C’était déjà hier (26 septembre 2015)
Les Français reprennent-ils espoir ?
L’augmentation du chômage, + 20 000 en catégorie A au mois d’août, aurait pu doucher les espoirs des Français. Tel n’a pas été le cas. Bien au contraire, la confiance des ménages est à nouveau en hausse après cinq mois de stabilité.
Selon l’INSEE, l’indicateur qui la synthétise augmente de 3 points et atteint 97, son plus haut niveau depuis octobre 2007. Il demeure cependant inférieur à sa moyenne de longue période (100).
Tous les indicateurs sont bien orientés. Ainsi, l’opinion des ménages sur leur situation financière personnelle, passée progresse de 2 points quand celle sur leur situation future gagne 3 points. Ils restent néanmoins en dessous de leur moyenne de longue période.
De même, les ménages sont plus nombreux qu’en août à considérer comme opportun de faire des achats importants : le solde correspondant gagne 4 points en septembre et continue de s’élever au-dessus de sa moyenne de long terme.
En septembre, l’opinion des ménages sur leur capacité d’épargne se redresse nettement : le solde sur leur capacité d’épargne actuelle regagne 5 points et celui concernant leur capacité d’épargne future augmente de 9 points. Ces deux soldes repassent ainsi au-dessus de leur moyenne de long terme.
Après une chute en août, le solde d’opinion concernant l’opportunité d’épargner fait un bon de 14 points et retrouve son niveau du début de l’été. Il demeure, en revanche, inférieur à sa moyenne de longue période.
Un climat des affaires mi-figue-mi-raisin
Si l’indicateur sur le climat des affaires est resté, en septembre, au niveau correspondant à sa moyenne de long terme (100), il demeure stable par rapport au mois d’août. Le climat progresse de deux points dans le commerce de détail et d’un point dans l’industrie. Il perd un point dans le bâtiment, deux points dans les services et quatre points dans le commerce de gros. L’indicateur de retournement pour l’ensemble de l’économie reste dans la zone indiquant une situation conjoncturelle favorable. Cette stabilité prouve que l’économie française se situe sur un plateau. Il y a un réel attentisme de la part des entreprises. Il n’y a pas de signaux alarmistes au niveau économique. Le crédit à la consommation repart, certes à petite vitesse par rapport à la moyenne des pays de la zone euro ; le crédit à l’habitat progresse mais cela ne suffit pas pour le moment à créer un élan. La forte progression du chômage en août qui n’est pas un mois représentatif, indique néanmoins que la situation économique française demeure sans relief.
La chute des classes moyennes
Thomas Piketty souligne la montée des inégalités depuis une vingtaine d’années. Cette évolution qui concerne en premier lieu les Etats-Unis est plus discutable pour la France. Certes, nous assistons à une concentration du patrimoine sur les 1 % les plus riches mais de manière moins nette qu’aux Etats-Unis. Par ailleurs, le rapport entre le niveau de revenus des 10 % les plus pauvres et les 10 % les plus riches reste constant dans notre pays autour de 3,5. Les dernières statistiques sur le sujet publiées par l’INSEE confirment cette situation et démontrent qu’en 2013 le taux de pauvreté s’est légèrement réduit.
En 2013, selon l’enquête Revenus fiscaux et sociaux, le niveau de vie médian des personnes vivant dans un ménage de France métropolitaine est de 20 000 euros annuels, soit 1 667 euros par mois.
Ce montant partage la population en deux, la première moitié ayant moins et la seconde ayant plus.
Pour une famille composée d’un couple avec deux enfants de moins de quatorze ans, cela correspond à un revenu disponible de 42 000 euros par an (soit 3 500 euros par mois).
En 2013, le niveau de vie médian a baissé de 0,1 % en euros constants confirmant une tendance en cours depuis la crise de 2008. De 2008 à 2013, le niveau de vie diminue ainsi de 0,2 % en moyenne par an, après avoir progressé à un rythme annuel moyen de 1,7 % entre 2004 et 2008.
Si en 2012, tous les déciles de niveau de vie avaient diminué, avec une baisse plus accentuée aux extrêmes de la distribution (premier et dernier déciles), en 2013, la baisse concerne les 70 % les Français les plus riches. En revanche, les 30 % les plus modestes bénéficient d’une hausse de leur niveau de vie avec un gain de 1,1 % en euros constants.
La baisse est plutôt faible du quatrième au huitième décile (entre – 0,1 % pour les quatrième et cinquième déciles et – 0,8 % pour le septième décile). Elle est plus forte pour le neuvième décile (– 1,8 %), en recul pour la deuxième année consécutive.
Cette évolution confirme le sentiment que les classes moyennes sont touchées par la crise et les augmentations d’impôt.
Du fait de cette évolution, une réduction des inégalités est constatée en France.
Au regard des principaux indicateurs, la réduction des inégalités amorcée en 2012 s’accentue en 2013. L’indice de Gini diminue de 0,014 (de 0,305 en 2012 à 0,291 en 2013). Ce repli est le plus important depuis 1996. Il efface l’augmentation de 0,013 enregistré depuis le début de la crise, entre 2008 et 2011.
Le rapport entre la masse des niveaux de vie détenue par les 20 % de personnes les plus aisées et celle détenue par les 20 % les plus modestes diminue fortement, de 4,6 à 4,3. Enfin, le rapport entre le neuvième décile, plancher des 10 % les plus aisés, et le premier décile, plafond des 10 % les plus modestes, recule de 3,6 à 3,5.
Les Français les plus aisés connaissent une baisse de leur niveau de vie en partie du fait de l’évolution des revenus du patrimoine. En effet, en 2013, la part des revenus du patrimoine (revenus financiers, loyers perçus par des propriétaires louant leur logement) dans le revenu disponible des ménages a nettement diminué, passant de 11,9 % à 10,9 %. Cette baisse concerne essentiellement les dividendes et les intérêts perçus et explique le recul très marqué des niveaux de vie en haut de la distribution. Les revenus du patrimoine représentent en effet une part beaucoup plus importante du revenu disponible dans le dernier décile (25,9 %) que dans le reste de la population.
Cette baisse est imputable à la baisse des taux d’intérêt et la hausse des impôts. Cette dernière a principalement touché les ménages aisés. En 2013, les impôts directs représentent 27,9 % du revenu disponible des ménages situés au-dessus du neuvième décile, soit 1,9 point de plus qu’en 2012. Par comparaison, la progression est de 0,8 point pour les 90 % de ménages restants. Parmi les mesures qui ont contribué à la dégradation du niveau de vie, il faut citer l’assujettissement au barème de l’IR des capitaux mobiliers jusqu’ici soumis au prélèvement forfaitaire libératoire, la création d’une tranche supplémentaire d’imposition, le plafonnement de l’effet du quotient familial, le durcissement du plafonnement des niches fiscales. En ce qui concerne les dividendes, leur assujettissement au barème a conduit également les petites entreprises à revoir leur politique de versement des dividendes.
En 2013, 8,6 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté monétaire, qui s’élève à 1 000 euros par mois. A ce titre de comparaison, pour une personne seule, le socle du revenu de solidarité active (RSA) s’élève à 483 euros au 1er janvier, puis 493 euros au 1er septembre, et l’allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA) à 787 euros (au 1er avril), sachant que d’autres prestations complètent souvent le revenu disponible de ces allocataires. Ainsi, en 2013, 64,3 % des ménages bénéficiaires du RSA socle vivent en dessous du seuil de pauvreté, contre 45,7 % des ménages qui perçoivent le minimum vieillesse.
Le taux de pauvreté monétaire s’élève en 2013 à 14,0 % de la population, soit un niveau en légère baisse par rapport à celui de 2012 (14,3 %).
Cette évolution s’accompagne d’une hausse du niveau de vie médian des personnes pauvres, qui atteint 802 euros par mois en 2013 pour 788 euros en 2012 (en euros constants). Ainsi, l’intensité de la pauvreté baisse, passant de 21,2 % en 2012 à 19,8 % en 2013. Le repli entre 2012 et 2013 s’explique en partie par la revalorisation de certaines prestations destinées aux plus modestes : RSA et allocation logement. Il fait suite à une hausse de 2,1 points entre 2008 et 2012.
Le taux de pauvreté au seuil de 50 %, qui cible une population plus pauvre que le taux au seuil de 60 % (seuil retenu le plus souvent au niveau européen), diminue également, de 8,5 % en 2012 à 8,0 % en 2013.
Du fait du gel des retraites et d’une moindre revalorisation de certaines prestations sociales, la proportion des retraités tombant en-dessous du seuil de pauvreté augmente, quand celle des actifs diminue. Le taux de pauvreté des retraités passe de 7,7 % à 7,9 % de 2012 à 2013.
Après avoir progressé entre 2010 et 2012, le taux de pauvreté des jeunes de 18 à 29 ans (hors ménages étudiants) diminue sensiblement de 20,6 % en 2012 à 18,6 % en 2013. Leur niveau de vie médian augmente de 0,6 % en euros constants. Parmi ces jeunes adultes, la pauvreté recule surtout chez les chômeurs (– 4,2 %), puis chez les actifs occupés (– 2,2 %). En 2013, les jeunes adultes représentent 26,4 % de la population pauvre, contre 29,2 % en 2012.