C’est déjà hier
Près de 600 000 emplois perdus sur un an en France
L’économie française a enregistré au deuxième trimestre 215 200 destructions nettes d’emplois dont 158 200 dans le privé et 57 100 dans le public. Hors intérim, la perte est de 323 000 emplois. Au premier trimestre, 499 700 emplois avaient été perdus. Le niveau de l’emploi est à fin juin 2020 équivalent à celui de fin mars 2017. Sur un an, l’emploi salarié chute de 572 900, soit −2,3 % (−513 800 dans le privé et −59 100 dans la fonction publique).
Dans le secteur marchand non agricole, l’emploi a chuté sur le premier semestre 3,6 % correspondant à la plus forte baisse semestrielle enregistrée sur cette série. À titre de comparaison, au cœur de la crise économique de 2008/2009, l’emploi salarié marchand non agricole avait baissé de 1,7 % entre septembre 2008 et mars 2009.
Cercle de l’Epargne – données INSEE
Avec le déconfinement, l’intérim est en hausse de 23 % au deuxième trimestre, soit +108 100 emplois. De nombreuses entreprises, en phase de redémarrage ont fait appel à des intérimaires. Cette hausse compense en partie la chute historique du premier trimestre, -40 % (soit −318 600 emplois). Les statistiques à fréquence mensuelle « ) montrent que l’emploi intérimaire se redresse dès le mois de mai et poursuit sa hausse en juin. Néanmoins, il demeure nettement au-dessous de son niveau de l’année précédente, −27,1 %, soit 215 300 destructions d’emplois sur un an.
Au deuxième trimestre 2020, l’emploi industriel hors intérim recule de 0,9 % (−28 400 emplois) après −0,3 % au trimestre précédent (soit −10 400 emplois). Sur un an, l’emploi baisse de 1,2 % dans ce secteur, soit 37 300 destructions nettes d’emplois.
Dans la construction, l’emploi salarié hors intérim se stabilise après −0,2 % au trimestre précédent (−3 400 emplois). Sur un an, l’emploi demeure plus élevé qu’un an auparavant, +1,4 % soit +19 100 emplois.
Dans les services marchands, l’emploi salarié baisse de 0,9 % soit 110 600 destructions nettes, après une chute de 3,7 % au trimestre précédent (−466 500) qui était largement le fait de l’intérim. Hors intérim, l’emploi dans les services marchands se contracte de nouveau fortement de −1,9 % soit −218 700 emplois, après −1,3 % au trimestre précédent (−147 900 emplois). La baisse de ce premier semestre 2020 annule les hausses des deux dernières années et l’emploi dans les services marchands hors intérim retrouve quasiment son niveau de fin 2017. Hors intérim, l’emploi salarié se contracte dans la totalité des secteurs d’activité. Sans surprise, la baisse est forte dans l’hébergement-restauration (−7,6 % soit −82 800 emplois, retrouvant ainsi son plus bas niveau depuis début 2015). L’emploi du secteur des « services aux ménages » diminue de −2,9 % soit −37 000, à son plus bas depuis fin 2005. L’emploi au sein du secteur des transports se contracte de −1,3 % soit −18 100 et celui du commerce de −0,9 % soit −29 100.
L’emploi salarié dans les services principalement non marchands chute de 0,9 % au deuxième trimestre 2020, soit 71 800 destructions d’emploi, après une baisse modérée (−0,2 %) au trimestre précédent. Il retrouve son plus bas niveau depuis le troisième trimestre 2014. Cette baisse provient principalement de l’emploi public, qui chute de 1,0 % (−57 100) après une quasi-stabilité au premier trimestre (−0,1 %). Les collectivités publiques n’ont pas renouvelé de nombreux contrats. Dans la fonction publique aussi, la crise sanitaire a limité le renouvellement de contrats à durée limitée (contractuels, vacataires, etc.).
Cercle de l’Epargne – données INSEE
Deux techniques à l’œuvre au sujet de l’emploi au sein de l’OCDE
Le taux de chômage des pays de la zone OCDE a diminué à 7,7 % en juillet 2020, contre 8.0% en juin, mais restait 2.5 points au-dessus du taux observé en février.
Dans la zone euro, le taux de chômage augmentait en juillet pour le quatrième mois consécutif, à 7,9 % (contre 7,7 % en juin et 7,3 % en février), avec des hausses de 0.3 point de pourcentage ou plus en France, Irlande, Italie et Portugal. Au Japon, le taux de chômage augmentait légèrement, à 2,9 % contre 2,8 % en juin, et est maintenant 0.5 point plus élevé qu’en février. En revanche, au Canada et aux États-Unis, le taux de chômage baissait fortement en juillet de 1,4 et 0,9 point respectivement à 10,9 % et 10,2 %. Toutefois, en juillet, les taux de chômage restaient, respectivement, 5,3 et 6,7 points plus élevés qu’en février. Des données plus récentes pour le mois d’août se référant à la semaine se terminant le 15 août indiquent que le nombre de mises à pied temporaire a continué de baisser, entrainant une nouvelle baisse du chômage au Canada (à 10,2 %) et aux États-Unis (à 8,4 %). Ces résultats soulignent la différence d’approche des deux Etats d’Amérique du Nord par rapport à ceux de l’Europe. Les premiers ont accepté un grand nombre de licenciements dès le début des confinements quand les seconds ont préféré recourir au chômage partiel. Chez les premiers, l’aide de l’Etat s’est concentrée sur les chômeurs quand chez les seconds, l’appui prenait la forme d’un maintien plus ou moins importants des revenus.L