C’est déjà hier du 18 mai 2019
Emploi, la France commence à effacer les stigmates de la crise
Petit à petit, la France se rapproche de la situation qui prévalait pour le marché du travail avant la crise de 2008/2009. Mais l’écart avec l’Allemagne, où ce taux est de 3,2 %, reste conséquent. La France se situe, par ailleurs, un point au-dessus de la moyenne de la zone euro.
Selon les chiffres publiés par l’Institut de la statistique, le taux de chômage a diminué de 0,1 point au premier trimestre pour atteindre à 8,7 % de la population active en France entière (hors Mayotte). Pour la seule France métropolitaine, le taux est de 8,4 %, en diminution également de 0,1 point, ce qui représente 2,4 millions de chômeurs. Sur un an, la baisse atteint 0,5 point pour l’ensemble de la France correspondant à son plus bas niveau depuis 2009.
Les jeunes hommes ne bénéficient pas de la baisse du chômage
Sur un an, le taux de chômage des jeunes (de 15 à 24 ans) se replie pour l’ensemble de la France de 21,5 à 20 % (en France métropolitaine de 20,9 à 19,2 %). Il est également en net recul pour les actifs âgés de 15 à 49 ans (-0,7 point en France métropolitaine comme pour l’ensemble de la France). Pour le seul premier trimestre 2019, une augmentation du chômage des jeunes est enregistrée. Il est, en effet, passé de 18,8 à 19,2 %.
Si le chômage des jeunes diminue sur un an, cela est imputable aux jeunes femmes. En effet, en un an, leur taux de chômage est passé de 21,3 à 17,4 % quand celui des jeunes garçons a augmenté de 20,5 à 20,8 %. Les jeunes hommes éprouvent de plus en plus de difficultés à s’insérer dans la vie professionnelle. Ils sont plus nombreux que les jeunes femmes à avoir rencontré des problèmes scolaires. Le niveau de compétences des hommes des jeunes générations est plus faible que celui des femmes.
Le chômage des plus de 50 ans augmente
Le chômage des seniors de 50 ans ou plus est encore orienté à la hausse (+0,2 point pour l’ensemble de la France et la France métropolitaine à respectivement 6,4 et 6,6 % au premier trimestre 2019). Le chômage des seniors a progressé à partir de 2010 en lien avec la crise mais aussi avec le report de l’âge de la retraite de 60 à 62 ans. La suppression des dispositifs de préretraite contribue également à rendre visible ce qui était auparavant masqué dans les statistiques. Par ailleurs, même si cela n’est pas la règle, de manière plus ou moins consensuelle, des mises au chômage sont organisées avant la liquidation des droits à la retraite.
Les chômeurs de plus de 50 ans rencontrent des difficultés importantes pour retrouver leur emploi. De ce fait, ils sont surreprésentés parmi les demandeurs d’emploi de longue durée. La question de la mise en place de dispositifs de formation adaptés aux plus de 50 ans se pose de plus en plus au regard de la nécessité annoncée par les pouvoirs publics d’allonger la durée des carrières professionnelles.
Le taux de chômage de longue durée est lui aussi en repli. Il concerne 3,3 % de la population active au premier trimestre de cette année, en repli de 0,3 point sur un an en France métropolitaine. « Parmi les chômeurs, 963 000 déclarent rechercher un emploi depuis au moins un an », détaille l’Insee.
Une diminution est constatée pour les personnes se situant dans le « halo autour du chômage », c’est-à-dire les personnes qui ne sont pas comptabilisées comme chômeurs mais qui souhaitent travailler. À 1,4 million, ils sont au plus bas depuis 2015 avec 89 000 personnes de moins en un an.
Le taux d’emploi, la proportion des 15-64 ans qui travaillent (il manque qq chose) est stable pour s’établir à 66,1 %. Il demeure ainsi à son plus haut niveau depuis 1980. Pour le taux d’emploi à temps complet, à 54,5 %, il s’agit du plus haut niveau depuis 2003. Au premier trimestre 2019, 5,3 % des personnes en emploi sont en situation de sous-emploi. Il s’agit principalement de personnes à temps partiel souhaitant travailler davantage.
Le taux de chômage est passé de 10,3 % au premier trimestre 2016 à 8,4 % au premier trimestre 2019. Cette réduction est certes lente au regard des résultats de nos partenaires, néanmoins elle est en avance sur les prévisions de l’INSEE qui tablait sur 8,5 % pour 2019. La conjoncture démographique est plutôt favorable avec le départ à la retraite de classes d’âge de plus en plus large. Ce sont les générations de 1952 à 1957 qui sont concernées actuellement. L’augmentation du nombre de départs à la retraite devrait se poursuivre jusqu’en 2030, ce qui devrait faciliter la baisse du chômage même si des générations un peu plus nombreuses de jeunes actifs entrent sur le marché du travail en raison du pic de naissances intervenu autour de l’an 2000. Du fait d’un nombre important de demandeurs d’emploi de longue durée, la question du niveau du chômage structurel en France se pose. Selon les experts, il pourrait se situer, entre 7,5 et 8,2 % de la population active. Ce chômage incompressible serait la résultante d’une difficulté pour une partie de la population de se réinsérer en raison des exigences de productivité qu’impose un coût du travail élevé et du niveau des aides sociales. L’écart entre les revenus professionnels et les minimas sociaux sont faibles d’autant plus que ces derniers permettent d’accéder à un certain nombre de services gratuitement ou à tarif réduit (activités culturelles et sportives, transports, certains services municipaux, etc.).
L’Allemagne renoue avec la croissance mais s’interroge quand même
Après un recul de son PIB de 0,2 % au cours du troisième trimestre 2018 et une stagnation au suivant, l’Allemagne était attendue au tournant pour les résultats du premier trimestre 2019 pour la croissance.
Sur les trois premiers mois de l’année, l’Allemagne a renoué avec la croissance économique avec une progression de 0,4 % de son PIB, correspondant au taux moyen de croissance de la zone euro.
Si ce résultat éloigne les menaces de récession, il n’efface pas les doutes qui pèsent sur l’économie allemande. La stagnation de la demande en produits industriels et la guerre commerciale conduite par les États-Unis remettent en cause les fondamentaux mêmes du modèle de développement allemand.
Pour 2019, le Gouvernement d’Outre-Rhin reste très prudent et ne s’attend qu’à une croissance de 0,5 %. Le Fonds monétaire international prévoit de son côté 0,8 %. Ces prévisions tranchent par rapport à la croissance de 2017, 2,2 % et de 2018, 1,4 %.
Au cours du premier trimestre 2019, les ménages ont augmenté leurs dépenses de consommation, aidés par les hausses de salaire et un chômage toujours historiquement faible. La construction et les investissements des entreprises sont restés également bien orientés. À l’inverse, la dépense publique est en retrait.
Certains facteurs qui avaient pesé sur l’économie fin 2018 ont disparu comme les problèmes de circulation fluviale générés par la sécheresse sur les grands fleuves. L’impact des nouvelles normes environnementales sur l’industrie automobile commence également à s’amoindrir.
La croissance allemande est néanmoins suspendue à l’évolution du commerce international. Par ailleurs, le vieillissement de la population constitue une menace à terme pour la pérennisation du modèle économique. En outre, la reconversion de certaines industries comme la chimie ou l’automobile n’est pas sans conséquences pour l’Allemagne qui dispose, dans ces deux secteurs, d’entreprises de taille mondiale. Enfin, la question de la transition énergétique est un défi majeur et coûteux pour l’Allemagne. En effet, après l’abandon du nucléaire, le Gouvernement a annoncé la sortie du charbon pour 2038.
Eurostat a confirmé que le PIB de la zone euro avait progressé de 0,4 % et de 0,5 % pour l’ensemble de l’Union européenne au cours du premier trimestre par rapport au trimestre précédent. Ce résultat est en progrès par rapport à celui du dernier trimestre de l’année 2017 (+0,2 % dans la zone euro et +0,3 % pour l’Union européenne). Sur un an, la croissance est de 1,2 % dans la zone euro et de 1,5 % dans l’Union. Au cours du premier trimestre 2019, le PIB des États-Unis a augmenté de 0,8 % par rapport au trimestre précédent (après +0,5 % au quatrième trimestre 2018). Par rapport au même trimestre de l’année précédente, le PIB a progressé de 3,2 %.
Finances publiques, la délicate équation de l’État
En 2018, pour la deuxième année consécutive, les comptes publics ont enregistré un déficit inférieur à 3 %. La France ne fait plus l’objet d’une procédure pour déficits excessifs de la part de la Commission européenne. Le mérite en revient aux régimes sociaux et aux collectivités locales. Ces dernières années, l’État n’a pas contribué à l’assainissement des finances publiques. Depuis 2014, les gouvernements successifs ont pris des mesures d’allègement des prélèvements obligatoires qui pèsent quasi exclusivement sur les comptes de l’État (impôt sur le revenu, impôt sur les sociétés, taxe d’habitation dont la suppression progressive est compensée aux collectivités locales)
Dans son rapport sur l’exécution du budget de l’État 2018, la Cour des Comptes souligne que, pour la première fois depuis 2014 et après trois ans de quasi-stabilité, le déficit budgétaire de l’État est en augmentation en 2018, passant de 67,7 milliards d’euros en 2017 à 76,0 milliards d’euros. Si elle considère que la sincérité budgétaire est en progrès, elle n’en estime pas moins que l’État n’a pas réalisé de réelles économies ces dernières années. Elle juge que les procédures visant à mesurer l’efficacité des dépenses publiques sont peu performantes.
Le déficit de l’État en hausse
Si le déficit public a été en 2018 inférieur à 3 points de PIB (2,5 points), cela est imputable non pas à l’État mais aux autres administrations publiques. Le déficit de l’État en comptabilité nationale s’est élevé, l’année dernière, à 3 % du PIB. La réduction de 0,1 point du déficit public a été rendue possible grâce à l’excédent des administrations de sécurité sociale (10,7 milliards d’euros, soit 0,5 % du PIB). Les collectivités locales contribuent également, dans une moindre mesure, à la réduction du déficit.
Le déficit de l’État a représenté 23,4 % des dépenses nettes du budget général (contre 21 % en 2017), soit un montant supérieur à celui des recettes de l’impôt sur le revenu (73 milliards d’euros) et aux dépenses de la mission Enseignement scolaire (71,6 milliards d’euros). En 2018, les recettes n’ont couvert que neuf mois de dépenses.
La dégradation du solde budgétaire avait été prévue par la loi de finances pour 2018. Le déficit était annoncé en hausse de près de 24 % à 85,7 milliards d’euros. Le déficit final s’est révélé inférieur à la prévision de près de 10 milliards d’euros grâce à la vitalité des ressources. En effet, les recettes fiscales ont été plus fortes que prévues de 8,8 milliards d’euros dont 1,4 milliard d’euros provient d’un report de 2017 au titre des droits de mutation (droits non comptabilisés par erreur en 2017).
Malgré tout le déficit budgétaire de l’État a excédé de 33,3 milliards d’euros le niveau qui lui aurait permis de stabiliser la dette rapportée au PIB. À l’inverse, pour la seconde année consécutive, le déficit de l’ensemble des administrations publiques permet de stabiliser leur dette rapportée au PIB. En conséquence. La dette de l’ensemble des administrations publiques se stabilise à 98,4 points de PIB, celle de l’État atteint à elle seule 78,3 points de PIB (+1,2 point de PIB).
En dix ans, le besoin de financement de l’État a augmenté de 76 % Les taux d’intérêt bas ont permis à l’État de stabiliser sa charge d’intérêts (40,5 milliards d’euros) malgré l’augmentation de la dette de l’État qui est passée de 1 000 à 1 700 milliards d’euros de 2008 à 2018.
Les recettes fiscales en baisse
En 2018, les recettes de l’État se sont établies à 248,3 milliards d’euros, en légère baisse d’un milliard d’euros par rapport à 2017. L’année dernière, les allégements fiscaux ont porté sur 13,5 milliards d’euros (suppression partielle de l’ISF, diminution de l’IS, mesures concernant l’IR, baisse de la taxe d’habitation). Ces baisses d’impôt ne sont que partiellement compensées par l’alourdissement de la fiscalité énergétique et des mesures sectorielles d’augmentation de la TVA (5 milliards d’euros).
Les concours aux collectivités locales ont augmenté
Contrairement à ce que qui avait pu être annoncé, les concours financiers aux collectivités ont progressé en 2018. Ils sont élevés à 106,6 milliards d’euros contre 101 milliards d’euros en 2017. Ils ont atteint un niveau record dépassant celui de 2014 (103,4).
Plus de 100 milliards d’euros de niches fiscales
En 2018, les dépenses fiscales ont atteint 100,2 milliards d’euros, en progression de 6,7 milliards d’euros par rapport à 2017. En ne comptant pas le CICE, l’augmentation est ramenée à 2,4 milliards d’euros. Elles ont augmenté de 5,6 % en moyenne par an depuis 2013 et de 1,8 %, hors CICE, traduisant l’impact des dispositifs nouveaux qui se sont multipliés sur la période récente. La Cour des Comptes juge que l’efficience de ces dispositifs n’est toujours pas mesurée. Le plafonnement des niches prévu dans la loi de programmation des finances publiques 2018-2022 n’est pas respecté. La Cour rappelle à l’ordre le Gouvernement afin qu’un véritable audit des niches fiscales soit conduit.
Une plus grande sincérité au niveau des dépenses
Pour la Cour des Comptes, l’exécution des dépenses a été proche de ce qui avait été adopté en loi de finances initiale tant au niveau global que dans sa ventilation par nature de dépenses ou par mission. La recherche d’une plus grande sincérité a conduit à une augmentation des crédits des ministères entre la loi de finances pour 2017 et celle de 2018 (+7,7 milliards d’euros). Les sous-budgétisations sont en baisse. La Cour les a évaluées à 1,5 milliards d’euros en 2018 contre 4,4 milliards d’euros en 2017.
Les dépenses du budget général de l’État se sont élevées à 325,2 milliards d’euros, en hausse de 2,6 milliards d’euros. À périmètre constant, la progression des dépenses est donc limitée à 0,3 %, soit une hausse beaucoup moins marquée qu’entre 2016 et 2017 (+3,2 %).
La masse salariale de l’État en hausse
La masse salariale qui qui représente 39 % des dépenses du budget général a augmenté de 2 milliards d’euros en 2018. Les dépenses de personnel, hors cotisations pour pensions, progressent de 2 % entre 2017 et 2018. Les effectifs, contrairement aux prévisions, ont continué à augmenter (+206). Initialement, il était prévu de supprimer 324 postes. Quoi qu’il en soit, l’objectif de suppression en 5 ans de 50 000 postes apparaissait peu réaliste avant même les annonces d’Emmanuel Macron. En 2018, l’Éducation nationale a enregistré la création de 839 postes. En revanche, le Ministère de l’Économie et des Finances a perdu 452 postes.
Dans son rapport, la Cour des Comptes signale que le cadre budgétaire est lacunaire et instable. Le périmètre des dépenses du budget général ne correspond pas à une vision complète et cohérente des dépenses de l’État. Celles-ci forment un ensemble hétérogène et peu lisible, brouillé par l’ajout, en cours d’année, des fonds de concours et attributions de produits. Le pilotage stratégique budgétaire et le contrôle de gestion au sein des ministère sont perfectibles même si des progrès ont été réalisés lors de ces dernières années. En matière de dépenses fiscales, la Cour des Comptes demande au Gouvernement de réaliser un chiffrage exhaustif du nombre de bénéficiaires et de mesurer le coût de chacune d’entre elles. La Cour souhaite une revue de l’ensemble des fonds sans personnalité juridique contrôlés par l’État, afin d’opérer d’ici 2022 la suppression ou la mise en extinction des fonds qui n’ont plus de raison d’être ou dont les objectifs peuvent être atteints par d’autres moyens. Cette refonte devrait s’accompagner d’un retour des recettes et des dépenses au budget général. Elle critique le fonds pour l’innovation et l’industrie qui a été institué dernièrement. Ce fonds est un dispositif de soutien à l’innovation qui à ses yeux devrait être inclus dans le budget général.
La Cour des Comptes s’inquiète enfin du danger que font courir aux finances de l’État les réductions d’impôt non compensées par des économies. La multiplication des premières risque d’aboutir à une augmentation rapide du déficit et donc de la dette de l’État.
2018, une croissance en recul et un taux d’épargne en hausse
L’INSEE a confirmé que la croissance du produit intérieur brut avait été de 1,7 %, en 2018 contre 2,3 % en 2017. La décélération de la croissance s’explique par le ralentissement de la croissance de la dépense de consommation des ménages (+0,9 % après +1,4 % en 2017). L’investissement ralentit aussi (+2,8 % après +4,7 %). La contribution du commerce extérieur se redresse (+0,7 point après –0,1 point). En revanche, la contribution des variations de stocks redevient négative en 2018 (-0,3 point après +0,2). Au niveau des finances publiques, le déficit public en 2018 s’est établi à 2,5 % et la dette publique à 98,4 % du PIB.
Le pouvoir d’achat du revenu disponible brut (RDB) des ménages a progressé moins vite qu’en 2017 (+1,2 % après 1,4 %). Les salaires et les revenus de la propriété, certes plus dynamiques, sont en effet contrebalancés par un regain d’inflation (+1,5 % contre +0,8 % en 2017). Mesuré par unité de consommation pour être ramené à un niveau individuel, le pouvoir d’achat du RDB augmenté de 0,7 % après 0,8 %. Le taux d’épargne des ménages a augmenté en 2018. Il est passé de 13,9 à 14,2 % du revenu disponible brut.
Le taux de marge des sociétés non financières (SNF) baisse quant à lui fortement (-0,5 point) en raison du ralentissement des gains de productivité et de la hausse du prix du pétrole. Il est passé de 31,7 à 31,2 % de la valeur ajoutée. Le taux d’investissement des entreprises a, en revanche, augmenté. Il a atteint 24,1 % contre 23,7 % de la valeur ajoutée.