Conjoncture – inflation – croissance – Chine – finances publiques
La Chine à petit train
Au deuxième trimestre, la croissance de la Chine n’a été que de 4,7 % en rythme annuel selon le Bureau national des statistiques (BNS). Ce taux est le plus faible enregistré depuis début 2023. D’un trimestre à l’autre, la croissance a été divisée par plus de deux, passant de 1,5 à 0,7 %. Cette croissance est inférieure aux projections du gouvernement et des économistes indépendants qui avaient, dans leur grande majorité, anticipé un taux de croissance supérieur à 5 % pour le deuxième trimestre. La faible progression de l’activité s’explique avant tout par l’atonie de la demande intérieure, les ménages restreignant leur consommation.
La production industrielle chinoise est néanmoins restée solide avec une progression de 5,3 % en glissement annuel en juin, après avoir déjà augmenté de 5,6 % en mai. Les grandes usines du pays continuent de profiter de l’augmentation des commandes à l’international, les importateurs craignant un relèvement des droits de douane dans les prochains mois. Les exportations ont progressé de 8,6 % en glissement annuel sur le seul mois de juin.
Les ventes de détail n’ont, en revanche, progressé que de 2 %, en glissement annuel, en juin, soit la plus faible progression depuis décembre 2022. Habituellement dynamiques, les ventes de voitures particulières ont notamment diminué de 6,2 %, le mois dernier, en glissement annuel. Les consommateurs chinois sont de plus en plus prudents. Ils s’inquiètent de la stagnation de leurs salaires, du chômage élevé de leurs jeunes et se désespèrent de la crise immobilière. 70 % de l’épargne des ménages est, en Chine, liée à l’immobilier ; or, les prix de logement n’en finissent de baisser dans la grande majorité des villes du pays. Les mises en chantier de nouvelles maisons ont diminué de 22 % en juin, en glissement annuel, après avoir reculé de 23 % en mai. Au cours des deux derniers mois, les ventes de logement ont également continué de reculer de 14 %, en glissement annuel, malgré les mesures du gouvernement pour tenter de redresser le secteur.
Les pouvoirs publics pourraient, en Chine, adopter des mesures de relance avec à la clef un assouplissement monétaire. Le durcissement de la politique commerciale américaine, surtout en cas d’élection de Donald Trump à la présidence au mois de novembre, pourrait peser sur la croissance chinoise en 2025.
Légère révision à la hausse de la croissance en 2024 par le FMI
Le Fonds monétaire international (FMI) a maintenu inchangée mardi 16 juillet dernier sa prévision de croissance de l’économie mondiale pour 2024, à 3,2 %, anticipant notamment une amélioration de la croissance en Chine et en Inde. Pour la troisième et dernière actualisation de son rapport annuel sur l’économie mondiale. Pour 2025, le FMI prévoit une croissance de 3,3 % (+0,1 point de pourcentage de plus par rapport aux précédentes prévisions. Ces taux de croissance sont inférieurs au taux moyen de la période 2000 à 2019 (3,8 %). Dans son rapport du mois de juillet, le FMI s’inquiète de la dérive des finances publiques dans certains pays et de la multiplication des tensions commerciales.
Pour 2024, le FMI prévoit que les États-Unis enregistreront une croissance de 2,6 %, en léger recul de 0,1 point de pourcentage par rapport à l’estimation précédente. Pour la zone euro, la croissance serait, cette année de 0,9 % pour la zone euro (+0,1 point par rapport aux prévisions de mars). En Europe, le FMI souligne que les signes d’une reprise économique se multiplient, en particulier dans le secteur des services. Le taux de croissance de l’économie allemande reste inchangée à 0,2 % quand celui de l’Espagne est revu à la hausse à 2,4 % (+0,5 point). Cette dernière reste un des pays les plus dynamiques de l’Union européenne. De son côté, la croissance française est revue en légère hausse, de 0,2 point, à 0,9 %, plaçant désormais l’estimation du FMI entre celle de la Banque de France (0,8 %) et celle de l’Insee (1,1 %). Cette estimation ne prend pas en compte le résultat des élections législatives.
Du côté des grandes puissances émergentes, le FMI a révisé à la hausse la croissance de la Chine de 0,4 point et celle de l’Inde de 0,2 point. Le PIB respectif de ces deux pays pourrait augmenter, en 2024, de 5 % et de 7 %. À l’inverse, les économies sud-américaines, Brésil et Mexique, pourraient moins bien se comporter qu’initialement prévu, alors que la prévision pour la Russie reste inchangée, à 3,2 % pour cette année.
Inflation, petite baisse en juin en zone euro
Le taux d’inflation annuel de la zone euro s’est établi, selon Eurostat, à 2,5 % en juin 2024, contre 2,6 % en mai. Un an auparavant, il était de 5,5 %. Le taux d’inflation annuel de l’Union européenne s’est établi à 2,6 % en juin 2024, contre 2,7 % en mai. Un an auparavant, il était de 6,4 %.
Les taux annuels les plus faibles ont été observés en Finlande (0,5 %), en Italie (0,9 %) et en Lituanie (1,0 %). Les taux annuels les plus élevés ont quant à eux été enregistrés en Belgique (5,4 %), en Roumanie (5,3 %), en Espagne et en Hongrie (3,6 % chacunе). Par rapport à mai 2024, l’inflation annuelle a baissé dans dix-sept États membres, est restée stable dans un et a augmenté dans neuf autres. Le taux d’inflation de la France est égal à la moyenne de la zone euro.
En juin 2024, les plus fortes contributions au taux d’inflation annuel de la zone euro provenaient des services (+1,84 points de pourcentage, pp), suivis de l’alimentation, alcool & tabac (+0,48 pp), des biens industriels hors énergie (+0,17 pp) et de l’énergie (+0,02 pp).
Cercle de l’Épargne – données Eurostat
Finances publiques, la menace !
Depuis cinquante ans, la France accumule des déficits publics au point que la dette dépasse désormais 110 % du PIB. La Cour des Compte rappelle régulièrement aux pouvoirs publics la nécessité d’assainir les comptes publics sans que cela ne soit suivi d’effets. Avec la publication, lundi 15 juillet, de son rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques, elle a réitéré son rappel à l’ordre. Ce rapport intervient lors d’une période électorale au cours de laquelle la situation dégradée des finances publiques françaises a été la grande absente des sujets portés par ls différents partis. Les magistrats de la Cour des Comptes soulignent que l’année 2023 a été « très mauvaise », l’exercice 2024 est « à risques » et la trajectoire d’assainissement des comptes d’ici 2027, « peu crédible et peu réaliste ».
Selon les simulations de la Cour des Comptes, avec une croissance moyenne annuelle de 1 % d’ici 2027 en lieu et place du 1,35 % prévu par le gouvernement, le déficit public ne pourra pas descendre en-dessous de 3 % et la dette continuera à augmenter. En cas de non-respect de la feuille de route (augmentation des dépenses, pas d’augmentation des prélèvements, faible croissance), le déficit public pourrait être de 5 % du PIB en 2027 et la dette publique avoisinerait 120 % du PIB.
Les magistrats de la Cour des Comptes fustigent la politique mise en œuvre depuis 2018 qui ont amené à un allègement de 60 milliards d’euros d’impôts et de charges sociales sans être accompagné d’un montant équivalent d’économies en dépenses. Ils soulignent que le gouvernement aurait pu, en 2023, mener une opération de réduction de dépenses du fait de l’absence, pour la première fois depuis 2020, de choc extérieur. Les autres pays européens ont, en effet, réussi à réduire leur déficit voire à dégager des excédents comme au Portugal. La France est désormais le troisième État le plus endetté d’Europe après la Grèce et l’Italie et a le deuxième déficit le plus important après celui de l’Italie. En 2023, la dette publique française s’est élevée à 3 100 milliards d’euros, soit 110 % du PIB, 15,2 points au-dessus de son niveau d’avant-crise Covid, contre 3,7 points en Allemagne, 5,9 en Espagne ou 4,7 en Italie. Tous les pays européens ont engagé un processus de réduction de leur dette publique sauf un, la France a indiqué le Premier Président de la Cour des Comptes, Pierre Moscovici.
Le prochain gouvernement devra gérer, avec la Commission européenne, le plan d’assainissement des comptes publics sachant que la France fait désormais l’objet d’une procédure pour déficit excessif. L’Italie, la Belgique, la Hongrie, la Pologne, la Slovaquie et Malte sont également concernés par une telle procédure. L’absence de majorité politique à l’Assemblée nationale et le déni sur le sujet des finances publiques qui transcende une grande partie de la classe politique compliquent la mise en œuvre d’une politique d’assainissement. Les relations de la France avec ses partenaires européens pourraient se tendre sur ce sujet d’ici la fin de l’année. Jusqu’à maintenant, le pays a pu compter sur une certaine mansuétude de la part de l’Allemagne.