C’est déjà hier – moral des affaires – salariés et temps de travail
Le climat des affaires au plus haut en France
Au mois de novembre, l’indicateur de climat des affaires, établi par l’INSEE, pour la France augmente de nouveau au point de battre un record vieux de plus de 14 ans. À 114, il est donc largement au-dessus de sa valeur d’avant la crise sanitaire (106) et à plus forte raison de sa moyenne de longue période (100). Cette nouvelle amélioration du climat des affaires tient principalement à la hausse des soldes d’opinion concernant l’activité et les effectifs passés dans les services, ainsi qu’à l’amélioration des carnets de commande étrangers dans l’industrie. Le début de la 5e vague de l’épidémie de Covid n’a pas affecté le moral des chefs d’entreprise. Pour en apprécier les effets, il faudra attendre l’enquête de l’INSEE du mois de décembre.
Dans tous les grands secteurs d’activité, le climat des affaires s’améliore un peu et demeure nettement supérieur à sa moyenne de longue période. Dans le commerce de gros, le climat des affaires est en hausse par rapport à septembre, en raison du rebond des soldes d’opinion sur les ventes totales et les livraisons reçues de l’étranger. Dans le commerce de détail, le climat des affaires progresse également, du fait de l’augmentation du solde relatif aux intentions de commandes. Dans l’industrie, le climat des affaires connait une amélioration malgré les pénuries de matières premières et de biens intermédiaires. La hausse des commandes de l’étranger explique en partie l’optimisme des dirigeants de ce secteur. Dans le secteur des services, le climat des affaires poursuit sa hausse. Enfin, dans le bâtiment, le climat des affaires reste très favorable, malgré les contraintes d’offre.
Le climat de l’emploi continue à s’améliorer en novembre, après le net rebond d’octobre. L’indicateur gagne deux points pour atteindre 112. Bien au-dessus de sa moyenne de longue période (100), il atteint son niveau le plus élevé depuis juin 2011. Cette nouvelle amélioration est notamment due à l’augmentation du solde d’opinion relatif aux effectifs passés dans les services hors agences d’intérim.
Un tiers des salariés maître de leurs temps
Selon l’INSEE, en 2019, avant la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19, 39 % des salariés déclarent qu’ils peuvent décider de l’horaire de début ou de fin de leur journée de travail, 45 % peuvent prendre un ou deux jours de congés sans anticipation et 61 % peuvent interrompre leur travail pendant une ou deux heures pour une raison personnelle. A contrario, 49 % des salariés sont parfois amenés à modifier leurs horaires pour répondre aux exigences de leur travail et 30 % ont été contactés sur leur temps libre pour des raisons professionnelles dans les deux mois précédents l’enquête. Plus du tiers de la population salariée disposent ains d’un relative liberté d’organisation de leur temps de travail.
En règle générale, les cadres disposent d’une plus large autonomie dans l’organisation de leurs journées de travail que les autres catégories de salariés. Ils sont, en revanche, plus souvent contactés en-dehors de leurs heures de travail. 77 % des cadres peuvent décider du début ou de la fin de leur journée de travail, contre 24 % pour les employés et 20 % pour les ouvriers. 60 % peuvent poser un ou deux jours de congés sans anticipation, contre respectivement 37 % et 42 %. 77 % peuvent également interrompre leur travail pour une raison personnelle contre respectivement 53 % et 56 %. A contrario, 71 % des cadres doivent parfois modifier leurs horaires pour répondre aux exigences de leur travail, contre 40 % des employés et 37 % des ouvriers. 47 % ont été contactés sur leur temps libre pour des raisons professionnelles, contre respectivement 25 % et 19 %.
Les femmes et les immigrés disposent en général de moins de latitude que les autres salariés dans l’organisation de leur temps de travail, mais leur vie privée est moins exposée à des imprévus professionnels. Comparés aux autres classes d’âges, les salariés de 55 ans ou plus disposent de plus d’autonomie dans l’organisation de leur temps de travail et ont une vie privée moins exposée à des imprévus professionnels. Ces différences selon le sexe, l’origine ou l’âge s’expliquent en partie par les caractéristiques des emplois occupés, mais pas uniquement. Parmi les salariés cadres, 72 % des femmes peuvent décider de leurs horaires de travail, contre 81 % des hommes.
Près d’un quart des salariés (23 %) occupe un emploi dont les horaires de travail, bien qu’imposés, offrent une certaine flexibilité en cas d’imprévu, et où la vie privée est peu exposée à des imprévus professionnels. Ces salariés ne peuvent pas, pour la totalité d’entre eux, décider de leurs horaires de début ou de fin de journée, mais bénéficient tout de même d’une certaine marge de manœuvre dans l’organisation de leur temps de travail. 58 % peuvent prendre un ou deux jours de congés sans anticipation et tous peuvent interrompre leur travail en cas d’imprévu personnel. Leur vie privée est peu exposée à des imprévus professionnels : ils ne sont jamais contactés sur leur temps libre, et seuls 33 % sont parfois contraints de modifier leurs horaires pour répondre aux exigences de leur travail.
Environ un tiers des salariés (34 %) occupent un emploi avec de fortes contraintes dans l’organisation du temps de travail, et où leur vie privée est modérément exposée à des imprévus professionnels. Seuls 9 % de ces salariés peuvent décider de leurs horaires de début ou de fin de travail, 10 % peuvent poser un ou deux jours de congés sans anticipation, et aucun ne peut interrompre son travail pour raison personnelle. Face aux imprévus professionnels, 38 % doivent parfois modifier leurs horaires (contre 49 % en moyenne) et 28 % ont été contactés sur leur temps libre (30 % en moyenne). Ces salariés ont plus souvent des horaires de travail atypiques. Ils travaillent plus souvent le soir (27 %, contre 23 % pour l’ensemble des salariés) ou la nuit (13 % contre 9 %), mais aussi le samedi (43 % contre 34 %) ou le dimanche (25 % contre 18 %). Ils ont également moins souvent des horaires semblables d’une semaine sur l’autre (67 % contre 73 %). Par rapport à l’ensemble des salariés, ce groupe compte plus de femmes (56 % contre 50 %) et d’immigrés (13 % contre 10 %).
43 % des salariés disposent d’une grande latitude dans l’organisation de leurs journées de travail, avec pour la moitié d’entre eux une vie privée modérément exposée à des imprévus professionnels (22 %) et pour l’autre moitié une vie privée très exposée (21 %). La majorité (respectivement 76 % et 61 %) peuvent prendre de courts congés sans anticipation et l’immense majorité (95 % et 86 %) peuvent interrompre leur travail pendant une heure ou deux pour raison personnelle. Le volume horaire de travail de cette catégorie est habituellement important, mais la charge de travail est encore plus élevée. Le travail à domicile le week-end et el soir est fréquent. Les professions caractéristiques de ces deux groupes sont en grande partie les mêmes : ingénieurs et cadres techniques de l’informatique et des télécoms, cadres techniques et commerciaux de la banque, de l’assurance, des organismes de sécurité sociale et de l’immobilier, cadres commerciaux, ou encore cadres administratifs de la fonction publique.
La proportion de salariés français pouvant interrompre leur travail pendant une heure ou deux pour raison personnelle se situe dans la moyenne européenne mais est supérieure à celle constatée en France (61 % contre 55 %). Elle est en revanche inférieure à celle constatée en Suède (81 %). En France, les salariés peuvent moins fréquemment que leur voisins membres de l’Union européenne, poser un ou deux jours de congés au dernier moment (45 % contre 51 %), mais ils peuvent davantage décider du début ou de la fin de leur journée de travail (39 % contre 31 % au sein de l’Union, 20 % en Espagne et 14 % en Italie).
Les salariés résidant en France sont nettement plus nombreux à modifier leurs horaires pour répondre aux exigences de leur travail, qu’en moyenne dans l’Union. Ils sont respectivement 49 % en France contre 35 % au sein de l’Union, 31 % en Allemagne et 19 % en Espagne. En revanche, en France, une moindre proportion de salariés a été contactée sur son temps libre, 30 % contre 37 % dans l’Union et 60 % en Suède.