D’HIER A AUJOURD’HUI – inflation – emploi – climat des affaires multinationales étrangères en France
Optimisme de rigueur pour les chefs d’entreprise français
Les dirigeants d’entreprise demeurent optimistes malgré l’inflation et les menaces de pénurie énergétique. La bonne tenue de la demande et la diminution des problèmes d’approvisionnement peuvent expliquer cet état d’esprit. En décembre, le climat des affaires en France reste en effet stable selon l’INSEE. L’indicateur qui le synthétise, calculé à partir des réponses des chefs d’entreprise des principaux secteurs d’activité marchands, se situe à 102 pour le quatrième mois consécutif. Il demeure ainsi au-dessus de sa moyenne de longue période (100). La situation conjoncturelle est stable en décembre dans la plupart des secteurs d’activité, à l’exception du commerce de détail pour lequel elle s’améliore un peu.
Cercle de l’Épargne – données INSEE
Dans l’industrie, l’indicateur de climat des affaires est stable. Si l’opinion des chefs d’entreprise du secteur concernant leur activité récente s’améliore, ces derniers sont moins positifs concernant leurs carnets de commandes étrangers. Dans le bâtiment, le climat des affaires demeure nettement au-dessus de sa moyenne de longue période.
Dans les services, l’indicateur de climat des affaires ne varie pas par rapport à novembre, le rebond du solde d’opinion sur les effectifs passés compensant globalement le léger recul de celui relatif aux perspectives générales d’activité du secteur. Dans le commerce de détail (y compris commerce et réparation automobiles), le climat des affaires est en amélioration du fait de meilleures perspectives de commandes.
En décembre 2022, l’indicateur synthétique de climat de l’emploi est en hausse et atteint 111, restant ainsi bien au-dessus de sa moyenne de longue période (100). Cette amélioration repose sur le rebond du solde d’opinion relatif à l’évolution récente des effectifs dans les services (hors agences d’intérim) et, dans une moindre mesure, dans l’industrie et le commerce de détail.
L’inflation française confirmée à la hausse
L’INSEE a confirmé que l’indice des prix à la consommation (IPC) en novembre augmente de 0,3 % sur un mois et de 6,2 % sur un an. L’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) croît de 0,4 % sur un mois, après +1,2 % le mois précédent ; sur un an, il augmente de 7,1 %, comme en octobre.
Au mois de novembre, une décélération a été constatée, la hausse des prix avait été de 1 % en octobre. Cette décélération est la conséquence d’une moindre progression des prix de l’énergie (+0,9 % après +5,8 %), de l’alimentation (+0,5 % après +1,7 %) et – dans une moindre mesure – des produits manufacturés (+0,4 % après +0,8 %) ralentissent. Les prix des services sont restés de leur côté quasi stables en novembre (+0,1 % après +0,0 % en octobre). Corrigés des variations saisonnières, les prix à la consommation sont en hausse de 0,2 %, après +1,0 % en octobre.
Sur un an, la hausse s’accélère légèrement pour les produits manufacturés (+4,4 % après +4,2 %) et ceux de l’alimentation (+12,1 % après +12,0 %) Les prix des services augmentent sur un an à un rythme proche du mois précédent (+3,0 % après +3,1 %). Les prix de l’énergie ralentissent (+18,4 % après +19,1 %), notamment du fait du moindre dynamisme des prix des produits pétroliers (+17,9 % après +19,9 %), et ce malgré la diminution des remises sur les carburants mi-novembre.
L’inflation sous-jacente (hors prix des produits à forte volatilité et prix administrés) augmente sur un an, atteignant +5,3 % en novembre, après +5,0 % en octobre. La France demeure le pays ayant le plus faible taux d’inflation de l’Union européenne.
Cercle de l’Épargne – données INSEE
Selon Eurostat, le taux d’inflation annuel de la zone euro s’est, de son côté, élevé à 10,1 % en novembre, contre 10,6 % en octobre. Un an auparavant, il était de 4,9 %. Le taux d’inflation annuel de l’Union européenne a été de 11,1 % en novembre 2022, contre 11,5 % en octobre. Un an auparavant, il était de 5,2 %.
Les taux annuels les plus faibles ont été observés en Espagne (6,7 %), en France (7,1 %) et à Malte (7,2 %). Les taux annuels les plus élevés ont quant à eux été enregistrés en Hongrie (23,1 %), en Lettonie (21,7 %), en Estonie et en Lituanie (21,4 %). Par rapport à octobre, l’inflation annuelle a baissé dans seize États membres, est restée stable dans trois et a augmenté dans huit autres.
Plus de 10 % des salariés français employés par des sociétés étrangères
En 2020, en France, selon l’INSEE, 16 900 entreprises sont sous contrôle étranger, soit moins de 1 % des entreprises du secteur marchand non agricole et non financier. Fin 2020, ces entreprises employaient en France 2,1 millions de personnes (salariés et non-salariés), soit 12 % des effectifs des secteurs concernés.
Les États-Unis en tête
Les États-Unis arrivent, en France, en tête pour les emplois contrôlés par des entreprises étrangères. Les entreprises américaines emploient 461 600 personnes. Suivent l’Allemagne avec 341 500 emplois et la Suisse avec 249 600 emplois. Quatre autres pays, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Belgique et le Japon, dépassent chacun les 100 000 emplois. Avec la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE), plus de la moitié des emplois en France sous contrôle étranger dépendent de pays hors Union (52 %).
Cercle de l’Épargne – données INSEE
Les emplois en France sous contrôle étranger se retrouvent à 46 % dans des entreprises de taille intermédiaire (ETI) et à 38 % dans des grandes entreprises. En comparaison, les firmes multinationales françaises comptent 29 % de leurs emplois en France dans des ETI et 65 % dans des grandes entreprises.
L’industrie, principal lieu de présence des entreprises étrangères
Dans les entreprises sous contrôle étranger, 34 % des emplois sont dans le secteur industriel. Les entreprises sous contrôle étranger sont très peu présentes dans les secteurs de la « production et distribution d’électricité, de gaz, de vapeur et d’air conditionné » et de la « production et distribution d’eau ; assainissement, gestion des déchets et dépollution ». En revanche, les sociétés multinationales françaises regroupent 19 % de leurs emplois industriels dans ces deux secteurs. La concentration des emplois dans le secteur de l’industrie varie fortement selon le pays d’origine. Parmi les pays contrôlant plus de 50 000 emplois en France, tous secteurs confondus, le Japon, l’Italie et l’Allemagne concentrent plus de 40 % de leurs emplois dans l’industrie. Les entreprises contrôlées par les États-Unis y emploient, à elles seules, 34 % de leurs effectifs. Le commerce regroupe 28 % des emplois en France dépendant de pays étrangers, contre 16 % des emplois des multinationales françaises et 24 % des emplois des autres entreprises françaises.
Cercle de l’Épargne – données Industrie
Dans les services, l’intérim, terre d’accueil des multinationales étrangères
Avec 18 % des effectifs, les activités de services administratifs et de soutien forment le troisième secteur le plus employeur pour les entreprises sous contrôle étranger. La part de l’intérim y est prépondérante, les trois principales agences d’intérim présentes en France (Adecco, Manpower et Randstad) étant d’origine étrangère.
À l’inverse, seul 1 % des emplois des entreprises sous contrôle étranger sur le sol français intervient dans le secteur de la construction, contre 8 % pour les multinationales françaises.
Des salaires élevés
Présentes dans des secteurs à forte intensité capitalistique et dans les secteurs de pointe, les entreprises étrangères offrent des salaires plus élevés que la moyenne. Les emplois salariés dans les entreprises sous contrôle étranger génèrent 126 milliards d’euros de coûts salariaux en France. À 60 000 euros, les coûts salariaux moyens par tête en France sont plus élevés dans ces entreprises que dans les multinationales sous contrôle français (55 500 euros). L’écart provient principalement du commerce, où ils s’élèvent à 54 000 euros dans les entreprises sous contrôle étranger, contre 44 700 euros dans les entreprises contrôlées par des multinationales françaises. Les coûts salariaux moyens par tête sont encore plus faibles dans les autres entreprises françaises (40 800 euros) ; l’écart est principalement dû à l’industrie manufacturière et au commerce.
Près d’un cinquième de la valeur ajoutée française réalisé par des entreprises étrangères
Les entreprises sous contrôle étranger réalisent 159 milliards d’euros de valeur ajoutée en France, soit 17 % de la valeur ajoutée de l’ensemble des entreprises en France, dans les secteurs marchands non agricoles et non financiers. Dans les services administratifs et de soutien, 23 % de la valeur ajoutée produite en France est généré par des entreprises sous contrôle étranger. Cette part est de 22 % dans l’industrie et le commerce et n’est que de 5 % dans l’hébergement et la restauration et 2 % dans la construction. Le taux de valeur ajoutée des entreprises sous contrôle étranger en France est de 22 % : il est inférieur à celui des firmes multinationales françaises (26 %).
Près d’un million d’emplois en plus en trois ans pour la France
Au troisième trimestre, l’économie française a créé 103 000 emplois, soit une progression de 0,4 %. Cette hausse est proche de celles des deux premiers trimestres de 2022, +0,4 % au premier trimestre (+95 800) puis +0,3 % au deuxième trimestre (+90 500). En un an, l’emploi salarié a progressé de 1,6 %, soit +430 800 emplois. Depuis la fin 2019, 931 100 emplois ont été créés.
La hausse au troisième trimestre est portée par l’emploi salarié privé, en augmentation de 0,6 % (+119 100 emplois), après +0,4 % au deuxième trimestre 2022 (+89 900 emplois). Il se situe ainsi 4,4 % au-dessus de son niveau de fin 2019. Les contrats d’alternance, et notamment d’apprentissage, continuent de contribuer à cette dynamique. L’emploi salarié dans le public est en légère diminution, -0,3 % (soit -15 900 emplois) après 0,0 % au trimestre précédent. Il dépasse de 0,8 % (soit +46 100 emplois) son niveau d’avant-crise.
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Au troisième trimestre 2022, l’emploi intérimaire a augmenté de 1,9 % (+14 900 emplois), après avoir reculé de 2,3 % au deuxième trimestre (-18 700 emplois) et de 1,9 % au premier trimestre (-15 900 emplois). L’emploi intérimaire demeure supérieur à son niveau de fin 2019 (+3,6 %) et à celui du troisième trimestre 2021 (+2,9 %, soit +22 900 emplois).
Dans le tertiaire marchand hors intérim, l’emploi a progressé au troisième trimestre de +0,7 % (soit +85 300 emplois), après +0,8 % au deuxième trimestre (+95 000 emplois). Il est supérieur de 3,0 %) à son niveau du troisième trimestre 2021 (soit +359 800 emplois). Dans ce secteur, la hausse sur le trimestre repose essentiellement sur les créations d’emploi dans les services aux entreprises (hors intérim) (+22 300 emplois), puis dans le commerce (+14 700 emplois), l’hébergement-restauration (+10 400 emplois) et l’information-communication (+10 100 emplois). L’emploi industriel (hors intérim) a enregistré une hausse de +0,5 % au troisième trimestre 2022 (+16 400 emplois), portant à +1,2 % la progression sur un an. Il dépasse son niveau d’avant-crise de 0,5 %. Dans la construction, l’emploi salarié augmente légèrement au troisième trimestre 2022 (+0,2 % soit +3 200 emplois), portant à +1,0 % la hausse sur un an. À l’inverse, l’emploi dans le tertiaire non marchand de contracte de 0,2 % (soit -13 300 emplois), après +0,1 % le trimestre précédent (+8 500 emplois). Il retrouve presque son niveau du troisième trimestre 2021. Enfin, dans l’agriculture, l’emploi salarié recule de 1,0 % (soit -3 200 emplois) au troisième trimestre 2022, ce qui porte la baisse à -1,3 % sur un an.
Nous ne sommes pas tous égaux devant l’inflation !
En décembre 2022, l’inflation nationale devrait s’élever à 6,5 % sur un an. Par rapport aux années précédentes, ce taux constitue une véritable rupture. Il faut revenir en 1984 pour avoir un taux supérieur (7,4 %).
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*prévisions pour 2022
L’inflation version 2022 est la conséquence de la forte hausse des prix de l’énergie (+19 % sur un an en novembre 2022) et de l’alimentaire (+12 %). L’instauration du bouclier tarifaire pour le gaz et l’électricité ainsi que la ristourne sur les carburants ont atténué pour les ménages les effets de la hausse des cours. Le tarif réglementé instauré comprend un gel des tarifs à partir d’octobre 2021 au lieu d’une hausse estimée à 47 % en juin 2022 pour le gaz, et une hausse circonscrite à 4 % au lieu de 35 % pour l’électricité. La remise à la pompe pour le carburant étendue jusqu’à fin décembre 2022 s’est élevée à 15 centimes par litre à partir d’avril et a été portée à 30 centimes en septembre avant de revenir à 10 centimes par litre mi-novembre. Le coût pour les finances publiques a atteint sur l’année plus de 47 milliards d’euros. Sans ces mesures d’encadrement des prix, l’inflation aurait été deux fois plus forte au 1er semestre 2022. Selon l’indice des prix à la consommation harmonisé, l’inflation française est parmi les moins élevées d’Europe, avec une moyenne annuelle de 7 % en octobre 2022 contre 11 % en zone euro.
L’inflation est calculée pour un panier moyen de consommation des ménages français. Toutefois, la hausse des prix ressentie par les ménages dépend de leur consommation propre, parfois différente de ce panier moyen. La consommation dépend notamment du niveau de revenus, de l’âge et du lieu de résidence.
Au niveau national, les ménages ruraux subissent une inflation majorée d’un point par rapport à la moyenne nationale du fait de dépenses de consommation énergétique et de transports plus élevés. Ils sont plus dépendants que les urbains des modes de transports individuels et parcourent de plus grandes distances pour accéder aux services de la vie courante. Ils résident majoritairement en maison individuelle, plus coûteuse en chauffage que les appartements. Les ménages âgés de 75 ans et plus ont des dépenses énergétiques supérieures à la moyenne de la population en maintenant des températures plus élevées dans leur domicile. Ne travaillant pas, ils ont des dépenses de chauffage plus lourdes. (+0,8 point d’inflation ressentie par rapport à l’inflation mesurée).
Les ménages les plus modestes sont également particulièrement vulnérables. Le poids des dépenses en énergie et alimentaires est proportionnellement plus important que pour la moyenne de la population. Ces dépenses sont, en effet incompressibles, contrairement aux consommations de loisirs. Le gouvernement a mis en place des mesures spécifiques en faveur de ces ménages comme les « chèques énergie ». Ces chèques sont attribués aux personnes dont le revenu fiscal de référence par unité de consommation est inférieur à 17 400 euros (soit 4 000 euros de plus que le seuil de pauvreté à 13 220 euros). Les ménages monoparentaux et les célibataires sont également plus exposés à l’inflation, leurs dépenses contraintes (logement, chauffage, électricité) n’étant pas partagées.
La Corse, une des régions les plus exposées à l’inflation
En France, les territoires les plus exposés à l’inflation se situent dans le Grand Est, dans le Massif-Central, en Corse, ainsi que dans les départements et régions d’Outre-Mer.
En Corse, près d’un habitant sur deux réside dans une commune rurale, contre un métropolitain sur trois. Le relief, la ruralité des communes et la rareté des transports en commun nécessitent le recours accru aux véhicules personnels pour les trajets quotidiens (86 % contre 72 % en métropole). Le niveau de vie des ménages est inférieur à la moyenne française. 18 % de la population corse vit en-dessous du seuil de pauvreté monétaire contre 14,6 % en France métropolitaine. Les familles monoparentales y sont par ailleurs surreprésentées,14 % contre 11 % au niveau national. En revanche, les dépenses énergétiques sont moindres en raison du climat et de l’usage du chauffage électrique qui bénéficie du bouclier tarifaire. La situation diffère selon les différents territoires corses. Au sein des zones urbaines (Ajaccio, Bastia), le logement dominant est collectif quand dans le rural la maison individuelle domine. Les deux grandes agglomérations concentrent les familles monoparentales et sont exposées à des problématiques de chauffage du fait qu’un tiers de la population recourt au gaz. Les dépenses d’énergie sont plus importantes en raison d’un habitat plutôt ancien, les trois quarts de la population habitant dans un logement construit avant 1991. Ce point négatif est compensé par la prédominance des appartements sur les maisons. Les communautés d’agglomération sont par ailleurs mieux dotées en transports communs. Au sein des zones de montagne, les ménages ont des niveaux de vie plus faibles que la moyenne insulaire et la population y est plus âgée. La forte exposition de la Corse à l’inflation est renforcée par des prix qui sont naturellement plus élevés que sur le continent en raison de l’insularité et d’une moindre concurrence.
En France, l’inflation réelle et ressentie diffère assez fortement en fonction des revenus, de la composition des ménages et des territoires. Les populations âgées vivant en dehors des grandes agglomérations ainsi que les familles monoparentales sont les plus vulnérables.