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Les non-salariés, un monde pluriel
Fin 2019, en France, 3,5 millions de personnes exercent une activité non salariée, en tant qu’entrepreneurs individuels classiques, micro-entrepreneurs ou gérants majoritaires de sociétés. 400 000 des travailleurs non-salariés exercent une activité dans le secteur agricole. Hors secteur agricole, le nombre de non-salariés a progressé de 6,4 % en 2019, après +3,5 % en 2018, et +0,6 % par an en moyenne entre 2013 et 2017. Cette augmentation est imputable à la croissance du nombre de micro-entrepreneurs (+18,1 %, après +14,3 % en 2018 et +7,5 % en moyenne par an entre 2013 et 2017). Les non-salariés dits « classiques » continuent, en revanche, à baisser (-0,4 % en 2019). Les non-salariés classiques représentent 1,8 million de personnes fin 2019, dont 53 % sont entrepreneurs individuels et 47 % gérants majoritaires de sociétés. La majorité des secteurs connait une baisse des effectifs en 2019. Elle est plus marquée dans le commerce et l’artisanat commercial (-2,7 %), l’industrie (-1,8 %) et la construction (-1,8 %). Il progresse en revanche dans les activités financières et d’assurance (+4,1 %), la santé et l’action sociale (+2,5 %) ainsi que dans les activités juridiques et comptables (+2,5 %).
Hors secteur agricole, les non-salariés se concentrent principalement dans les services aux entreprises ou aux particuliers (45 %), la santé (17 %), le commerce (17 %) et la construction (12 %), mais sont peu présents dans l’industrie (5 %).
Fin 2019, 1,3 million de micro-entrepreneurs sont économiquement actifs ; ils représentent 41 % des non-salariés hors agriculture. L’essor de ce statut s’explique par le doublement du plafond au mois de janvier 2018 et par l’exonération partielle de charges pour les trois premières années appliquées depuis le mois de janvier 2019. La part des micro-entrepreneurs augmente dans presque tous les secteurs, elle atteint 75 % dans le commerce de détail hors magasin (sur les marchés, ventes, en ligne) et jusqu’à 98 % dans les activités de livraison à domicile et de coursiers urbains.
Des écarts de revenus importants
En 2019, hors secteur agricole, les revenus des non-salariés classiques étaient de 3 830 euros par mois en moyenne. Environ 8 % d’entre eux déclarent un revenu d’activité nul (ou déficitaire). Cette part varie de 2 % pour les professionnels de santé à 21 % dans les activités immobilières. Le commerce de détail hors magasin génère les revenus les plus faibles (1 370 euros par mois en moyenne), derrière les taxis et VTC, les services personnels, les activités artistiques et récréatives et l’enseignement (de 1 460 à 1 740 euros mensuels). Les médecins et dentistes perçoivent en moyenne les revenus les plus élevés (9 180 euros), devant les juristes et comptables (8 290 euros) et les pharmaciens (6 700 euros).
Parmi les non-salariés classiques qui perçoivent un revenu positif, 10 % gagnent moins de 560 euros par mois (D1), la moitié moins de 2 660 euros et 10 % plus de 8 720 euros (D9). Le rapport interdécile (D9/D1), qui est une mesure de la dispersion des revenus d’activité, est ainsi de 16.
L’ampleur des inégalités de revenus diffère selon les secteurs : plus modérée dans la construction, la santé et les transports (rapport interdécile inférieur à 9) et plus élevée dans le commerce, les services aux entreprises et les services mixtes et l’industrie (rapport interdécile supérieur à 18), où les bas revenus sont particulièrement faibles.
Près d’un tiers des micro-entrepreneurs occupent un emploi salarié
En 2019, les micro-entrepreneurs retirent en moyenne 590 euros par mois de leur activité non salariée, soit 6,5 fois moins que les non-salariés classiques. Leur faible revenu est lié à la nature de ce régime qui impose des plafonds sur les chiffres d’affaires pour en bénéficier. Un sur quatre gagne moins de 100 euros par mois, la moitié moins de 330 euros et un sur dix plus de 1 510 euros. Ce dernier seuil a fortement augmenté en deux ans (1 250 euros en 2017) en raison du rehaussement du plafond.
29 % des micro-entrepreneurs cumulent cette activité avec un travail salarié, contre 9 % des non-salariés classiques. Le revenu d’activité global de ces micro-entrepreneurs pluriactifs (incluant leurs salaires) atteint 2 280 euros mensuels en 2019, dont seuls 370 euros proviennent de leur activité non salariée. Les micro-entrepreneurs n’exerçant pas d’activité salariée perçoivent en moyenne 680 euros par mois.
Baisse de revenus en 2019 pour les non-salariés classiques
En 2019, le revenu d’activité moyen des non-salariés classiques diminue de 1,1 % en euros constants, après cinq années consécutives de hausse, dont +4,8 % en 2018. Il diminue de 3,5 % pour les gérants de sociétés (après +7,0 % en 2018) tandis qu’il augmente légèrement pour les entrepreneurs individuels (+1,0 % après +3,0 % en 2018). L’introduction du prélèvement forfaitaire unique explique en partie cette diminution. Les indépendants sortent moins de revenus du fait de la pression fiscale en baisse.
Le revenu des micro-entrepreneurs continue quant à lui de progresser en 2019 (+8,1 %, après +12, % en 2018). Ces hausses sont liées au doublement début 2018 des plafonds de chiffres d’affaires ouvrant droit à ce statut. Au total pour l’ensemble des non-salariés, le revenu moyen se replie de 4,9 %, avec un fort effet de composition, lié au dynamisme des effectifs de micro-entrepreneurs dont les revenus moyens sont nettement plus faibles.
Les non-salariés femmes gagnent un tiers de moins que les hommes
En 2019, 39 % des non-salariés sont des femmes, contre 42 % des salariés du privé. Leur part s’accroît néanmoins progressivement : +3 points en cinq ans. Elles sont notamment de plus en plus nombreuses dans les métiers les plus qualifiés tels que médecins, professions du droit, architectes, mais aussi dans des secteurs où elles ont lancé leur activité sous le statut de micro-entrepreneur : industrie (habillement, fabrication de bijoux fantaisie), services administratifs et de soutien ou encore enseignement.
En 2019, les femmes non salariées classiques gagnent en moyenne 22 % de moins que leurs confrères (3 260 euros par mois contre 4 160 euros), écart relativement stable sur cinq ans. Pourtant, elles exercent dans des secteurs souvent plus rémunérateurs : si elles se répartissaient de la même façon que les hommes dans les différents secteurs, leur revenu moyen serait inférieur de 32 % à celui des hommes. Une partie de l’écart s’expliquerait par un volume de travail moins important ; elles sont aussi plus jeunes et dirigent des entreprises en moyenne plus petites.
Commerce de détail, retour progressif à la normale au sein de l’Union européenne
En juin, selon Eurostat, le volume des ventes du commerce de détail corrigé des variations saisonnières a augmenté de 1,5 % dans la zone euro et de 1,2 % dans l’Union, par rapport à mai 2021. En mai, le volume du commerce de détail avait augmenté respectivement de 4,1 % et de 4,2 %. En juin 2021, par rapport à juin 2020, l’indice corrigé des effets de calendrier des ventes de détail a augmenté de 5,0 % dans la zone euro et de 5,3 % dans l’Union.
Sur un mois de mai à juin, le volume des ventes du commerce de détail dans la zone euro a augmenté de 3,8 % pour les carburants et de 3,4 % pour les produits non-alimentaires, tandis qu’il a diminué de 1,5 % pour le secteur alimentation, boissons et tabac. Parmi les États membres, les hausses mensuelles les plus marquées du volume des ventes du commerce de détail ont été observées en Irlande (+9,4 %), en Allemagne et Lettonie (+4,2 % chacune). Des baisses les plus fortes ont été enregistrées à Malte (-3,0 %), en Autriche (-2,7 %) et en Croatie (-2,6 %).
Malgré la hausse de juin, la production industrielle reste en-deçà de son niveau d’avant crise
En juin 2021, la production dans l’industrie manufacturière en France a augmenté de +0,9 % après -0,6 % en mai. Pour l’ensemble de l’industrie, la hausse a été de +0,5 % après -0,4 %). Par rapport à février 2020 (dernier mois avant le début du premier confinement), la production reste en net retrait dans l’industrie manufacturière (-6,2 %), comme dans l’ensemble de l’industrie (-5,3 %).
En juin, la production s’est redressée pour les matériels de transport de +2,3 % après une baisse en mai de 5,5 %. La production de biens d’équipement a également augmenté, +0,8 %, après -1,7 %. Elle continue de croître dans la cokéfaction-raffinage (+8,3 % après +5,2 %). La production est quasi stable dans les industries agro-alimentaires (+0,1 % après +1,2 %) et fléchit dans les industries extractives, énergie, eau (-1,8 % après +1,0 %).
En juin 2021, la production demeure en retrait par rapport à son niveau de février 2020 dans la plupart des branches industrielles. Elle reste en net recul dans les matériels de transport (-28,0 %). La production d’automobiles est en retrait de 28,3 % en lien avec une baisse de la demande et les problèmes d’approvisionnement en microprocesseurs. L’écart de production pour le secteur des biens d’équipement est de 4,1 %, de 5,7 % pour celui de la cokéfaction-raffinage. La production est supérieure à son niveau de février 2020 dans les industries agro-alimentaires (+0,8 %) et quasi inchangée dans les industries extractives, énergie, eau (+0,1 %).
Compte tenu d’un « effet de base » important du fait du premier confinement de mars à mai 2020, la production du deuxième trimestre de 2021 est supérieure à celle du même trimestre de 2020 dans l’industrie manufacturière (+24,0 %), comme dans l’ensemble de l’industrie (+22,0 %). Sur cette période, la production est en forte hausse dans les matériels de transport (+40,2 %), les biens d’équipement (+28,0 %), les industries extractives, énergie, eau (+12,4 %), les industries agro-alimentaires (+8,5 %) et la cokéfaction-raffinage (+10,3 %).
L’emploi retrouve son niveau d’avant crise
Au deuxième trimestre, selon l’INSEE, l’emploi salarié privé en France a augmenté de +1,2 % malgré le troisième confinement, après +0,5 % au trimestre précédent. 239 500 créations nettes d’emplois ont été ainsi dénombrées, après 91 400 créations d’emploi au trimestre précédent. Au total, l’emploi salarié privé retrouve mi-2021 son niveau d’avant-crise (c’est-à-dire celui de la fin 2019). La France comptait 19,75 millions d’emplois à la fin du deuxième trimestre. La situation demeure contrastée selon les secteurs, certains dépassant leur niveau d’avant-crise (construction et tertiaire non-marchand) quand d’autres demeurent au-dessous (industrie et tertiaire marchand).
L’emploi intérimaire toujours en retrait
Au deuxième trimestre, toujours selon l’INSEE, l’emploi intérimaire a progressé de 2,4 % après +0,7 % au premier trimestre. Ces hausses sont bien plus modérées que celles des trimestres précédents (+22,1 %, +23,0 % et +5,2 % aux deuxième, troisième et quatrième trimestres 2020). Ce dynamisme sur cinq trimestres consécutifs ne compense cependant que partiellement la chute du premier trimestre 2020 (-40,1 % soit -315 300 emplois). L’emploi intérimaire demeure inférieur à son niveau d’avant-crise. Fin juin, il se situe 2,4 % sous son niveau de fin 2019, soit un déficit de 19 100 emplois. Hors intérim, l’emploi salarié privé augmente de 1,2 % au premier trimestre (+221 600 emplois).
L’emploi industriel (hors intérim) augmente au deuxième trimestre 2021, après une quasi-stabilité au trimestre précédent, +0,3 % (soit +9 200 emplois après +1 400). Il avait baissé de 1,9 % sur l’ensemble de l’année 2020 (-57 700 emplois). L’emploi industriel demeure ainsi nettement inférieur à son niveau d’avant-crise, -1,5 % (soit -47 100 emplois) par rapport au niveau mesuré fin 2019.
Dans le tertiaire marchand hors intérim, l’emploi salarié privé a enregistré une forte progression de mars à juin, +1,7 % après +0,4 % le trimestre précédent (soit +195 900 après +46 800 emplois). Ce secteur a été très marqué par les mesures de restrictions sanitaires, avec notamment une baisse de l’emploi salarié de 2,4 % sur l’ensemble de l’année 2020 (soit -279 300 emplois). Mi-2021, l’emploi dans ce secteur demeure inférieur de 0,3 % (soit -36 500 emplois) à son niveau d’avant-crise (fin 2019).
Dans la construction, l’emploi salarié privé (hors intérim) augmente de nouveau au deuxième trimestre, mais plus modérément qu’au premier (+0,3 % après +1,4 %, soit +4 500 après +19 800 emplois). Il avait retrouvé son niveau d’avant-crise dès juin 2020. L’emploi est, à mi-2021, supérieur de 3,9 % à son niveau de fin 2019 (+55 300 emplois).
L’emploi salarié privé dans le tertiaire non marchand a augmenté de +0,4 % au deuxième trimestre 2021 (soit +10 900) après +0,9 % au premier trimestre 2021 (soit +21 900). Il dépasse de 1,9 % son niveau de fin 2019 (soit +47 200).
Quinze mois après le début de l’épidémie, la situation du marché de l’emploi apparaît moins dégradée que certains ne l’avaient envisagée. Le nombre limité des faillites des entreprises en lien avec le plan de soutien de l’État et la force de la reprise explique que le retour de l’emploi à son niveau de la fin 2019.