Conjoncture – espérance de vie – budget
La France et son « Himalaya budgétaire »
En 2024, le déficit public se serait élevé à 6,1 % du produit intérieur brut (PIB), selon les dernières informations du Ministère de l’Economie. Initialement, ce déficit avait été prévu 4,4 %. Pour 2025, le gouvernement de François Bayrou a abandonné l’objectif des 5 % de PIB de déficit public. Ce sera « autour des 5 %, un peu plus de 5 % », avait déclaré François Bayrou le 23 décembre 2024. Depuis, la limite de 5,4 % a été retenue pour le déficit de l’Etat, des collectivités locales et de la Sécurité sociale. La réduction du déficit de 0,7 point correspond à un effort de 21 milliards d’euros. Cette réduction apparaît réaliste et crédible.
Faute d’un budget adopté à l’automne, plusieurs dispositions fiscales n’ont pas pu être mises en œuvre dès le début de l’année. La taxe sur les profits des grandes entreprises, qui devait rapporter 8 milliards d’euros est ainsi pour le moment en suspens. Même si elle était adoptée au printemps, son rendement serait plus faible. La contribution exceptionnelle sur les hauts revenus, 2 milliards d’euros attendus, ne pourra pas s’appliquer en 2025 au nom du principe de non-rétroactivité fiscale. Pour compenser ces mesures, le gouvernement a exclu une hausse de la TVA afin de dene pas pénaliser la consommation. Bercy espère compte sur des économies pour réduire le déficit. En vertu de la lois spéciale, l’Etat ne peut pas dépenser plus en 2025 que les crédits déjà ouverts en 2024, malgré l’inflation. Le Ministère de l’Economie entend gérer au plus près les dépenses des différents ministères afin d’éviter une surconsommation dans les premiers mois de l’année. Une circulaire prise par Michel Barnier juste avant son départ impose à toutes les administrations de ne lancer « aucune dépense nouvelle », sauf urgence absolue.
Espérance de vie en bonne santé : la France bien classée
En France, l’espérance de vie augmente régulièrement, même si elle a été affectée par l’épidémie de Covid19. Ces années supplémentaires de vie ne sont cependant pas toutes nécessairement vécues « en bonne santé ». L’indicateur de l’espérance de vie sans incapacité, retenu par l’INSEE permet de mieux apprécier le bénéfice de ces années de vie additionnelles. Contrairement aux données objectives de l’espérance de vie, cet indicateur, plus subjectif, est construit sur la prise en compte des réponses d’un échantillon de personnes à la question « Êtes-vous limité, depuis au moins six mois, à cause d’un problème de santé, dans les activités que les gens font habituellement ? ». Les personnes interrogées doivent par ailleurs indiquer s’il s’agit de limitations fortes ou non, ce qui permet également de repérer les personnes handicapées (déclarant des limitations fortes) et de calculer un indicateur d’espérance de vie sans incapacité forte
Espérance de vie à 65 ans en augmentation en 2023
En 2023, l’espérance de vie sans incapacité à 65 ans s’élève à 12 ans pour les femmes et 10,5 ans pour les hommes. Au même âge, l’espérance de vie sans incapacité forte atteint, quant à elle, 18,5 ans pour les femmes et 15,8 ans pour les hommes.

Cercle de l’Epargne – données DREES
Entre 2008 et 2023, l’espérance de vie sans incapacité à 65 ans a augmenté de 1 an et 11 mois pour les femmes et de 1 an et 10 mois pour les hommes, soit en moyenne 1,6 mois et 1,4 mois par an respectivement. Ces évolutions traduisent le recul de l’âge auquel apparaissent les maladies chroniques liées au vieillissement et limitant les personnes dans leur vie quotidienne. Elles peuvent également indiquer que, lorsque ces problèmes de santé surviennent, ils n’affectent les personnes que temporairement ou pour des périodes plus courtes, grâce à l’amélioration de leur prise en charge.
L’espérance de vie sans incapacité forte à 65 ans a également progressé au cours de la même période : de 1 an et 11 mois pour les femmes et de 1 an et 9 mois pour les hommes. Ces espérances de vie sans incapacité et sans incapacité forte à 65 ans ont évolué de manière très heurtée pendant la pandémie de Covid-19, de 2019 à 2022. Elles ont d’abord diminué en 2020, avec l’augmentation du nombre de décès causés par l’épidémie, avant de progresser fortement en 2021, puis de diminuer à nouveau en 2022 pour retrouver leur niveau de 2020. Jusqu’en 2019, ces espérances de vie étaient globalement orientées à la hausse, avec cependant des baisses sur une ou plusieurs années (par exemple pour les hommes entre 2014 et 2017). La baisse observée en 2022 pourrait signaler soit la fin de cette période de hausse tendancielle, soit un simple retour à la normale suivi d’une reprise de la croissance continue. En 2023, première année post-crise sanitaire, l’espérance de vie sans incapacité à 65 ans a augmenté par rapport à l’année précédente, atteignant un niveau légèrement supérieur à celui de 2019, dernière année avant la pandémie.
Entre 2008 et 2023, l’espérance de vie sans incapacité à 65 ans a crû plus rapidement que l’espérance de vie totale au même âge. Ainsi, en 2023, pour les hommes, les années sans incapacité représentaient 52,9 % des années restant à vivre à 65 ans, contre 47,7 % en 2008. Pour les femmes, la proportion d’années sans incapacité dans l’espérance de vie à 65 ans est passée de 44,7 % en 2008 à 50,8 % en 2023, soit un gain moyen de 0,3 point de pourcentage par an pour les hommes et de 0,4 point pour les femmes.
Espérance de vie à la naissance sans incapacité : une situation plus contrastée
Depuis 2008, l’espérance de vie sans incapacité à la naissance connaît une évolution plus contrastée. Cet indicateur prend en compte les incapacités apparaissant dès l’enfance ou au cours de la vie active, couvrant ainsi l’ensemble de la population, contrairement à l’espérance de vie sans incapacité à 65 ans. En 2023, à la naissance, les femmes peuvent espérer vivre 64,2 ans sans incapacité et 77,5 ans sans incapacité forte, contre respectivement 63,6 ans et 73,8 ans pour les hommes.
Depuis 2008, l’espérance de vie sans incapacité à la naissance des femmes a diminué de 4 mois, tandis que celle des hommes a augmenté de 10 mois. Les espérances de vie sans incapacité forte ont progressé sur la même période de 10 mois pour les femmes et de 1 an et 10 mois pour les hommes. Cependant, l’espérance de vie sans incapacité à la naissance n’a pas augmenté plus rapidement que l’espérance de vie totale. Sur l’ensemble de la période, la part des années vécues sans incapacité dans l’espérance de vie a tendance à stagner pour les hommes comme pour les femmes. Elle diminue depuis le point haut atteint en 2021. Entre 2008 et 2023, cette part est passée de 80,9 % à 79,5 % pour les hommes et de 76,5 % à 74,9 % pour les femmes.
L’âge auquel plus de la moitié de la population se juge en incapacité est d’environ 80 ans ; celui auquel plus de la moitié se juge en incapacité forte est bien au-delà de 85 ans.

Cercle de l’Epargne – données DREES
Une espérance de vie sans incapacité à 65 ans au-dessus de la moyenne européenne
En 2022, l’espérance de vie sans incapacité des hommes à 65 ans en France est supérieure de 1 an et 4 mois à la moyenne européenne, qui s’établit à 8,9 ans. Pour les femmes, l’écart avec la moyenne européenne (9,2 ans) est plus marqué, atteignant 2 ans et 6 mois. En 2022, la France se classe au 5e rang parmi les 27 pays de l’Union européenne pour l’espérance de vie sans incapacité des femmes à 65 ans et au 7e rang pour celle des hommes. Concernant l’espérance de vie totale à 65 ans, la France occupe la 2e place pour les femmes et la 4e place pour les hommes.
À la naissance, en 2022, l’espérance de vie sans incapacité des hommes en France est supérieure de 1 an et 4 mois à la moyenne de l’Union européenne, qui est de 62,4 ans. Pour les femmes, cet écart est également significatif, avec 2 ans et 5 mois de plus que la moyenne européenne, qui s’établit à 62,8 ans. En 2022, la France se situe au 9e rang dans l’Union européenne pour l’espérance de vie sans incapacité des femmes à la naissance, mais au 3e rang pour l’espérance de vie totale. Pour les hommes, la France se classe au 10e rang pour l’espérance de vie sans incapacité à la naissance et au 11e rang pour l’espérance de vie totale.