Conjoncture – inflation – consommation – entreprises étrangères – croissance
Les ménages français en perte de confiance
En novembre, les ménages français affichent toujours un moral en berne. L’indicateur de l’INSEE mesurant la confiance des ménages se détériore à nouveau. À 90, il recule de trois points par rapport au mois précédent et reste nettement en dessous de sa moyenne de longue période (100, calculée entre janvier 1987 et décembre 2023). Cette baisse automnale du moral des ménages s’explique par les annonces de plans de licenciement, les incertitudes budgétaires et fiscales, ainsi que par un environnement international peu favorable.
Cercle de l’Epargne – données INSEE
En novembre 2024, le solde d’opinion des ménages concernant leur situation financière future recule de cinq points, selon l’INSEE. Celui relatif à leur situation financière passée reste quasi stable, légèrement inférieur à sa moyenne de longue période. La proportion de ménages estimant qu’il est opportun, dans le contexte économique actuel, de réaliser des achats importants demeure quasi inchangée. Cependant, le solde associé reste nettement inférieur à sa moyenne de long terme.
L’opinion des ménages sur leur capacité d’épargne future se dégrade légèrement en novembre 2024, le solde d’opinion correspondant perdant deux points. En revanche, celui relatif à leur capacité d’épargne actuelle est pratiquement inchangé par rapport au mois précédent. Ces deux soldes se maintiennent au-dessus de leur moyenne de longue période.
Preuve du pessimisme ambiant, la proportion de ménages jugeant qu’il est opportun d’épargner augmente légèrement. Le solde d’opinion correspondant gagne un point et reste nettement au-dessus de sa moyenne de long terme.
En novembre, malgré une baisse de l’inflation, l’opinion des ménages sur le niveau de vie passé et futur en France continue de se détériorer. Le solde d’opinion relatif au niveau de vie passé recule de deux points, tandis que celui relatif au niveau de vie futur perd huit points, atteignant son plus bas niveau depuis octobre 2023. Ces deux indicateurs restent largement en dessous de leur moyenne de longue période. Les récents gains de pouvoir d’achat ne sont pas perçus par les ménages. Le retour de l’inflation autour de 2 % ne semble pas intégré, un phénomène classique : l’impact des hausses passées s’atténue généralement lentement.
En novembre, la part des ménages anticipant une accélération des prix au cours des douze prochains mois augmente à nouveau. Le solde d’opinion associé progresse de huit points, bien qu’il reste en dessous de sa moyenne de longue période. Par ailleurs, la proportion de ménages estimant que les prix ont fortement augmenté au cours des douze derniers mois est également en hausse. Le solde correspondant gagne six points et demeure largement au-dessus de sa moyenne de long terme.
En lien avec les annonces de plans de licenciement, notamment dans l’industrie, les craintes des ménages concernant l’évolution du chômage augmentent fortement en novembre 2024. Le solde correspondant gagne neuf points, atteignant son plus haut niveau depuis mai 2021. Il se situe désormais au-dessus de sa moyenne de longue période.
Inflation stable en France en novembre
Sur un an, selon l’estimation provisoire réalisée en fin de mois de l’INSEE, les prix à la consommation augmenteraient de 1,3 % en novembre, après +1,2 % en octobre. Cette quasi-stabilité est imputable au ralentissement des prix de l’alimentation compensé par une accélération des prix des services et par une baisse moins marquée de ceux de l’énergie. Les prix des produits manufacturés et du tabac évolueraient sur un an au même rythme que le mois précédent.
Sur un mois, les prix à la consommation baisseraient de 0,1 % en novembre contre +0,3 % en octobre. Cette légère baisse est liée à celle des prix des services et notamment ceux des transports. Les prix de l’alimentation et des produits manufacturés seraient stables par rapport à octobre et ceux de l’énergie et du tabac seraient en légère hausse.
Sur un an, l’indice des prix à la consommation harmonisé augmenterait de 1,7 % en novembre 2024, après 1,6 % en octobre. Sur un mois, il diminuerait de 0,1 % après +0,3 % le mois précédent.
Inflation en hausse au sein de la zone euro
Le taux d’inflation annuel de la zone euro est estimé par Eurostat, à 2,3 % en novembre 2024, contre 2,0 % en octobre. Les services sont en grande partie responsables de le l’inflation avec une augmentation annuelle de leur prix, en novembre de 3,9 % certes en légère décélération par rapport à octobre (4,0 %). Les prix de l’alimentation, alcool & tabac ont en novembre progressé de 2,8%, comparé à 2,9 % en octobre ; ceux des, des biens industriels hors énergie ont augmenté de 0,7 %, comparé à 0,5 % en octobre. Les prix de l’énergie ont en novembre baissé de 1,9 %, comparé à -4,6 % en octobre.
Cercle de l’Epargne – données Eurostat
La consommation en panne en octobre
En octobre, les dépenses de consommation des ménages en biens ont, en France, selon l’INSEE diminué sur un mois de 0,4 % en volume après une hausse de 0,1 % en septembre 2024. Ce repli s’explique principalement par la diminution des achats de biens fabriqués (‑1,3 %) mais aussi par le recul de la consommation d’énergie (‑1,2 %). La consommation alimentaire est en progrès de 1,2 %. Les ménages française restent attentistes malgré la baisse de l’inflation.
Cercle de l’Epargne – données INSEE
Près de la moitié des entreprises françaises innovent
Entre 2020 et 2022, 46 % des entreprises de 10 salariés ou plus implantées en France ont, selon l’INSEE ; innové, c’est-à-dire ont réalisé des innovations de produits ou de procédés de production y compris des modes d’organisation, des méthodes de marketing, ainsi que le développement d’activités de recherche et développement (R&D). Cette proportion est stable par rapport aux années 2018/2020. Les entreprises innovent plus fréquemment en procédés (39 %) qu’en produits (19 %). Entre 2020 et 2022. La propension à innover augmente avec la taille de l’entreprise 43 % des entreprises de 10 à 49 salariés ont innové entre 2020 et 2022, contre 59 % des entreprises de 50 à 249 salariés et 70 % des entreprises de 250 salariés ou plus. La part des entreprises innovantes entre 2020 et 2022 est nettement plus élevée dans trois secteurs d’activité : l’information-communication (74 %), les activités financières et d’assurance (60 %) et l’industrie (59 %). Au contraire, l’innovation est moins fréquente dans les secteurs de la construction (32 %) et des activités de services administratifs et de soutien (38 %).
L’innovation en entreprise : un levier stratégique aux multiples visages
Dans le paysage économique actuel, l’innovation s’impose comme une nécessité pour les entreprises, mais elle prend des formes variées selon les secteurs et les stratégies. Entre innovation de procédés, développement de nouveaux produits et préoccupations environnementales, les dynamiques sont riches et contrastées. Ce texte propose un éclairage fluide et précis sur ces tendances, chiffres à l’appui.
Procédés vs produits : un choix stratégique
Les entreprises, tous secteurs confondus, concentrent davantage leurs efforts sur l’innovation de procédés que sur la création de nouveaux produits. Cet écart est particulièrement marqué dans les activités financières et d’assurance. Dans ce secteur, 55 % des entreprises innovent en procédés, contre seulement 25 % en produits. Le secteur immobilier suit une tendance similaire, avec 39 % contre 11 %, tout comme le transport-entreposage (39 % contre 12 %). Seul le secteur de l’information-communication fait exception, où l’écart se resserre (58 % contre 51 %).
L’accent mis sur les procédés vise à réduire les coûts et à s’adapter aux exigences réglementaires.
L’innovation produit : des résultats tangibles
Entre 2020 et 2022, 65 % des entreprises innovantes en produits ont mis sur le marché au moins une nouveauté. Les secteurs de pointe comme l’information-communication ou les activités scientifiques et techniques se distinguent avec des taux atteignant 73 %. Pour l’industrie, ce taux est de 68 %. En moyenne, ces innovations représentent 9 % du chiffre d’affaires des entreprises concernées. La taille de l’entreprise joue également un rôle, les grandes structures (250 salariés ou plus) étant plus enclines à lancer des produits nouveaux (69 %, contre 63 % pour les petites entreprises).
Des investissements importants réalisés en partie grâce à l’aide publique
En 2022, les entreprises innovantes ont consacré environ 10 % de leur chiffre d’affaires à l’innovation. Cette enveloppe comprend majoritairement des dépenses de recherche et développement (R&D), qui représentent 90 % des investissements, réalisés principalement en interne (70 %). Les grandes entreprises externalisent cependant davantage leurs dépenses de R&D (24 %, contre 12 % pour les plus petites). 19 % des entreprises innovantes ont profité d’exonérations fiscales, notamment via le crédit d’impôt recherche (CIR) ou le crédit d’impôt innovation (CII). 18 % ont reçu des subventions ou des aides européennes, comme celles des programmes Horizon 2020 et Horizon Europe. Le secteur de l’information-communication se démarque à nouveau : 54 % des entreprises ont bénéficié d’exonérations fiscales et 32 % ont utilisé des financements publics.
Des partenariats clefs
23 % des entreprises innovantes ont collaboré avec des partenaires entre 2020 et 2022. Une majorité des collaborations sont verticales, impliquant des fournisseurs (62 %), des consultants ou laboratoires (49 %), ou encore des clients (38 %). Certaines entreprises innovent en partenariat avec des universités ou grandes écoles (34 %) ou des organismes publics (22 %). A l’échelle internationale, 27 % des entreprises ont collaboré avec des partenaires européens, et 19 % avec des acteurs hors UE. Ces partenariats enrichissent l’innovation, en particulier dans des secteurs comme les activités scientifiques et techniques (33 %) ou l’industrie (31 %).
L’innovation au service de l’environnement
Les bénéfices environnementaux des innovations sont de plus en plus reconnus : 45 % des entreprises ayant innové estiment que leurs initiatives s’inscrivent dans une logique de protection de l’environnement. Parmi les principaux gains figurent la réduction de la consommation d’énergie, de l’empreinte carbone et des déchets.
Les freins à l’innovation
35 % des entreprises innovantes déclarent avoir été freinées dans leurs ambitions par un manque de ressources financières, humaines ou matérielles. Ce problème touche particulièrement les secteurs exigeants comme l’information-communication (48 %) et l’industrie (42 %). Par ailleurs, 54 % des entreprises n’ont pas introduit d’innovation sur la période, souvent faute de nécessité (64 %), mais aussi par manque de ressources (16 %).
2,3 millions de personnes travaillent dans les entreprises étrangères
En 2022, selon l’INSEE, 18 800 entreprises étaient sous contrôle étranger en France, soit moins de 1 % du total des entreprises. En raison de leur taille, généralement supérieure à celle des entreprises françaises, leur part dans l’emploi est nettement plus importante. Fin 2022, elles employaient en France 2,3 millions de personnes, représentant 13 % des effectifs moyens des secteurs concernés. Parmi ces emplois, 44 % relèvent d’entreprises de taille intermédiaire (ETI) et 41 % de grandes entreprises. À titre de comparaison, les firmes multinationales françaises comptent 29 % de leurs emplois en France dans des ETI et 65 % dans des grandes entreprises.
Les multinationales étrangères sont majoritairement implantées dans les grandes agglomérations, avec une forte concentration en Île-de-France, où elles représentent 15 % des emplois salariés. Cette région regroupe à elle seule 32 % des emplois salariés sous contrôle étranger. De nombreuses filiales de grands groupes européens se trouvent également à proximité des frontières. À l’inverse, ces emplois sont moins présents dans l’ouest et le sud de la France, en Corse et dans les départements d’outre-mer (DOM).
Dans les entreprises sous contrôle étranger, un tiers des emplois (soit 762 000) relèvent de l’industrie, dont 98 % dans l’industrie manufacturière. Plus de la moitié des emplois dans des secteurs tels que la métallurgie, la fabrication de machines, l’industrie du papier et du carton, et l’industrie automobile dépendent d’entreprises étrangères. En revanche, ces entreprises sont quasi absentes des secteurs de la « production et distribution d’électricité, de gaz, de vapeur et d’air conditionné » et de la « production et distribution d’eau ; assainissement, gestion des déchets et dépollution ». À titre de comparaison, 22 % des emplois industriels des firmes multinationales françaises se concentrent dans ces deux secteurs.
La concentration des emplois industriels varie en fonction du pays d’origine des entreprises. Parmi les pays dont les entreprises contrôlent plus de 50 000 emplois en France tous secteurs confondus, le Japon, l’Italie et l’Allemagne concentrent plus de 40 % de leurs emplois dans l’industrie, tandis que les États-Unis en concentrent 30 %.
Le commerce représente 24 % des emplois en France dépendant d’entreprises étrangères, contre 16 % pour les multinationales françaises et 22 % pour les autres entreprises françaises. Les activités de services administratifs et de soutien forment le troisième secteur employeur des entreprises sous contrôle étranger, représentant 20 % des effectifs, avec une prépondérance de l’intérim. Les trois principales agences d’intérim en France (Adecco, Manpower et Randstad) étant étrangères, 16 % des emplois sous contrôle étranger concernent l’intérim. À l’inverse, seuls 2 % des emplois dans les entreprises sous contrôle étranger se trouvent dans le secteur de la construction, contre 7 % pour les multinationales françaises.
Les entreprises sous contrôle étranger génèrent 209 milliards d’euros de valeur ajoutée, soit 17 % de la valeur ajoutée totale produite par les entreprises en France. Dans l’industrie, 26 % de la valeur ajoutée est produite par ces entreprises, contre 24 % dans les services administratifs et de soutien, 21 % dans le commerce, et seulement 3 % dans la construction.
En termes d’investissements corporels, les entreprises sous contrôle étranger investissent trois fois moins que les multinationales françaises sur le sol français. Leur investissement global s’élève à 41 milliards d’euros, représentant 18 % de leur valeur ajoutée hors taxes, contre 22 % pour les multinationales françaises. Cet écart s’explique par la faible présence d’entreprises sous contrôle étranger dans la « production et distribution d’électricité, de gaz, de vapeur et d’air conditionné », un secteur hautement capitalistique. Toutefois, dans les secteurs de l’industrie manufacturière et du commerce, le taux d’investissement des entreprises sous contrôle étranger est supérieur de 3 points à celui des multinationales françaises.