19 février 2022

C’est déjà hier -minima sociaux – emploi – inflation – tourisme

Un tiers des foyers éligibles ne réclament pas le RSA

Selon la direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques du ministère des Solidarités et de la Santé, en 2018, en moyenne, chaque trimestre, 34 % des foyers éligibles n’auraient pas recouru au Revenu de Solidarité Active (RSA). 20 % des foyers seraient concernés de façon durable. Le montant de RSA auquel ils auraient pu prétendre se serait élevé à 330 euros en moyenne par mois et par unité de consommation (en tenant compte de la composition familiale du foyer RSA), soit un montant proche de celui perçu en moyenne par les foyers en ayant bénéficié. Au total, les sommes non-versées du fait du non-recours au RSA atteindraient 750 millions d’euros par trimestre.

La proportion de personnes ne touchant pas le RSA tout en ayant potentiellement le droit est limitée pour les foyers bénéficiant déjà d’une autre prestation. Parmi les éligibles au RSA, 18 % des bénéficiaires d’aides au logement, 21 % de ceux percevant des prestations familiales et 16 % des allocataires de la prime d’activité n’y recourent pas, contre respectivement 57 %, 40 % et 39 % des non-bénéficiaires de ces prestations. Le non-recours est plus important parmi les personnes en couple sans enfant, diplômées, jeunes, propriétaires, résidant dans des territoires ruraux ou en agglomération parisienne.

16 % des femmes seules avec enfants éligibles à la prestation seraient en situation de non-recours au RSA contre la moitié (49 %) des couples éligibles sans enfant. 15 % des locataires en HLM contre 33 % des locataires du parc privé et 61 % des propriétaires (y compris accédants). Un cinquième des foyers éligibles résidents dans une agglomération de taille moyenne seraient des « non-recourants » contre presque la moitié dans les unités urbaines de moins de 5 000 habitants ou dans celle de Paris. Ces résultats sont relativement stables sur ces dix dernières années.

La méconnaissance des règles d’obtention constitue une des premières raisons de non-réclamation du RSA. Les personnes en situation de précarité, souvent isolées, éprouvent des difficultés à accéder à l’information et à obtenir des prestations auxquelles elles seraient éligibles. Pour certaines personnes, la non-réclamation peut être volontaire. Par fierté, par refus de dépendre de l’assistance, des potentiels bénéficiaires du RSA préfèrent y renoncer. Dans cette catégorie, se trouvent des diplômés et des habitants des grandes villes. Figurent également dans les non-recourants, ceux qui ont des activités non-déclarées et qui craignent un contrôle de l’administration.

Le nouveau monde des télétravailleurs

De 2019 à 2021, la proportion de salariés qui télétravaillaient est passée de 4 à 27 %. Au totale, sur la période de 2020 à 2021 couvrant le cœur de l’épidémie, 37 % de la population des salariés a, à un moment ou un autre, pratiqué le télétravail. Sur 10 télétravailleurs, 7 l’ont pratiqué régulièrement. Pendant le troisième confinement, en janvier 2021, 25 % des télétravailleurs l’ont pratiqué cinq jours sur cinq. Cette catégorie comprend essentiellement des salariés de grandes entreprises. Ce sont plus souvent des hommes (56 %), des cadres exerçant plus rarement que les autres cadres des tâches de supervision d’autres personnes. Ils sont plus diplômés et plus fréquemment en contrat à durée indéterminée (CDI) que les autres groupes de télétravailleurs. Ils vivent davantage en Île-de-France ou en territoire urbains. Les hommes sont plus souvent en télétravail que les femmes. Les professions le plus souvent rencontrées dans ce groupe sont en lien avec le secteur l’informatique (ingénieurs, techniciens, employés et opérateurs), de l’électricité et de l’électronique, ainsi que celui de la banque et de l’assurance. 30 % des télétravailleurs l’ont pratiqué entre un et quatre jours par semaine en janvier 2021. Lors des deux premiers confinements, ils étaient nombreux à avoir effectué un télétravail à 100 %. Ils en avaient parfois une expérience antérieure et bénéficiaient souvent d’une prise en charge des moyens matériels du télétravail (équipement informatique, etc.) de la part de leur employeur. Ce groupe est composé de salariés du privé et de cadres, particulièrement dans les secteurs de l’industrie et du commerce. Diplômés, ils résident plus souvent en Île-de-France. Ils occupent par exemple des fonctions de cadres dirigeants, de cadres et techniciens commerciaux ou du bâtiment. Ils sont également présents parmi les personnels des études et de la recherche, les ingénieurs de l’industrie ou les professionnels de la communication. 17 % des télétravailleurs en ont une pratique plus distendue en raison de problèmes de matériel, de connexion ou d’activités exigeant régulièrement une présence sur site. N’ayant que peu d’expérience du télétravail avant la crise, ces actifs ont découvert de nouveaux outils numériques et ont vu leurs temps d’utilisation des outils informatiques croître fortement. Près de la moitié de ces salariés travaillent au sein de l’administration publique, en particulier en qualité de cadres et de professions intermédiaires. Ce groupe est plus féminisé (63 %) que les précédents. Il comprend des formateurs, des enseignants, des professionnels de l’action sociale et de l’orientation, des médecins. Le dernier groupe est constitué de salariés qui ont télétravaillé durant le premier confinement mais qui depuis ne le pratique que de manière très limitée. Ce groupe qui comprend 13 % de télétravailleurs de 2020 comprend des employés, des professions intermédiaires de TPE/PME, des cadres de l’administration publique. Ils se caractérisent par une faible culture du numérique. Leur niveau de diplôme est en moyenne inférieur à celui de l’ensemble des télétravailleurs, et ils sont plus souvent en contrat à durée limitée. Il convient de souligner que plus de la moitié des salariés déclarent ne pas être concernés par le télétravail. Ce sont les salariés travaillant de manière postée dans les usines, les salariés des commerces, ceux travaillant dans les services de nettoyage, de transports, de logistique, etc.

Parmi les télétravailleurs, selon la DARES, le service statistique du Ministère du Travail, 7 sur 10 souhaiteraient poursuivre cette pratique au moins une fois par semaine, et moins de 1 sur 10 tous les jours de la semaine. La fréquence privilégiée est d’un ou deux jours par semaine. 13 % pourraient continuer mais ne le souhaitent pas, et 7 % ne souhaitent pas télétravailler, jugeant leurs tâches incompatibles avec le télétravail. Globalement, plus ils ont été amenés à faire du télétravail, plus les salariés souhaitent continuer à travailler de la sorte mais de manière moins importante. Ceux qui étaient en télétravail toute la semaine en janvier 2022 indiquaient majoritairement vouloir conserver un rythme d’au moins trois jours par semaine, tandis que ceux qui le pratiquaient surtout entre un et quatre jours préféraient passer à un ou deux jours hebdomadaires. Près de la moitié des salariés en télétravail occasionnel souhaitaient poursuivre le télétravail de façon régulière (48 %), alors que seul un tiers de ceux qui ne l’ont pratiqué qu’en 2020 l’envisageaient.

Dans l’enquête de la DARES, les télétravailleurs mentionnent travailler plus longtemps et plus souvent en horaires décalés qu’auparavant et que la moyenne des salariés. Ceux qui sont en télétravail cinq jours sur cinq connaissent une augmentation des contraintes horaires supérieure à la moyenne des télétravailleurs ainsi qu’une hausse d’objectifs chiffrés non adaptés. Le télétravail favoriserait l’allongement de la durée du travail. Le télétravail accentuerait le sentiment d’insécurité de l’emploi, la peur de perdre son emploi. Ce sentiment concerne tous les télétravailleurs, même les plus diplômés. La conciliation vie privée et vie professionnelle n’est pas évidente pour les télétravailleurs. L’allongement de la durée de travail, la cohabitation durant toute la journée des conjoints pouvant être amenés à télétravailler pour des employeurs différents sont sources de tensions. Une mauvaise organisation du télétravail accroît les risques psycho-sociaux. Les douleurs physiques augmentent globalement avec la quotité de télétravail. Entre mars 2020 et janvier 2021, les télétravailleurs éprouvent plus souvent de nouvelles douleurs que l’ensemble des salariés. Leurs douleurs sont à la fois plus fréquentes et plus fortes. En parallèle, ils sont davantage confrontés à une hausse des troubles du sommeil. Ils sont aussi 37 % à présenter des symptômes dépressifs, contre 23 % pour l’ensemble des salariés. Cette dégradation de la santé mentale et physique est associée aux mauvaises conditions d’organisation du télétravail qu’ils subissent et qui accroissent les risques psychosociaux. L’apparition de nouvelles douleurs physiques régulières suggère le développement de troubles musculosquelettiques comme les lombalgies ou les tendinopathies, en lien avec l’allongement de la durée du travail et sans doute la baisse de l’activité physique globale. Les troubles du sommeil et les symptômes dépressifs renvoient quant à eux aux risques d’isolement, renforcés par les mesures sanitaires.

Tourisme : Paris souffre, embellie pour les stations de ski

Avec la résurgence de l’épidémie à la fin de l’année dernière, les activités touristiques ont été pénalisées. La priorité donnée au télétravail a engendré une contraction des déplacements professionnels tout comme le nombre de touristes internationaux. Les grandes agglomérations ont été les plus touchées par cette baisse et, en premier lieu, Paris qui est une destination classique en fin d’année.

Au quatrième trimestre 2021 en France, la fréquentation dans les hébergements collectifs touristiques hors campings, exprimée en nombre de nuitées, a été ainsi inférieure de 8,6 % à son niveau du quatrième trimestre 2019. La fréquentation a été en retrait de -12,4 % dans les hôtels quand elle a malgré tout dépassé son niveau d’avant-crise (+2,9 %) dans les autres hébergements collectifs de tourisme (AHCT).

Comme pendant l’été 2021, la fréquentation hôtelière du quatrième trimestre a été portée par la clientèle résidant en France, dont le nombre de nuitées est proche de son niveau d’avant-crise (-3,0 %). La fréquentation des touristes non-résidents est restée faible accusant une contraction de 32,6 %.

Le retour de la clientèle résidente profite en premier lieu aux hôtels haut de gamme, classés 4 ou 5 étoiles. Le nombre de nuitées des résidents dans ces catégories d’établissements a augmenté de 650 000 (soit +9,0 %) par rapport au dernier trimestre 2019. La fréquentation des touristes non-résidents a baissé fortement (2 100 000 nuitées en moins) et reste très en-deçà de son niveau d’avant-crise (-33,8 %), si bien qu’au total la fréquentation dans ces hôtels a été de 11,0 % inférieure au niveau du quatrième trimestre 2019. La baisse a été un peu moins marquée dans les hôtels classés 3 étoiles (-6,9 %), qui perdent cependant plus de 1 200 000 nuitées sur la période. La chute de fréquentation a été importante concernant les hôtels classés 1 ou 2 étoiles, qui ont perdu 1 600 000 nuitées (-16,0 % par rapport au niveau d’avant-crise), et les hôtels non classés (1 500 000 nuitées en moins, soit -25,2 %).

En Île-de-France, la fréquentation hôtelière est loin d’avoir retrouvé son niveau d’avant-crise (-21,1 %). Le nombre de nuitées est en retrait aussi bien pour la clientèle résidente que pour la clientèle non-résidente. Dans les hôtels urbains de province, la baisse de la fréquentation a été moins marquée (-10,5 %).

Sur le littoral, la baisse de fréquentation par rapport au dernier trimestre 2019 (-2,0 % pour les nuitées) a été beaucoup moins forte qu’en Île-de-France, la hausse des nuitées résidentes (+8,9 %) contrebalançant en partie la chute des nuitées non-résidentes (-37,1 %).

Au niveau de la clientèle étrangère, la chute est importante en ce qui concerne les touristes britanniques. Ils ont été au quatrième trimestre 2021, deux fois moins nombreuses qu’avant la crise, dans un contexte marqué par les restrictions sanitaires régissant les voyages entre les pays et par le Brexit. Les nuitées allemandes sont également en baisse (-15,0 %), tandis que la clientèle belge est quant à elle revenue à son niveau de fin 2019 (+0,1 %).

Le tourisme d’affaires a enregistré une baisse de 16,8 %, et a représenté 49,6 % des nuitées hôtelières, contre 52,5 % deux ans auparavant. Cette baisse des nuitées d’affaires est marquée en Île-de-France (-27,3 %).

Les fêtes de Noël ont permis le retour des touristes dans les stations de ski, ce qui a fait le bonheur des hébergements collectifs (village de vacances, résidence de tourisme) qui ont connu une fréquentation légèrement supérieure à celle de 2019.

La décrue du chômage en France confirmée

Durant son quinquennat François Hollande aura attendu, en vain, la baisse du chômage. Malgré l’épidémie de covid-19, son successeur en bénéficie. Le taux de chômage était au quatrième trimestre 2021 de 7,4 % en baisse de 0,6 point par rapport au troisième trimestre.

Au quatrième trimestre, le nombre de chômeurs au sens du Bureau international du travail (BIT) en France (hors Mayotte) atteint 2,2 millions de personnes, soit 189.000 de moins sur le trimestre.

Le chômage« est inférieur de 0,8 point à son niveau d’avant-crise (fin 2019) et à son plus bas niveau depuis 2008, si l’on excepte la baisse ponctuelle en ‘trompe-l’œil’ du printemps 2020, liée à la crise sanitaire », lorsque beaucoup d’actifs avaient arrêté de chercher du travail, souligne l’Insee.

Sur le trimestre, la baisse du taux de chômage est plus marquée pour les femmes              (-0,8 point) que pour les hommes (-0,4 point), alors que l’écart était en sens inverse au trimestre précédent. Au total, par rapport à l’avant-crise, les taux de chômage des femmes et des hommes ont baissé chacun de 0,8 point, atteignant respectivement 7,3 % et 7,5 %.

Sur le trimestre, le taux de chômage des jeunes diminue fortement (-3,6 points) et atteint 15,9 %, rejoignant ainsi les plus bas niveaux des cycles précédents à la fin des années 80 et 90. Le taux de chômage diminue de 0,3 point pour les personnes âgées de 25 à 49 ans, à 6,8 %, et il est stable pour les 50 ans ou plus, à 5,8 %.

Le « halo autour du chômage », constitué de personnes sans emploi désireuses d’exercer une activité professionnelle mais qui ne satisfont pas aux autres critères du BIT pour être considérées comme chômeuses, est en légère hausse. 1,9 million de personnes figurent dans cette catégorie, en hausse de 48 000.

Le taux de chômage de longue durée baisse de 0,2 point à 2,2 % de la population active et retrouve son niveau d’avant-crise. Environ 700 000 chômeurs déclarent être sans emploi et en rechercher un depuis au moins un an.

Le taux d’emploi (nombre de personnes en emploi par rapport au nombre total de personnes) des 15-64 ans augmente de 0,2 point, à 67,8 %. Il dépasse ainsi son plus haut niveau historique atteint au trimestre précédent. Le taux d’activité (soit les personnes en emploi ou au chômage) des 15-64 ans diminue de 0,2 point à 73,3%, après une hausse de 0,7 point le trimestre précédent où il avait atteint son plus haut niveau depuis que l’Insee le mesure (1975).

INSEE

Poursuite de la hausse de l’inflation en France  

L’INSEE a confirmé que l’inflation avait progressé de +0,3 % en janvier, contre +0,2 % en décembre, portant la hausse sur douze mois à +2,9 %. La France reste nettement en dessous de la moyenne de la zone euro, +5 %. Corrigés des variations saisonnières, les prix à la consommation en France sont en hausse de 0,6 %, après +0,2 % en décembre. L’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) croît de 0,2 % sur un mois, comme en décembre. Sur un an, il augmente de 3,3 %, après +3,4 % le mois précédent.

En janvier, l’inflation a été portée par les prix de l’énergie rebondissent (+2,9 % après -0,9 %) dans le sillage de ceux des produits pétroliers (+4,9 % après −2,2 %). Ceux de l’alimentation accélèrent légèrement (+0,6 % après +0,5 %) et ceux du tabac sont en hausse de 0,2 % après avoir été stables le mois précédent. Les prix des services ralentissent (+0,3 % après +0,4 %) et ceux des produits manufacturés, en lien avec les soldes d’hiver, se replient de 1,0 % après avoir été stables le mois précédent.

Sur un an, les prix de l’énergie (+19,9 % après +18,5 %) et des services (+2,0 % après +1,8 %) accélèrent, ainsi que, dans une moindre mesure, ceux de l’alimentation (+1,5 % après +1,4 %). Les prix des produits manufacturés ralentissent (+0,6 % après +1,2 %) et ceux du tabac se replient légèrement (-0,1 % après +0,0 %).

L’inflation sous-jacente (hors prix subissant de fortes variations mensuelles et prix réglementés) baisse en janvier à +1,6 % sur un an, après +1,9 % en décembre.

INSEE