15 juillet 2022

C’est déjà hier – inflation – mortalité

La barre des 6 % en ligne de mire

Pour le seul mois de juin, les prix de l’énergie ont accéléré (+5,2 % après +1,6 %), portés par la forte progression des prix des produits pétroliers (+9,4 % après +2,9 %). Ceux de l’alimentation ralentissent (+0,8 % après +1,0 %), ainsi que ceux des services (+0,3 % après +0,5 %). Les prix des produits manufacturés sont stables (+0,0 % après +0,5 %). Corrigés des variations saisonnières, les prix à la consommation sont en hausse de 0,8 %, après +0,6 % en mai.

Sur un an, les prix à la consommation ont donc augmenté de 5,8 %, après +5,2 % en mai. Cette hausse de l’inflation résulte de l’accélération des prix de l’énergie (+33,1 % après +27,8 %), de l’alimentation (+5,8 % après +4,3 %), et dans une moindre mesure des services (+3,3 % après +3,2 %). Les prix des produits manufacturés ralentissent (+2,5 % après +3,0 %).

L’inflation sous-jacente (hors prix soumis à de fortes variations et prix réglementé) est stable sur un an, à +3,7 % en juin comme en mai. L’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) croît de 0,9 % sur un mois, après +0,8 % le mois précédent. Sur un an, il augmente de 6,5 %, après +5,8 % en mai.

INSEE

Une mortalité en hausse de plus de 10 % avec l’épidémie de covid-19

En 2020, l’Union européenne a connu une augmentation de 11 % du nombre de décès. Quatre pays, l’Espagne, la Belgique, la Pologne et la Bulgarie, ont enregistré une hausse des décès supérieure à 15 % entre 2019 et 2020. Pour la France, la progression est inférieure à la moyenne européenne, +9 %. Les écarts d’un pays à un autre s’expliquent, en partie, par les différences en matière de composition de la population. Les pays ayant une proportion plus importante de personnes âgées ont été plus durement touchés par le covid.
Interruption de la progression de l’espérance de vie

Entre 2010 et 2019, l’espérance de vie à la naissance a augmenté dans l’ensemble des pays de l’Union européenne passant, pour les femmes, de 82,9 ans à 84,0 ans et, pour les hommes, de 76,7 ans à 78,5 ans. Pour les femmes, l’augmentation a été supérieure à deux ans dans les pays baltes qui étaient les pays où l’espérance de vie à la naissance était la plus faible de l’Union et au Danemark. Elle a été faible à Chypre (+0,5 an), ainsi qu’en Allemagne, en Autriche et aux Pays-Bas (+0,7 an). Pour les hommes, la hausse a été encore plus marquée, allant d’un an en Allemagne à plus de trois ans dans les pays baltes. L’écart d’espérance de vie entre les femmes et les hommes a poursuivi sa tendance à la baisse entamée depuis plusieurs décennies.

En 2020, à cause de la pandémie, l’espérance de vie a baissé dans la quasi-totalité des pays de l’Union. La diminution de l’espérance de vie sur le continent en 2020 reflète les deux vagues épidémiques de 2020. Pour les femmes, la baisse est d’un an ou plus dans huit pays. Elle atteint en particulier 1,5 an en Espagne, pays où l’espérance de vie des femmes à la naissance était la plus élevée de l’Union avant l’épidémie (86,7 ans en 2019). Elle est de 1,3 an en Bulgarie, pays où l’espérance de vie des femmes était la plus faible de l’Union avant la pandémie (78,8 ans), et en Belgique. L’épidémie ayant en 2020 touché davantage le Sud et l’Est du continent, les baisses sont également marquées en Pologne, Roumanie et Italie (-1,2 an), ainsi qu’en Slovénie et Lituanie (-1,1 an).

En 2020, l’espérance de vie des femmes est stable en Estonie, en Finlande et à Chypre, et en très légère baisse en Lettonie, à Malte (-0,1 an) et en Allemagne (-0,2 an). À la différence de la Lituanie, les deux autres pays baltes ont été relativement épargnés par la pandémie en 2020 avant d’être fortement touchés en 2021. Le seul pays où l’espérance de vie des femmes augmente, quoique légèrement (+0,1 an), est le Danemark.

Pour les hommes, le constat est proche. L’espérance de vie en 2020 chute de 1,6 an en Pologne et en Bulgarie, l’un des pays où elle était déjà la plus faible (71,6 ans en 2019). La baisse est également prononcée en Espagne, en Roumanie et en Lituanie (-1,5 an) ainsi qu’en Italie (-1,4 an).

Comme pour les femmes, l’espérance de vie des hommes en 2020 est en légère hausse au Danemark (+0,2 an), mais également à Chypre (+0,1 an). Elle est restée stable en Irlande et n’a diminué que de 0,1 an en Estonie et en Finlande. En Allemagne, la baisse est de 0,3 an.

La France est en position intermédiaire parmi les pays de l’Union pour la baisse de l’espérance de vie des femmes (-0,5 an, contre -0,8 an dans l’Union) et des hommes (-0,6 an, contre -1,0 an dans l’Union).

Depuis plus de vingt ans, les fluctuations de l’espérance de vie à la naissance reflètent principalement les variations de la mortalité après 60 ans, y compris en 2020, année exceptionnelle. Ainsi, les évolutions d’espérance de vie à 20 ans et à 40 ans diffèrent très peu des évolutions d’espérance de vie à la naissance, à part dans certains pays peu peuplés où les évolutions sont de ce fait un peu plus volatiles (Malte et Luxembourg). C’est aussi le cas pour l’évolution de l’espérance de vie à 60 ans, âge où les décès sont encore peu nombreux, même durant la pandémie. En revanche, dans les pays les plus touchés par l’épidémie, où la hausse du nombre de décès entre 60 et 80 ans est importante, l’évolution de l’espérance de vie à 80 ans diffère davantage de l’évolution de l’espérance de vie à la naissance. Dans les pays de l’Est de l’Europe, l’espérance de vie à 80 ans a moins reculé que l’espérance de vie à la naissance. En Bulgarie, alors que l’espérance de vie à la naissance a baissé de 1,3 an en 2020 pour les femmes et de 1,6 an pour les hommes, celle à 80 ans baisse seulement de 0,4 an pour les femmes et de 0,7 an pour les hommes. En Lituanie, la baisse est de 1,1 an pour l’espérance de vie à la naissance des femmes (-1,5 an pour les hommes), et de 0,6 an à 80 ans (-0,7 an pour les hommes). Pour les hommes, la baisse de l’espérance de vie à 80 ans est également moins marquée qu’à la naissance dans deux pays du Sud de l’Union particulièrement frappés en 2020 par l’épidémie, l’Espagne et l’Italie. En Italie, alors que la baisse était de 1,4 an à la naissance, elle n’est plus que de 0,9 an à 80 ans. Ces écarts montrent l’importance du nombre de décès survenus entre 60 et 80 ans dans ces pays.

Poursuite de l’épidémie en 2021

En 2021, le surcroît de décès par rapport à 2019 est de 14 %. La hausse est importante dans les pays de l’Est (+28 %). En Bulgarie et en Slovaquie, l’espérance de vie à la naissance, qui avait déjà fortement baissé en 2020 (-1,3 an pour les femmes, -1,6 an pour les hommes en Bulgarie, et -0,8 an en Slovaquie pour les deux sexes), baisse de nouveau considérablement en 2021. Au total, sur deux ans entre 2019 et 2021, en Bulgarie, les femmes ont ainsi perdu 3,7 ans d’espérance de vie à la naissance et les hommes 3,5 ans (respectivement 2,9 ans et 3,0 ans en Slovaquie). En 2021, les trois pays baltes ont été fortement touchés, contrairement à 2020, où seule la Lituanie l’avait été. En Estonie et en Lettonie, alors que les espérances de vie étaient relativement stables entre 2019 et 2020, elles chutent en 2021. Elles baissent ainsi de l’ordre de 2 ans entre 2019 et 2021 pour les hommes, de même qu’en Roumanie, en Pologne, en République tchèque et en Hongrie. Pour tous ces pays, les espérances de vie des femmes ont aussi baissé plus qu’ailleurs dans l’Union. Les pays du Sud et de l’Ouest de l’Europe ont réussi à limiter le nombre de décès grâce à la vaccination et à l’introduction du pass sanitaire. Si ces mesures n’ont pas empêché les vagues d’épidémie en 2021 et en 2022, elles en atténuent fortement la mortalité. Les espérances de vie rebondissent donc en 2021 dans l’Ouest de l’Union : en Belgique, +1,4 an par rapport à 2020 pour les femmes, dont l’espérance de vie retrouve en 2021 celle de 2019 et +0,9 an pour les hommes. En France, les hommes gagnent 0,2 an d’espérance de vie après en avoir perdu 0,6 en 2020 ; les femmes en gagnent 0,3 après en avoir perdu 0,5 en 2020. Dans le Sud de l’Europe, en Espagne et en Italie, les espérances de vie progressent fortement mais ne retrouvent pas leur niveau d’avant-crise.