12 mars 2022

C’est déjà hier -emploi

 

Quand l’Île-de-France n’est plus en tête pour les créations d’emploi

Depuis 1975, le nombre d’emplois, en France, a augmenté de 25 %, soit + 0,5 % en moyenne par an. Cette croissance n’est pas homogène sur l’ensemble du territoire.

Depuis 1975, la concentration de l’emploi s’accentue dans les grandes zones d’emploi des agglomérations comportant plus de 200 000 emplois, situées hors Île-de-France. En 2018, ces zones regroupent 24,5 % des emplois de France métropolitaine, soit 3,7 points de plus qu’en 1975. Ces quarante dernières années ont été marquées par la stabilisation des emplois en Île-de-France. Les emplois dans les bassins de taille intermédiaire (entre 50 000 et 200 000 emplois) diminuent légèrement (-0,6 point) quand les bassins comportant moins de 50 000 emplois reculent de 2,9 points.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

L’évolution de la répartition des emplois témoigne de la montée en puissance des métropoles comme Toulouse, Bordeaux ou Lyon ainsi que celle de plusieurs agglomérations enregistrant une forte augmentation de leur population comme Angers, Annecy ou Bastia.

Les façades atlantique et méditerranéenne, la vallée du Rhône et l’Alsace, les grandes gagnantes en matière d’emploi

Les territoires à faible concentration et de création d’emplois concernent en premier lieu les Ardennes et le Massif central. À l’opposé, figurent les zones d’emploi des côtes atlantique et méditerranéenne ainsi que de l’axe allant de la vallée du Rhône à l’Alsace. La façade de la Manche et le Centre-ouest sont dans une situation intermédiaire quand l’Île-de-France connaît une réelle stagnation avec un déclin de l’industrie automobile.

Les  façades atlantique et méditerranéenne, la Valée du Rhône et l’Alsace concentrent, en 2018, 40,9 % des emplois, contre 34,2 % en 1975. Le poids des territoires à faible densité diminue de 4,5 points  quand celui de l’espace « façade Manche – Centre‑ouest » diminue de 2,0 points.

11 des 18 bassins d’emploi de plus de 200 000 emplois se trouvent dans les régions à fort dynamisme économique à savoir, Lyon, Toulouse, Bordeaux, Marseille, Nantes, Strasbourg, Rennes, Montpellier, Grenoble, Nice et Toulon. Ces territoires regroupent aussi près de la moitié des bassins de taille intermédiaire. Les agglomérations de taille intermédiaire bénéficient de la croissance des grandes métropoles. C’est le cas de Angers, du Mans ou de Niort à proximité de Nantes. Annecy bénéficie tout à la fois du dynamisme de Grenoble et de Lyon ainsi que de sa proximité avec la Suisse. Les métropoles qui ne sont pas situées dans l’axe de la croissance sont plus à la peine. Ce sont le cas de Rouen et de Caen.

Plus de services, moins d’industrie

À partir des années 1970, la France connaît un mouvement de désindustrialisation. Si l’industrie représentait, en 1973, 40 % des emplois, ce ratio n’est plus que de 11 % en 2021.

Depuis 1982, la part des emplois comportant des fonctions à orientation présentielle (distribution, artisanat commercial, services de proximité, santé et action sociale) a augmenté de 11,1 points. Ces emplois représentent 41,2 % de l’ensemble des emplois de France métropolitaine en 2018. Dans le même temps, les fonctions métropolitaines (conception – recherche, gestion, commerce inter-entreprises, prestations intellectuelles, culture – loisirs) progressent de 7,1 points pour atteindre 26,9 % des emplois en 2018.

Les emplois des fonctions métropolitaines sont plus particulièrement présents en Île-de-France et dans les grandes zones d’emploi (respectivement 39,4 % et 30,2 % de l’ensemble des emplois). Les emplois de production étaient avant tout présents dans les zones d’emploi de plus petite taille. Assurant un rôle de proximité, les emplois des fonctions présentielles et des fonctions transversales sont autant présents dans les petites que dans les grandes zones d’emploi.

Le déclin de l’industrie a fortement touché la Vallée de la Seine, l’Auvergne et le Nord de la France. L’essor des services présentiels a favorisé les régions touristiques. Les nouvelles activités liées aux techniques de l’information et de la communication se sont concentrées dans les métropoles. La forte augmentation de la population de ces dernières a contribué au développement des services présentiels (commerces, entrepôts, santé, etc.).

Le rebond économique intervenu depuis le milieu de l’année 2021 et qui s’est accompagné d’un fort mouvement de créations d’emplois accentue les tendances antérieures. Les créations d’emplois sont importantes dans la vallée du Rhône, à l’Ouest et au Sud du Pays ainsi qu’en Alsace. En revanche, l’Île-de-France se démarque avec une très faible croissance de l’emploi en lien avec l’absence de touristes internationaux, les difficultés persistantes de l’industrie automobile et la diminution du nombre d’habitants à Paris.

Près de 700 000 emplois créés en 2021

Entre fin septembre et fin décembre 2021, l’emploi salarié a progressé de 0,4 % (+106 900 emplois) en France. Il est en augmentation rapide depuis le premier trimestre 2021. La hausse a été de 0,7 % au premier trimestre, de 1,2 % au deuxième et de 0,5 % au troisième. Ces bons résultats proviennent exclusivement de l’emploi salarié privé qui progresse de 0,6 % (soit +117 900 emplois), comme au trimestre précédent. De son côté, l’emploi public recule de 0,2 % (soit -11 000 emplois) après +0,2 % (+11 400) le trimestre précédent.

Au total, fin 2021, l’emploi salarié a dépassé de 2,8 % (soit +697 400 emplois) son niveau de fin 2020 et de 1,5 % (soit +380 100 emplois) son niveau d’avant la crise sanitaire (fin 2019). Par comparaison, entre 2015 et 2019, 215 600 emplois avaient été créés en moyenne chaque année.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Au quatrième trimestre 2021, l’emploi intérimaire a augmenté de 5,4 % (soit +42 300 emplois) après des hausses plus modérées depuis le début de l’année (+50 200 créations nettes cumulées sur les trois premiers trimestres). L’emploi intérimaire a réussi à dépasser son niveau d’avant-crise au quatrième trimestre de 6,3 % (soit +49 100 emplois) par rapport à fin 2019.

L’emploi industriel (hors intérim) a augmenté, de 0,2 % au quatrième trimestre 2021 : (soit +5 000 emplois). Le rythme de création est en phase avec celui des trimestres précédents (+0,2 %, +0,1 % et +0,2 % aux premier, deuxième et troisième trimestres 2021). Après une baisse de 1,7 % sur l’ensemble de l’année 2020 (-55 000 emplois),  le niveau de l’emploi industriel demeure, fin 2021, inférieur à son niveau d’avant la crise sanitaire, -1,1 % par rapport à fin 2019, soit -33 900 emplois. Dans le tertiaire marchand hors intérim, l’emploi salarié a enregistré une hausse de +0,5 % après +0,8 % (soit +56 900 après +93 100 emplois). L’emploi de ce secteur a été très marqué par les mesures de restrictions sanitaires, baissant notamment de 2,6 % sur l’ensemble de l’année 2020 (soit -306 800 emplois). Le rebond a été marqué dès leur réduction. En 2021, une hausse de l’emploi de 4,3 % (+490 900 emplois) a été constatée. Fin 2021, l’emploi dans ce secteur dépasse ainsi son niveau de fin 2019 de 1,6 % (soit +184 100 emplois). Fin 2021, quasiment tous ses sous-secteurs ont rejoint voire dépassé leur niveau d’avant-crise, notamment l’hébergement-restauration et les services aux ménages. Dans la construction, l’emploi salarié a augmenté de 0,4 % au quatrième trimestre après -0,1 % au trimestre précédent (soit +6 300 après -1 500 emplois). L’emploi a connu une progression de 2,5 % sur l’année (soit +36 800 emplois) et demeure largement au-dessus de son niveau d’avant la crise sanitaire, +4,7 % par rapport à fin 2019 (+67 600 emplois).

L’emploi salarié dans le tertiaire principalement non marchand a diminué au quatrième trimestre 2021 de 0,1 % après +0,1 % au trimestre précédent (soit -8 500 après +6 300 emplois). L’emploi public qui représente deux tiers de l’emploi du secteur a été en baisse. Après avoir baissé au premier semestre 2020 (-1,1 % soit -84 800 emplois), l’emploi tertiaire non marchand avait fortement augmenté entre mi-2020 et le troisième trimestre 2021 (+2,5 % soit +197 600 emplois). Au total, il dépasse son niveau d’avant crise sanitaire, +1,3 % par rapport à fin 2019, soit +104 300 emplois. Le secteur de la santé contribue notamment à ce surcroît (+61 000 emplois).

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Fin 2021, la France comptait 25,9 millions d’emplois salariés, ce qui constitue un record. En cinq ans, près d’un million d’emplois ont été créés. Les services sont à l’origine de la quasi-totalité de ces créations, l’industrie continuant à perdre des emplois.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

En 2022, le mouvement de création d’emplois devrait perdurer avec un léger fléchissement à la baisse. La crise ukrainienne change la donne. Elle devrait se traduire par une diminution de la demande du fait de la baisse du pouvoir d’achat des ménages. La croissance initialement prévue entre 3 et 4 % devrait être revue à la baisse d’au moins un point de PIB voire de deux, ce qui diminuerait de manière sensible les créations d’emploi. Avant la crise sanitaire, il a été néanmoins constaté que l’économie française était désormais en capacité de créer des emplois même avec un faible taux de croissance.

Le télétravail, une affaire de cadres parisiens

En 2021 qui a été marqué par un confinement, en moyenne chaque semaine, en France, selon l’INSEE, 22 % des salariés ont été en télétravail. Parmi ces derniers, 44 % l’ont été toute la semaine et 56 % une partie de la semaine. Au total, 15 % des jours travaillés par l’ensemble des salariés en 2021 l’ont été en télétravail.

Au cours des cinq premiers mois de 2021, le télétravail est resté important. Jusqu’à 31 % des salariés ont été concernés en moyenne chaque semaine en avril. Avec l’amélioration de la situation sanitaire et la levée des obligations de télétravail début juin, la proportion de télétravailleurs a diminué en restant en-deçà de 18 % entre juillet et novembre. La nouvelle aggravation de la situation sanitaire à la fin de l’année 2021 a provoqué une nouvelle augmentation portant le taux de télétravailleurs à 20 % en décembre, même si l’obligation de télétravail n’a pris effet qu’à partir de début janvier 2022.

En 2021, en moyenne chaque semaine, 55 % des cadres ont télétravaillé, alors que ce n’était le cas que de 22 % des professions intermédiaires et de 17 % des employés qualifiés. Le télétravail était faible chez les employés peu qualifiés ou les ouvriers, la nature de leurs fonctions rendant difficile leur accomplissement à domicile. Les cadres représentent 60 % des télétravailleurs, contre seulement 22 % de l’ensemble des salariés ayant travaillé au moins une heure au cours de la semaine.

Le télétravail sur la totalité de la semaine est plus fréquent chez les cadres. En 2021, il a concerné 47 % des cadres ayant télétravaillé, contre 40 % des autres salariés ayant télétravaillé. Les cadres gérant des équipes ont été moins concernés par le télétravail total. 49 % des cadres dont la supervision est la tâche principale ont télétravaillé en moyenne chaque semaine de 2021, contre 58 % des autres.

La part des salariés ayant télétravaillé est plus faible qu’en moyenne (inférieure à 15 % en 2021) dans la santé et l’action sociale, l’hébergement-restauration, la construction, les services de transports ou le commerce du fait de la nature même des emplois. Elle est, en revanche, plus importante, supérieure à 30 % en 2021, dans l’administration publique ou les services aux entreprises. le télétravail est moins fréquent dans les petites entreprises. En 2021, seulement 9 % des salariés travaillant dans les entreprises de moins de 10 personnes ont télétravaillé, contre 36 % dans celles de 250 salariés ou plus. Du fait qu’ils soient moins employés en tant que cadres, les jeunes ont moins télétravaillé que les autres salariés (17 % en 2021 pour les moins de 30 ans). Il en est de même pour les salariés à temps partiel (12 %) ou encore pour ceux en emploi à durée limitée (3 % en intérim et 13 % en CDD). Ces écarts sont toujours dus à la nature des emplois.

L’intensité du recours au télétravail a été plus importante en Île-de-France du fait de la présence de nombreuses grandes entreprises appartenant au secteur tertiaire dans cette région. En 2021, en moyenne chaque semaine, 56 % des salariés habitant à Paris et 36 % de ceux habitant dans le reste de l’Île-de-France ont télétravaillé, contre seulement environ 10 % des salariés habitant dans les DOM et dans les communes très peu denses de France métropolitaine hors Île-de-France. Le fort taux d’incidence de l’épidémie en région parisienne a également contribué au recours massif au télétravail.

Les salariés habitant à Paris sont à plus de 60 % des cadres, soit six fois plus que dans les DOM et dans les communes très peu denses de France métropolitaine hors Île-de-France. Nombreux cadres ont délaissé Paris pendant la crise sanitaire, télétravaillant cinq jours sur cinq. En 2021, au sein des cadres, la part des salariés ayant télétravaillé s’est échelonnée entre 24 % dans les communes très peu denses de France métropolitaine et 75 % à Paris. De même, parmi les salariés non-cadres, seuls 7 % ont télétravaillé dans les DOM en moyenne chaque semaine en 2021, soit quatre fois moins que ceux résidant à Paris.