Grèce, la crise sans fin
La Grèce est revenue au cœur de l’actualité avec l’annonce, lundi 8 décembre dernier, par Antonis Samaras, le Premier ministre qu’une élection présidentielle anticipée serait organisée le 14 décembre prochain. Cette gesticulation politique a pour objectif d’éviter une victoire de l’extrême gauche aux prochaines élections législatives. Elle vise à constituer une large majorité autour du Président nouvellement élu et autour de lui-même.
L’amélioration de la situation économique avait fait oublier la fragilité politique du pays et la montée en puissance des partis extrémistes. Actuellement, le pays est dirigé par une coalition constituée de conservateurs et de socialistes.
En cas d’échec du parti du Premier Ministre de faire élire un Président euro-compatible, des élections législatives anticipées seraient organisées avec comme résultat, la victoire probable d’une gauche radicale opposée aux réformes de la troïka.
Ce scénario a mis le feu aux poudres en provoquant la chute brutale de la bourse grecque qui a contaminé les autres places européennes.
La crainte d’une nouvelle crise grecque s’est accompagnée d’une remontée des rendements des obligations d’Etat grecques à 10 ans qui ont atteint 7,69 %.
Le mode d’élection du Président est complexe permettant des accords de derniers instants. Le Président de la République qui dispose que de peu de pouvoirs est élu au suffrage indirect qui se déroulera en trois temps, le 17, le 24 et le 29 décembre. Pour les deux premiers tours, le candidat doit obtenir 200 voix sur les 300 que compte le Parlement. Au troisième, 180 voix suffisent. Le Premier Ministre Antonis Samaras espère que son candidat Stávros Dimas sera suffisamment consensuel pour rallier les voix des indépendants. En cas d’échec, les élections législatives seront organisées dans un délai d’un mois, soit autour des 25 janvier et 1er février 2015. Tous les sondages donnent alors la victoire au parti d’opposition Syriza, un parti de gauche radical qui entend mettre un terme à la politique du FMI et de la troïka.
Cette crise intervient au moment où la Grèce sort de la récession et où le pays négocie un volet d’aide afin de pouvoir faire la soudure entre les différents plans de soutien. En 2014, le PIB grec devrait s’accroître de 0,6 % après avoir perdu 20 % de sa valeur. En 2015, une croissance de 2,9 % est attendue. Le taux de chômage est passé de 28 à 25,7 % en un an.
La négociation porte sur 10 milliards d’euros. Dans un premier temps, les autorités grecques voudraient s’affranchir du soutien européen et retourner sur les marchés financiers. Or, en l’état actuel, la Grèce ne peut pas, à des coûts rationnels recourir aux marchés. La dette grecque s’élève à 174,1% du PIB et devrait être ramenée à 120% du PIB en 2020.