C’est déjà hier – emploi – chômage – pauvreté – industrie
L’emploi en France, l’embellie continue
En France, selon l’INSEE, entre fin juin et fin septembre, l’emploi salarié du secteur privé croît de nouveau a augmenté de +0,5 %. Au cours du troisième trimestre, 96 100 créations nettes d’emplois ont été enregistrées, contre 153 800 au deuxième été 265 100 au premier. Au total, fin septembre 2021 l’emploi salarié privé dépasse son niveau de la fin de l’année 2019 de 0,9 % (soit de 185 600 emplois).
Au troisième trimestre, l’emploi a été notamment porté par l’intérim qui a augmenté de +1,4 % après +2,4 % au deuxième trimestre et +0,7 % au premier. Ces hausses sont néanmoins plus modérées que celles des trimestres précédents (+22,1 %, +22,6 % et +5,5 % aux deuxième, troisième et quatrième trimestres 2020). Au total, l’augmentation sur six trimestres consécutifs ne permet pas de compenser totalement la contraction intervenue lors du premier confinement (-40,1 % soit -315 900 emplois au cours du premier trimestre 2020). Fin septembre 2021, l’emploi dans l’intérim se situe 1,0 % sous son niveau de fin 2019 (soit -7 800 emplois).
Hors intérim, l’emploi salarié privé augmente de 0,4 % au troisième trimestre 2021 (+85 000 emplois). L’emploi industriel (hors intérim) augmente de nouveau légèrement au troisième trimestre 2021, pour la troisième fois consécutive, +0,1 % au troisième trimestre comme au deuxième, après +0,2 % au premier trimestre. Cette progression ne compense pas les pertes de 2020 qui s’élevaient à 57 700 emplois. Fin septembre, l’emploi industriel demeure inférieur à son niveau d’avant-crise de 1,4 % par rapport à fin 2019 (soit -45 100 emplois). Dans le tertiaire marchand hors intérim, l’emploi salarié privé ralentit après une forte progression le trimestre précédent, +0,7 % après +2,0 % (soit +86 400 après +228 800 emplois). Après avoir perdu 287 500 emplois en 2020, ce secteur a, fin septembre 2021, dépassé le niveau de fin 2019 de 1,0 % (soit +117 900 emplois). Dans la construction, l’emploi salarié privé (hors intérim) se stabilise au troisième trimestre 2021 (-0,1 % soit -1 900 emplois) après cinq trimestres de hausses consécutives. Ces hausses ont permis au secteur de retrouver son niveau d’avant-crise dès juin 2020 puis de le dépasser. Fin septembre 2021 l’emploi salarié privé dans la construction est supérieur de 4,4 % à son niveau de fin 2019 (+62 700 emplois). De même, au troisième trimestre 2021 l’emploi salarié privé dans le tertiaire non marchand se stabilise (0,0 % soit +700 emplois) après quatre trimestres de hausses successives. Il dépasse de 2,4 % son niveau de fin 2019 (soit +58 900).
Poursuite de la baisse dans la zone euro du chômage en septembre
Au mois de septembre, le taux de chômage corrigé des variations saisonnières de la zone euro était, selon Eurostat, de 7,4 %, en baisse par rapport au taux de 7,5 % enregistré en août et au taux de 8,6 % de septembre 2020. Le taux de chômage de l’Union européenne était de 6,7 % en septembre, en baisse par rapport au taux de 6,9 % d’août et au taux de 7,7 % de septembre 2020. Eurostat estime qu’en septembre, 14,324 millions d’hommes et de femmes étaient au chômage dans l’Union, dont 12,079 millions dans la zone euro. Par rapport à septembre 2020, le chômage a diminué de 2,054 millions dans l’Union et de 1,919 million dans la zone euro. Le taux de chômage est le plus bas en République tchèque qui connaît le plein emploi tout comme les Pays-Bas, Malte ou l’Allemagne. La France est-au-dessus de la moyenne la zone euro à 7,7 %. Le taux de chômage y a néanmoins baissé de 1,3 point en un an. Le pays ayant le plus fort taux de chômage est l’Espagne qui devance la Grèce et l’Italie.
La production industrielle confrontée aux problèmes d’approvisionnement
Au mois de septembre, la production de l’industrie manufacturière française s’est repliée de 1,4 % après une hausse de +1,1 % en août. Dans l’ensemble de l’industrie, la baisse est de -1,3 % après +1,0 %. Par rapport à février 2020 (dernier mois avant le début du premier confinement), la production reste en net retrait dans l’industrie manufacturière (-5,9 %) ainsi que dans l’ensemble de l’industrie (-5,2 %).
Sur un an, la production a augmenté de +2,7 % pour l’industrie manufacturière et de 2,8 % pour l’ensemble de l’industrie.
En septembre, du fait des problèmes d’approvisionnement notamment en microprocesseurs, la production se replie dans les matériels de transport (-8,4 % après -1,8 %). En revanche, elle augmente pour le deuxième mois consécutif dans les biens d’équipement (+1,3 %, après +2,4 %).
En septembre 2021, la production demeure en retrait par rapport à son niveau de février 2020 dans la plupart des branches industrielles. Elle reste en très fort recul dans les matériels de transport (-29,8 %). Pour l’industrie automobile, l’écart atteint 30,3 %. Elle est également en net repli dans la cokéfaction-raffinage (-11,1 %). La baisse est plus contenue dans la fabrication de biens d’équipement (-1,4 %) et la production est proche de son niveau de février 2020 dans les industries extractives, énergie, eau (-0,6 %) et dans les industries agro-alimentaires (-0,3 %).
Une pauvreté contenue durant la crise sanitaire
Avec les confinements, la mise à la cape de l’activité durant le premier confinement, de nombreux experts avaient craint une envolée de la pauvreté en France. Le soutien massif des pouvoirs publics avec la mise en place du système de chômage partiel et du fonds de solidarité et d’aides sectorielles, a permis le maintien voire la légère progression du pouvoir d’achat des ménages. Dans ce contexte, le taux de pauvreté serait resté stable en 2020. Tout comme les inégalités de revenus.
L’indice de Gini qui mesure les inégalités serait, l’année dernière, est demeuré inchangé à 0,289, après une baisse de 0,009 en 2019. Le rapport entre la masse des niveaux de vie détenue par les 20 % des personnes les plus aisées et celle détenue par les 20 % les plus modestes serait de 4,4, après une baisse de 0,1 en 2019. Enfin, le rapport interdécile D9/D1 resterait également à son niveau de 2019, à 3,4.
Le taux de pauvreté monétaire (fixé par convention à 60 % du niveau de vie médian) serait stable, à 14,6 % de la population. En 2020, 9,3 millions de personnes seraient en situation de pauvreté monétaire. Sans l’indemnisation de l’activité partielle, et en l’absence d’aides exceptionnelles pour les travailleurs indépendants et les ménages modestes, le taux de pauvreté monétaire aurait augmenté de 0,6 point et l’indice de Gini de 0,007 point.
En 2020, le renforcement du dispositif de chômage partiel aurait concerné 8,5 millions de salariés, situés sur toute l’échelle des niveaux de vie. Toutefois, les personnes de niveau de vie intermédiaire (entre le troisième et le neuvième décile) seraient les plus concernées par ce dispositif. Les employés, les ouvriers et les professions intermédiaires ont été les plus touchés par l’activité partielle.
Les aides exceptionnelles aux travailleurs indépendants auraient permis de limiter leurs pertes de niveau de vie liées aux confinements. Selon la simulation de l’INSEE, près d’un tiers des indépendants aurait bénéficié du Fond de Solidarité, pour un montant annuel moyen de 2 700 euros par personne, une fois déduite la part destinée aux dépenses de leur entreprise. Les indépendants ont également bénéficié de reports de cotisations qui sont d’autant plus importants que les cotisations prévues sont élevées et donc que le bénéfice déclaré en 2019 l’était aussi. Leur montant est ainsi croissant avec le niveau de vie. Les indépendants ont également bénéficié de deux dispositifs mis en place par le Conseil de la protection sociale des travailleurs indépendants (CPSTI), générant une aide moyenne de 1 010 euros annuels par personne. Les dispositifs de soutien auraient permis de couvrir en moyenne 90 % des pertes de revenus d’activité des indépendants engendrées par la crise sanitaire. Pour les indépendants, le taux de pauvreté et l’indice de Gini diminueraient très faiblement toute chose étant égale par ailleurs.
Le pouvoir d’achat des ménages les plus modestes soutenu par les aides exceptionnelles
En juin et en novembre 2020, le gouvernement a décidé de verser 150 euros aux foyers bénéficiant du revenu de solidarité active (RSA) ou de l’allocation de solidarité spécifique (ASS). Ces deux mêmes mois, ces foyers ainsi que les bénéficiaires des allocations logement ont également perçu des aides additionnelles de 100 euros par enfant. Fin août, les ménages éligibles à l’allocation de rentrée scolaire (ARS) ont bénéficié d’une prime de 100 euros par enfant. Des aides exceptionnelles de solidarité ont visé les jeunes de moins de 25 ans, non étudiants, et bénéficiaires de l’allocation logement (200 euros versés en juin et 150 euros en novembre). Au total, ces aides exceptionnelles mobiliseraient une masse de 2,2 milliards d’euros, dont 80 % seraient dirigés vers les 30 % des personnes les plus pauvres, pour un montant annuel moyen de 150 euros par personne. Près des deux tiers des 10 % les plus pauvres et un tiers des personnes appartenant aux deuxième et troisième déciles de niveau de vie en ont été bénéficiaires. En proportion du niveau de vie, ces aides représenteraient en moyenne 2,3 % pour les personnes du premier décile, 1,0 % pour le dixième suivant et 0,5 % pour le troisième.
La forte redistribution du système d’État providence en France
Les prestations sociales (prestations familiales, aides au logement, minima sociaux et prime d’activité) représenteraient peu plus de la moitié du niveau de vie des 10 % les plus modestes, comme en 2019. Leur part diminue lorsque le niveau de vie augmente. Pour les 10 % des personnes juste au-dessus du niveau de vie médian, les prestations hors mesures exceptionnelles de 2020 s’élèveraient à 6 % du niveau de vie, et à moins de 1 % pour les 10 % les plus aisées, comme en 2019. Les prestations sociales usuelles contribueraient à hauteur de 62 % à la réduction des inégalités.
En 2020, les prélèvements diminueraient de 29 % le niveau de vie des 10 % les plus aisés, comme en 2019. En revanche, pour les 20 % des personnes juste au-dessus de la médiane, en raison de la réforme du barème de l’impôt sur le revenu, celui-ci réduirait un peu moins le niveau de vie qu’en 2019. Au total, les prélèvements contribueraient à hauteur de 38 % à la baisse des inégalités.