29 octobre 2022

Hier et aujourd’hui – croissance – inflation – consommation – emploi – moral

La croissance française faiblit mais résiste

Dans un contexte de hausse des prix et de menace de pénurie d’énergie, le produit intérieur brut (PIB) de l’économie française a ralenti au troisième trimestre, selon l’INSEE, après le rebond enregistré au trimestre précédent (+0,2 % en volume, après +0,5 %). La France n’est pas en récession, l’acquis de croissance pour 2022 est de 2,5 %. L’activité au troisième trimestre a été portée par l’investissement qui reste dynamique, la consommation des ménages étant étale. Le commerce extérieur en raison de la progression des importations en volume contribue négativement à la croissance.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Ralentissement de la production

La production a connu une croissance au troisième trimestre de +0,4 % après +0,7 %. du fait de la décélération de la production de services (+0,5 % après +1,0 %). En particulier, la production en services d’hébergement-restauration décélère nettement ce trimestre (+0,5 % après +9,7 %), le rattrapage par rapport à la période du covid ayant été réalisé. Les services de transport ralentissent également (+1,0 % après +4,2 %). En revanche, la production en information et communication demeure toujours en forte hausse (+1,5 % après +1,7 %) grâce aux services informatiques.

La production de biens diminue légèrement ce trimestre (-0,2 %, comme au trimestre précédent) en lien avec le recul, pour le quatrième trimestre consécutif, de la production d’énergie, eaux, déchets (-3,3 % après -3,0 %). À l’inverse, la production des branches manufacturières continue de progresser (+0,6 %, comme au deuxième trimestre), soutenue notamment par le dynamisme de la production de matériels de transport (+4,6 % après +5,9 %) et le rebond de celle de biens d’équipement (+1,6 % après -0,3 %). Les contraintes d’approvisionnement en biens intermédiaires se détendent légèrement, expliquant ce rebond. Le maintien d’un niveau d’investissement élevé y contribue également.

La consommation des ménages résiste à la hausse des prix

L’inflation ne pénalise pas outre mesure la consommation. Certes, elle a stagné au troisième trimestre, après une hausse de +0,3 % au deuxième mais compte tenu du contexte, ce résultat est plutôt une bonne surprise. La consommation des ménages en services a ralenti au troisième trimestre, après la forte hausse du deuxième trimestre qui avait été portée par le retour des touristes étrangers en France (+0,2 % après +2,2 %). Les dépenses des ménages en services d’hébergement-restauration n’ont progressé que de +0,6 % au troisième trimestre après +12,7 % au deuxième. Celles  en services de transport ont enregistré une hausse de +0,5 % après +6,3 %.  Les achats de biens continuent de reculer, mais de manière moins marquée qu’au trimestre précédent (-0,5 % après -1,5 %). Ils sont de nouveau tirés vers le bas par la consommation alimentaire qui baisse pour le troisième trimestre consécutif (-1,6 % après -2,2 %). Les dépenses en produits pétroliers et les achats d’automobiles sont orientées à la hausse.

L’investissement en forte hausse

La formation brute de capital fixe (FCBF) a augmenté de +1,3 % au troisième trimestre après +0,4 % au deuxième. Cette progression s’explique par la vitalité de l’investissement  en produits manufacturés (+3,5 % après +0,4 %), particulièrement en matériels de transport (+12,4 % après +0,3 %). La FBCF en services accélère légèrement au troisième trimestre (+0,7 % après +0,4 %) toujours portée par les investissements en information-communication (+3,0 % après +2,5 %), tandis que l’investissement en construction continue de diminuer, bien que plus modérément qu’au second trimestre (-0,2 % après -1,0 %).

Le commerce extérieur point noir de l’économie française

La contribution du commerce extérieur est négative de 0,5 point au troisième trimestre après +0,0 point aux deux trimestres précédents. Les exportations ralentissent pour le troisième trimestre consécutif (+0,7 % après +1,3 %), pénalisées notamment par la contraction des exportations de services de transport (-2,5 % après +10,4 %) et de l’information-communication (-1,5 % après -0,2 %). À l’inverse, les exportations de biens ont augmenté de +1,1 % grâce à une amélioration dans les matériels de transport (+1,2 % après -2,5 %), tandis que les exportations de biens d’équipement accélèrent (+3,1 % après +1,6 %).

Les importations ont progressé plus rapidement au troisième +2,2 % après +1,2 %.  Les importations de biens accélèrent (+1,9 % après +0,8 %), portées par les importations d’électricité et de biens d’équipement. Les importations de services restent dynamiques +2,5 %, comme au trimestre précédent.

La contribution des variations de stocks positive

Au troisième trimestre 2022, les variations de stocks contribuent positivement à la croissance du PIB ce trimestre : +0,2 point, après +0,3 point au trimestre précédent.

Pour le quatrième trimestre, avec les fêtes de fin d’année, la croissance devrait rester légèrement positive. La présence confirmée des touristes étrangers, en particulier américains, devrait soutenir la demande. La bonne tenue de l’investissement prouve que les dirigeants d’entreprise ne croient pas à un ralentissement long de l’activité. Les besoins générés par la digitalisation et la transition énergétique sont importants et expliquent l’effort soutenu d’équipement.

La croissance allemande et américaine surprennent au troisième trimestre

Pénalisée par une énergie chère, par les problèmes d’approvisionnement, par les difficultés de l’industrie automobile, l’économie allemande n’était pas attendue en croissance pour le troisième trimestre. Or, elle a déjoué les pronostics avec un PIB en hausse de 0,3 % qui fait suite à celle de 0,1 % du deuxième trimestre. Sur un an, la hausse atteint 1,2 %, corrigée des variations saisonnière. Le PIB, dépasse ainsi pour la première fois son niveau d’avant la pandémie ; il est supérieur de 0,2 % à celui du quatrième trimestre 2019.

Selon le service statistique allemand, Destatis, la consommation des ménages a été le principal moteur de la croissance durant l’été. La hausse de prix qui atteint 10 % n’a  pas pesé outre mesure sur les dépenses des ménages même si le moral de ces derniers a enregistré un recul durant quatre mois consécutifs, atteignant un plancher historique en octobre, selon le baromètre Gfk. Néanmoins, les mesures de soutien du pouvoir d’achat prises par le gouvernement ont inversé la tendance en octobre. Dans les faits, le bouclier énergétique de 200 milliards d’euros portera réellement ses effets en mars. Les dirigeants des Länder demandent au gouvernement d’accélérer la mise en œuvre des mesures afin de soutenir la croissance et d’éviter une récession en 2023.

Aux États-Unis, la croissance a également surpris les experts. En rythme annuel, le PIB américain a, en effet, augmenté, de 2,6 % au troisième trimestre (-1,6 % et -0,6 % aux premier et deuxième trimestres) après deux reculs consécutifs.  

La consommation, principal moteur de l’économie américaine, a progressé de 1,4 point au troisième trimestre. Elle a diminué de 1,2 point pour les biens et augmenté de 2,8 points dans les services, tandis que l’investissement a reculé de 8,5 %, preuve que les entreprises prévoient un réel ralentissement de l’activité.

Aux États-Unis, les taux d’intérêt commencent à faire sentir leurs effets. Le taux des emprunts immobiliers à trente ans dépasse désormais 7 %, contre 3 % il y a un an, l’investissement résidentiel a diminué de 26,4 % » en rythme annuel, au troisième trimestre.

Accélération de l’inflation en octobre en France

Sur un an, selon l’estimation provisoire réalisée en fin de mois par l’INSEE, les prix à la consommation augmenteraient de 6,2 % en octobre, après +5,6 % le mois précédent. Cette hausse de l’inflation serait due à l’accélération des prix de l’énergie, de l’alimentation et des produits manufacturés. Les prix des services et du tabac augmenteraient au même rythme que le mois précédent. Sur un an, l’indice des prix à la consommation harmonisé augmenterait de 7,1 %, après +6,2 % en septembre.

Sur un mois, les prix à la consommation augmenteraient de 1,0 %, après -0,6 % en septembre. Sur un mois, l’indice des prix à la consommation harmonisée progresserait de 1,3 %, après -0,5 % le mois précédent.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

L’inflation est attendue en légère progression en cette fin d’année, les entreprises répercutant de plus en plus sur leurs produits finaux la hausse des prix subie sur les biens intermédiaires et des coûts salariaux.

La consommation plie mais ne rompt pas

Selon l’INSEE, la consommation des ménages en biens en France a progressé de 1,2 % en volume en septembre après +0,1 % en août. Cette hausse est principalement due à l’augmentation de la consommation de biens fabriqués (+2,2 %) et d’énergie (+2,9 %). À l’inverse, la consommation alimentaire baisse de nouveau  (-0,7 %).

Sur l’ensemble du troisième trimestre 2022, la consommation des ménages en biens diminue de 0,5 %, par rapport au deuxième trimestre 2022.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Petite amélioration automnale du moral des ménages en France

L’été indien que connaît la France en ce mois d’octobre concourt-il à l’amélioration du moral des ménages ? Si le lien n’est pas avéré, il n’en demeure pas moins que l’indicateur calculé par l’INSEE augmente de trois points. Il reste néanmoins au-dessous de sa moyenne de longue période (100 entre janvier 1987 et décembre 2021).

 Cercle de l’Épargne – données INSEE

Les ménages moins pessimistes sur leur situation financière

En octobre, le solde d’opinion des ménages relatif à leur situation financière future a progressé de cinq points. Le solde associé à leur situation financière passée est en hausse de trois points, et celui associé à l’opportunité de faire des achats importants progresse d’un point. Ces trois soldes restent néanmoins nettement au-dessous de leurs moyennes de longue période. Cette amélioration peut s’expliquer par les mesures du gouvernement de soutien au pouvoir d’achat dont certaines sont entrées en vigueur en septembre.

Opportunité d’épargne en baisse

En octobre, le solde d’opinion concernant la capacité d’épargne actuelle gagne trois points. Celui relatif à la capacité d’épargne future reste stable. Les deux soldes se situent légèrement au-dessus de leur moyenne de longue période. En revanche, la part des ménages estimant qu’il est opportun d’épargner baisse de cinq points mais demeure au-dessus de sa moyenne de longue période. Les ménages ont épargné des sommes importantes depuis le début de l’année. D’ici la fin de l’année, ils pourraient arbitrer un peu plus en faveur de la consommation.

Niveau de vie en France, léger vent d’optimisme

En octobre, la part des ménages qui considèrent que le niveau de vie en France s’est amélioré au cours des douze derniers mois est inchangée. Le solde correspondant se situe bien au-dessous de sa moyenne de longue période. La part des ménages qui considèrent que le niveau de vie en France progressera au cours des douze prochains mois augmente nettement. Le solde correspondant gagne sept points et retrouve son niveau d’août 2022. Il reste bien en-dessous de sa moyenne de longue période.

Statuquo pour le chômage

En octobre, les craintes des ménages concernant l’évolution du chômage restent stables. Le solde correspondant demeure à un niveau bas par rapport à sa moyenne de longue période.

Les Français bénéficient du plus faible taux d’inflation de l’Union européenne et de mesures de soutien importantes de la part des pouvoirs publics. Même si collectivement la défiance reste de mise, la confiance est en hausse sur un plan plus individuel.

Chine, une croissance en demi-teinte

La Chine a enregistré au troisième trimestre une croissance de 3,9 % de son PIB, selon les données officielles publiées lundi 24 octobre par le Bureau national des statistiques. Ce résultat est meilleur que celui anticipé par les économistes qui tablaient sur une croissance entre 2,5 % et 3,5 %. La publication de ce taux de croissance intervient à la fin du Congrès du Parti communiste. Elle a été retardée de plusieurs jours sans réelle explication. Si cette croissance est en progrès, elle ne permet pas, en l’état, d’atteindre l’objectif fixé par le gouvernement pour l’année, plus de 5,5 %. Elle pourrait être de 3 % voire en-deçà de 3 %.

L’économie chinoise souffre toujours de la politique du zéro covid qui pèse sur la consommation et les exportations. Les ventes de détail ont ralenti en septembre, progressant de 2,5 % en rythme annuel contre 5,4 % en août. La production industrielle a certes progressé de 6,3 % sur un an, contre 4,2 % en août mais la croissance des exportations est en recul (5,7 % en septembre après 7,1 % le mois précédent) tandis que les importations progressaient à peine de 0,3 % (un rythme inchangé par rapport à août). Quant au taux de chômage, qui ne prend en compte que les zones urbaines, il est remonté en septembre à 5,5 %, contre 5,3 % un mois plus tôt.

Stagnation du chômage en France sur fond de ralentissement de la croissance

Après une période de forte baisse, le chômage a stagné au troisième trimestre 2022. Ce résultat s’inscrit dans le processus de ralentissement de l’économie. La forte baisse du chômage de ces derniers mois s’est accompagnée de goulets d’étranglement au niveau des recrutements. Les entreprises sont nombreuses à rencontrer des difficultés. Le manque de main-d’œuvre et l’inadéquation de l’offre à la demande de travail ont été, à maintes reprises, soulignés. L’affaiblissement de la croissance devrait réduire la création d’emplois et réduire en partie les problèmes de recrutement.

En moyenne au troisième trimestre, selon la DARES, en France métropolitaine, le nombre de personnes inscrites à Pôle emploi  (catégories A, B, C) s’établit à 5 153 000. Parmi elles, 2 946 100 personnes sont sans emploi (catégorie A) et 2 206 900 exercent une activité réduite (catégories B, C). Pour la catégorie A, le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A est resté stable au troisième trimestre (+1 400). Il a baissé de 11,2 % sur un an. Le nombre de demandeurs d’emploi en catégories A, B, C est également stable sur ce trimestre (+ 900) et est en recul de 7,3 % sur un an.

En France (y compris les départements-régions d’outre-mer, hors Mayotte), le nombre de demandeurs d’emploi s’élève à 3 164 200 pour la catégorie A. Il est stable sur le trimestre et baisse de 10,9 % sur un an. Pour les catégories A, B, C ce nombre s’établit à 5 435 100. Il est stable sur ce trimestre et recule de 7,1 % sur un an.

Cercle de l’Épargne – données DARES