C’est déjà hier – croissance et territoire – consommation – inflation
Les inégalités de revenu et la carte des territoires
En 2018, en France métropolitaine, en Martinique et à La Réunion, le niveau de vie annuel médian de la population (niveau de revenu partageant la population en deux) s’élevait à 21 650 euros. Le revenu disponible mensuel était donc de 1 800 euros pour une personne seule ou de 3 790 euros pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans.
Au niveau des régions, le niveau de vie médian était plus élevé en Île-de-France (23 860 euros par an) et en Auvergne-Rhône-Alpes (22 480 euros), régions affichant les produits intérieurs bruts (PIB) par habitant les plus importants. Les départements aux niveaux de vie médians les plus élevés faisaient partie de ces deux régions, avec en premier lieu Paris (28 270 euros) suivi par les Hauts-de-Seine (28 040 euros), les Yvelines (26 810 euros) et la Haute-Savoie (26 600 euros). La part de frontaliers travaillant en Suisse (120 000 salariés) expliquait en partie le niveau de vie médian élevé de ce dernier département. Figuraient en tête de classement, les départements abritant la plupart des capitales régionales, ainsi que d’autres départements situés dans le Bassin parisien et le long des frontières allemande et suisse.
À l’opposé, les niveaux de vie médians étaient les plus faibles à La Réunion, en Martinique et en Seine‑Saint‑Denis (inférieurs à 18 000 euros), et, dans une moindre mesure, dans le Pas-de-Calais, l’Aude, les Pyrénées-Orientales et la Creuse (entre 18 000 et 19 500 euros).
Au niveau des établissements publics de coopération intercommunale (métropoles, communautés urbaines, communautés de communes, communautés d’agglomération, etc.), les niveaux de vie médians sont plus élevés dans les zones littorales, notamment celles du Sud-Est, les zones frontalières, en particulier avec la Suisse, et dans certains EPCI de la région parisienne.
Le niveau de vie médian était plus faible dans les pôles (21 000 euros par an), notamment au sein des communes-centres (20 220 euros) et dans les couronnes (22 430 euros). Pour chacune de ces catégories de communes, le niveau de vie augmente avec la taille des aires. Il était ainsi le plus élevé (22 660 euros) dans les aires de 700 000 habitants ou plus hors Paris, en particulier dans leurs couronnes (23 730 euros). Dans l’aire d’attraction de Paris, le niveau de vie médian est de 23 740 euros. Il était plus faible que le niveau national dans les communes situées hors attraction des villes (20 410 euros).
Le rapport interdécile entre les 10 % les plus modestes et les 10 % les plus riches, s’établissait, en 2018, à 3,5 pour l’ensemble France métropolitaine, la Martinique et La Réunion. II atteignait 6,4 à Paris, 5 dans les Hauts‑de‑Seine et 4,4 à La Réunion. Si en Île‑de‑France, les inégalités sont principalement dues aux niveaux de vie élevés des plus aisés, dans les départements d’outre-mer (DOM), elles sont plutôt liées aux faibles revenus des plus modestes. À l’opposé, les inégalités étaient les plus faibles dans les Pays de la Loire et en Bretagne (2,8), régions où les niveaux de vie se concentrent plus autour de la médiane. La Vendée et la Mayenne sont les départements français où les inégalités sont les plus faibles. Au niveau intercommunal, les inégalités apparaissent plus fortes dans les grandes villes et le long des frontières suisse et luxembourgeoise.
En 2018, le taux de pauvreté en France métropolitaine, à la Martinique et à La Réunion était en moyenne de 14,6 %. Avec des taux ne dépassant pas 10 %, les situations de pauvreté étaient moins fréquentes en Haute‑Savoie, en Vendée, dans les Yvelines et en Savoie. À l’opposé, le taux de pauvreté est le plus élevé à La Réunion (38,9 %), en Martinique (29,8 %) et en Seine‑Saint‑Denis (28,4 %). La pauvreté était également marquée, mais dans une moindre mesure, en Haute‑Corse, dans les départements du Nord et du pourtour méditerranéen.
Quelle que soit la taille de l’aire d’attraction, le taux de pauvreté était bien plus élevé dans le pôle que dans la couronne. Il y est près du double, sauf dans les aires de moins de 50 000 habitants où l’écart est moins prononcé. La pauvreté était particulièrement élevée dans les communes‑centres où un habitant sur cinq est en situation de pauvreté. Elle était moins fréquente en dehors des aires d’attraction (taux de pauvreté de 14,7 %) que dans les pôles (18,9 %), mais restait toutefois nettement plus marquée que dans les couronnes (10,6 %).
L’Île‑de‑France concentrait, en 2018, près de la moitié des personnes à très hauts revenus. Les salaires, les revenus du patrimoine et les impôts y étaient supérieurs à ceux de l’ensemble des autres régions. À l’inverse, la part des pensions et retraites y était moins élevée que dans les autres régions métropolitaines, en lien avec une moindre présence de retraités. À La Réunion et en Martinique, ces pensions, retraites et rentes représentaient également une part encore plus faible du niveau de vie moyen, 15,8 % contre 24,3 % en métropole. Le nombre des retraités y est plus faible tout comme le montant des pensions. À l’inverse, la part des prestations sociales y était plus forte : 16,3 % contre 6,0 % en moyenne.
Commerce de proximité, un secteur aux multiples contrastes et difficultés
En 2015, l’INSEE a dénombré 7 951 pôles du commerce de proximité situés en France métropolitaine et à La Réunion. Ils sont constitués d’établissements du commerce de détail, mais aussi de services de la vie courante (restauration et débits de boisson, soins corporels, équipement de la personne et de la maison, réparation d’automobiles, etc.). Ces pôles représentent trois quarts des emplois et plus de six établissements sur dix du commerce de proximité. En moyenne, un pôle compte 56 établissements et 300 salariés. La majorité des établissements se situent au sein des grandes agglomérations. À lui seul, le pôle de Paris concentre 13 % des établissements et des emplois des pôles de commerce de proximité.
Centre-ville et périphérie, des commerces différents
Les pôles commerciaux sont divisés en deux catégories, les pôles de centre-ville et ceux de périphérie. Les pôles de périphérie représentent 62 % des pôles. Ils sont composés de plus grands établissements. Ils concentrent 65 % de la surface commerciale et 45 % des emplois pour 23 % des établissements. A contrario, les pôles de centre-ville sont constitués d’établissements plus petits, proches d’une zone d’habitat importante et du centre de la commune. Ces dernières années, avec la métropolisation, les établissements commerciaux se sont développés essentiellement en périphérie même si la grande distribution a réinvesti les centres-villes avec le développement de chaînes de proximité comme Carrefour Market, Monoprix ou Franprix.
Les emplois salariés des pôles commerciaux de périphérie sont davantage structurés autour du commerce alimentaire, de l’équipement de la maison et du commerce et de la réparation d’automobiles, tandis qu’ils sont répartis de façon plus homogène dans les pôles de centre-ville. En centre-ville, la restauration et les débits de boissons emploient, selon l’INSEE, 25 % des salariés des pôles, contre seulement 12 % dans les pôles de périphérie. À l’inverse, en périphérie, 38 % des salariés du commerce de proximité travaillent dans le commerce de détail alimentaire, contre 20 % en centre-ville. Les agences bancaires et immobilières sont surreprésentées en centre-ville. Elles y sont à l’origine de 13 % des emplois du commerce, contre 1 % dans les pôles de périphérie. En revanche, l’équipement de la maison représente 20 % des emplois salariés des pôles de périphérie, contre 9 % en centre-ville.
Les cœur des villes de moins de 200 000 habitants en difficulté
Le commerce de proximité a connu une période de croissance entre 2009 et 2015, l’effectif salarié y augmentant de 1,2 % par an. Les créations d’emploi ont été avant tout réalisées en périphérie (+2,3 % par an) quand elles ont été étales en centre-ville (+ 0,2 %). Près de 40 % des centres-villes avaient connu, sur cette période, une diminution des effectifs travaillant dans le commerce. Les communes en croissance démographique ou qui sont de nature touristique s’en sortent mieux que les autres.
Depuis 2015, la situation s’est dégradée en particulier en centre-ville et dans certains pôles commerciaux en périphérie. La crise sanitaire a entraîné la fermeture de nombreux commerces.
Le décrochage du commerce de centre-ville est marqué dans les petites et moyennes villes. Il est net dans les villes de moins de 200 000 habitants. L’effectif salarié des commerces de proximité a pu baisser de près de 10 % en six ans dans certaines villes comme Châlons-en-Champagne ou Mont-de-Marsan.
Le secteur du commerce évolue depuis trois ans dans un environnement très difficile. La crise des gilets jaunes, les manifestations concernant la réforme des retraites et la pandémie ont fragilisé le tissu commercial français avec, en parallèle, la montée en puissance de l’e-commerce. La politique des pouvoirs publics de soutien aux commerces de centre-ville et de proximité n’a pas réussi à enrayer le mouvement de liquidation. Paris est la ville la plus touchée en ayant été concernée en première ligne par ces trois crises. Par rapport à 2017, le chiffre d’affaires du secteur serait en recul dans la capitale de près de 25 %. Cette baisse s’explique par la chute du tourisme et la généralisation du télétravail. Les quartiers les plus pénalisés sont les Champs-Élysées (-38 %), Opéra-Haussmann (-34 %), le Marais (-27 %) et Saint-Germain/Saint-Michel (-27 %).
L’érosion des pensions de retraite
Selon le service statistique du ministère des Solidarités et de la Santé, fin 2019, la pension moyenne brute de droit direct (y compris la majoration de pension pour trois enfants ou plus) s’élevait à 1 503 euros pour les personnes retraitées résidant en France, contre 1 432 euros pour l’ensemble des retraités des régimes français qui comprend ceux résidant à l’étranger.
Pour les retraités résidant en France, le montant moyen de la pension de droit direct nette des prélèvements sociaux s’élève à 1 393 euros en 2019, et à 1 532 euros en prenant en compte l’éventuelle pension de réversion. La pension de retraite totale nette moyenne, fin 2019, représente 63,2 % du revenu d’activité net moyen de l’ensemble des personnes en emploi.
En 2019, la pension moyenne de droit direct a diminué de 0,4 % en euros constants. Si pour les retraités résidant en France, le montant mensuel moyen de la pension de droit direct a augmenté de 0,3 % en euros courants par rapport à décembre 2018, elle baisse de 1,1 % en euros constants, les prix à la consommation ayant augmenté de 1,5 % durant cette période.
Entre 2014 et 2019, la pension brute de droit direct (majoration pour trois enfants ou plus comprise) des retraités résidant en France a augmenté de 4,5 % en euros courants, mais a baissé de 0,6 % en euros constants. Sur cette période, la revalorisation des pensions a été, en moyenne, inférieure à l’inflation. Entre fin 2014 et fin 2019, les pensions ont ainsi été revalorisées de 1,2 % (en moyenne tous régimes confondus), alors que l’inflation (y compris tabac) a été de 5,1 %, soit un écart de 3,9 points. Cette dégradation a été en partie compensée par l’effet de noria, les anciennes générations de retraités à faible retraite étant remplacées par des générations de jeunes retraités ayant des pensions plus élevées, en particulier en ce qui concerne les femmes.
Le montant moyen de la pension de droit direct (majoration pour trois enfants ou plus comprise) nette des prélèvements sociaux des retraités résidant en France augmente de 1,1 % par rapport à fin 2018 en euros courants, mais diminue de 0,4 % en euros constants. Entre 2014 et 2019, la pension nette de droit direct (majoration pour trois enfants ou plus comprise) des retraités résidant en France diminue de 0,8 % en euros constants, soit un recul un peu plus marqué que celui de la pension brute (-0,6 %) du fait de la hausse de la CSG.
La consommation en panne en avril sur fond de confinement
Fort logiquement, les dépenses de consommation des ménages ont nettement diminué en avril, ce mois ayant été intégralement confiné (mise en place effective à partir du 3 avril sur tout le territoire). Le recul a été de 8,3 % en volume par rapport au mois de mars. Cette baisse provient principalement des achats de biens fabriqués (–18,9 %). Les dépenses en énergie, du fait d’un printemps maussade ont faiblement reculé (–0,6 % après +1,6 %). La consommation alimentaire a également peu diminué (–0,2 % après +0,7 %).
Les dépenses sont ainsi inférieures de 9,5 % à leur niveau moyen du quatrième trimestre 2019. Ce recul de la consommation est toutefois moins fort que celui observé lors du premier confinement en avril 2020 (–31,4 %) ou lors du deuxième confinement en novembre 2020 (–13,6 %). Un plus grande nombre de commerces sont restés ouverts. En outre, les Français se sont adaptés en recourant au e-commerce.
Lente augmentation de l’inflation en France
L’inflation en France comme dans la zone euro progresse lentement avec la reprise de l’activité. Elle reste néanmoins en-dessous de celle des Etats-Unis. Ainsi, sur un an, selon l’estimation provisoire réalisée en fin de mois par l’INSEE, les prix à la consommation en France augmenteraient de 1,4 % en mai (+1,2 % le mois précédent). Cette hausse de l’inflation résulterait notamment d’une accélération des prix de l’énergie. Les prix des produits manufacturés seraient stables après une baisse en avril. Le recul des prix de l’alimentation serait légèrement moins marqué que le mois dernier. Les prix des services et ceux du tabac ralentiraient.
Sur un mois, les prix à la consommation augmenteraient de 0,3 % en mai après +0,1 % en avril. Les prix des services accéléreraient dans le sillage de ceux des services de communication et de transports. Les prix des produits manufacturés et ceux de l’énergie rebondiraient par rapport au mois précédent. Les prix de l’alimentation progresseraient au même rythme qu’en avril et ceux du tabac seraient stables.
Sur un an, l’indice des prix à la consommation harmonisé augmenterait de 1,8 % après +1,6 % en avril. Sur un mois, il croîtrait de 0,4 % après +0,2 % le mois précédent.