C’est déjà hier
La réunification allemande, trente ans déjà
La partition de l’Allemagne enfantée par l’opposition idéologique et géopolitique entre l’Occident et l’URSS après la Seconde Guerre mondiale avait fini par arranger bien des pays. La formule de François Mauriac, « J’aime tellement l’Allemagne que je suis ravi qu’il y en ait deux » était largement partagée. Les Allemands s’étaient faits, de leur côté une raison. La réunification « wiedervereinigung » était un sujet de discussion, un rêve, mais restait purement théorique et inatteignable. Il a fallu un concours de circonstances, la déliquescence de l’intérieur des régimes communistes d’Europe de l’Est et l’inaction fataliste de l’URSS pour permettre la réunification. Le talent du Chancelier Helmut Kohl, qui était alors souvent critiqué, s’est révélé lors de ce moment unique. la Première Ministre, Margaret Thatcher, violemment opposée à l’Allemagne réunifiée, a cherché à recruter François Mitterrand pour bloquer le processus. Par sa culture et sa formation, ce dernier était au fond de lui-même très méfiant et a essayé aussi longtemps que possible de maintenir en vie la RDA. Devant la réalité du terrain, il a changé de position et s’est rallié à Helmut Kohl. Le Président du Conseil italien, de l’époque, Giulio Andreotti, était également très inquiet de la fusion des deux Allemagne. Parmi les dirigeants européens, seul Felipe González, alors Premier ministre espagnol, soutenait sans équivoque une Allemagne unie.
L’unification allemande, effective le 3 octobre 1990, intervient moins d’un an après la chute du Mur de Berlin qui a eu lieu le 9 novembre 1989. Durant ce laps de temps, le Chancelier allemand dut négocier tout à la fois avec l’URSS, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France. Il dut également rassurer les pays d’Europe de l’Est dont, en premier lieu, la Pologne avec la reconnaissance de la frontière Oder Neisse. Cette réunification est dans les faits une absorption des Länder de l’Est par la République fédérale. Ils sont intégrés, par ricochet, à l’Union européenne et à l’OTAN. La grande Allemagne était néanmoins une source de craintes. Selon les termes de Henry Kissinger, elle était « trop grand pour l’Europe, trop petit pour le monde ».
Le 3 octobre 2020, l’Allemagne unifiée a fêté son 30e anniversaire. Les craintes plus sombres des partenaires européens de l’Allemagne ne se sont pas réalisées. Forte de sa bonne gestion et de ses résultats économiques, l’Allemagne demeure pourtant très discrète, voire trop discrète, au niveau international.
Dans un essai publié en 2019, Thomas Bagger, un fonctionnaire du gouvernement allemand, a soutenu que l’Allemagne post-réunification avait adopté une lecture naïve de la thèse de Francis Fukuyama sur la « fin de l’histoire ». Les gouvernements successifs ont plaidé pour une politique de la conciliation tournant le dos à un passé brutal. Privilégiant le multilatéralisme, la diplomatie allemande a néanmoins veillé à ce que ses intérêts coïncident avec ceux de l’Union européenne. En jouant sur les divisions et la répulsion qu’inspire chez nombre d’États les positions françaises, les autorités allemandes ont, tout en valorisant autant que possible le couple franco-allemand, imposé leur vision privilégiant les relations commerciales. L’objectif d’une «Europe unie» a même été inséré dans la constitution. Un général de la Bundeswehr a déclaré qu’il espérait voir les troupes allemandes prêter serment de loyauté à un drapeau européen. L’abandon du deutschemark a été chèrement négocié notamment avec l’adoption de critères de bonne gestion et l’instauration d’une banque centrale indépendante. Après des années 2000 compliquées par la modernisation des Länder de l’Est, l’Allemagne a réussi, en partie grâce aux réformes de Gerhard Schröder, à devenir de loin la première puissance de l’Union européenne dans les années 2010. La crise grecque a provoqué une montée d’un sentiment anti-européen inconnu depuis 1949. Un sondage réalisé en 2010 indiquait que 44 % des Allemands voulaient le retour du deutschemark. Face à ce mouvement d’opinion, les dirigeants n’ont pas changé de route mais le discours vis-à-vis des États du Sud s’est durci. Wolfgang Schäuble, l’actuel Président du Bundestag, qui a longtemps été Ministre des Finances, aimait à rappeler qu’il ne fallait jamais demander à l’Allemagne de payer car de toute façon elle serait obligée de le faire. Il prônait l’appui en silence pour éviter une montée des oppositions à l’intérieur et à l’extérieur des frontières. Cette diplomatie en creux a été souvent mal comprise par les autres États membres. Ainsi, en 2011, quand la crise de l’euro fait rage, Radek Sikorski, le ministre polonais des Affaires étrangères, avait déclaré craindre l’inactivité allemande plus que sa puissance.
À partir des années 2015, l’Allemagne s’affranchit de plus en plus des règles de prudence qu’elle s’était imposée. Ainsi, le gouvernement allemand, à la surprise générale, a ouvert ses frontières aux migrants pour les refermer quelques mois plus tard après la signature d’un accord bilatéral avec la Turquie. Cette volteface a incité les dirigeants à opter à nouveau pour une politique plus discrète. Le durcissement des États-Unis à l’encontre de l’Europe avec, à la clef, une diminution des effectifs militaires en Allemagne ainsi que le Brexit ont bouleversé en quelques années le cadre d’action de la politique extérieure. En outre, la dérive autoritaire de plusieurs États d’Europe de l’Est a modifié les rapports de force au sein de l’Union. L’image d’une Europe pacifique, unie, commerçante s’est ébréchée.
Les relations avec la Chine se sont également compliquées redorant l’importance du marché intérieur européen. Angela Merkel a été contrainte et forcée de jouer à nouveau la carte française par crainte d’un isolement qui pouvait s’avérer à termes coûteux. Elle a défendu avec âpreté le plan européen de relance de 750 milliards d’euros. Les aides seront en partie distribuées en fonction des besoins des États, ce qui marque un tournant par rapport à la crise de 2010/2012.
Au sein des cercles gravitant autour du pouvoir allemand, le débat sur les liens avec les États-Unis demeurent vifs. Nombreux sont ceux qui espèrent l’élection le 3 novembre prochain de Joe Biden à la Présidence des États-Unis afin de revenir au paradigme précédent qui reposait sur le pacte transatlantique. Or, depuis des années, les États-Unis ont tendance à s’éloigner de plus en plus de l’Europe, quelles que soit les présidences. Les autorités allemandes pensent néanmoins qu’une majorité démocrate pourrait imposer un engagement renouvelé en faveur des accords multilatéraux, tels que l’accord de Paris sur le climat et l’Accord nucléaire iranien.
La question de la défense est un sujet complexe outre-Rhin. La grande partie de la sécurité du pays reste assurée par les Américains. Même si les dépenses de défense de l’Allemagne augmentent rapidement, elles restent loin de l’objectif de l’OTAN de 2 % du PIB. Certaines parties de ses forces armées ne sont pas adaptées aux besoins. Le durcissement des relations internationales nécessite une révision de la stratégie de défense, ce qui est complexe à mener tant sur le plan intérieur que vis-à-vis d’un certain nombre d’États européens qui craignent tout la Russie que l’Allemagne.
Trente ans plus tard, la réunification allemande reste un succès retentissant. Avec seulement trois chanceliers en trois décennies, la nouvelle Allemagne s’est fait le champion de l’expansion de l’Union européenne vers l’Est et de la création de l’euro. Elle a dessiné sans le dire les grands axes de la politique internationale de l’Europe. Avec plusieurs législatures marquées par des grandes coalitions, l’Allemagne est devenue une championne du consensus. Le remplacement d’Angela Merkel en 2021 sera un moment charnière pour le pays et l’Europe. Cette dernière aura été pendant 15 ans Chancelière et aura ainsi vu passer quatre Présidents de la République français. Son successeur sera certainement invité (ou incité ?) à infléchir les positions de son pays en particulier vis-à-vis de la Russie, de la Chine et des États-Unis. L’administration allemande commence déjà à évoluer sur plusieurs dossiers sensibles comme la construction de Nord Stream 2, un gazoduc reliant la Russie et l’Allemagne, ou l’implantation des antennes Huawei pour la 5Gmmunications.
Sur le terrain purement européen, l’Allemagne avec le départ des Britanniques et compte tenu des problèmes liés à la crise sanitaire, devra assumer son rôle de premier de cordée et s’exposer aux réactions des autres États membres. Elle ne pourra plus vivre cachée comme lors de ces trente dernières années.
Forte chute du travail en Europe au 2e trimestre
Au cours du deuxième trimestre, le marché du travail de l’Union européenne a été touché par les mesures prises par les États membres dans le contexte de la Covid-19 comme le chômage partiel rendant difficile l’appréciation des indicateurs en particulier le taux de chômage. Ainsi, le taux de chômage de l’Union corrigé des variations saisonnières était de 6,5 % au deuxième trimestre, en hausse de 0,3 point par rapport au taux de 6,3 % au premier trimestre 2020. De nombreux actifs ne pouvant pas chercher du travail ou n’étant pas disponibles en raison des mesures de confinement, n’ont pas pu être comptabilisés comme des chômeurs. Afin de mesurer les conséquences de la crise, Eurostat suit des indicateurs plus adaptés comme le taux d’emploi. L’institut statistique européen estime ainsi que la sous-utilisation de la main d’œuvre a été en hausse de 1,2 point de pourcentage au deuxième trimestre au sein de l’Union européenne (UE). La sous-utilisation de la main d’œuvre dans l’UE corrigée des variations saisonnières, qui inclut un besoin d’emploi non satisfait, s’élevait à 29,6 millions de personnes, ce qui représente 14,0 % de la population active élargie au deuxième trimestre 2020, contre 12,8 % au premier trimestre 2020. Il s’agit de la plus forte augmentation en glissement trimestriel depuis le début de la série temporelle en 2008. Le taux d’emploi a baissé de son côté de 1,0 point de pourcentage à 72 %. Au deuxième trimestre. Il s’agit de la plus forte baisse en glissement trimestriel depuis le début de la série temporelle en 2000.
Une augmentation des absences
Au deuxième trimestre, un total de 40,9 millions de personnes étaient absentes du travail dans l’UE, soit une augmentation de 18,6 millions par rapport au premier trimestre. Cette augmentation est presque exclusivement due à une forte augmentation du nombre de personnes en mise à pied temporaire, qui est passé de 2,4 millions à 19,3 millions. Le nombre de personnes absentes du travail pour d’autres raisons que la mise à pied temporaire, les vacances ou le congé de maladie a augmenté de 4,9 millions à 7,8 millions entre les deux trimestres.
Une baisse des heures travaillées
Le nombre total d’heures travaillées effectives a chuté au sein de l’UE entre le premier trimestre 2020 et le deuxième trimestre. Le niveau d’heures totales travaillées effectives est influencé par le nombre total de personnes au travail, ainsi que par le nombre d’heures travaillées par chacune de ces personnes. Au deuxième trimestre, le nombre total d’heures travaillées effectives a atteint des records à la baisse tant pour les femmes que pour les hommes. Les femmes ont été plus durement touchées que les hommes, avec une baisse de 103 à 90 points d’indice entre le premier trimestre et le deuxième trimestre 2020, contre une baisse de 93 à 83 pour les hommes.