9 avril 2022

C’est déjà hier – production industrielle – bilan deux ans de covid

La production industrielle française en hausse de près de 1 % sur un an

La production de l’industrie manufacturière française des trois derniers mois (décembre 2021 à février 2022) est supérieure de 0,9 % à celle des trois mêmes mois un an plus tôt. Pour l’ensemble de l’industrie, la hausse est de 0,4 %. La production industrielle française n’a toujours pas retrouvé son niveau d’avant-crise en raison des goulets d’étranglement pour certains biens intermédiaires et des difficultés rencontrées par certains secteurs comme l’automobile et l’aéronautique. Par rapport à février 2020 (dernier mois avant le début du premier confinement), la production reste en retrait dans l’industrie manufacturière (-4,5 %) comme dans l’ensemble de l’industrie (-4,6 %).

Sur un an, la production est en hausse dans les industries agro-alimentaires (+3,8 %), les « autres industries » (+0,9 %) et les biens d’équipement (+2,1 %). Elle est en très forte hausse dans la cokéfaction-raffinage (+40,6 %), en raison d’un niveau particulièrement bas il y a un an lié aux importants arrêts techniques. À l’opposé, elle est en nette baisse dans les matériels de transport (-6,0 %), notamment dans l’industrie automobile (-13,8 %) qui demeure lourdement affectée par la pénurie de semi-conducteurs. Elle diminue aussi dans les industries extractives, énergie, eau (-2,4 %).

En février 2022, la production se replie dans l’industrie manufacturière (-0,5 % après +2,2 %) comme dans l’ensemble de l’industrie (-0,9 % après +1,8 %). En février 2022, la production demeure en retrait de son niveau de février 2020 (dernier mois avant le début de la crise sanitaire) dans la plupart des branches industrielles : elle reste en très fort recul dans les matériels de transport (-27,6 %), tant dans l’industrie automobile (-27,5 %) que dans les autres matériels de transport (-27,7 %). La baisse est plus contenue dans les industries extractives, énergie, eau (-5,0 %), les « autres industries » (-1,5 %) et dans la fabrication de biens d’équipement (-1,0 %). À l’opposé, la production est supérieure à son niveau de février 2020 dans les industries agro-alimentaires (+2,1 %) et la cokéfaction-raffinage (+2,9 %).

INSEE

Les Français, deux ans après le début de la crise sanitaire, quel bilan ?

En un peu plus d’un an et demi, l’économie française a presque effacé les stigmates de la crise sanitaire qui avait pourtant entraîné le plus important recul du PIB de ces soixante-dix dernières années. La contraction du PIB a été de 8,3 % en 2020 quand elle avait été de 2,9 % lors de la crise des subprimes en 2009, de -0,6 % en 1993 et de -1 % en 1975. Dès la fin de 2021, le PIB avait quasiment retrouvé son niveau d’avant-crise (-0,1 % par rapport au quatrième trimestre 2019). En comparaison, fin 2020 La production se situait, à 0,2 % de son niveau de 2019. Pour la consommation, l’écart était de 0,9 %. L’investissement, à fin 2021, est même supérieur à celui mesuré en 2019 (+1,4 %).

Le taux de pauvreté, mesurant la proportion de la population se situant en-deçà de 60 % de revenu médian, se maintient autour de 14 %. La Banque de France a indiqué que le dépôt de dossiers de surendettement entre 2019 et 2020 avait baissé de 24 %. Une diminution des découverts bancaires a été également enregistrée selon les données recueillies notamment par la Banque Postale. bancaires. Le Conseil d’Analyse Économique fait part d’une moindre précarité bancaire avec moins de dépassements de découvert autorisés, moins de rejets de prélèvement, et moins de ménages ayant connu des mouvements débiteurs déclenchant la commission d’intervention.

L’épargne financière des ménages a progressé de 183,9 milliards entre 2019 et 2020 et de 117,3 milliards en cumul de janvier à octobre 2021, quand elle n’avait augmenté que de +67.5 milliards d’euros entre 2018 et 2019. Selon l’enquête du Cercle de l’Épargne présentée en avril 2022, 70 % des Français déclarent épargner. 49 % de ceux dont les revenus sont inférieurs à 1 200 euros par mois mettent de l’argent de côté. 75 % des jeunes de moins de 35 ans font de même.

Au niveau de l’emploi, la normalisation a été rapide. Le chômage partiel s’est résorbé, passant de 8,4 millions de salariés en avril 2020, soit un quart de l’emploi total à 379 000 en novembre 2021 (source : DARES). Le taux de chômage est repassé en-dessous de 8 % pour la première fois depuis 2008. Le nombre de faillites d’entreprises est à un point bas inconnu depuis plus de quarante ans. Il a été divisé par deux depuis le début de la crise sanitaire. Le rebond craint ne s’est pas produit. Le revenu disponible de l’ensemble des ménages a augmenté de 1,0 % et le pouvoir d’achat par unité de consommation est également en progrès. Les mesures de soutien aux ménages et aux entreprises ont, en revanche et fort logiquement, conduit à une hausse de l’endettement des administrations publiques qui est passé de 2 380,1 milliards d’euros en fin 2019 à 2 739,2 milliards d’euros fin 2021.

Au mois de septembre 2021, 55 % de nos concitoyens indiquaient devoir se restreindre financièrement régulièrement sur leurs dépenses ; le taux était de 56 % en janvier 2020. 60 % estimaient que la crise sanitaire n’avait pas changé leur situation financière. Avant la crise ukrainienne, une majorité de Français pensaient que leur situation pouvait s’améliorer dans les prochaines années.

Selon le Crédoc, une majorité de Français (entre 50 et 46 % selon les vagues d’enquête) ont indiqué que la crise sanitaire avait eu peu de conséquences sur leur situation financière. Entre 23 et 28 % ont déclaré au contraire avoir subi une perte de revenus. Entre 9 et 12 % ont affirmé avoir enregistré une augmentation de leurs revenus. Les personnes travaillant dans les secteurs des transports, de l’hébergement et la restauration, dans les arts et spectacles, sont plus nombreux à avoir subi des pertes de revenus que celles des autres secteurs. Selon le Crédoc, 36 % des personnes occupant des emplois dans le transport et entreposage ont signalé un équilibre financier plus difficile. Les aides pour les actifs de ces secteurs ont été importantes, mais tous les effets de la crise n’ont pas pu être compensés. Le chômage partiel a représenté une décote de salaire pour les bas revenus privés d’heures supplémentaires. Selon l’OFCE, les salariés en chômage partiel auraient perdu plus de 400 euros durant le premier confinement. Les ménages à faibles revenus privés de l’accès aux services sociaux durant les confinements auraient par ailleurs enregistré une dégradation de leurs conditions de vie. Parmi les Français se situant parmi les 20 % les plus modestes, le taux de création d’entreprises a été élevé en 2020. Ces créations visaient à compenser la perte de salaires provoquée par l’arrêt de CDD ou la suppression des heures supplémentaires. De nombreux jeunes ont créé des activités de livraison à domicile en ayant recours au statut de micro-entrepreneur.

La crise sanitaire marque une parenthèse dans tous les sens du terme. Les aides publiques ont anesthésié le temps des confinements le climat social qui s’était tendu avec la crise des « gilets jaunes » et la réforme des retraites. Malgré l’amélioration sensible de la situation économique, le ressenti par les Français demeure toujours négatif. La hausse des prix qui a commencé au milieu de l’année 2021 renforce leur sentiment, pourtant contredit par les chiffres, de diminution du pouvoir d’achat depuis 2017.