Etats-Unis, l’Empire contre-attaque
Etats-Unis, une croissance en version douche écossaise
Pour le dernier trimestre de l’année 2014, un taux de croissance de 3 % était attendu ; il a fallu se contenter, sous réserve de corrections ultérieures, de 2,6 %. Après le boom du troisième trimestre, + 5 %, certains avaient espéré, un peu vite, à un nouveau miracle économique made in USA. Tel n’a pas été le cas. Néanmoins, la croissance reste ferme, alimentée par le niveau soutenu de la consommation. Entre les mois d’octobre et de décembre, la consommation a progressé de 4,3 % soit le meilleur résultat enregistré depuis 2006. La chute du chômage à 5,6 % contribue à la bonne tenue des dépenses des ménages qui profitent, par ailleurs, de la baisse du coût de l’énergie.
Sur l’ensemble de l’année 2014, la croissance américaine a donc atteint 2,4 % ce qui est plus qu’honorable. En outre, le déficit budgétaire a été ramené à moins de 3 % du PIB. Les Etats-Unis signent ainsi leur meilleur résultat depuis 2010 qui avait été marqué par une croissance de 2,5 % obtenue grâce au plan de relance. En 2014, il faut souligner que 3 millions d’emploi ont été créés.
Dans ces conditions, il est assez logique que le moral des consommateurs américains reste bien orienté. L’indice de confiance des consommateurs se situe maintenant à 102,9 (1985 = 100), contre 83,1 points au mois de décembre. Les consommateurs ont également exprimé un degré beaucoup plus élevé d’optimisme quant aux perspectives à court terme de l’économie et du marché du travail. Cet optimisme concerne également leur appréciation sur leurs futurs revenus.
L’accroissement du moral des Américains les incite également à réaliser leurs projets immobiliers. Les ventes de maisons neuves ont fortement progressé en passant de 450 000 à 1,032 million du mois de novembre à décembre. Mais il faut tempérer cet indicateur par le fait que les promesses de vente de maisons ont reculé de 3,1 % toujours au cours du mois de décembre.
Quelques autres données économiques sont plus inquiétantes. Ainsi, à la surprise générale, les commandes de biens durables ont diminué en décembre de 3,5 % confirmant la baisse du mois de novembre de 2,1 %.
Les investissements sont également en repli. Leur progression est passée de 8,9 % au 3ème trimestre à 1,9 % au 4ème trimestre. Les dépenses des entreprises en équipements se sont même contractées de 1,9 % soit la plus forte baisse de depuis le 2ème trimestre 2009. Cette baisse est liée à la dégradation des perspectives à l’exportation et aux difficultés de l’industrie pétrolière avec la chute des cours.
Le déficit commercial s’est également accru au dernier trimestre 2014 en raison de l’appréciation du dollar, les importations ont augmenté trois fois plus vite que les exportations. Les entreprises américaines commencent à souffrir de la hausse du dollar. A cette appréciation s’ajoutent le ralentissement des économies émergentes et la stagnation européenne.
Toujours en raison du dollar fort, les résultats des grandes entreprises américaines publiés en ce début d’année sont décevants à l’exception notable d’Apple qui augmenté ses parts de marché notamment en Chine.
Pour 2015, il est admis que la chute du cours du baril pourrait générer un surcroit de croissance de 0,5 point mais il est difficile d’évaluer son impact sur le secteur pétrolier et sur l’investissement. De même, la poursuite de l’appréciation du dollar pourrait peser plus fortement que prévu sur les exportations et empêcher l’obtention de la croissance de 3,6 % pronostiquée par le FMI.
Ces résultats en demi-teinte, la faible inflation et la stagnation des salaires incitent la FED et sa Présidente, Janet Yellen, à jouer la montre avant de remonter les taux malgré un taux de chômage à 5,6 %.
La FED doit, en outre, tenir compte des politiques des autres grandes banques centrales qui assouplissent leur politique monétaire. La Banque centrale du Japon a lancé un nouveau plan d’assouplissement quantitatif, la Banque centrale canadienne a diminué son taux directeur quand la Banque centrale européenne a lancé un programme de soutien massif à la zone euro de 1 140 milliards prorogeable au-delà du mois de septembre 2016.
Dans son communiqué la FED indique que « le Comité juge qu’il peut être patient avant de commencer à normaliser sa politique monétaire ». La seule modification par rapport au précédent communiqué est l’abandon de la référence au maintien pour « période de temps considérable » de la politique de faibles taux. Le relèvement des taux ne devrait pas intervenir avant la fin de l’été.
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