France, quand la pierre chute…
Les indicateurs avancés ne prévoient pas de retournement de tendance d’ici la fin de l’année. La France avec l’ensemble de la zone euro resterait encalminée dans une stagnation avec un espoir d’amélioration en 2015. Le retournement pourrait se produire au cours du premier trimestre 2015.
Au niveau immobilier, la France subit un début de correction qui ne se traduit pas sur les prix mais sur la production. Ainsi selon la Fédération de la Promotion immobilière, la chute des mises en ventes (MEV) a été, au 3ème trimestre de 19 % comme au deuxième. Le nombre de mises en ventes est inférieur de près de 10 000 à celui de 2013 et de 23 000 à celui 2012.
Pour la production de logements neufs, la France pourrait se situer sous la barre des 300 000 logements soit un niveau inconnu depuis 1997. Entretemps, la population est passée de 57 millions à plus de 65 millions d’habitants. Compte tenu des besoins de la population, il faudrait construire environ 500 000 logements par an.
En sortant des statistiques, les travaux sur bâtiments existants, nous sommes même en-dessous de 300 000 logements neufs. Le chiffre tombe à 268 000. A fin 2013, selon les mêmes critères, les mises en chantier de logements neufs avaient atteint 294 000.
La France est pourtant un des pays qui consacre le plus d’argent public à la politique du logement, plus de 40 milliards d’euros. L’Etat dépense 15,8 milliards d’euros par an pour venir en aide aux locataires. Selon une étude l’INSEE, ce soutien a surtout généré une inflation des prix tant au niveau des loyers qu’au niveau des prix à l’achat.
De 2000 à 2009, les prix de l’immobilier ont été multipliés par deux, + 9 % par an entre 2000 et 2007 quand les salaires ne progressaient que de 2 % an. Les Français se sont massivement endettés dans les années 90 et 2000 pour acquérir leur résidence principale.
Entre 2000 et 2007, l’immobilier a été responsable, en France, du quart des créations d’emploi. 7 % des emplois sont dans ce secteur. Le nombre d’entreprises dans la construction a progressé de 25 % de 2000 à 2009 et a été multiplié par deux pour l’immobilier. Le bâtiment a accaparé une part importante des capitaux disponibles en France au détriment des entreprises des autres secteurs d’activité. La France a été victime du syndrome espagnol ou floridien.
Depuis trois ans, il y a évidemment un mouvement de correction que la baisse des taux d’intérêt n’a pas réussi à endiguer. En 2012, le Président de la République avec sa ministre du logement de l’époque, Cécile Duflot, semblait avoir pris le parti de réduire le poids de la pierre dans l’économie. L’accumulation des mesures prises a été durement ressentie. Le renchérissement des coûts de construction avec l’entrée en vigueur des normes « 2012 », le durcissement de la fiscalité, la diminution de l’investissement public ont frappé de plein fouet le secteur du BTP.
Du fait de cette rapide dégradation sous-estimée et des demandes issues des professionnels du bâtiment, un tête-à-queue a été organisé. Néanmoins, le plan Valls ne se fera sentir au mieux qu’en 2015.