploi, tout concourt, pour certains, à l’arrivée rapide d’une nouvelle récession. Or, pour le moment, les oiseaux de mauvais augure ont le bec dans l’eau. Selon John Williams, le président de l’antenne de San Francisco de la Réserve fédérale, « l’économie américaine résiste bien aux vents de face venus de l’étranger et il n’y a pas de risque tangible de récession ». Il a souligné que « la demande intérieure compense largement la faiblesse à l’international ». Il a également mentionné que « le ralentissement de la croissance chinoise ne posait pas un risque énorme pour les perspectives économiques des États-Unis ». Il s’est prononcé pour le maintien d’une politique monétaire accommodante sur les prochaines années tout en partageant la stratégie de la Fed consistant à relever progressivement les taux.
Les résultats de l’emploi du mois de février corroborent ces appréciations. L’économie américaine a, en effet, créé 242 000 emplois nets le mois dernier quand les analystes s’attendaient à 190 000 nouvelles embauches. Le taux de chômage est resté stable à 4,9 % car il y a eu davantage de nouveaux entrants sur le marché du travail. Le taux de participation à l’emploi, qui mesure ceux qui ont un emploi ou en cherchent un activement et qui, depuis la récession de 2009 est à un plus bas historique, est remonté à 62,9 %, son plus fort niveau depuis mars 2014. 500 000 personnes sont ainsi revenues sur le marché de l’emploi. Pour décembre et janvier, le gouvernement a en outre révisé en hausse de 30 000 les chiffres des nouvelles embauches. En février, le secteur des services a largement embauché tandis que le secteur minier en raison des bas prix du pétrole et le secteur manufacturier ont continué de supprimer des emplois.
Grèce, victime d’une guerre euro-FMI
Le dossier grec n’occupe plus la une des journaux mais il n’en est pas pour autant régler. Les représentants de la zone euro et du Fonds monétaire international (FMI) en charge du dossier grec ont du mal à trouver un accord sur les réformes que le Gouvernement grec doit encore mettre en œuvre. Cette absence de consensus pourrait même entrainer un report du déblocage d’une tranche de prêts d’argent frais et de la négociation sur l’allègement de la dette du pays. Logiquement pour éviter un tel blocage, un accord doit intervenir avant la réunion de l’Eurogroupe du 7 mars.
Le FMI demande à ce que l’élaboration d’un troisième plan de sauvetage pour la Grèce soit l’occasion de demander de nouvelles réformes structurelles aux autorités grecques. Le différend porte également sur la nécessité pour le Gouvernement grec de dégager un excédent budgétaire primaire, soit un excédent budgétaire hors charges de la dette, de 3,5 % du produit intérieur brut en 2018 et de le maintenir à ce niveau. Les représentants du FMI sont plus pessimistes que ceux de l’Union concernant les prévisions de croissance. Le FMI considère que l’excédent primaire devrait être de l’ordre de 2 % en 2018 avec les réformes actuellement proposées par Athènes sur la base d’une hypothèse de croissance d’environ un point de pourcentage inférieure aux prévisions de la zone euro. Pour le FMI, Athènes devrait en conséquence avoir un programme de réformes plus ambitieux, notamment dans le domaine le plus politiquement sensible, celui des retraites.
Si le dossier traine, c’est qu’il n’y a pas de réelle urgence d’ici le mois de juillet. En effet, aucun remboursement important n’est prévu d’ici là. Néanmoins, ce bras de fer entre les créanciers pourrait provoquer un retour des tensions autour du dossier grec et des dettes souveraines des pays périphériques.