C’est déjà hier – défaillances d’entreprise – inflation
L’inflation continue de gagner du terrain
En mars, l’indice des prix à la consommation, en Allemagne, était, en rythme annuel, en progression de 7,3 %. Il faut remonter à 1981 après le deuxième choc pétrolier pour retrouver un taux plus élevé. Outre-Rhin, les prix de l’énergie ont augmenté en mars, en rythme annuel de 39,5 %. La hausse des coûts du fioul léger s’est élevée à 144 % alors que ceux des carburants et du gaz naturel augmentaient respectivement de 47,4 et 41,8 %. L’Allemagne est le pays d’Europe où l’essence est la plus chère. Dans les rayons des commerces, les prix des produits alimentaires ont enregistré une hausse de 6,2 % en un an. Les consommateurs ont surtout dû payer plus cher les graisses et huiles alimentaires (+17,2 %, dont l’huile de tournesol, de colza ou similaire, +30,0 %). L’Allemagne dépend, pour ces produits des importations ukrainiennes et russes. Les légumes frais ont, par ailleurs, connu une hausse de 14,8 %. En revanche, le plafonnement des loyers a maintenu la hausse des prix du logement à 1,6 %. Les principaux instituts d’études économiques allemands ont revu à la baisse leur prévision de croissance de la première économie d’Europe cette année à 2,7 % contre 4,8 % pour intégrer l’impact de la guerre en Ukraine. Les instituts allemands de recherches en économie restent relativement optimistes, espérant une inflexion de l’inflation cet automne.
Au Royaume-Uni, l’Office national des statistiques (ONS) a annoncé, mercredi 13 avril, qu’en mars l’inflation a atteint 7 % sur un an. Les prix ont notamment été tirés en mars par la hausse de l’essence, mais aussi dans les secteurs de l’ameublement, de l’alimentation et de l’hôtellerie-restauration. L’inflation est, selon l’ONS, à son niveau le plus élevé depuis mars 1992. Elle devrait rester à un haut niveau Outre-Manche dans les prochains mois. Selon les dernières prévisions de l’organisme public de prévisions économiques OBR, publiées fin mars, l’inflation pourrait atteindre un plus haut en 40 ans au dernier trimestre 2022 à 8,7 %, ce qui pèsera sur la croissance. La Banque d’Angleterre entend autant que possible freiner l’envolée des prix en relevant ses taux directeurs. Elle a déjà relevé par trois fois ses taux d’intérêt en quelques mois. Une nouvelle hausse pourrait intervenir en mai. Pour réduire les effets de l’inflation sur le pouvoir d’achat des ménages, le ministre des Finances Rishi Sunak a annoncé fin mars, dans une présentation budgétaire, une baisse de la taxe sur le carburant et un relèvement de la tranche pour être exonéré d’impôt sur le revenu, mesures qui font suite aux 9 milliards de livres d’aides consenties aux ménages les plus modestes déjà annoncées en février.
Aux États-Unis, au mois de mars, l’inflation a atteint 8,5 % sur un an. La hausse des prix à la consommation a été favorisée par la progression des prix des carburants. Elle est son plus haut niveau depuis plus de 16 ans, selon les statistiques officielles. L’indice des prix à la consommation a progressé de 1,2 % le mois dernier.
En France, l’INSEE a confirmé que le taux d’inflation annuel était, en mars, de 4,5 %. Cette hausse marquée de l’inflation résulte de l’accélération des prix de l’énergie (+29,2 % après +21,1 %), de l’alimentation (+2,9 % après +2,1 %) et, dans une moindre proportion des services (+2,3 % après +2,2 %). Les prix des produits manufacturés ralentissent légèrement (+2,1 % après +2,2 %). La baisse des prix du tabac sur un an est de même ampleur qu’en février (-0,1 %).
Sur le seul mois de mars, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 1,4 %, après +0,8 % en février. Les prix de l’énergie accélèrent (+9,0 % après +3,6 %) en lien avec ceux des produits pétroliers (+17,0 % après +5,6 %). Les prix des produits manufacturés (+1,4 % après +0,6 %) et ceux de l’alimentation (+0,9 % après +0,3 %) augmentent également mais dans une moindre mesure. Les prix des services ralentissent (+0,2 % après +0,5 %), notamment en raison du repli des prix des services de transports (-0,9 % après +4,0 %). Corrigés des variations saisonnières, les prix à la consommation sont en hausse de 1,0 %, après +0,7 % en février.
L’inflation sous-jacente (hors prix des matières premières, prix des produits agricole et prix des produits ou services réglementés) augmente au mois de mars de 2,5 % sur un an, comme en février. L’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) croît de 1,6 % sur un mois, après +0,9 % en février ; sur un an, il augmente de 5,1 %, après +4,2 % le mois précédent.
Progression limitée des défaillances d’entreprise en France
Entre janvier et mars, les défaillances d’entreprise auraient augmenté selon le cabinet de conseil Altares. Depuis le début de la crise sanitaire, le nombre de défaillances est à un niveau historiquement bas, moins de 30 000 en rythme annuel fin 2021, contre 50 000 en 2019. Au cours du premier trimestre, le nombre de défaillances aurait progressé de 34 % par rapport à la même période de l’an dernier et serait ainsi repassé au-dessus de 30 000, toujours en rythme annuel. Cette évolution était prévisible. De nombreuses entreprises en difficulté ont pu perdurer du fait des prêts garantis par l’État et des reports de charges. Avec l’arrivée à échéance des prêts et le paiement des charges aux URSSAF, des entreprises pourraient se retrouver en difficulté. Les PME employant entre 10 et 49 salariés sont les plus exposées. Au premier trimestre 2022, près de la moitié des défauts provient de sociétés ayant moins de cinq ans. 20 % des procédures concernent des entreprises de moins de trois ans. Quelques secteurs ont concentré les défauts. Parmi eux, la restauration, le commerce, les services aux particuliers (salons de coiffure, etc.), confrontés en début d’année au variant Omicron et à une consommation en demi-teinte.
Le personnel des tribunaux de commerce s’attend à une augmentation au cœur de l’été du nombre de défaillances avec des entreprises ayant accumulé d’importants passifs sociaux. Les mesures de soutien, PGE et chômage partiel, ont permis à des entreprises de survivre quelques mois de plus mais au prix d’un accroissement de leurs pertes, ce qui pourrait compliquer leur éventuelle reprise. Les défaillances d’entreprise font partie malheureusement de la vie économique. Elles contribuent au renouvellement du tissu. Les empêcher sur des périodes plus ou moins longues peut être coûteux financièrement et socialement.
L’augmentation des coûts provoquée par la guerre en Ukraine pourrait mettre en difficulté certaines entreprises qui n’ont pas la possibilité de la répercuter sur leurs prix de vente. Le ralentissement de la croissance attendue avec la diminution du pouvoir d’achat des ménages pourrait également provoquer une hausse des défaillances d’entreprise. Le cabinet Altares prévoit néanmoins que le nombre de défaillances attendues en 2022 soit inférieur à celui des années antérieures à la crise sanitaire. Il pourrait se situer autour de 35 000, contre 28 400 en 2021. Allianz Trade a retenu, de son côté, une fourchette comprise entre 31 000 et 39 000 en fonction de la portée des sanctions contre la Russie.