15 mai 2021

C’est déjà hier : croissance et territoires – production industrielle – inflation

L’Île-de-France fortement touchée par la crise sanitaire

La crise sanitaire a touché plus durement certains territoires français que d’autres. La Corse avec l’importance du secteur touristique figure parmi les régions qui ont enregistré une forte baisse de leur PIB depuis le mois de mars 2020. L’Île-de-France pointe également parmi les principales régions perdantes. Très ouverte sur l’international, elle a subi tout à la fois une chute de son activité touristique et une réduction des échanges. La fermeture des activités touristiques et culturelles a été fortement ressentie dans cette région de 12 millions d’habitants.

Les résultats publiés le 10 mai dernier par l’INSEE témoignent de la violence du premier confinement sur les activités des entreprises. Le recul de chiffre d’affaires des sociétés a été de 16 % au 1ᵉʳ semestre 2020 par rapport à la même période de 2019. En Île-de-France, l’activité a reculé de -19 % contre -15 % dans le reste de la France, tant pour les petites sociétés de 10 à 49 salariés (-20 % contre -17 %) que pour les plus grandes de 250 salariés ou plus (-16 % contre -14 %). 38 % des sociétés franciliennes ont enregistré une perte de chiffre d’affaires supérieure à 50 % (contre 33 % des sociétés dans le reste de la France) et, réciproquement, un peu moins de 6 % ont vu leur activité se développer (contre 8 %). L’arrêt de la production automobile, les des difficultés rencontrées par la filière aéronautique, ainsi que la contraction des exportations expliquent ce recul. La chute d’activité a été plus forte en île de France que dans le reste de la France en ce qui concerne les transports et tout particulièrement du trafic aérien international, la région disposant des deux principaux aéroports français. Les activités touristiques ont également diminué plus fortement en Île-de-France que dans le reste de la France (-55 % pour l’hébergement contre -37 %, -39 % pour la restauration contre -33 %).

Lors du premier confinement, 34 % des sociétés de 10 salariés ou plus ont suspendu leur activité. Ce pourcentage est un peu plus faible en Île-de-France (32 %),  et un peu plus élevé dans l’Ouest et le Nord-et-Est (36 %). Dans les deux tiers des cas, cette suspension fait suite à une décision ou une recommandation administrative. L’arrêt par décision administrative affecte quasiment à l’identique tous les territoires. Le manque de personnel, les défauts d’approvisionnement ou de débouchés ont moins perturbé le fonctionnement des entreprises. En Île-de-France, les problèmes d’approvisionnement ont deux fois moins souvent causé des fermetures que dans les autres territoires. En effet, l‘industrie et le bâtiment-travaux publics (BTP), plus sensibles à ces questions que les autres activités, y sont relativement moins répandus.

En France, les sociétés ayant suspendu leurs activités ont fermé, en moyenne, pendant 58 jours. Les fermetures ont duré plus longtemps dans les services (74 jours) et, à l’inverse, moins longtemps dans l’industrie (41 jours) et la construction (43 jours). Cette durée ne diffère guère d’un territoire à l’autre, sauf en Île-de-France où elle est la plus longue, quel que soit le secteur d’activité, à l’exception des transports. Les fermetures longues concernent le secteur de la culture et des loisirs ainsi que du tourisme, secteurs dont le poids est important en Île-de-France. De nombreux hôtels sont restés fermés depuis le premier confinement du fait de l’absence de clientèle internationale.

La reprise a été également plus limitée en Île-de-France que dans le reste de la France. Compte tenu de l’importance du secteur tertiaire dans cette région, le télétravail y a été plus pratiqué ce qui a conduit à une diminution sur longue période des activités de transports ou de restauration. Un quart des salariés de l’Île-de-France sont, depuis le premier confinement, en télétravail contre 14 %, en moyenne, en France.

L’île de France, région capitale, a enregistré une forte croissance dans les années 1990/2000 grâce à l’importance de son secteur tertiaire et à la présence des sièges sociaux. Le poids de l’industrie était, en revanche, en recul avec le déclin de l’automobile. Jouant un rôle de carrefour économique tant pour la France que pour l’Europe, la sortie de l’épidémie devrait signifier l’augmentation des échanges et le retour du tourisme qu’il soit d’affaires ou de loisirs. Malgré tout, la capitale est de plus en plus concurrencée par les grandes métropoles (Rennes, Nantes, Lille, Lyon, etc.) et par des villes de 100 000 à 200 000 habitants se situant à moins de deux heures comme Reims, Angers, Mans ou Niort.

Inflation, calme plat en France

En avril, l’indice des prix à la consommation (IPC) augmente de 0,1 % sur un mois, après +0,6 % en mars. Les prix des produits manufacturés (-0,1 % après +1,6 %) et ceux de l’énergie (-0,4 % après +2,2 %) se replient. Les prix du tabac sont stables en avril comme en mars. Les prix des services progressent de 0,1 % comme le mois précédent et ceux de l’alimentation augmentent (+0,6 % après avoir été stables). Corrigés des variations saisonnières, les prix à la consommation sont en hausse de 0,1 % comme en mars.

 Sur un an, les prix à la consommation augmentent de 1,2 %, après +1,1 % en mars. Les prix de l’énergie accélèrent (+8,8 % après +4,7 %) ainsi que ceux des services, mais plus modérément (+1,2 % après +1,1 %). Les prix du tabac augmentent au même rythme que le mois précédent (+5,8 %). La baisse des prix des produits manufacturés se poursuit, sur un an, au même rythme qu’en mars (-0,2 %). Les prix de l’alimentation se replient (−0,3 % après +0,9 %).

L’inflation sous-jacente augmente en avril, à +1,0 % sur un an, après +0,8 % en mars. L’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) ralentit (+0,2 % sur un mois après +0,7 % le mois précédent) ; sur un an, il augmente de 1,6 %, après +1,4 % en mars.

Si aux Etats-Unis, l’accélération de l’inflation est marquée qu’en Europe qui a été confrontés plus longuement à des mesures sanitaires.

INSEE

Production industrielle, rebond post crise sanitaire

La production industrielle a, selon Eurostat, progressé en mars par rapport à février de 0,1 % dans la zone euro et de 0,6 % dans l’Union européenne. Sur un an, les taux respectifs sont 10,9 et 11 %. Cette progression s’explique par la chute de la production au mois de mars 2020 avec les décisions de confinement qui ont été alors prises, notamment en France et en Italie. Les pays comme l’Allemagne qui ont été moins touchés par la première vague n’avaient pas enregistré d’arrêt marqué de leur production ce qui explique de faibles taux de croissance sur un an.

La production de l’Union européenne est revenue à 3 points de son niveau d’avant crise (indice 111 en mars 2021 pour un indice 114 en février 2020) et à 4 points pour la zone euro (indice 108 en mars 2021 et indice 112 pour février 2020).

Sur un mois, parmi les États membres pour lesquels des données sont disponibles, les hausses les plus marquées de la production industrielle ont été enregistrées au Danemark (+4,9 %), en Lituanie (+4,5 %) et en Bulgarie (+3,7 %). Les plus fortes baisses ont été observées au Luxembourg (-4,4 %), en Belgique (-4,0 %) et en Finlande (-2,1 %).

Sur un an, les hausses les plus marquées de la production industrielle ont été enregistrées en Italie (+37,7 %), en Slovaquie (+24,5 %) en Hongrie et en Pologne (+16,3 % chacune). Baisses ont été observées à Malte (-2,8 %) et en Finlande (-2,2 %).

Eurostat