Faut-il abattre Google ?
Le débat sur Google rappelle celui sur Microsoft dans les années 90 quand la firme de Richmond régnait sans partage sur le monde de l’ordinateur. Après de nombreux procès et quelques concessions, Microsoft ne fut pas scindé. Créé en 1995, Google a détrôné Microsoft en fondant son développement sur son moteur de recherche et en utilisant la technique du cloud. Depuis une dizaine d’années, Google étend son empire. Google a commencé par proposer des services connexes au moteur de recherche (messagerie avec gmail, cartographie avec google earth et maps, les plateformes collaboratives en rachetant youtube) avant de s’attaquer à de nouveaux domaines comme les jeux vidéo, les smartphone, les netbook, la domotique, la santé, l’automobile, les biotechnologies… Le groupe pourrait à terme s’intéresser aux activités bancaires. Google bénéficie d’une masse de données considérables et des moyens techniques pour les traiter lui permettant de proposer de nouveaux services à coûts réduits.
En France, les recherches sur Internet sont réalisées à 93,5 % par Google. Yahoo arrive en deuxième position avec 2,7 % et Bing est 3ème avec 2,5 %. La position de Google est un peu plus forte en France qu’à l’échelle mondiale (90 %). Aux Etats-Unis, la situation est légèrement plus équilibrée. Google détient près des deux tiers du marché, Yahoo 17 % et Bing 10 %.
En Europe, la fragmentation des marchés n’a pas facilité l’avènement d’un moteur de recherche européen. L’absence de concurrence sur le marché du numérique serait, selon le Parlement européen, préjudiciable à l’emploi et à la croissance en Europe. C’est dans cet esprit qu’il a adopté, le jeudi 27 novembre, un rapport sur le développement de l’économie numérique au sein de l’Union européenne. Le point 15 de ce rapport vise la société Google sans la citer. Ainsi, le Parlement « demande à la Commission d’envisager de présenter des propositions visant à séparer les moteurs de recherche des autres services commerciaux comme l’un des éventuels moyens à long terme » permettant aux pays de l’Union européenne de développer le secteur du numérique. Si ce souhait a peu de chances d’aboutir à court et moyen terme, ce rapport du Parlement souligne la nécessité de favoriser l’émergence d’un véritable espace commun pour le numérique et l’exploitation des datas. Il y a une prise de conscience salutaire du potentiel économique de ce secteur d’activité et des dangers pour les libertés personnelles de l’utilisation des données fournies par les moteurs de recherche et les réseaux.
La tentation de casser Google est certainement un combat d’arrière-garde. L’évolution des techniques est plus rapide que le processus d’élaboration des directives. La bataille clef est celle de l’accès aux données et au respect de la vie privée. Par ailleurs, Google n’est pas infaillible comme le prouve son échec avec « google + » qui devait être le concurrent de « facebook ».