17 septembre 2022

Hier et Aujourd’hui – cadres – inflation – Fonction publique hospitalière – production industrielle

La majorité des cadres n’encadrent pas

En 2021, 13 % des salariés sont encadrants, au sens où leur tâche principale est de superviser le travail d’autres salariés. En retenant cette définition, la majorité des encadrants sont cadres ou professions intermédiaires (respectivement 50 % et 33 %), et 16 % sont ouvriers ou employés, le plus souvent qualifiés. À l’inverse, seuls 29 % des cadres – qui comprennent les professions intellectuelles supérieures – et 16 % des professions intermédiaires sont encadrants. Ces dernières années, le nombre de cadres non-encadrants a augmenté en lien avec la forte croissance des métiers d’expertise et de techniciens en particulier dans les secteurs de l’informatique et de l’information.

Encadrant, une fonction qui reste majoritairement masculine

En 2021, 63 % des encadrants sont des hommes, alors que ces derniers représentent 50 % des salariés. Les écarts se réduisent néanmoins en montant en qualification. En 2020, un homme a une probabilité supérieure de 58 % d’être encadrant chez les ouvriers et employés qualifiés, de 49 % chez les professions intermédiaires et de 37 % chez les cadres. Finalement, parmi les cadres, 33 % des hommes sont encadrants, contre 24 % des femmes.

L’encadrement est fonction de l’ancienneté

Si la fonction d’encadrant est peu répandue avant 30 ans (5 % des salariés), elle concerne 17 % des salariés de 40 à 49 ans. Cette part recule ensuite, y compris à autres caractéristiques identiques. Les jeunes cadres supervisent davantage comme tâche secondaire que principale (respectivement 24 % et 10 % à moins de 30 ans), tandis que ceux de 40 ans ou plus sont plus couramment encadrants à titre principal (35 % contre 27 % à titre secondaire entre 40 et 49 ans).

Les immigrés sont rarement encadrants (10 %) et les descendants d’immigrés le sont également peu (12 %). Les immigrés ont 19 % de chances en moins d’être encadrants. Les salariés nés en Europe sont légèrement moins souvent encadrants que ceux nés en France (13 % contre 14 %), mais plus que ceux nés en Asie (12 %), en Afrique hors Maghreb (10 %) ou au Maghreb (8 %).

L’encadrement et le diplôme, une relation ambiguë

Les encadrants sont plus diplômés que la moyenne : en 2021, 43 % d’entre eux ont un diplôme supérieur à bac+2, contre 30 % de l’ensemble des salariés. Néanmoins, la probabilité d’être encadrant est plus faible avec un diplôme du supérieur qu’avec un baccalauréat. Parmi les cadres et les professions intermédiaires, cette probabilité est même maximale avec un CAP, BEP ou équivalent. Cela suggère que les moins diplômés deviennent plus souvent cadres ou professions intermédiaires en acquérant des responsabilités d’encadrement, tandis que les diplômés du supérieur, qui accèdent plus rapidement à ces professions, ont plus fréquemment des fonctions d’expertise ou techniques.

La construction et l’industrie, des secteurs à forte proportion d’encadrants

Avoir une tâche d’encadrement à titre principal est un peu plus fréquent dans le secteur privé qu’au sein de l’État et des collectivités territoriales (14 %, contre respectivement 11 % et 12 %). L’hôpital public offre une figure particulière avec seulement 7 % d’encadrants, mais 24 % de salariés qui supervisent à titre secondaire, contre 19 % en moyenne. L’hôpital public compte relativement peu de cadres (16 %), mais beaucoup de professions intermédiaires (39 %), dont une part importante, notamment infirmiers et cadres de santé, se voit confier une tâche de supervision. Cependant, les infirmiers, comme les médecins, accomplissent cette tâche en plus de leur métier de soin.

La construction, suivie de l’industrie, présentent les taux d’encadrants les plus élevés (respectivement 18 % et 16 %). Les encadrants sont moins présents dans les services aux entreprises (15 %), où les cadres représentent 43 % des salariés. La part des salariés ayant des fonctions d’encadrement à titre secondaire y est toutefois la plus forte (23 %). La part d’encadrants est proche de la moyenne dans le commerce, transport, hébergement-restauration (14 %), avec une part supérieure dans l’hébergement-restauration (16 %), malgré le peu de cadres (8 %). Elle est de 13 % dans le commerce, comme dans le transport. Les secteurs principalement non-marchands comptent en moyenne peu d’encadrants (11 %), avec un grand écart entre l’administration publique (17 %) d’une part, l’enseignement (7 %) ou la santé humaine et action sociale (8 %) d’autre part.

Les encadrants, une charge de travail supplémentaire

Encadrer va souvent de pair avec une charge horaire plus importante. En 2021, les encadrants travaillent en moyenne 1 773 heures, soit 306 heures de plus que les salariés sans tâche d’encadrement. Une partie de l’écart s’explique par la moindre fréquence du travail à temps partiel : 6 % seulement des encadrants, contre 20 % des salariés sans tâche d’encadrement. En ne retenant que les salariés à temps plein, les encadrants travaillent 217 heures de plus en moyenne que les salariés sans tâche d’encadrement.

La durée habituellement travaillée lors d’une semaine sans congé ni jour férié atteint 41,5 heures en moyenne pour un encadrant, soit 6,7 heures de plus que pour un salarié sans tâche d’encadrement (l’écart est de 4,7 heures parmi les salariés à temps complet). Un tiers des encadrants travaille habituellement 45 heures ou plus dans la semaine.

Le forfait « jours » fréquent chez les encadrants

Initialement destiné aux cadres, encadrants ou non, le forfait en heures ou en jours (dit « forfait jours ») a été étendu à tous les salariés sous condition d’une réelle autonomie dans l’organisation de l’emploi du temps. En 2021, 39 % des encadrants sont au forfait jours, contre 11 % des salariés sans tâche d’encadrement. Parmi les cadres, 60 % des encadrants sont au forfait jours, contre 37 % de ceux sans tâche d’encadrement (respectivement 68 % et 53 % parmi les cadres d’entreprise, 32 % et 24 % parmi les cadres de la fonction publique). Les professions intermédiaires sont moins souvent au forfait jours (17 % des encadrants, contre 10 % des salariés sans tâche d’encadrement).

Plus de travail nocturne et durant le week-end

En moyenne en 2021, 35 % des encadrants travaillent le soir au moins une fois sur une période de quatre semaines, contre 22 % des salariés sans tâche d’encadrement. Le travail le soir est plus fréquent parmi les cadres, d’autant plus lorsqu’ils encadrent : en 2021, 37 % des cadres d’entreprise et 44 % des cadres de la fonction publique encadrants travaillent au moins un soir sur une période de quatre semaines, contre respectivement 23 % et 24 % de ceux sans tâche d’encadrement. L’écart est également marqué chez les ouvriers et employés qualifiés parmi lesquels 31 % des encadrants travaillent le soir, contre 19 % de ceux sans tâche d’encadrement.

Les encadrants travaillent également plus souvent les week-ends, notamment les samedis. En 2021, 39 % des encadrants travaillent au moins un samedi sur une période de quatre semaines et 21 % au moins un dimanche, contre respectivement 35 % et 20 % des salariés sans tâche d’encadrement. L’écart est particulièrement prononcé parmi les ouvriers et employés : 41 % des encadrants ouvriers et employés qualifiés travaillent le samedi et 27 % le dimanche, soit respectivement 6 et 10 points de plus que pour ceux sans tâche d’encadrement.

En moyenne en 2021, 46 % des encadrants travaillent à domicile au moins une fois sur une période de quatre semaines, contre 26 % des salariés sans tâche d’encadrement. Ils ont pu rapporter du travail à la maison, mais ont surtout télétravaillé (35 % contre 19 %). Cet écart s’explique par la part importante de cadres parmi les encadrants, ceux-là télétravaillant plus souvent que les autres salariés.

Forte augmentation des rémunérations des agents de la Fonction Publique Hospitalière

Fin 2020, La France comptait 1,1 million d’agents dans la fonction publique hospitalière (FPH). Les effectifs se répartissent pour 87 % dans les hôpitaux et pour 13 % dans les établissements médico-sociaux. Les agents de la FPH sont en grande majorité fonctionnaires (71 %). 22 % sont contractuels et 7 % sont des personnels médicaux.

En 2020, le salaire net moyen en équivalent temps plein (EQTP) des agents de la Fonction Publique Hospitalière s’établit à 2 463 euros par mois, en hausse de 6,4 % en euros courants par rapport à 2019. Corrigé de l’inflation (+0,5 % en 2020), il augmente de 5,9 % en euros constants, soit la plus forte croissance en plus de dix ans. Cette revalorisation est en lien avec la crise sanitaire qui a amené les pouvoirs publics à instaurer une prime exceptionnelle « Covid-19 », destinée aux agents particulièrement mobilisés pendant la première vague de l’épidémie de Covid-19. Exonérée de cotisations et contributions sociales et d’impôt sur le revenu, cette prime est fixée à 1 500 euros par agent. Cette prime a été versée à quatre agents sur cinq dans la FPH. Elle a permis un gain de +3,7 points au niveau des salaires nets. Ces derniers ont également augmenté du fait de la mise en place, dans le cadre des accords du Ségur de la santé, d’un complément de traitement indiciaire (CTI). Celui-ci, d’un montant de 90 euros nets mensuels à partir de septembre 2020, porté à 183 euros en décembre 2020, est versé à la plupart des personnels non médicaux (c’est-à-dire hors médecins, pharmaciens ou chirurgiens-dentistes) des hôpitaux et des établissements d’hébergement pour personnes âgées (Ehpad). Il contribue pour +1,4 point à la hausse d’ensemble en 2020. La hausse du salaire net moyen s’explique enfin par la poursuite en 2020 du protocole relatif aux parcours professionnels, aux carrières et aux rémunérations pour les fonctionnaires.

Le salaire net moyen des fonctionnaires augmente de 6,6 % en euros constants

En 2020, le salaire en EQTP des fonctionnaires s’élève à 2 319 euros nets en moyenne par mois, en hausse de 6,6 % en euros constants par rapport à 2019. Leur salaire brut moyen augmente de 6,0 %, à 2 844 euros. Le salaire net moyen des salariés en place augmente de 7,1 % en euros constants

Le salaire net moyen des fonctionnaires de catégorie A augmente en euros constants de 5,5 %, à 2 710 euros mensuels, celui de la catégorie B de 4,8 %, à 2 536 euros, et celui de la catégorie C de 8,0 %, à 1 992 euros. La hausse plus prononcée pour la catégorie C s’explique en partie par le fait que les montants de prime exceptionnelle. L’écart de dynamisme des salaires entre catégories hiérarchiques s’explique aussi par la revalorisation des grilles indiciaires de certains fonctionnaires de catégorie A et C.

Les salaires des personnels médicaux augmentent moins que celui des autres salariés de la FPH

En 2020, les contractuels perçoivent en moyenne 1 822 euros nets par mois en EQTP, soit 8,5 % de plus qu’en 2019 (en euros constants). Les contractuels ayant un salaire en moyenne moins élevé que celui des autres agents de la FPH, l’effet des mesures de revalorisation salariale et du versement de la prime exceptionnelle « covid-19 » est particulièrement fort pour ces agents.

Une réduction des écarts de rémunération

La moitié des salariés de la FPH perçoit un salaire net en EQTP inférieur à 2 119 euros par mois. En bas de l’échelle, les 10 % de salariés les moins rémunérés perçoivent un salaire net mensuel d’au plus 1 600 euros (1er décile ou D1). En 2020, le salaire net en EQTP des femmes dans la FPH s’élève en moyenne à 2 344 euros par mois, soit 19,1 % de moins que celui des hommes (2 896 euros). Cet écart, en baisse de 1,5 point sur un an, traduit principalement des répartitions différentes des femmes et des hommes selon les métiers (catégorie hiérarchique, statut, filière d’emploi). Ainsi, alors que 78 % des agents de la FPH sont des femmes, elles ne représentent que 52 % des personnels médicaux mais 89 % des aides-soignants.

Des écarts salariaux entre les hommes et les femmes persistants

À statut donné, les écarts salariaux entre les femmes et les hommes demeurent bien qu’ils soient de fait plus réduits. Les femmes gagnent 1,3 % de moins parmi les fonctionnaires et 7,6 % de moins parmi les contractuels. L’écart culmine à 15,2 % au sein des personnels médicaux, les femmes étant notamment plus jeunes dans cette catégorie.

L’inflation juste en-dessous de 6 % en France et au-dessus de 9 % en zone euro

Jeudi 15 septembre, l’INSEE a publié les résultats de l’inflation du mois d’août qui marque un léger repli par rapport à juillet. Ce ralentissement ne peut pas être considéré comme un basculement vers un recul de l’inflation. Plusieurs facteurs pourraient jouer en faveur d’une recrudescence de l’inflation à la fin de l’année avec en particulier la diminution de la ristourne sur les carburants et les répercussions sur les prix des hausses de salaires.

En août, selon l’INSEE, l’indice des prix à la consommation augmente de 0,5 % sur un mois, après +0,3 % en juillet. Corrigés des variations saisonnières, les prix à la consommation sont en hausse de 0,2 %, après +0,4 % en juillet. Les prix des produits manufacturés progressent de +1,8 % après -1,6 % notamment en raison de la fin des soldes d’été. Les prix de l’alimentation accélèrent (+1,7 % après +1,0 %) du fait du rebond des prix des produits frais (+2,0 % après -1,0 %) et de l’augmentation des prix de l’alimentation hors produits frais (+1,6 % après +1,4 %). Les prix des services ralentissent (+0,3 % après +1,3 %) et la baisse des prix de l’énergie est plus marquée qu’en juillet (-3,9 % après -1,3 %).

Sur un an, les prix à la consommation augmentent de 5,9 %, après +6,1 % en juillet. Cette légère baisse de l’inflation résulte du ralentissement des prix de l’énergie (+22,7 % après +28,5 %) notamment ceux des produits pétroliers (+28,7 % après +39,0%). Les prix des services augmentent sur un an au même rythme que le mois précédent (+3,9 %). Ceux de l’alimentation accélèrent (+7,9 % après +6,8 %) ainsi que ceux des produits manufacturés (+3,5 % après +2,7 %).

L’inflation sous-jacente (hors prix de l’énergie, des produits alimentaires, des produits et prestations administrés) augmente sur un an, atteignant +4,7 % en août, après +4,3 % en juillet.

L’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) croît de 0,5 % sur un mois, après +0,3 % le mois précédent ; sur un an, il augmente de 6,6 %, après +6,8 % en juillet.

INSEE

Selon Eurostat, le taux d’inflation annuel de la zone euro s’est établi à 9,1 % en août, contre 8,9 % en juillet. Un an auparavant, il était de 3,0 %. Le taux d’inflation annuel de l’Union européenne s’est établi à 10,1 % en août, contre 9,8 % en juillet. En 2021, il était de 3,2 %. Ces chiffres sont publiés par Eurostat, l’office statistique de l’Union européenne.

Les taux annuels les plus faibles ont été observés en France (6,6 %), à Malte (7,0 %) et en Finlande (7,9 %). Les taux annuels les plus élevés ont quant à eux été enregistrés en Estonie (25,2 %), en Lettonie (21,4 %) et en Lituanie (21,1%). Par rapport à juillet, l’inflation annuelle a baissé dans douze États membres et a augmenté dans quinze autres.

En août les plus fortes contributions au taux d’inflation annuel de la zone euro provenaient de l’énergie (+3,95 points de pourcentage, pp), suivie de l’alimentation, alcool & tabac (+2,25 pp), des services (+1,62 pp) et des biens industriels hors énergie (+1,33 pp).

Les salaires en hausse au sein de l’Union européenne

Les coûts de la main-d’œuvre ont, selon Eurostat, augmenté au deuxième trimestre 2022, en rythme annuel de 4,0 % dans la zone euro et  de 4,4 % dans l’Union Européenne (UE).

Les deux principales composantes des coûts de la main-d’œuvre sont les salaires & traitements ainsi que les coûts non salariaux. Dans la zone euro, les salaires & traitements horaires ont augmenté de +4,1 %, tandis que les coûts non salariaux ont augmenté de +3,8 % au deuxième trimestre 2022, par rapport au même trimestre de l’année précédente. Dans l’UE, les salaires & traitements horaires ont augmenté de +4,5 % et les coûts non salariaux de +4,1 % au deuxième trimestre 2022.

Au deuxième trimestre, par rapport au même trimestre de l’année précédente, les coûts horaires de la main-d’œuvre dans la zone euro ont progressé de 4,3 % dans l’économie (principalement) non-marchande et de 3,9 % dans l’économie marchande : +2,2 % dans l’industrie, +2,8 % dans le secteur de la construction et +4,9 % dans les services.

Production industrielle en retrait en Europe

En juillet, selon Eurostat, la production industrielle corrigée des variations saisonnières a diminué de 2,3 % dans la zone euro et de 1,6 % dans l’Union européenne par rapport à juin 2022. En juin, la production industrielle avait augmenté de 1,1% dans la zone euro et de 1,0 % dans l’Union. Sur un an, la production industrielle a diminué de 2,4 % dans la zone euro et de 0,8 % dans l’Union.

Parmi les États membres pour lesquels les données sont disponibles, les plus fortes baisses annuelles ont été enregistrées en Irlande (-23,7 %), en Estonie et en Slovaquie (-6,4 % chacune) et en Belgique (-5,1 %). Les plus fortes hausses ont été observées en Bulgarie (+17,6 %), au Danemark (+12,0 %) et en Pologne (+10,3 %).