C’est déjà hier
Le Royaume-Uni en chute libre
Pour la première année de l’entrée en vigueur du Brexit, en retenant le seul deuxième trimestre, le Royaume-Uni connaît la récession la plus sévère de son histoire contemporaine, récession qui est aussi la plus importante d’Europe. Le recul du produit intérieur brut (PIB) au deuxième trimestre a atteint 20,4 %, d’après les données dévoilées par l’Office britannique des statistiques (ONS). Sur la même période, la contraction était de 13,8 % en France, 12,4 % en Italie, ou encore 18,5 % en Espagne. Cette diminution d’un cinquième du PIB au deuxième trimestre s’explique par une arrivée plus tardive de l’épidémie que sur le continent européen. Les Îles britanniques ont été essentiellement touchées à partir du mois d’avril. Pour les autres pays européens, la diminution d’activité était à cheval sur les deux premiers trimestres de l’année 2020.
En retenant le premier semestre, le recul le plus marqué du PIB a été enregistré en Espagne qui devance de 0,6 point le Royaume-Uni.
Cercle de l’Épargne
La baisse du PIB britannique au deuxième trimestre est la conséquence d’un confinement plus long qu’ailleurs. Les pouvoirs publics ont tardé à prendre des mesures, provoquant une large diffusion du virus. Rapporté à la population, le Royaume-Uni compte 70 morts pour 100 000 habitants. Seule la Belgique enregistre un résultat plus mauvais avec 86 morts pour 100 000 habitants. Les autres pays européens ont des ratios inférieurs, : 61 en Espagne, 58 en Italie, 45 en France. La sortie du confinement n’a commencé en Angleterre qu’à compter du 15 juin. Les pubs et les restaurants n’ont repris leurs activités qu’après le 4 juillet. L’Écosse et le Pays-de-Galles ont appliqué des mesures restrictives pour la circulation des personnes encore plus longues, les compétences pour la santé étant au Royaume-Uni décentralisées. Le fort recul du PIB au Royaume-Uni s’explique par l’importance de la consommation et du secteur tertiaire au sein de l’économie insulaire.
Face à cette contraction sans précédent de l’activité, le gouvernement britannique a annoncé des mesures de soutien avec la création d’un système de chômage partiel garantissant 80 % du salaire, dont bénéficiaient, en juillet, plus de neuf millions de personnes. Le nombre de demandeurs d’emploi a néanmoins augmenté de plus d’un million depuis le début de la crise. Le gouvernement a également décidé de financer des tickets de réduction pour inciter les ménages à aller dans les restaurants (réduction de la note de 50 % dans les restaurants du lundi au mercredi au mois d’août dans la limite de 12 euros).
En raison des dépenses déjà engagées, le déficit devrait atteindre 18,5 % du PIB cette année, selon l’agence de notation Moody’s. Malgré tout, la banque d’Angleterre demeure relativement optimiste, espérant un rebond de croissance important d’ici la fin de l’année et un effacement des effets économique de la pandémie avant la fin de l’année 2021. Les experts économiques indépendants sont plus dubitatifs, estimant que le recul du PIB britannique devrait se situer entre -6,6 % et -12 % en 2020 avec un rebond évalué en 2021 entre +1,5 % et +10,3 %.
Rebond logique de la production industrielle en juin
Selon les estimations d’Eurostat, la production industrielle corrigée des variations saisonnières a augmenté de +9,1 % en juin par rapport au mois de mai au sein de la zone euro ainsi et de l’Union européenne. En mai 2020, la production industrielle avait également augmenté après les fortes chutes de mars et avril. En juin 2020, par rapport à juin 2019, la production industrielle a diminué de -12,3 % dans la zone euro et de 11,6 % pour l’Union européenne.
En juin, par rapport à mai, la production au sein de la zone euro a augmenté de +20,2 % pour les biens de consommation durables, de +14,2 % pour les biens d’investissement, de +6,7 % pour les biens intermédiaires, de +4,8 % pour les biens de consommation non-durables et de +2,6 % pour l’énergie. Les plus fortes hausses de la production industrielle ont été enregistrées en Slovaquie (+21,7 %), en Hongrie (+17,1 %) et en Roumanie (+16,3 %). Des baisses ont été encore relevées en Belgique (-1,4 %) et en Finlande (-0,8 %). Sur un an, les baisses les plus marquées ont été relevées en Portugal (-14,8 %), en Allemagne et en Espagne (-14,1 % chacune) et en Italie (-13,7 %). Une hausse de 4,5 % a été observée en Irlande. Pour la France, le recul atteint 12,1 %. Au mois de juillet, l’écart s’est réduit mais reste supérieur à 7 %. L’atonie du commerce international et les contraintes sanitaires ainsi que les problèmes d’approvisionnement expliquent cette sous-production.
L’emploi en France, des illusions d’optique
Au deuxième trimestre, selon l’INSEE, le nombre de chômeurs au sens du Bureau International du Travail a baissé de 271 000, à 2,0 millions de personnes. Le taux de chômage s’est ainsi contracté de 0,7 point sur un trimestre passant à 7,1 % de la population active en France (hors Mayotte). Cette baisse succède à celle du premier trimestre qui avait été de -0,3 point. Sur un an, le taux de chômage a diminué de 1,3 point. Le taux de chômage diminue nettement pour les 25-49 ans (-0,8 point) et les 50 ans et plus (-1,0 point). Il diminue plus fortement pour les femmes (-1,1 point) que pour les hommes (-0,3 point). Il augmente en revanche fortement pour les moins de 25 ans (+1,8 point).
Cercle de l’Épargne – données INSEE
Cette baisse est technique ; elle est imputable à la méthode de comptabilisation des chômeurs. Est considéré comme chômeur au sens du Bureau international du travail (BIT), toute personne âgée de 15 ans ou plus qui satisfait aux trois critères cumulatifs suivants :
- est sans emploi pendant une semaine donnée ;
- est disponible pour travailler dans les deux semaines à venir ;
- a effectué, au cours des quatre dernières semaines, une démarche active de recherche d’emploi ou a trouvé un emploi qui commence dans les trois mois.
Avec le confinement, de nombreuses personnes étaient dans l’impossibilité d’effectuer des démarches de recherche d’emploi, ce qui explique la baisse du nombre de chômeurs. En revanche, le halo autour du chômage s’envole au deuxième trimestre. Ainsi, parmi les personnes inactives au sens du BIT, 2,5 millions souhaitaient un emploi sans être considérées au chômage. Leur nombre a progressé 767 000 du premier au deuxième trimestre. Au premier, une hausse de 44 000 avait déjà été enregistré. La très forte augmentation du halo concerne principalement les personnes inactives qui se déclarent disponibles pour travailler mais ne sont pas en recherche active d’emploi (+709 000). La part du halo dans la population des 15-64 ans augmente ainsi de 1,9 point sur le trimestre (+2,2 points sur un an), à 6,0 %, son plus haut niveau depuis que l’INSEE le mesure (2003).
Avec la multiplication du temps partiel et l’arrêt de nombreux CDD, au deuxième trimestre, le sous-emploi était la règle pour 20,0 % des personnes en emploi (+12,0 points), un niveau inédit depuis que l’INSEE le mesure (1990). Cette augmentation est également la conséquence de la mise en œuvre du dispositif de chômage partiel institué par les pouvoirs publics. L’augmentation de la part du sous-emploi touche aussi bien les femmes (+11,8 points, à 21,4 %) que les hommes (+12,3 points à 18,7 %).
Selon l’INSEE, au total, près d’un participant au marché du travail sur trois (personne active ou dans le halo autour du chômage) se trouve au deuxième trimestre 2020 contraint dans son offre de travail, soit par l’absence d’emploi (au chômage ou dans le halo autour du chômage), soit en situation de sous-emploi. Cette proportion est ainsi passée de 11,8 points à 31,7 %.
Une forte baisse du taux d’emploi
En moyenne au deuxième trimestre, le taux d’emploi des 15-64 ans a diminué de 1,6 point à 64,4 %, après une stabilité au premier trimestre. Il atteint son plus bas niveau depuis début 2017. Toutes les catégories d’âge et de sexe sont concernées. La baisse est certes plus marquée pour les jeunes (-2,9 points, à 26,6 %), dont le taux d’emploi atteint un plus bas historique depuis que l’INSEE le mesure (1975). Le non-renouvellement des contrats à durée déterminée et des missions d’intérim les a particulièrement touchés. La baisse du taux d’emploi est également plus accentuée pour les hommes (-2,0 points) que pour les femmes (-1,2 point)
Réduction du volume d’heures effectuées
Le nombre moyen d’heures hebdomadaires travaillées par emploi a baissé de 12,9 % au deuxième trimestre, après -4,8 % le trimestre précédent, portant à -18,0 % la baisse sur un an.
Le taux d’emploi à temps complet a de ce fait diminué de 1,2 point pour s’établir à 53,5 % au deuxième trimestre. Le taux d’emploi à temps partiel diminue plus de 0,4 point, à 10,9 %, son plus bas niveau depuis 2009.
Le taux d’emploi en contrat à durée indéterminée (CDI) des 15-64 ans atteint 49,2 % au deuxième trimestre. Il diminue de 0,3 point sur le trimestre après une quasi-stabilité (+0,1 point) le trimestre précédent. Sur un an, il est quasi stable (-0,1 point). Surtout, le non-renouvellement des contrats à durée limitée pendant la période de confinement entraîne une forte baisse du taux d’emploi en contrat à durée déterminée (CDD) ou en intérim, qui diminue de 1,2 point sur le trimestre et de 1,1 point sur un an. À 6,4 %, il se situe mi-2020 1,7 point au-dessous de son plus haut niveau atteint fin 2017.
Diminution historique du taux d’activité
Le taux d’activité qui mesure le nombre de personnes en emploi et en recherche d’un emploi est en nette diminution. À 69,4 %, le taux d’activité des 15-64 ans atteint son plus bas niveau depuis 2007. Il diminue de 2,3 points au deuxième trimestre 2020, après une légère baisse au trimestre précédent (-0,2 point).
Avec la fin du confinement et la réduction du chômage partiel, l’appréciation du choc de la crise sanitaire sur l’emploi sera plus facile à analyser. D’un côté, la reprise de la consommation traduit un réel rebond de l’économie ; de l’autre, certains secteurs, le tourisme, la culture, le transport, sont toujours à la peine. La France comme les autres pays d’Europe ont privilégié le chômage partiel quand les États-Unis ont opté pour une politique de soutien des demandeurs d’emploi. Pour le moment, les politiques européennes ont empêché une explosion du taux de chômage au risque d’avoir une vague de licenciements en automne quand les États-Unis ont assumé une forte hausse de ce taux en comptant sur un rapide retour des créations d’emploi. Le gouvernement américain parie sur la flexibilité du marché du travail quand en Europe, la priorité a été donné à la survie des entreprises et des emplois qu’elles portent.
Petite reprise des prix, post confinement
Au mois de juillet, en France, l’indice des prix à la consommation (IPC) s’est élevé, selon l’INSEE, à +0,4 % sur un mois, après +0,1 % en juin. Cette hausse résulte d’un renchérissement des services (+0,9 % après +0,3 %), d’une légère augmentation des prix du tabac (+0,1 % après une stabilité en juin) et d’une stabilité des produits manufacturés après une baisse de -0,3 % le mois dernier. En revanche, le recul des prix des produits alimentaires qui avaient augmenté durant le confinement s’accélère (-0,9 % après -0,8 %). De leur côté, les prix de l’énergie progressent moins vite à +1,0 % après +1,8 %. Corrigés des variations saisonnières, les prix à la consommation augmentent de 0,7 % en juillet, après +0,1 % en juin. L’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) augmente de 0,4 % sur un mois, après +0,1 % le mois précédent.
Cercle de l’Épargne – données INSEE
Sur un an, les prix à la consommation passent du mois de juin à celui de juillet de +0,2 à +0,8 %. Cette hausse de l’inflation résulte d’un net rebond, sur un an, des prix des produits manufacturés, en lien avec le décalage des soldes d’été, et d’une moindre baisse des prix de l’énergie. sur un an, l’IPCH accélère à +0,9 %, après +0,2 % en juin
L’inflation sous-jacente calculé en excluant les biens et les services enregistrant de fortes fluctuations (matières premières, énergie, produits agricoles) ainsi que les prix réglementés, augmente en juillet, à +1,4 % sur un an, après +0,3 % le mois précédent.