11 février 2023

Hier et Aujourd’hui – création d’entreprises – emploi -salaire – Royaume-Uni

2022, un bon cru pour la création d’entreprises en France

En 2022, le nombre de créations d’entreprises en France s’est élevé à 1 071 900, ce qui constitue un nouveau record. Depuis 1995, le nombre de créations a été ainsi multiplié par près de deux. L’année dernière, la hausse des créations a été de 2 %, contre +17 % en 2021. Les immatriculations d’entreprises individuelles sous le régime du micro-entrepreneur (+3 %) et les créations de sociétés (+5 %) augmentent moins vite qu’en 2021. Les créations d’entreprises individuelles classiques se replient fortement (-7 %). Cette décélération est assez logique après la forte progression de 2021 qui était encore marquée par les confinements.

En 2022, les créations d’entreprises ont fortement augmenté dans de nombreux secteurs, en particulier dans les activités spécialisées, scientifiques et techniques (+15 %), les activités de services administratifs et de soutien (+23 %) et les « autres services aux ménages » (+15 %). Elles reculent toutefois fortement dans certains secteurs, notamment les transports (-35 %) et le commerce (-14 %), ces deux secteurs ayant connu une forte progression des créations en 2020 et 2021.

La micro-entreprise, le régime préféré des créateurs

La hausse est portée par les immatriculations d’entreprises individuelles sous le régime du micro-entrepreneur avec 656 400 créations, soit un niveau plus de deux fois supérieur à celui de 2017, année qui précédait le relèvement des plafonds de chiffre d’affaires ouvrant droit au régime. La croissance des créations de micro-entreprises, de 3 % en 2022, est néanmoins la plus faible enregistrée depuis 2016. En 2022, 61 % des nouvelles entreprises sont créées sous le régime du micro-entrepreneur, une proportion stable depuis 2020. Celle des entreprises individuelles classiques a diminué en 2022 (11 %, après 13 % en 2021), tandis que la part des sociétés reste stable à 27 %.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

La SAS a remplacé la SARL comme formule juridique type pour les sociétés

Près de deux sociétés sur trois sont des sociétés par actions simplifiées. La SAS est désormais le statut favori des créateurs de sociétés et a remplacé dans ce rôle la SARL. En 2012, les SAS ne représentaient que 19 % des créations de sociétés, contre 73 % pour les SARL. Seulement 28 % des sociétés créées en 2022 étaient des SARL.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Les activités de services aux entreprises sources de nombreuses créations d’entreprises

En 2022, le secteur des activités spécialisées, scientifiques et techniques a été le premier contributeur à la hausse des créations d’entreprises. Le nombre de créations a progressé de 15 %. Ce secteur porte à lui seul 17 % de l’ensemble des nouvelles entreprises de l’année. Au sein de ce secteur, les créations étaient centrées sur les activités de conseil pour les affaires et autres conseils de gestion (+19 % en 2022, soit 42 % des créations du secteur), ainsi que sur les activités de conseil en relations publiques et communication (+38 %, dont notamment les community managers). Les activités spécialisées de design, qui incluent les infographistes pour Internet (+13 %), ont été également une source importante de création de nouvelles entreprises. Le deuxième secteur contributeur à la hausse globale est celui des activités de services administratifs et de soutien qui a enregistré une progression de 23 % en un an. Deux tiers des créations pour ces activités s’effectuent sous le régime du micro-entrepreneur (65 % des créations). Le nettoyage de bâtiment, le petit bricolage, le jardinage et autres activités domestiques donnent lieu à de nombreuses créations. Les activités de coach, de naturopathes, de tatoueurs, de soins de beauté ont également été propices à des créations en nombre d’entreprises en 2022. A contrario, les activités de transports et entreposage ont connu une baisse de 35 % des créations par rapport à 2021. Les créations d’entreprises ont également reculé dans le commerce (essentiellement vente à domicile).

La Corse, région de France métropolitaine, la plus dynamique pour les créations d’entreprise

La création d’entreprises a été dynamique en Corse en lien avec la forte progression des activités touristiques. Elle a progressé de 6 % en un an. L’Île de Beauté devance au niveau des régions Provence‑Alpes‑Côte d’Azur (+4 %). Les créations ont reculé en Normandie, dans les Hauts‑de‑France et en Bourgogne-Franche-Comté. Les régions en déclin démographique sont par nature moins portées à la création d’entreprises.

En Outre-Mer, les créations sont en progression assez forte. En Martinique, la hausse a été de +17 % en 2022, principalement dans les activités de services administratifs et de soutien (+37 %) et certainement en lien avec les dispositifs d’investissements pour le développement économique ouvrant droit à défiscalisation. En Guadeloupe, l’augmentation des créations (+17 %) est soutenue par l’essor des créations sous le régime du micro‑entrepreneur (+26 % en 2022). Les créations d’entreprises augmentent également à La Réunion (+6 %) et en Guyane (+5 %).

5 % des entreprises classiques ont des salariés au moment de leur création

En 2022, 2 % des nouvelles entreprises emploient au moins un salarié au moment de leur création. En excluant les micro‑entrepreneurs, la part des entreprises employeuses à la création est de 5 %, comme en 2021.

L’âge moyen des créateurs d’entreprises individuelles est de 36 ans

L’âge moyen du créateur d’entreprises individuelles est passé de 38 ans en 2012 à 35 ans en 2020 avant de remonter à 36 ans en 2022. La part des moins de 30 ans était de 39 % en 2022, contre 41 % en 2021. Ce recul s’explique par la diminution des créations d’entreprises de transports (VTC) ou de magasinage.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

La proportion des moins de 30 ans atteint 39 % pour les micro‑entrepreneurs. Ce taux est de 35 % pour les entreprises individuelles classiques. Tous types confondus, les créateurs sont les plus jeunes dans les transports et l’entreposage (31 ans en moyenne, pour 52 % de moins de 30 ans) et dans l’information et la communication (32 ans en moyenne). À l’inverse, ils sont généralement plus âgés dans l’industrie (43 ans en moyenne) et dans l’hébergement et la restauration (41 ans).

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Des plus en plus de créatrices d’entreprises

En 2022, les femmes ont créé 45 % des nouvelles entreprises, soit deux points de plus qu’en 2021. Cette proportion augmente du fait du recul des créations dans le secteur des transports traditionnellement plus masculin. Les femmes sont à l’origine de 55 % des créations d’entreprises individuelles classiques et de 43 % des immatriculations sous le régime du micro-entrepreneur. Les femmes sont majoritaires dans les « autres services aux ménages » (77 %), la santé humaine et l’action sociale (73 %), l’industrie (52 %) et l’enseignement (52 %). La part des hommes est la plus élevée dans la construction (97 %), les transports et l’entreposage (91 %) ainsi que dans l’information et la communication (74 %).

Un déficit commercial historique pour la France

En 2022, le déficit de la balance commerciale des biens (FAB/FAB) s’est élevé, en 2022, à 163,6 milliards d’euros en hausse de 78,1 milliards d’euros par rapport à 2021. Ce solde négatif historique est la conséquence du déficit la balance des produits énergétiques avec des prix en hausse et des importations importantes d’électricité ainsi que de la persistance dans une moindre mesure, de celui des produits manufacturés. Avant la crise sanitaire, le déficit commercial avoisinait 60 milliards d’euros, la France enregistrant des déficits commerciaux depuis vingt ans.

Cercle de l’Épargne – données : DGDDI

Des importations en forte hausse en raison de l’augmentation des prix de l’énergie

Les importations ont augmenté de +29,4 % en 2022, après +19,5 % en 2021 du fait de la hausse du prix du pétrole et du gaz. La France est devenue importatrice nette d’électricité pour la première fois du fait notamment de l’arrêt de plus de la moitié de son parc nucléaire une partie de l’année. Le prix des importations libellées en dollars a également été renchéri par la dépréciation de 11,0 % de l’euro face à la devise américaine. Le montant des importations s’est accru pour les produits chimiques et métalliques dont la production est intensive en énergie. Il en a été de même pour les produits agroalimentaires ainsi que pour le textile et l’habillement. Les exportations ont progressé de +18,5 %, après +17,1 % en 2021. Cette progression est moins rapide que les importations. Elle a été portée par les exportations de produits agricoles et par celles de l’industrie aéronautique.

Les solde énergétique et manufacturier responsable de la dégradation de la balance commerciale

Le déficit énergétique s’est dégradé de 70,7 milliards d’euros passant de 45 à 115 milliards d’euros. Cette dégradation explique à elle seule 85 % la hausse du déficit commercial. Plus des deux tiers de la chute du solde énergétique sont dus à la baisse de celui des hydrocarbures (‑49,6 milliards d’euros) regroupant le gaz naturel liquéfié, gazeux et le pétrole brut. Les achats de gaz par exemple ont été multipliés par 2,4. Suivent à parts quasi-égales la baisse du solde de l’électricité (‑10,0 milliards d’euros) et celle du pétrole raffiné (‑9,6 milliards d’euros).

Le solde manufacturier s’est dégradé de 15 milliards d’euros. Celui de la chimie recule de 5,6 milliards d’euros, celui de la métallurgie de 3,5 milliards d’euros et celui du textile/habillement de 2,4 milliards d’euros. Le solde des parfums est en hausse de 2,3 milliards d’euros, de l’aéronautique de 2,4 milliards d’euro. L’amélioration du solde des navires et bateaux a atteint 3,3 milliards d’euros. La contreperformance de l’industrie à l’exportation est à mettre en parallèle avec la baisse de la production manufacturière qui ne représente plus que 9 % du PIB, contre 18 % en 2000.

Le solde des produits agricoles s’améliore de 3,3 milliards d’euros, atteignant un record historique. Soutenues par un cours des céréales en hausse, les exportations de blé ont également augmenté en volume.

Les services compensent en partie le déficit commercial

Les échanges de services compensent une partie du déficit commercial. Ils ont dégagé un solde positif de 50 milliards d’euros, contre 36 milliards d’euros en 2021. Ce résultat record s’explique par le retour des touristes étrangers en France et par le dynamisme du fret maritime ainsi que des services financiers. La balance des revenus de placements à l’étranger enregistre un excédent de 31 milliards d’euros.

Excédentaire en 2021, la balance courante de la France – qui comprend aussi les revenus des investissements directs à l’étranger – est devenue négative en 2022 de près de 80 milliards d’euros. Ce déficit suppose soit un endettement extérieur de la France, soit une cession d’actifs.

Les salaires et l’inflation à qui perd gagne

Depuis le quatrième trimestre 2021, la hausse de l’inflation et les règles de revalorisation du SMIC ont conduit à augmenter cinq fois ce dernier : il est passé de 10,48 euros brut par heure au 1er octobre 2021, à 10,57 euros au 1er janvier 2022, 10,85 euros en mai 2022 et 11,07 euros  en août 2022 ; avec la revalorisation du 1er janvier 2023, le Smic atteint 11,27 euros brut par heure. Le Smic a ainsi crû de 6,6 % en 2022, et de près de 10 % depuis le 1er janvier 2021.

Cercle de l’Épargne – données DARES

Depuis 2021, la France est confrontée à la résurgence de l’inflation qui érode le pouvoir d’achat des ménages et conduit à des revalorisations des salaires. Depuis plus d’un an, le SMIC qui bénéficie de règles de revalorisation automatique augmente plus vite que les prix et que l’ensemble des autres rémunérations, entraînant un resserrement des salaires.

Entre octobre 2021 et août 2022, selon la DARES, le SMIC a augmenté de 5,6 %, soit près de 2 points de plus que le salaire de base L’inflation atteint également 5,4 % sur la même période. Le pouvoir d’achat en termes réels du SMIC s’est donc amélioré à la différence du salaire mensuel de base. La progression plus rapide du SMIC par rapport aux autres salaires conduit à un écrasement de la distribution des salaires. Les salaires des différentes catégories socio-professionnelles n’évoluent pas au même rythme. Selon la DARES, entre le troisième trimestre 2021 et le troisième trimestre 2022, ceux des ouvriers et des employés augmentent de 4,5 % quand la hausse de ceux des cadres et des professions intermédiaires n’est que de 2,8 %.

La revalorisation plus rapide du SMIC par rapport aux autres salaires intervient toutefois après une longue période où le premier augmentait moins vite que les seconds. En l’absence de « coup de pouce » depuis 2012, le SMIC a crû de 8,8 % entre début 2012 et fin 2019, alors que le salaire mensuel de base gagnait 11,7% et que le salaire horaire de base des ouvriers et employés (qui sert de référence à la formule de revalorisation du SMIC) progressait de 11,6 %. La hausse rapide du SMIC en 2021 et 2022 a permis de compenser la perte relative de pouvoir d’achat des dernières années. De 2012 à 2022, la hausse du SMIC a été de de 20,1 %, contre 19,0 % pour le salaire mensuel de base et 19,8 % pour le salaire horaire de base des ouvriers et employés.

Cercle de l’Épargne – donnes DARES

Dans les secteurs d’activité où la proportion de salariés rémunérés autour du SMIC est élevée, les hausses du salaire de base sont plus importantes. L’hôtellerie-restauration est par exemple le secteur où la proportion de salariés concernés par la revalorisation du SMIC est la plus importante (42 %). Cette augmentation s’est transmise aux autres salariés (+4,8 %pour le salaire mensuel de base entre 2021 et 2022). Ce secteur est par ailleurs confronté à des pénuries de main-d’œuvre qui induisent également des revalorisations de salaires. Pour conserver ou attirer leur personnel, les employeurs sont contraints de relever les niveaux de rémunération. À l’inverse, dans le secteur de la production et la distribution d’électricité et de gaz, la proportion de salariés bénéficiaires de la revalorisation du SMIC est la plus faible (0,5 %), le salaire de base augmente peu (1,4 % entre les troisième trimestres 2021 et 2022).

La transmission des revalorisations du SMIC sur les autres salaires dépend de la proportion de bénéficiaires du salaire minimum au sein des entreprises. Les problèmes de recrutement auraient des effets plus faibles sur les salaires que ceux générés par la revalorisation du SMIC.

Emploi en France, un quatrième trimestre étale

Après sept trimestres de hausse, l’emploi salarié privé en France a stagné entre fin septembre et fin décembre 2022 (soit 3 000 créations nettes d’emplois). Cette stagnation fait suite à une hausse de 0,6 % au trimestre précédent (soit +119 100 emplois). L’affaiblissement de la croissance et des perspectives incertaines ont conduit les employeurs à la prudence sur le terrain des créations d’emploi.

Sur un an, la progression de l’emploi salarié privé a augmenté de 1,5 % (soit +304 900 emplois). Par rapport à la fin 2019, avant la crise sanitaire, la progression est de 4,5 % (soit +888 000 emplois).

Au quatrième trimestre 2022, l’emploi intérimaire a progressé de +0,8 % (soit +6 500 emplois) après +1,9 % au trimestre précédent (soit +14 900 emplois). Il est supérieur de 4,5 % à son niveau d’avant-crise mais inférieur de 1,6 % à son niveau de fin 2021.

Hors intérim, l’emploi salarié privé est stable ou quasi stable dans chacun des grands secteurs : industrie, construction et tertiaire (marchand ou non). L’emploi industriel (hors intérim) a ralenti au quatrième trimestre 2022, +0,1 % (+3 100 emplois) après +0,5 % au trimestre précédent. Après avoir rattrapé son niveau d’avant-crise au deuxième trimestre 2022, il le dépasse désormais de 0,6 % (soit 19 200 emplois nets créés depuis fin 2019). Dans le tertiaire marchand hors intérim, l’emploi salarié privé a légèrement diminué de 0,1 % au quatrième trimestre après une hausse de +0,7 % (soit 11 400 après +84 600 emplois). Sur un an, la hausse est néanmoins de +2,1 % soit +255 200 emplois). Le nombre d’emploi de ce secteur est supérieure à son niveau d’avant-crise (+5,3 % par rapport à fin 2019 soit +615 200 emplois). Dans la construction, l’emploi salarié privé (hors intérim) est resté stable au quatrième trimestre 2022. Il dépasse de 0,5 % son niveau de fin 2021 (+8 600 emplois) et de 6,6 % son niveau de fin 2019 (+97 400 emplois).

L’emploi salarié privé (hors intérim) du tertiaire non marchand a perdu 500 emplois, après une quasi-stabilité au troisième trimestre (+0,1 % soit +3 200 emplois). Il dépasse son niveau de fin 2021 (+0,8 % soit +21 300 emplois) et de fin 2019 (+4,2 % soit +109 200 emplois).

L’emploi salarié agricole a augmenté au quatrième trimestre 2022 de +1,7 % après ‑1,0 %. Il est resté étale sur l’année 2021 (+0,2 %).

Cercle de l’Épargne – données DARES

Le Royaume-Uni échappe de peu à la récession

Selon l’Office national des statistiques (ONS), le Royaume-Uni n’a pas enregistré deux trimestres successifs de recul de son produit intérieur brut (PIB) lui permettant d’éviter à la récession. La croissance britannique a été nulle au quatrième trimestre de 2022, après un troisième trimestre marqué par un recul de 0,3 %.

Sur l’ensemble de l’année 2022, le PIB a augmenté d’environ 4,0 %, après une augmentation de 7,6 % en 2021. Néanmoins, le Royaume-Uni n’a pas retrouvé son PIB d’avant la crise sanitaire, à la différence de la quasi-totalité des pays de l’OCDE. Il est de 0,8 % inférieur à son niveau de fin 2019. Celui de l’Allemagne est supérieur de 0,2 %, celui de 1,2 % et celui des Etats-Unis de 5,1 %.

Cette contre-performance pourrait perdurer. Selon le FMI, le Royaume-Uni devrait connaître un recul de son PIB de 0,6 % en 2023, soit un des plus mauvais résultats de l’OCDE. Les économistes de la Banque d’Angleterre (BoE) parient sur une récession qui pourrait durer plus d’un an. Malgré le recul de l’inflation, la baisse du pouvoir d’achat des ménages pèsera sur la consommation quand les entreprises seraient tentées de différer leurs investissements.