En attendant la rentrée…
Après avoir été martyrisée depuis plusieurs années avec l’augmentation des prélèvements sociaux, l’introduction du forfait social et la suppression du prélèvement libératoire, l’épargne retrouve quelques couleurs aux yeux des pouvoirs publics. Avec la création du fonds euro-croissance, du contrat « Vie-Génération » ou du PEA-PME, un nouveau cycle semble s’engager. Pour le moment, les Français restent assez attentistes, tant en raison de la faiblesse de leurs marges financières qu’en raison de l’instabilité chronique de la fiscalité française. En outre, la baisse des rendements de l’épargne financière les a incités à laisser plus que de coutume de l’argent liquide sur leurs comptes, les dépôts à vue se sont accrus de 16,6 milliards d’euros en 2013 et de plus de 13 milliards d’euros sur le seul premier semestre 2014.
Le retour des Français sur les placements financiers et en particulier sur les placements longs s’effectuera sur la durée. La nécessité de retisser les liens de la confiance reste un préalable d’autant plus que le contexte économique et financier demeure très compliqué. En effet, les épargnants sont confrontés à des taux obligataires historiquement bas. Le taux de l’Obligation Assimilable du Trésor à 10 ans s’est abaissé à 1,5 % au mois de juillet. Certes, il faut tenir compte de l’inflation qui est également très faible. Les épargnants qui étaient tentés de revenir sur le marché « actions » peuvent aujourd’hui hésiter. Après deux années éblouissantes avec une hausse du CAC 40 de 15 % en 2012 et de 18 % en 2013, le marché parisien est en mode « pause » depuis six mois. Les incertitudes économiques et la succession de crises internationales (Ukraine, Syrie ou Irak) ainsi que des prises de bénéfices expliquent la stabilisation des cours. En outre, les investisseurs suivent de près les évolutions des politiques monétaires aux États-Unis ou au Royaume-Uni. Une éventuelle remontée des taux pourrait modifier leurs modèles de placement. Néanmoins, le marché « actions » possède encore de belles marges de progression à moyen terme. Il ne faut pas oublier que les actions à condition de réinvestir les dividendes constituent le meilleur placement à vingt ans. Figurent en deuxième position les Sociétés Civiles de Placement Immobilier. Le marché « actions » a vocation à s’accroître. Avec des banques toujours assez frileuses en matière de crédits aux entreprises, ces dernières devraient, de plus en plus, recourir aux marchés pour se financer que ce soit sous forme d’actions ou sous forme d’obligations. Les épargnants devraient donc bénéficier d’un choix croissant de produits mieux rémunérés, du moins il faut l’espérer. Par ailleurs, les pouvoirs publics devraient encourager ce mouvement avec la présentation qui est attendue d’un projet de loi sur l’épargne salariale. Ce texte devrait favoriser le déploiement du Plan d’Epargne Entreprise dans les PME et peut être revenir en partie sur l’augmentation du forfait social à 20 %. Dans cet esprit de diffusion des produits d’épargne longue, le Gouvernement serait bien inspiré également d’ouvrir le chantier de l’épargne retraite et celui de l’épargne dépendance. Une simplification de l’offre avec la modernisation des régimes d’épargne retraite à prestations définies seraient les bienvenues.