29 juin 2024

Conjoncture – économie France – consommation – inflation – commerce –

Petite baisse de l’inflation en juin en France

Sur un an, selon l’estimation provisoire réalisée par l’INSEE en fin de mois, la hausse des prix à la consommation serait de 2,1 % en juin 2024, après +2,3 % en mai. Cette légère baisse de l’inflation s’expliquerait par le ralentissement sur un an des prix de l’alimentation et de l’énergie. Les prix des services, des produits manufacturés et du tabac évolueraient sur un an au même rythme que le mois précédent.

Sur un mois, les prix à la consommation en juin 2024 seraient quasi stables (+0,1 % après 0,0 % en mai). Les prix des services et des produits manufacturés seraient en légère hausse ; ceux de l’énergie, notamment des produits pétroliers, et de l’alimentation seraient en baisse. Les prix du tabac seraient stables sur un mois.

Sur un an, l’indice des prix à la consommation harmonisé augmenterait de 2,5 % en juin 2024, après 2,6 % en mai. Sur un mois, il augmenterait de 0,1 % comme le mois précédent.

Cercle de l’Epargne – données INSEE

Petite érosion de la confiance des ménages en France

L’indice de confiance des ménages, calculé par l’INSEE, baisse d’un point en juin. Son calcul a été en grande partie réalisée avant le 10 juin et donc avant la décision de la dissolution de l’Assemblée nationale par le Président de la République. A 89, cet indice demeure bien au-dessous de sa moyenne de longue période (100 entre janvier 1987 et décembre 2023).

Cercle de l’Epargne – données INSEE

En juin, l’opinion des ménages sur leur situation financière personnelle passée et future est quasiment inchangée par rapport au mois précédent. Le solde d’opinion des ménages relatif à leur situation financière future augmente d’un point tandis que celui relatif à leur situation financière passée perd un point. Ces deux soldes restent au-dessous de leur moyenne de longue période.

La proportion de ménages estimant qu’il est opportun de faire des achats importants se replie légèrement. Le solde associé perd un point et reste bien au-dessous de sa moyenne de long terme.

En juin, l’opinion des ménages sur leur capacité d’épargne future se dégrade. Le solde d’opinion correspondant baisse de quatre points. Celui relatif à leur capacité d’épargne actuelle rebondit nettement et gagne trois points. Ces deux soldes demeurent néanmoins au-dessus de leur moyenne de longue période. La part des ménages estimant qu’il est opportun d’épargner reste stable et bien au-dessus de sa moyenne de longue période.

En juin, les Français sont pessimistes en ce qui concerne l’évolution de leur niveau de vie futur. Le solde d’opinion correspondant à l’évolution future perd quatre points, tandis que celui correspondant à l’évolution passée est quasi stable. Ces deux soldes restent bien au-dessous de leur moyenne de longue période. En juin, la part des ménages estimant que les prix vont accélérer au cours des douze prochains mois augmente. Le solde associé gagne six points après une baisse de trois points en mai 2024. Il demeure cependant bien au-dessous de sa moyenne de longue période. La part des ménages qui considèrent que les prix ont fortement augmenté au cours des douze derniers mois recule pour le quatrième mois consécutif. Le solde d’opinion correspondant perd quatre points en juin mais reste bien au-dessus de sa moyenne de longue période.

En juin, les craintes des ménages concernant l’évolution du chômage baissent légèrement. Le solde correspondant perd deux points, après en avoir gagné six en mai 2024. Il demeure au-dessous de sa moyenne de longue période.

Consommation en progression au mois de mai en France

Selon l’INSEE, au mois de mai, les dépenses de consommation des ménages en biens ont augmenté sur un mois de +1,5 % en volume,  après ‑0,9 % en avril. Ce rebond s’explique par l’augmentation de la consommation alimentaire (+2,4 %) et de la consommation d’énergie (+3,9 %). La consommation en biens fabriqués diminue légèrement (‑0,3 %).

Cercle de l’Epargne – données INSEE

Le commerce sous tension en France

En 2023, le commerce en France a souffert en raison du ralentissement de la croissance. Le produit intérieur brut (PIB) en euros constants et en données brutes n’a progressé que de 0,9 %, après +2,6 % en 2022. Les dépenses de consommation des ménages n’ont augmenté que de 0,8 % en euros constants en 2023, après +3,1 % en 2022). L’inflation est resté à un niveau élevé (+4,9 %, après +5,2 % en moyenne annuelle en 2022), tirée notamment par les prix de l’alimentation (+11,8 %). De ce fait, l’activité s’est détériorée dans le commerce de gros et le commerce de détail. Les ventes de marchandises du commerce de gros ont diminué de 3,3 % en volume et les ventes au détail de 2,1 % en volume. L’activité est néanmoins en forte hausse dans le commerce et la réparation d’automobiles (augmentation de 8,5 % du chiffre d’affaires en volume) après deux années de fort repli. Au premier trimestre 2024, le chiffre d’affaires global du commerce augmenterait légèrement par rapport à 2023.

Les ventes du commerce de gros en recul

Dans le commerce de gros, l’activité a été en recul, en 2023, dans tous les secteurs, à l’exception de celui des grossistes de produits agricoles bruts et de celui des grossistes d’autres équipements industriels. Les ventes de marchandises en volume diminuent de 3,3 % en 2023, après +1,6 % sur l’année 2022. Les ventes en volume du commerce de gros de produits alimentaires diminuent de 6,1 %. Les baisses concernent les produits frais (-4,5 %), les boissons (-7,8 %) et les autres produits alimentaires (-6,9 %). Le secteur a souffert de l’inflation. Les prix du commerce de gros de sucre, chocolats et confiseries enregistrent de fortes hausses en raison d’aléas climatiques touchant deux des plus gros producteurs mondiaux de sucre (Thaïlande et Inde), conjugués à une hausse des coûts de production.

En 2023, les ventes en volume des grossistes en équipements de l’information et de la communication reculent  de 2,6 %. Le repli concerne tant les ventes d’ordinateurs et équipements périphériques que les ventes de composants et équipements électroniques. Dans ce dernier cas, la baisse pourrait être due à un recul des ventes de smartphones neufs. L’activité des grossistes en biens domestiques baisse légèrement (-1,2 %). La hausse des ventes de produits pharmaceutiques ralentissent, avec la fin de la crise sanitaire (+0,4 % après +5,7 %), tandis que les ventes d’autres biens domestiques se replient (-2,6 % après +5,6 %). Dans le commerce de produits agricoles bruts, les ventes des grossistes en céréales, tabac non manufacturé, semences et aliments pour le bétail rebondissent en 2023 (+6,6 %) après une quasi-stabilité en 2022 (-0,2 %) et une forte baisse en 2021 (-14,6 %). Elles bénéficient d’un reflux des prix de gros des céréales (-20,2 %). L’activité des grossistes en autres équipements industriels augmente légèrement (+0,9 %).

Le commerce alimentaire en diminution

En 2023, les ventes au détail du commerce alimentaire en magasin diminuent de 3,8 % en volume. Les ventes des grandes surfaces d’alimentation générale sont en net recul (-4,8 %) dans un contexte de forte inflation. L’évolution des pratiques des consommateurs a pénalisé plus les hypermarchés (-5,6 % en volume, après +0,5 %) que les supermarchés (-3,8 % après +2,2 %). En ce qui concerne les ventes de produits non alimentaires, les hypermarchés ont notamment souffert de la concurrence du secteur de la vente en ligne et du commerce non alimentaire spécialisé. Les ventes des petites surfaces d’alimentation générale et magasins de produits surgelés fléchissent également (-3,2 % en volume, après +2,6 %). Leur activité a été très dynamique en 2020 et 2021 grâce à un regain d’attrait pour la proximité de la part des consommateurs.

Le commerce de détail non alimentaire en magasin, stable

Les ventes au détail du commerce non alimentaire en magasin ont légèrement diminué  en 2023 (-0,3 % en volume, après +6,7 %). Après avoir particulièrement souffert de la crise sanitaire et des mesures prises en 2020 pour lutter contre la propagation de l’épidémie de Covid (confinements successifs, fermeture des magasins non essentiels, etc.), elles avaient bénéficié d’un rebond en 2021 et en 2022, grâce au relâchement progressif de ces mesures. En 2023, l’activité des grands magasins et autres magasins non alimentaires non spécialisés progresse encore fortement (+9,3 % après +18,7 %). Au sein des commerces non alimentaires spécialisés, les ventes au détail en volume ralentissent dans les technologies de l’information et de la communication (+4,3 % après +10,7 %), le secteur de la culture et des loisirs (+1,2 % après +8,4 %), les autres équipements de la personne (+3,7 % après +14,7 %) et les commerces de pharmacie, articles médicaux et orthopédiques (+3,2 % après +9,8 %). Les ventes sont en baisse dans les commerces de carburants (-6,4 % après +2,1 %), l’équipement du foyer (-6,5 % après -2,5 %) et les autres magasins spécialisés (-0,6 % après +1,9 %). Elles se stabilisent dans l’habillement-chaussure (-0,1 % après +12,9 %).

Dans le secteur du commerce et de la réparation d’automobiles et de motocycles, le chiffre d’affaires a augmenté de 8,5 % en volume, après une baisse, en 2022, de 1,3 %).Le commerce de véhicules automobiles a connu une vive progression en 2023 (+11,7 % après -2,8 %) qui s’explique par un phénomène de rattrapage. Les immatriculations de voitures particulières neuves ont, en effet, augmenté de 15,2 % (1,817 million d’unités après 1,577 million). Néanmoins, elles n’ont pas retrouvé leur niveau de 2019 (plus de 2 millions d’unités). À l’opposé, les immatriculations de voitures particulières d’occasion baissent de 0,2 %.  Le niveau des immatriculations reste à un niveau historiquement bas, jamais atteint depuis plus de vingt ans (5,3 millions d’immatriculations). L’activité a légèrement augmenté dans l’entretien et la réparation de véhicules automobiles (+1,3 %), le commerce de gros d’équipements automobiles (+1,1 %) et le commerce de détail d’équipements automobiles (+0,3 %). À l’inverse, elle a connu un repli dans le commerce et la réparation de motocycles        (-1,5 %).

Le commerce hors magasin en recul

En 2023, les ventes au détail du commerce hors magasin ont baissé de 1,5 % en volume (après -0,8 % en 2022). Elles ont été pénalisées par la forte hausse des prix des produits alimentaires qui représentent un cinquième des ventes. La baisse a été  plus forte dans le commerce sur éventaires et marchés (-3,6 % en volume, après +0,5 %), où l’alimentation a une place prépondérante. Les ventes à distance des commerçants qui vendent essentiellement sur Internet ont diminué de -1,3 % après -0,9 %. Ce recul intervient après trois années de forte hausse.

En 2023, l’emploi salarié commercial stable

En 2023, l’emploi salarié total (y compris intérim) est resté quasi stable dans le secteur du commerce (+0,1 %, soit +3 900 salariés). Hors intérim, l’emploi salarié du commerce augmente de 0,4 %. Le secteur a gagné 12 700 emplois salariés sur l’année, après + 26 500 en 2022. L’emploi salarié commercial a progressé moins que celui de l’ensemble du tertiaire marchand (hors intérim ; +0,8 % en 2023). L’emploi salarié a été en hausse principalement dans le commerce et la réparation d’automobiles et de motocycles (+2,2 %). L’emploi salarié a également progressé dans le commerce de gros mais de façon moins marquée (+1,0 %). Il a augmenté en particulier de façon notable chez les intermédiaires du commerce de gros. À l’opposé, les effectifs salariés du commerce de détail ont diminué de 0,4 % en 2023. Le recul concerne essentiellement l’habillement en magasin spécialisé, les supermarchés et le commerce de détail de meubles. Les faillites de plusieurs réseaux de ventes en franchise d’habillement et celle du groupe Habitat pour les meubles expliquent cette évolution.

L’emploi intérimaire commercial a été en net recul par rapport à 2022 (-11,2 %). La baisse a atteint 18 ,4 % dans le commerce de détail et 6,9 % dans le commerce de gros. Seul le secteur du commerce et réparation d’automobiles et de motocycles a recouru plus fortement à l’intérim au cours de l’année 2023 (+2,0 %).

Léger recul des créations d’entreprises

En 2023, les créations d’entreprises ont baissé de 1 % dans le commerce et l’artisanat commercial, après une forte baisse en 2022 (-14,6 %). Au niveau de l’ensemble de l’économie, elles diminuent également de 1,0 % en 2023. Ce repli fait suite à plusieurs hausses consécutives. En 2023, le nombre de créations d’entreprises s’est établi à 149 300 dans le commerce et l’artisanat commercial, soit 14,2 % de l’ensemble des créations d’entreprises.

Hors micro-entrepreneurs et entreprises individuelles de la vente à domicile, le nombre de créations d’entreprises a baissé dans le commerce de gros, en 2023, de 17,0 %, après -8,0 % en 2022. Le recul a été marqué également dans le commerce et réparation d’automobiles (-8,6 % après -5,1 %), tandis que les créations dans le commerce de détail ont connu une baisse de 1,4 % en 2023, contre 11,3 % en 2022.

Poursuite de la hausse des défaillances

Le nombre de défaillances d’entreprises en 2023 est en hausse en lien avec le ralentissement de la croissance et avec la fin des aides et mesures de soutien des pouvoirs publics. Il a augmenté dans le commerce de 11,8 %, comme en 2022 (+11,1 %). Le nombre de défaillances dans le secteur s’est élevé à 7 350 en 2023. Cette hausse et celle intervenue en 2022 font suite à près de neuf années consécutives de baisse, notamment les baisses intervenues en 2020 (-39,0 %) et 2021 (-12,9 %).

L’année 2022 correspondrait à un mouvement de rattrapage. Les défaillances en 2022 et en 2023 restent néanmoins à un niveau très inférieur à celui enregistré en 2019 (de -41 % en 2022 et de -34 % en 2023). Les défaillances d’entreprises ont augmenté plus dans le commerce de détail (+15,8 %) que dans le commerce de gros (+7,0 %) et que dans le commerce et la réparation d’automobiles et de motocycles (+6,7 %).

Premières tendances pour 2024

Au premier trimestre 2024, hors effet des variations saisonnières et des jours ouvrables, le chiffre d’affaires du commerce augmenterait en volume de 0,5 % par rapport à la moyenne de l’année 2023. Il serait en hausse dans le commerce de détail (+1,1%) et dans le commerce de gros (+0,7%), mais se replierait dans le commerce et la réparation d’automobiles (-1,2 %).

Par rapport au quatrième trimestre 2023, le chiffre d’affaires mensuel moyen du commerce augmenterait de 0,6 % au premier trimestre 2024. Cette hausse recouvrirait également des évolutions contrastées. Le chiffre d’affaires mensuel moyen du commerce de gros augmenterait de 1,4 % et celui du commerce de détail de 0,9 %, tandis que celui du commerce et de la réparation d’automobiles se replierait de 3,2 %. La baisse serait particulièrement marquée dans le commerce d’automobiles (-4,3 %). Au cours du deuxième trimestre, les commerçants, en particulier, en Région parisienne, se sont plaints du déficit de touristes étrangers qui par crainte des Jeux Olympiques ont différé leur séjour en France. L’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale aurait généré un effet d’attentisme de la part des consommateurs.